PIERRE MARTYR
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SAINT PIERRE, MARTYR

 

Pierre signifie connaissant, ou déchaussant. Pierre peut encore venir de petros, ferme. Par là on comprend les trois privilèges qui distinguèrent saint Pierre : Premièrement, car il fut un prédicateur remarquable, de là la qualité de connaissant: parce qu'il posséda une connaissance parfaite des Ecritures et qu'il connut dans sa prédication ce qui convenait à chacun. Secondement, il fut vierge très pur; ce qui le fait dire déchaussant, parce qu'il se déchaussa et se dépouilla les pieds de ses affections de tout amour mortel : de sorte qu'il fut vierge bon seulement de corps mais de coeur. Troisièmement, il fut martyr glorieux du Seigneur; d'où le nom de ferme, parce qu'il supporta constamment le martyre pour la défense de la foi.

 

Pierre, le nouveau martyr de l’ordre des Prêcheurs, champion distingué de la foi, fut originaire de la cite (11) de Vérone *. Tel qu'une lumière éclatante jaillissant de la fumée,: qu'un lys qui s'élance des ronces, qu'une rose vermeille sortant du milieu des épines, il devint. un prédicateur pénétrant quoique né de parents aveuglés par l’erreur : il fit paraître une splendeur virginale de sainteté corporelle et spirituelle, eu sortant d'une souche corrompue