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CHAPITRE III : ÉTAT
DE LA LITURGIE AU TEMPS DES APOTRES
16 La
Liturgie est une chose si excellente, que, pour en trouver le principe, il faut
remonter jusqu'à Dieu ; car Dieu, dans la contemplation de ses perfections
infinies, se loue et se glorifie sans cesse, comme il s'aime d'un amour
éternel. Toutefois ces divers actes accomplis dans l'essence divine, n'ont eu
d'expression visible et véritablement liturgique que du moment où une des trois
Personnes ayant pris la nature humaine, a pu dès lors rendre les devoirs de la
religion à la glorieuse Trinité. Dieu
a tant aimé le monde, qu'il lui a donné son Fils unique (1) pour l'instruire
dans l'accomplissement de l'œuvre liturgique. Après avoir été annoncée et
préfigurée pendant quarante siècles, une prière divine a été offerte, un
sacrifice divin a été accompli, et, maintenant encore et jusque dans
l'éternité, l'Agneau immolé dès le commencement du monde s'offre sur l'autel
sublime du ciel et rend d'une manière infinie à l'ineffable Trinité tous les
devoirs de la religion, au nom des membres dont il est le Chef, lesquels
confessent, supplient et glorifient avec lui, par la vertu du divin
Esprit qui, les animant de son souffle (2) et les couvrant de son ombre (3),
forme en eux cet inénarrable gémissement (4) qui retentit doucement dans les
cœurs. (1)
Joan., III, 16. — (2) Psalm. XXXII, 6. — (3) Luc, 1, 35. — (4) Rom., VIII, 26. 17 Infiniment
au-dessous de l'Agneau, mais incomparablement au-dessus de toute autre
créature, Marie, mère de Dieu, assistant en corps et en âme, afin que rien ne
manque à la plénitude de son expression liturgique, offre à Dieu la prière la
plus pure et la plus complète après celle du Fils de Dieu auprès duquel elle
introduit les vœux de la création, les complétant de sa perfection propre, les
rendant agréables de sa faveur toujours agréée. Les
chœurs des esprits angéliques célèbrent aussi la louange de Dieu. Ils ne
cessent de crier alternativement : Saint, saint, saint! Ils rendent tous
les devoirs de la religion pour eux-mêmes, et aussi pour le reste de la
création, particulièrement pour les hommes auxquels Dieu a, comme à eux, confié
l'honneur de son service (1). Les
hommes élus et glorifiés, les saints, établis dans une harmonie parfaite de
grâce et de gloire, chantent aussi la divine louange, continuant d'un ton plus
fort et plus mélodieux encore leurs cantiques de la terre, et, afin que rien ne
manque aux conditions de leur Liturgie, ils reprendront un jour leurs corps
pour lui pouvoir donner une forme visible. L'Église
militante enfin loue Dieu avec l'Agneau qui est son époux et sur lequel elle
est appuyée (2) ; avec Marie, qui est sa miséricordieuse reine ; avec les
anges, qui la gouvernent sous l'œil du Très-Haut ; avec les saints, qui
l'aiment toujours d'une tendresse filiale, et la tirent d'en haut ; enfin dans
cette demeure mortelle où la retiennent les décrets divins et qu'elle est
appelée à sanctifier, elle remplit admirablement toutes les conditions de la
Liturgie, ainsi que nous le ferons voir en détail dans ces Institutions. Mais
suivons d'abord les principes et les
développements (1) Deus qui miro ordine angelorum ministeria hominumque dispensas, etc. Missal. Rom. in dedicatione et apparitione S. Michaelis (2) Cant., VIII, 5. 18 de cette Liturgie sous ses formes générales.
Reconnaissons d'abord que le monde n'a jamais été sans elle : car, comme
l'Eglise date du commencement du monde, suivant la doctrine de saint Augustin (1),
la Liturgie date de ce même commencement. En effet, l'homme n'a point été sans
connaître Dieu qui se révéla à lui tout d'abord; or, connaissant Dieu, il n'a
point été sans l'adorer, sans le supplier, sans célébrer ses grandeurs et ses
bienfaits, et ces sentiments n'ont point non plus été dans l'homme sans se
produire par des paroles et des actes. Dieu
daigna révéler ces formes de la Liturgie, comme il donna à l'homme la pensée,
comme il lui donna la parole, comme il se manifesta à lui en qualité d'auteur
de la nature et d'auteur de la grâce et de la gloire. Aussi voyons-nous, dès
l'origine, la Liturgie exercée par les premiers hommes dans le principal et le
plus auguste de ses actes, le sacrifice. Malgré la différence de leurs hosties,
et par la raison de cette différence même, Caïn et Abel attestent dans leurs
offrandes diverses un ordre préétabli, un rite commun, quoique le sacrifice du
second soit sanglant et que l'offrande du premier ne le soit pas. Bientôt,
à cette même époque antédiluvienne, si riche de communications divines, nous
lisons d'Énos, homme juste et serviteur de Dieu,
qu'il commença d'invoquer le nom du Seigneur (2), c'est-à-dire, comme l'ont
entendu les Pères , à enrichir de développements plus
vastes cette première forme qui remontait au jour même de la création de
l'homme. Durant cette période, le sacrifice persévéra toujours ; car Noé, au
sortir de l'Arche, pendant que l'arc du Seigneur resplendissait à l'horizon,
immola en action (1) Ipsa res quæ nunc christiana religio
nuncupatur erat et apud antiquos, necdefuit ab initio
generis humani, quousque ipse Christus veniret in carnem, unde vera religio quæ
jam erat cœpit appellari christiana. (S. August., Retract., lib. I, cap. XIII,
n. 3, tom. I, col. 19.) (2) Gen., IV, 26. 19 de grâces plusieurs des animaux purs que, dans cette
intention même, Dieu avait ordonné de conserver en plus grand nombre (1). Ainsi
le principe liturgique avait été sauvé du redoutable cataclysme qui engloutit
pour jamais la plupart des souvenirs de ce premier monde; il survécut avec le
langage, avec les traditions sacrées des patriarches. Nous en voyons de
fréquentes applications dans les pages si courtes du récit antémosaïque.
Abraham, Isaac, Jacob, offrent des sacrifices d'animaux (2) ; ils dédient au
Seigneur les lieux où ils ont senti sa présence (3) ; ils élèvent des pierres
en autel (4) ; ces pierres, comme aujourd'hui, ont besoin d'être inondées
d'huile pour devenir dignes de recevoir la majesté de Dieu (5) ; et non-seulement l'autel paraît, mais le sacrifice futur est
montré de loin. Tout à coup, un Roi Pontife, tenant en ses mains le pain et le
vin, offre une hostie pacifique (6), et avec tant de vérité, que la mémoire de
son sacrifice et de sa consécration demeure pour être invoquée mille ans après,
par un autre prophète-roi, mais non plus pontife, comme type du sacerdoce et du
sacrifice du Messie à venir. Durant
toute cette époque primitive, les traditions liturgiques ne sont point
flottantes et arbitraires, mais précises et déterminées : elles se reproduisent
toujours les mêmes. On voit clairement qu'elles ne sont point de l'invention de
l'homme, mais imposées par Dieu lui-même ; car le Seigneur loue Abraham d'avoir
gardé non-seulement ses lois et ses préceptes, mais
encore ses cérémonies (7). La
loi mosaïque fut ensuite promulguée en son temps, à l'effet de donner une forme
plus précise encore et plus (1)Gen, VIII,2o. — (2) Gen., XV, 9; XXII, 13.— (3) Gen., XII,7, 8; XXVI,25 ;
XXVIII, 16; XXXII, 3o. — (4) Gen., XXVIII, 18, 22; XXXIII,
20. — (5) Gen., XXVIII, 18; XXXI, 13; XXXV, 14. — (6) Gen., XIV,
18. — (7) Eo quod obedierit
Abraham voci meas, et custodierit praecepta et mandata mea, et cœremonias
legesgue servaverit. (Gen., XXVI, 5.) 20 solennelle à la Liturgie,
de créer un corps de Prêtres présidé par un Pontife souverain, de fixer, au
moyen de règlements écrits, des traditions jusqu'alors conservées pures, mais
dont la défection générale des peuples menaçait l'intégrité. Toutefois, avant
que Moïse montât sur le Sinaï, où il devait recevoir cette loi, déjà l'Agneau pascal
avait été immolé au milieu des rites les plus mystérieux, et déjà le chef des
Hébreux avait chanté l'hymne du passage de la mer Rouge, pendant que Marie, à
la tête du chœur des vierges d'Israël, l'accompagnait du son des instruments
sacrés. Dieu
parle donc et révèle cet ensemble de rites dans lequel on voit figurer en un
ordre admirable les diverses espèces de sacrifices, les expiations, l'offrande
des prémices, le feu sacré, les thurifications,
les habits sacerdotaux, etc. La Liturgie sort de l'enfance et passe à son âge
intermédiaire, durant lequel elle ne devait plus être exercée sous une forme
simplement domestique, mais sous une forme plus sociale, au moyen d'une tribu
sacrée ; mais, d'autre part, ses symboles, si riches qu'ils fussent, ne devaient
pas renfermer les réalités qu'ils signifiaient. Le développement de ce
magnifique tableau n'entre point dans notre plan ; de nombreux et savants
commentateurs s'en sont occupés dans des ouvrages spéciaux que tout le monde
peut consulter. D'ailleurs
le Lévitique ne renfermait pas tous les détails rituels du culte mosaïque, non
plus que les tables de la loi, toutes les croyances du peuple de Dieu. Beaucoup
de particularités liturgiques se conservaient par la tradition ; tels sont le
rite du cantique des degrés (1), la prière sept fois le jour et au milieu de la
nuit (2),l’onction des rois (3), et mille autres faits
épars dans les livres historiques et prophétiques de l'Ancien Testament. (1) Psalm. CXIX. — (2) Psalm. CXVIII. — (3) I Reg., XXVI. 21 Nous
ne devons pas manquer de signaler aussi ce phénomène si remarquable, qui
surprend dès l'abord l'observateur des anciennes religions, savoir, la
ressemblance frappante des formes religieuses employées par la plupart des
peuples Gentils avec les rites liturgiques du peuple israélite. Ce fait est
incontestable, et, ainsi qu'on l'a remarqué il y a longtemps, il a contribué
puissamment à préparer les voies à l'établissement du culte chrétien, soit
qu'on l'explique, avec la plupart des anciens Pères, par une suite de
communications de ces peuples avec les Juifs, soit qu'on le considère comme un
débris des traditions patriarcales dont le culte mosaïque n'était qu'un vaste
développement. Quoi
qu'il en soit, la plénitude des temps étant venue, le VERBE SE FIT CHAIR ET HABITA
PARMI NOUS : il se donna à voir, à entendre, à toucher aux hommes (1),
et, descendu du ciel pour créer des adorateurs en esprit et en vérité (2), il
vint, non détruire, mais accomplir et perfectionner les traditions liturgiques
(3). Après sa naissance, il fut circoncis, offert au temple, racheté. Dès l'âge
de douze ans, il accomplit la visite du temple, et, plus tard, on l’y vit
fréquemment venir offrir sa prière. Il remplit la carrière du jeûne de quarante
jours ; il sanctifia le sabbat ; il consacra par son exemple la prière
nocturne. A la dernière cène, où il célébra le grand Acte liturgique, et
pourvut à son accomplissement futur jusqu'à la fin des siècles, il préluda par
le lavement des pieds que les Pères ont appelé un mystère, et termina par un hymne
solennel, avant de sortir pour aller au mont des Oliviers. Peu d'heures après,
sa vie mortelle, qui n'était elle-même qu'un grand acte liturgique, se termina
dans l'effusion du sang sur l'autel de la croix; le voile de l'ancien temple se
déchirant, ouvrit comme un passage à de nouveaux mystères, proclama un (1) I Joan., I, 1. — (2) Joan., IV, 23. — (3) Matth., V, 17. 22 nouveau tabernacle,
une arche d'alliance
éternelle, et désormais la
Liturgie commença sa période complète en tant que culte de la terre. Car
le sacrifice ne cesse pas en ce jour, bien qu'il soit consommé. Du lever du
soleil à son couchant (1), il devient perpétuel, quotidien, universel ; et non-seulement le sacrifice, centre de la Liturgie, reste,
mais une nouvelle naissance par l'eau est offerte au genre humain ; la visite
de l'Esprit de sanctification est annoncée, ses dons sont communiqués aux
Apôtres pour toute l'Église par l'insufflation et l'imposition des mains.
Enfin, lorsque le Médiateur ressuscité a employé quarante jours à instruire ses
disciples de tout ce qui regarde le royaume de Dieu (2), c'est-à-dire l'Église,
lorsqu'il leur a dit solennellement, invoquant la puissance qui lui a été
donnée au ciel et en terre: Allez, baptisez toutes les nations ;
enseignes-leur à garder toutes les choses que je vous ai enjointes, il les
quitte en montant au ciel, laissant ouvertes sur toutes les nations du monde
sept sources principales de salut dans les sacrements, dont chacun contient une
grâce agissante, mais invisible, en même temps qu'il la signifie à l'extérieur
par les symboles les plus précis et les plus énergiques. Jésus-Christ laissa donc
sur la terre ses apôtres investis de son pouvoir, envoyés comme il avait été
envoyé lui-même (3) ; aussi s'annoncent-ils, non pas simplement comme
propagateurs de la parole évangélique, mais comme ministres et dispensateurs
des mystères (4). Le pouvoir liturgique était fondé et déclaré perpétuel pour
veiller à la (1) Malach., I, 11. (2) Act., I. S. Léon dit à ce sujet : « Non enim ii dies qui inter resurrectionem Domini ascensionemque fluxerunt otioso transiere decursu : sed magna in his confirmata sacramenta, magna sunt revelata mysteria. » (Serm. LXXII, Edit. Ballerin, pag. 291.) (3) Joan. XX,
21. (4) Sic nos existimet homo u ministros Christi et dispensatores mysteriorum Dei. (I Cor., IV, 1.) 23 garde du dépôt des sacrements et des autres observances
rituelles que le Pontife suprême avait établies, pour régler les rites qui
devaient les rendre plus vénérables encore au peuple chrétien, pour étendre et
appliquer, suivant les besoins de l'homme et de la société, cette grâce de
sanctification qu'était venu apporter au monde Celui qui, comme le chante
l'Église, ôtant la malédiction, a donné la bénédiction (1). Les Apôtres durent donc établir
et promulguer un ensemble de rites, ensemble supérieur sur tous les points à la
Liturgie mosaïque. Tel était le génie de la nouvelle religion, comme de toute
religion ; car, ainsi que le dit saint Augustin, « jamais on ne parviendra à
réunir les hommes « sous aucune forme ou appellation religieuse, vraie ou fausse,
si on ne les lie par une association de sacrements visibles (2). » C'est
pourquoi le saint Concile de Trente, traitant dans sa XXIIe session des
cérémonies augustes du saint sacrifice de la messe, déclare, avec toute
l'autorité de la science et de l'enseignement religieux, qu'il faut rapporter à
l'institution apostolique les bénédictions mystiques, les cierges allumés, les
encensements, les habits sacrés, et généralement tous les détails propres à
relever la majesté de cette grande action, et à porter l'âme des fidèles à la
contemplation des choses sublimes cachées dans ce profond mystère, au moyen de
ces signes visibles de religion et de piété (3). (1) Qui solvens maledictionem, dedit benedictionem.(In nativit. B.M. V. Antiph. ad Magnficat in secundis vesp.) (2) In nullum autem nomen religionis,
seu verum, seu falsum coagulari
homines possunt, nisi aliquo signaculorum vel sacramentorum visibilium consortio colligentur. (Lia. contra Faustum, XIX, cap. IX.) (3) Cœremonias item adhibuit ecclesia, ut mysticas benedictiones, lumina, thymiamata, vestes, aliaque id genus multa, ex apostolica disciplina et traditione,
quo et majestas tanti sacrificii commendaretur, et mentes fidelium perhaec visibilia religionis et pietatis signa ad rerumaltissimarum quae in hoc sacrificio latent, contemplationem excitarentur. (Conc, Trid. Sess. XXII, cap. v.) 24 Or
ce saint Concile n'était point amené à produire cette assertion par quelque
conjecture incertaine, déduite de prémisses vagues, il parlait comme parlaient
les premiers siècles. Il invoquait la tradition primitive, c'est-à-dire
apostolique, comme l'avait si éloquemment invoquée Tertullien, dès le troisième
siècle, pour rendre raison de tant de rites qui ne paraissaient point fondés
sur la lettre des saints Évangiles, tels que le renoncement au démon avant le
baptême, la triple immersion, la confession du baptisé dont elle était précédée
; la nourriture de lait et de miel qu'on lui donnait, l'obligation de
s'abstenir du bain durant la semaine qui suivait le baptême ; la communion
eucharistique fixée au matin, avant toute autre nourriture ; les oblations pour
les défunts ; la défense de jeûner ou de prier à genoux, le dimanche et durant
le temps pascal ; le soin tout particulier des espèces consacrées ; l'usage
continuel du signe de la croix, etc. (1). Saint Basile signale aussi la même
tradition comme source des mêmes observances, auxquelles il ajoute, en manière
d'exemple, les suivantes, ainsi de prier vers l'orient, de consacrer
l'Eucharistie au milieu d'une formule d'invocation qui ne se trouve rapportée
ni dans saint Paul, ni dans l'Évangile ; de bénir l'eau baptismale et l'huile de
l'onction, etc. (2). Et non-seulement saint Basile et
Tertullien, mais toute l'antiquité, sans exception, confesse expressément cette
grande règle de saint Augustin devenue banale à force d'être répétée : Quod universa tenet ecclesia, nec conciliis institution,
sed semper retentum est,
non nisi auctoritate apostolica traditum rectissime creditur (3). C'est
pourquoi les protestants éclairés, en dépit des conséquences que les
catholiques en peuvent tirer contre eux, ne font aucune difficulté de rapporter
à l'institution apostolique (1) Voyez cet important
passage Note A, à la fin de ce chapitre. (2) Vid. Ibidem,
Note B. (3) De Baptism. contra Donat., lib.
IV., cap. XXIV. 25 les rites qui
accompagnent la célébration
des sacrés mystères, toutes les fois que ces rites présentent un caractère d'universalité. Grotius
confesse franchement qu'il ne
voit pas le plus léger sujet d'en douter (1); Grabe a
va plus loin et déclare qu'il ne comprend pas comment un homme de sens se
pourrait persuader un instant qu'il en pût être autrement. « Non, dit-il, que
je prétende adjuger toutes les Liturgies dites Apostoliques à ceux dont elles
portent les noms ; il suffit bien que les Apôtres aient été les auteurs, sinon
les rédacteurs des anciennes Liturgies
(2). » En quoi ils se trouvent pleinement d'accord l'un et l'autre avec le
grand cardinal Bona
qui résume admirablement toute cette
question dans les paroles suivantes : «
Il est dans toutes les Liturgies certaines choses sur lesquelles toutes les Églises
conviennent, et qui sont telles que sans elles l'essence du sacrifice
n'existerait pas, comme sont la préparation du pain et du vin, l'oblation, la
consécration, la consommation, enfin la distribution du sacrement à ceux qui
veulent communier. Ensuite, il y a d'autres parties importantes qui, bien
qu'elles n'appartiennent pas à l'intégrité du sacrifice, se retrouvent
cependant dans toutes les Liturgies, comme le chant des psaumes, la lecture de
l'Écriture sainte, l'assistance des ministres, l'encensement, l'exclusion des (1) Consensus liturgiarum per omnia loca ac
tempora in precibus illis, ut Deus dona per Spiritum suum sanctificet,
eaque faciat corpus et sanguinem Christi, me dubitare non sinunt venire hoc a prima apostolorum institutione. (De pace ecclesiae,
pag. 670.) (2) Illos qui omnibus istis Liturgiis exprimuntur, quique jam olim ubique inter sacra mysteria rusitati fuerunt, ritus ex apotolica traditione fluxisse; ecclesias enim ab apotolis institutas formam aliquam et ritum offerendi sacrificium,cui
tam arcta sit,et praecipua cum religione connexio non accepisse, quis sanus sibi persuadeat
? Non quod tamen liturgias omnes apostolicas iis quorum nomina insigniuntur, adjudicare velim. Sufficiat liturgiarum antiquarum si non scriptores, saltem primos auctores
fuisse apostolos. (In S. Ireneum,
lib. I., cap. m, annotat.) 25 catéchumènes et des
profanes, la fraction de l'hostie, le souhait de paix, les prières multipliées,
l'action de grâces et autres choses de cette nature (1). » Mais
si les Apôtres doivent être incontestablement considérés comme les créateurs de
toutes les formes liturgiques universelles, on n'est pas moins en droit de leur
attribuer un grand nombre de celles qui, pour n'avoir qu'une extension bornée,
ne se perdent pas moins, quant à leur origine, dans la nuit des temps. En
effet, ils ont dû plus d'une fois assortir les institutions de ce genre, dans
leur partie mobile, aux mœurs des pays, au génie des peuples, pour faciliter
par cette condescendance la diffusion de l'Évangile : et c'est là l'unique
manière d'expliquer les dissemblances profondes qui règnent entre certaines
Liturgies d'Orient, qui sont l'œuvre plus ou moins directe d'un ou plusieurs
apôtres, et les Liturgies d'Occident, dont l'une, celle de Rome, doit
reconnaître saint Pierre pour son principal auteur. Ainsi encore pourra-t-on
expliquer comment les Églises d'Asie, au second siècle, soutenaient, comme une
tradition apostolique, leur manière de célébrer la Pâque, contraire à celle de
l'Église romaine qui invoquait, avec raison, la tradition très-certaine
et très-canonique du Prince des apôtres. On
est même en droit de conjecturer que le même Apôtre a pu, dans le cours de sa
carrière de prédication, se trouver dans le cas d'employer des rites
différents, à raison de la diversité des lieux qu'il évangélisait tour à tour.
C'est la remarque du savant Père Lesleus dans
l'excellente préface de son édition du Missel Mozarabe ; ce qu'il faut
néanmoins toujours entendre, sauf la réserve des points sur lesquels on trouve
accord universel dans toutes les Liturgies (2). Ces diversités n'ont donc rien
qui doive (1) Vid. le texte à la Note C. (2) Vid. infrà
la Note D. 27 surprendre : elles entraient dans les nécessités de l’époque
apostolique, puisque, aujourd'hui même,
l'unité fût-elle rétablie entre l'Orient et l'Occident, on n'oserait se flatter
de les voir disparaître. Concluons donc que ce n'est point une raison pour
refuser d'admettre l'origine apostolique des Liturgies générales et
particulières, de ce que celles qui portent les noms de saint Pierre, de saint
Jacques, de saint Marc, etc., ne s'accordent ni entre elles, ni avec celles de
l'Occident, dans les choses d'une importance secondaire, telles que l'ordre et
la teneur des formules de supplication. On ne saurait non plus leur disputer
cette même origine, sous prétexte que, dans l'état où elles sont aujourd'hui,
elles présentent plusieurs choses qui paraissent visiblement avoir été ajoutées
dans des temps postérieurs. Les Apôtres tracèrent les premières lignes, imprimèrent la dilection ; mais l'œuvre liturgique dut se
perfectionner sous l'influence de l'Esprit de vérité qui était donné à l'Église
pour résider en elle jusqu'à la fin des temps. Telle est la manière saine
d'envisager les controverses agitées plusieurs fois par des hommes doctes, à
propos de ces Liturgies ; assez généralement
on a excédé de part et d'autre, en soutenant des principes trop absolus. Laissons
donc saint Jacques auteur de la Liturgie qui porte son nom, puisque l'antiquité
l'a cru ainsi. Qu'importent quelques changements ou additions? ne fait-elle pas le fond de toutes celles de l'Orient? Quant
à saint Pierre, il y a deux questions à examiner. D'abord, comme chef et prince
des Apôtres, il n'a pu être étranger à l'institution ou règlement des formes
générales de Liturgie que ses frères allaient porter par tout l'univers. Du
moment que nous admettons son pouvoir de chef, nous devons admettre, par là
même, son influence principale, en ceci comme en tout le reste, et reconnaître,
avec saint Isidore, que l'on doit faire remonter à saint Pierre, comme
instituteur, tout ordre liturgique qui
s'observe universellement 28 dans toute l'Église (1). En second lieu, quant à la
Liturgie particulière de l'Église de Rome, sans s'arrêter à donner ici des
autorités que la suite de la discussion amènera plus loin, le seul bon sens
nous apprend que cet apôtre n'a pu habiter Rome durant de si longues années,
sans s'occuper d'un objet si important, sans établir, dans la langue latine, et
pour le service de cette Église qu'il faisait par son libre choix mère et
maîtresse de toutes les autres, une forme qui, eu égard aux variantes que
nécessitait la différence des mœurs, du génie et des habitudes, valût au moins
celles qu'il avait établies et pratiquées à Jérusalem, à Antioche, dans le Pont
et la Galatie. Admettons
tant qu'on voudra que cette formation de la Liturgie par les Apôtres a dû,
comme toutes les grandes choses, s'accomplir progressivement ; que l'ensemble
des rites du saint sacrifice et des sacrements ne se sera pas complété dès le
jour même de la Pentecôte : le Nouveau Testament lui-même n'a-t-il pas été
formé successivement ? De l'apparition de l'Évangile de saint Matthieu à la
publication de l'Évangile de saint Jean, cinquante années ne se sont-elles pas
écoulées ? Accordons encore ceci, que les nécessités de l'instruction
chrétienne devant naturellement absorber la plus grande partie des moments que
les Apôtres passaient dans les diverses Églises, on se trouvait obligé
d'abréger le temps destiné à la Liturgie, comme il arriva à Troade, où la
fraction du pain, c'est-à-dire la célébration de l'Eucharistie, se trouva
retardée jusqu'au-delà du milieu de la nuit, par suite de la longueur des
instructions que l'Apôtre reprit encore après la célébration des Mystères et
continua jusqu'au lever du jour (2); mais du moment que la foi chrétienne avait
pris racine (1) Ordo missas vel orationum,
quibus oblataDeo sacrificia consecrantur, primum à sancto Petro est institutûs, cujus celebrationem uno eodemque modo universus peragit orbis. (De Eccles., Officiis, lib. I, cap. XV.) (2) Vid. la Note E. 29 dans une ville et que les
Apôtres avaient pu y établir un évêque, des prêtres et des diacres, les formes
extérieures acquéraient de l'extension et le culte devenait nécessairement plus
solennel. Ainsi saint Paul, dans sa
première Épître aux Corinthiens (1), nous montre-t-il cette nouvelle Église
déjà en possession des Mystères du corps et du sang du Seigneur; mais il ne
croit pas avoir accompli tous ses devoirs à son égard, s'il ne la visite
encore, s'il ne dispose dans un ordre plus parfait, plus canonique, ce qui
concerne les choses saintes. Tel est le sens que les saints docteurs ont
constamment donné à ces paroles qui terminent le passage de cette épître où il
est parlé de l'Eucharistie : Cœtera cum venero disponam. Saint
Jérôme, dans son commentaire succinct sur ce passage, s'explique ainsi : Cœtera de ipsius Mysterii Sacramento. Saint Augustin développe davantage
cette pensée dans sa lettre ad Januarium (2) :
« Ces paroles, dit-il, donnent à entendre que, de même qu'il avait dans cette
épître fait allusion aux usages de l'Église universelle (sur la matière et
l'essence du sacrifice), il établit ensuite lui-même (à Corinthe) ces rites
dont la diversité des moeurs n'a point arrêté l'universalité. » Mais,
afin de préciser davantage la vérité de fait sur cette matière et appuyer nos
observations sur des données positives, nous allons essayer de produire
quelques traits de l'ensemble de la Liturgie primitive. Nous en puiserons les
notions dans les Actes et les Épîtres des Apôtres, et aussi dans les
témoignages de la tradition des cinq premiers siècles, où ces usages figurent
comme remontant à l'origine même du Christianisme, en même temps qu'ils (1) I Cor., XI, 34. (2) Cœtera autem cum venero ordinabo. Undè
intelligi datur, quia multum erat ut in epistolâ totum illum agendi ordinem
insinuaret quem universa per orbem servat ecclesia,abipso ordinatum esse quod
nullâ tnorum diversitate variatur. (S. Augustin. Opp.,
tom. II, pagi 127.) 30 y offrent une idée de ces rites généraux qui, par
leur généralité même, doivent être censés apostoliques, suivant la règle de
saint Augustin que nous avons citée, et que ce grand docteur exprime encore
ailleurs d'une manière non moins précise (1). Commençons
par le sacrifice eucharistique. Nul doute que tout ce qui le concerne ne soit à
la tête des prescriptions liturgiques. La Fraction du Pain paraît dès la
première page des Actes des Apôtres (2), et saint Paul, dans la première Epître
aux Corinthiens, enseigne quelle est la valeur liturgique de cet acte (3). Mais
le culte et l'amour que les saints Apôtres portaient à celui avec lequel cette
Fraction du Pain les mettait en rapport, les obligeait, suivant l'éloquente
remarque de saint Proclus de Constantinople, de l'environner d'un ensemble de
rites et de prières sacrées qui ne pouvait s'accomplir que dans un temps assez
long (4) : et ce saint évêque ne fait que suivre en cela le sentiment de son
glorieux prédécesseur, saint Jean Chrysostome (5). D'abord cette célébration,
autant qu'il était possible, avait lieu dans une salle décente et ornée; car le
Sauveur l'avait pratiquée ainsi, à la dernière cène, cœnaculum
grande, stratum (6). Quelquefois des lampes nombreuses y suppléaient à la
lumière du jour (7). On doit comprendre que la Fraction du Pain célébrée chez Gamatiel, à Jérusalem, ou à Rome, chez le sénateur Pudens, devait s'y accomplir avec plus de pompe que (1) Sunt multa
quae universa tenet ecclesia et ob hoc ab apostolis praecepta benè creduntur. (De Baptismo,
lib. V, cap. XXm.) (2) Act., 11,46. (3) I Cor., X, 16. (4) Vid. la Note F. (3)Cum sacras illascoenas accipiebantapostoli,quidtùm
faciebant? nonne in preces convertebantur et hymnos ? nonne in sanctas vigilias? nonne in longam illam doctrinam et multas philosophiae plenam? (Homil. XXVII in I ad Cor.) (6)
Luc, XXII, 12. (7)
Act., XX, 8. 31 lorsqu'elle avait lieu dans
la maison de Simon le corroyeur (1). Le
lieu de la célébration était remarquable par un autel : ce n'était déjà plus
une table. Saint Paul le dit avec emphase : Altare
habemus, « nous avons un autel, et les «
ministres du tabernacle n'ont point droit d'y participer (2). » Autour de cet
autel étaient rangés, dès l'origine de l'Église, suivant les traditions du ciel
dévoilées par saint Jean, dans l'Apocalypse (3), d'abord, en face, l'apôtre ou
l'évêque qui tenait sa place, comme celui-là tenait celle du Père céleste ; à
droite et à gauche du siège, les prêtres figurant les vingt-quatre vieillards ;
près de l'autel, les diacres et autres ministres, en mémoire des anges qui
assistent aussi dans l'attitude de serviteurs près de l'autel sur lequel se
tient, dans les cieux, l'Agneau comme immolé (4). Tout le monde sait que cette
disposition des sièges, dans l'abside de l'Église chrétienne, s'observe encore
en Orient, et que si, en Occident, elle est presque partout tombée en
désuétude, Rome en a gardé la tradition dans la disposition du chœur de
plusieurs de ses anciennes églises ; on la suit exactement aux jours où le Pape
célèbre, ou assiste pontificalement, dans quelqu'une des Basiliques
Patriarcales. Les
fidèles réunis ainsi dans le lieu du Sacrifice, que faisait le Pontife, à
l'époque apostolique ? Comme aujourd'hui, il présidait d'abord à la lecture des
Épîtres des Apôtres, à la récitation de quelque passage du saint Évangile, ce
qui a dès l'origine formé la Messe des Catéchumènes ; et il ne faut pas
chercher d'autres instituteurs de cet usage que les (1) On peut
voir au premier volume des Origines de l'Eglise romaine, page 273, quelques
détails sur la pompe du culte à l'âge des persécutions. Ils seront confirmés et
enrichis de nouvelles particularités dans les volumes suivant?. (2) Hebr., XIII, 10. (3) Apoc, IV, (4) Apoc, V, 6. 32 Apôtres eux-mêmes. Saint
Paul dit aux Colossiens : « Lorsque cette Épître que je vous écris, aura été
lue « parmi vous, ayez soin qu'elle soit lue dans l'église de Laodicée, et
lisez ensuite vous-mêmes celle qui est « adressée aux Laodiciens
(1). » A la fin de la première Epître aux Thessaloniciens,
ce même Apôtre ajoute : « Je « vous adjure par le Seigneur, que cette Épître
soit lue à « tous les frères saints (2).» Cette injonction apostolique eut
force de loi tout d'abord, car dans la première moitié du second siècle, le
grand apologiste saint Justin atteste la fidélité avec laquelle on la suivait,
dans la description qu'il a donnée de la Messe de son temps (3). Tertullien (4)
et saint Cyprien (5) confirment son témoignage. Voilà pour l'Épître. Quant
à la lecture de l'Évangile, Eusèbe (6) nous apprend que le récit des actions du
Sauveur écrit par saint Marc fut approuvé par saint Pierre pour être lu dans
les Églises : et saint Paul fait, peut-être, allusion à ce même usage,
lorsque, désignant saint Luc, le fidèle compagnon de ses pèlerinages
apostoliques, il le nomme ce frère devenu célèbre, par l'Évangile, dans
toutes les Eglises (7). Le
salut au peuple par ces paroles : Le Seigneur soit avec vous, était en usage
dès l'ancienne loi. Booz l'adresse à ses moissonneurs (8) ; et un prophète à
Asa, roi de Juda (9). Ecce ego vobiscum sum, dit le Christ à son Église (10). Aussi l'Église
tient-elle cette coutume des Apôtres, comme le prouve l'uniformité de cette
pratique dans les anciennes
Liturgies d'Orient et d'Occident, (1) 33 comme l'enseigne
expressément le premier Concile de Brague (1). La
Collecte, forme de prière qui résume les vœux de l'assemblée, avant même
l'oblation du sacrifice, appartient aussi à l'institution primitive. Saint
Augustin l'enseigne dans un passage que nous citerons plus loin : l'accord de
toutes les Liturgies le démontre également. La conclusion de cette oraison et
de toutes les autres par ces mots : Dans les siècles des siècles, est
universelle, dès les premiers jours de l'Église. Saint Irénée, au second
siècle, nous apprend que les Valentiniens en abusaient pour accréditer leur
système des Eones (2). Quant à la coutume de répondre
Amen, personne, sans doute, ne s'étonnera que nous la fassions remonter
aux temps apostoliques. Saint Paul lui-même y fait allusion, dans sa première
Épître aux Corinthiens (3). Dans
la préparation de la matière du Sacrifice, a lieu le mélange de l'eau avec le
vin qui doit être consacré. Cet [ usage d'un si profond symbolisme, saint
Cyprien nous enseigne à le faire remonter jusqu'à la tradition même du Seigneur
(4). Les encensements qui accompagnent l'oblation ont été reconnus pour être
d'institution apostolique, par le Concile de Trente, cité plus haut. Le
même saint Cyprien nous apprend que, dès le berceau de l'Église, l’Action
du Sacrifice était précédée d'une Préface ; que le prêtre criait Sursum
corda : à quoi le (1) Placuit ut non aliter episcopi, et aliter presbyteri populum, sed uno
modo salutent, dicentes: Dominus vobiscum, sicut in libro Ruth legitur, et
ut respondeatur a populo : Et cum spiritu tuo: sicut et ab ipsis apostolis traditum omnis retinet Oriens,
et non sicut Priscilliana pravitas immutavit. (Concil. Braccrea., can. XXI.) (2) Adv. Haeres., lib. I, cap. r. (3) I Cor., XIV. (4)
Admonitos autem nos scias ut in calice offerendo Dominica traditio servetur....
qua in parte invenimus calicem mixtum fuisse quem Dominus obtulit. (Epist. LXIII, pag. 276 et seq.) 34 peuple répondait : Habemus
ad Dominum (1). Et saint Cyrille, parlant aux
catéchumènes de l'Eglise de Jérusalem, cette Église de fondation apostolique,
s'il en fut jamais, leur explique cette autre acclamation qui retentit aussi
dans nos Basiliques d'Occident : Gratias agamus Domino Deo nostro ! Dignum et justum est
(2) ! Vient
ensuite le Trisagion : Sanctus, Sanctus, Sanctns Dominus! Isaïe, sous
l'ancienne Loi, l'entendit chanter au pied du trône de Jéhovah ; sous la
nouvelle, le prophète de Pathmos le répéta tel qu'il l'avait ouï résonner,
auprès de l'autel de l'Agneau. Ce cri d'amour et d'admiration révélé à la
terre, devait trouver un écho dans l'Eglise chrétienne. Toutes les Liturgies le
connaissent, et l'on peut assurer que le Sacrifice eucharistique ne s'est
jamais offert sans qu'il ait été proféré. Le
Canon s'ouvre ensuite, et qui osera ne pas reconnaître son origine apostolique
? Les fondateurs des Églises pouvaient-ils laisser flottante et arbitraire
cette partie principale de la Liturgie sacrée ? S'ils ont réglé tant de choses
secondaires, avec quel soin n'auront-ils pas déterminé les paroles et les rites
du plus redoutable et du plus fondamental de tous les mystères chrétiens ? «
C'est de la « tradition apostolique, dit le Pape Vigile, dans sa lettre « à Profuturus de Brague, que nous avons reçu le texte de la
prière canonique (3). » C'est
cette même prière canonique que saint Paul a en (1) Ideo sacerdos, ante orationem, praefatione prasmissa, parât fratrum mentes dicendo : Sursum corda, ut dum
respondet plebs : Habemus ad Dominum,
admoneatur nihil aliud se quam Dominum cogitare
debere. (De Orat. Domin., pag. 107.) (2) Deinde dicit sacerdos: Gratias agamus Domino;
certe gratias agere debemus.... ad hase vos subjicitis : Dignum et justum est ! etc. (Cateches. Mystagog.
V.) (3) Quapropter et ipsiusCanonicae
précis textum direximussubter
adjec-tum, quam Deo propitio ex apostolica traditione accepimus. (Vigil.
ad Profuturum Braccarensem.
Labbe, tom. V, pag. 313.) 35 vue, quand, dans sa
première Épître à Timothée, parlant des prières solennelles à adresser à Dieu,
il distingue les Obsécrations, les Oraisons, les Postulations,
les Actions de grâces (1). Voici le commentaire de saint Augustin sur ce
passage : « Mon avis est qu'il faut entendre ces paroles « de l'usage suivi
dans toute ou presque toute l'Église, savoir: les supplications (precationes),c'est-à-dire celles que dans la
célébration des mystères nous adressons avant même de commencer à bénir ce qui
est sur la Table du Seigneur ; les prières (orationes),
c'est-à-dire tout ce qui se dit lorsqu'on bénit et sanctifie, lorsque l'on
rompt pour distribuer, et cette partie se conclut par « l'Oraison dominicale,
dans presque toute l'Église ; les interpellations (interpellationes),
ou comme portent nos exemplaires, les
postulations (postulationes), qui ont lieu
quand on bénit le peuple : car alors les Pontifes, en leur qualité d'avocats,
présentent leurs clients à la très-miséricordieuse
bonté ; enfin, lorsque tout est terminé et qu'on a participé à un si grand
Sacrement, l'Action de grâces (Gratiarum actio) conclut toutes choses (2). » Après
la divine consécration, les dons sanctifiés reposant sur l'autel, cette prière
prolixe dont parle saint Justin (3), et par laquelle il désigne le Canon,
touchant à sa fin, l'Oraison dominicale est prononcée avec une confiance
solennelle ; car dit saint Jérôme : « C'est d'après l'enseignement du Christ
lui-même, que les Apôtres ont osé dire chaque jour avec foi, en offrant le
sacrifice de son corps: Notre Père qui êtes aux cieux (4). » (1) Obsecro igitur primum omnium fieri obsecrationes, orationes, postulationes, gratiarum actiones pro omnibus hominibus,etc. (I Tim.,
II, 1.) (2) Vid. la Note G. (3) Apolog.
I, n°65, pag. 82. (4) Sic
docuit Christus apostolos suos, ut quotidiemeorporis illius sacrificio
credentes audeant dicere: Pater noster, qui es in cœlis. (Adv.Pelag. lib I, cap. XVIII.) 36 Le Sacrificateur procède
ensuite à la Fraction de l’ Hostie, en quoi il
se montre l'imitateur, non-seulement des Apôtres (1),
mais du Christ lui-même, qui prit le pain, le bénit et le rompit avant
de le distribuer (2). Mais,
avant de communier à la victime de charité, tous doivent se saluer dans le
saint baiser (3). « L'invitation de l'Apôtre, dit Origène, a produit, dans
les Églises, l'usage qu'ont les frères
de se donner le baiser, lorsque la prière est arrivée à sa fin (4). » Voilà
donc certifiée l'origine apostolique des rites principaux du sacrifice, tels
qu'ils se pratiquent dans toutes les Églises. Notre plan ne nous permet pas ici
de traiter plus en détail cette matière : nous ajouterons seulement quelques
mots, pour achever de donner une idée de la Liturgie, au siècle des Apôtres. D'abord,
pour ce qui regarde l'administration des Sacrements, nous y découvrons de suite
la matière non-seulement présumée, mais entièrement
certaine, d'un grand nombre de prescriptions apostoliques. Les cérémonies
principales qui précèdent, accompagnent et suivent l'application de la matière
et de la forme essentielles ; comme, dans le Baptême, les insufflations, les
exorcismes, l'imposition des mains, la tradition du sel, les onctions, avec les
formules qui y sont jointes, tous ces rites dont l'origine se perd dans les
ombres de la première antiquité, ne peuvent avoir d'autres auteurs que les Apôtres
eux-mêmes. L'Église l'enseigne, les anciens Pères l'attestent, la raison même
le démontre ; car, autrement, comment expliquer l'universalité de ces rites ?
Il faut donc admettre nécessairement (1) I Cor., X, 16. (2) Matth., XXVI, 26; Marc, XIV, 22; Luc, XXII, 19. (3) Rom., XVI, 16; I Cor.,
XVI, 20; II Cor., XIII, 12; I Thess.,
V, 26; I Petr., V, 14. (4) Ex hoc sermone mos ecclesiis traditus est
ut post orationes, osculo invicem se recipiant fratres. (Origen. in Epist. ad Rom.,
cap. XVI.) 37 un Rituel apostolique,
écrit ou traditionnel, peu importe, renfermant le détail de ces augustes
pratiques, avec les formules de prière ou de confession qui les accompagnent :
ainsi, pour le Baptême, les insufflations, les exorcismes et impositions de
mains, les onctions, les habits blancs ; pour la Confirmation, le Chrême, avec
la manière de le Consacrer, l'imposition des mains qui diffère dans l'intention
et dans les formules de celle qui se fait sur les catéchumènes, de celle qui
réconcilie les pénitents, et de celle qui, dans le sacrement de l'Ordre,
enfante à l'Église des évêques, des prêtres et des diacres, etc. Il suffit
d'indiquer ici ces points de vue généraux, le lecteur peut suppléer aisément. Nous
ferons seulement remarquer ici que, comme l'Église n'exerce pas seulement le
pouvoir des Sacrements, mais aussi celui des Sacramentaux, par la vertu
de bénédiction qui est en elle, les Apôtres, de qui elle a tout reçu, n'ont pu
manquer d'exercer ce droit de sanctifier toute créature pour la faire servir au
bien spirituel et temporel des enfants de Dieu, et ont dû, par conséquent,
laisser sur cette matière des enseignements et une pratique qui complètent cet
ensemble rituel dont nous venons de parler. Il n'y aurait ni orthodoxie, ni
logique, à contester cette évidente conséquence qui ne peut déplaire qu'à ces
novateurs qui parlent sans cesse de l'antiquité, et la déclinent ensuite
lorsqu'on vient à les confronter avec elle. Parlerons-nous
maintenant des habits sacrés ? Comment les Apôtres de la Loi nouvelle, de cette
loi qui ne détruisait le symbolisme vide de l'ancienne que pour y substituer un
symbolisme plein de réalité, eussent-ils emprunté aux rites mosaïques les
onctions, le mélange de parfums qui forme le Chrême, les encensements et tant d'autres
choses, et négligé la sainteté et la majesté des vêtements sacerdotaux ; détail
si important, que Dieu lui-même, sur le Sinaï, l'avait minutieusement fixé pour
les ministres du premier Tabernacle ? La tunique de lin que portait saint
Jacques à 38 Jérusalem (1), et la lame
d'or dont saint Jean ceignait son front, à Éphèse (2), attestent que ces
pêcheurs savaient s'environner de quelque pompe dans la célébration de leurs
mystères. Nous ne citerons ici que ce seul trait ; le témoignage de saint Denys
l’Aréopagite, dans sa Hiérarchie ecclésiastique, éclaircirait grandement cette
matière ; mais nous nous interdirons les inductions tirées de cet auteur,
jusqu'à ce que nous ayons ailleurs justifié l'autorité des écrits qu'on lui
attribue. Parlerons-nous
des fêtes établies par les Apôtres ? Saint Augustin énumère celles de la
Passion, de la Résurrection, de l'Ascension de Jésus-Christ et celle de la
Pentecôte (3). Nous démontrerons ailleurs l'origine apostolique de plusieurs
autres. Nous voulons seulement, dans ce chapitre, tracer les premières lignes
et fixer le point de départ de la Liturgie chrétienne ; nous ne pousserons donc
pas plus loin dans cet endroit ces observations de détail, dont l'occasion se
présentera de nouveau. Nous placerons seulement ici, en finissant, quelques
remarques fondamentales. 1°
La Liturgie établie par les Apôtres a dû contenir nécessairement tout ce qui
était essentiel à la célébration du Sacrifice chrétien, à l'administration des
Sacrements, tant sous le rapport des formes essentielles que sous celui des
rites exigés par la décence des mystères, à l'exercice du pouvoir de
Sanctification et de Bénédiction que l'Église tient du Christ par les mêmes
Apôtres, à l'établissement (1) Euseb., Hist. Eccles., lib. IV, cap. VIII. (2) Ibid., lib. V, cap. XXIV. (3) Illa autem quae non scripta sed tradita
custodimus, quae quidem toto terrarum
orbe servantur, datur intelligi vel ab ipsis
apostolis, vel plenariis conciliis,quorum
est in Ecclesia saluberrima
auctoritas,commendata atque
statuta retineri, sicuti quod Domini
Passio et Resurrectio et Adscensio in cœlum, et Adventus de cœlo Spiritus Sancti, anniversaria solemnitate celebrentur, et si quid aliud tale occurrit quod servatur ab
universa quacumque se diffundit Ecclesia. (Epist.
ad Januar. Opp.,
tom. II, pag.
124.) 39 d'une forme de Psalmodie et de Prière publique; enfin,ce
recueil liturgique a dû comprendre tout ce que l'on rencontre d'universel dans
les formes du culte, durant les premiers siècles, et dont on ne peut assigner
ou l'auteur ou l'origine. L'étude de l'antiquité chrétienne ne saurait manquer
de révéler à ceux qui s'y livrent la grandeur de cet ensemble primitif des
rites chrétiens, en même temps que la réflexion et la considération sérieuse
des besoins de l'Église, dès cette époque, leur montrera toute la nécessité
qu'elle avait, dès lors, de compléter et ses moyens de salut et ses moyens de
culte, qui forment, avec le dépôt des vérités spéculatives, la principale
partie de l'héritage divin confié à sa garde. 2°
Sauf un petit nombre d'allusions dans les Actes des Apôtres et dans leurs
Épîtres, la Liturgie apostolique se trouve tout à fait en dehors de l'Ecriture,
et est du pur domaine de la Tradition. Ces allusions, même les plus claires,
par exemple celle de saint Jacques, sur l'Extrême-Onction,
tout en nous apprenant qu'il existait des rites et des formules, ne nous
apprennent rien, ni sur le genre des premiers, ni sur la teneur des secondes.
On doit donc considérer, dès le principe, la Liturgie comme existant plus particulièrement
dans la Tradition que dans l'Écriture, et devant par conséquent être
interprétée, jugée, appliquée, d'après cette source de toutes les notions
ecclésiastiques. Il ne faut ni étudier, ni réfléchir longtemps, pour savoir que
la Liturgie s'exerçait par les Apôtres et par ceux qu'ils avaient consacrés
évêques, prêtres ou diacres, longtemps avant la rédaction complète du Nouveau
Testament. Plus tard, nous verrons d'importantes conséquences sortir de ce
principe. 40 NOTES DU CHAPITRE III
NOTE A
Hanc (observationem) si nulla Scriptura
determinavit, certe consuetudo corroboravit, quas sine dubio de traditione
manavit; quomodo enim usurpari quid potest, si traditum prius non est? Etiam in
traditionis obtentu exigenda est, inquis, auctoritas scripta? Ergo quaeramus, an et traditio nisi scripta non debeat recipi?
Plane negabimus recipiendam, si nulla exempla praeudicent
aliarum observationum, quas sine ullius Scriptura; instrumento, solius
traditionis titulo, et exinde consuetudinis patrocinio vindicamus. Denique ut a
baptismate ingrediar, aquam adituri, ibidem, sed et aliquanto prius in Ecclesia
sub antistitis manu contestamur, nos renunciare diabolo, et pompas, et angelis
ejus. Dehinc ter mergitamur, amplius aliquid
respondentes,quam Dominus in Evangelio determinavit; inde suscepti, lactis et
mellis concordiam praegustamus; exque
ea die lavacro quotidiano per totam hebdomadam abstinemus. Eucharistie;
sacramentum,et in tempore victus, et omnibus mandatum a Domino, etiam
antelucanis cœtibus, nec de aliorum manu quam praesidentium
sumimus. Oblationes pro defunctis, pro natalitiis annua die facimus. Die
Dominico, jejunium nefas ducimus, vel de geniculis adorare. Eadem immunitate a
die Paschos in Pentecosten usque gaudemus. Calicis
aut panis etiam nostri aliquid decuti in terram anxie patimur. Ad omnem
progressum atque promo-tum, ad omnem aditum et exitum, ad vestitum, ad
calciatum, ad lavacrum, ad mensas, ad lumina, ad cubilia, ad sedilia,
quascumque nos conversatio exercet, frontem crucis signaculo terimus. Harum et
aliarum ejusmodi disciplinarum, si legem expostules Scripturarum, nullam
invenies: traditio tibi prætendetur auctrix, consuetudo confirmatrix, et fides
observatrix. (Tertullianus, De CoronaMilitis,
cap. III.) NOTE B
Nam, si consuetudines, quas scripto prodita non
sunt, tanquam haud multum habentes momenti conemur rejicere, imprudentes
gravissimum Evangelio detrimentum inferemus, imo potius ipsam fidei praedicationem ad nudum nomen contrahemus. Quodgenus est (ut ejus quod primum est et vulgatissimum
primo loco commemorem) ut signo crucis eos, qui spem collocarunt in Christum,
signemus, quis scripto docuit? Ut ad orientem versi precemur, quas nos docuit
Scriptura? Invocationis verba, quum conficitur panis Eucharistias,
et poculum benedictionis, quis sanctorum in scripto nobis reliquit? Nec enim
his contenti sumus, quae commemorat Apostolus aut 41 Evangelium, verum alia quoque et ante et post dicimus, tanquam multum
habentia momenti ad mysterium,quae ex traditione
citra scriptum accepimus. Consecramus autem aquam baptismatis,et oleum
unctionis, praeterea ipsum, qui baptismum accipit, ex
quibus scriptis ? Nonne a tacita secretaque
traditione? Ipsam porro olei inunctionem, quis sermo scripto proditus docuit ?
Jam ter immergi hominem, unde ex Scriptura haustum ? Reliqua item quae fiunt in baptismo, veluti renunciare satanae et angelis ejus, ex qua Scriptura habemus ? Nonne
ex minime publicata, et arcana hac traditione? (S. Basilius,
De Spiritu Sancto, cap. XXVII.) NOTE C
Sunt quasdam in omnibus Liturgiis, in quibus
omnes Ecclesiae conveniunt, utpote sine quibus
sacrificii ratio nullo modo subsisteret, cujusmodi sunt panis et vini praeparatio, oblatio, consecratio, consummatio, et ipsius
sacramenti communicare volentibus distributio. Aliae
item praecipuas partes sunt, qua; licet ad sacrificii
integritatem non spectent, in omnibus tamen omnium gentium Liturgiis
reperiuntur, Psalmorum scilicet modulatio, lectio Sacras Scripturae,
ministrorum adparatus, thurificatio, catechumenorum
et aliorum profanorum exclusio, fractio hostiae,
precatio pacis, preces diverse, gratiarum actio, et si qua; alia; sunt ejusdem
generis. (Bona, Rerum Liturgic, lib. I, cap. VI, § 1.) NOTE D
Apostolus Petrus in Palestina, Antiochiae, et in Syria, in Ponto, in Galatia, Romae, in ltalia, et in aliis
Orientis et Occidentis provinciis, Eucharistiam non semel celebravit. Num eodem
ubique ritu? Si annuis, quaero num Romano, num Hierosolymitano,? Si Romano, cur in Oriente Liturgia Romana
nullibi obtinuit? Si Hierosolymitano, cur hic ritus Romae, et in Occidente admissus non fuit ? Est igitur
credibile S. Petrum, et alios apostolos uni eidemque
Liturgia; constanter non adhassisse. (Lesleus, in Missale Mozarab., Praefat. n° 161, not.) NOTE E
7. Una autem sabbati, cum
convenissemus ad frangendum panem, Paulus disputabat cum eis profecturus in
crastinum, protraxitque sermonem usque in mediam
noctem. 8. Erant autem lampades copiosas in
cœnaculo, ubi eramus congregati. 9. Sedens autem quidam adolescens, nomine Eutichus,
super fenestram, cum mergeretur somno gravi, disputante diu Paulo, ductus somno
cecidit de tertio cœnaculo deorsum, et sublatus est mortuus. 42 10. Ad quem cum descendisset Paulus, incubuit super eum; et complexus
dixit: Nolite turbari, anima enim ipsius in ipso est. 11. Ascendens autem, frangensque panem, et
gustans, satisque allocutus usque in lucem, sic
profectus est. (Act., XX, 7-11.) NOTE F
Salvatore nostro in cœlis assumpto, Apostoli
antequam per omnem terrarum orbem dispergerentur, conspirantibus animis convenientes
ad integram orandum diem convertebantur; et cum multam consolationem in mystico
illo Dominici corporis sacrificio positam reperissent,
fusissime, longoque verborum ambitu missam
decantabant; id enim pariter, ac docendi institutum caeteris
reus omnibus tanquam prœstantius anteponendum
existimabant. Maxima sane cum alacritate, plurimoque
gaudio haec divino sacrificio tempus insumentes
instabant impense, jugiter memores illorum verborum Domini dicentis: Hoc est
Corpus meum; et, Hoc facite in meam commemorationem ; et, Qui manducat
meam carnem, et bibit meum sanguinem, in me manet, et ego in eo. Quocirca
et contrito spiritu multas preces decantabant impense divinum implorantes numen
(S. Procli, CP. Episcopi, De traditione divinae Liturgiae.) NOTE G
Eligo, in his verbis hoc intelligere, quod omnis,
vel pene omnis frequentat Ecclesia, ut precationes accipiamus dictas, quas facimus
in celebratione Sacramentorum, antequam illud, quod est in Domini mensa,
incipiat benedici : orationes quum benedicitur, et sanctificatur, et ad
distribuendum comminuitur, quam totam petitionem fere omnis Ecclesia Dominica
oratione concludit. Interpellationes autem, sive ut nostri codices habent,
postulationes fiunt, quum populus benedicitur. Tunc enim antistites veluti
advocati susceptos suos per manus impositionem misericordissima; offerunt
pietati. Quibus peractis, et participato tanto Sacramento, gratiarum actio
cuncta concludit. (S. Augustin. Epist.
CXLIX, ad Paulinum. Opp., tom.
II, pag. 5o9.) |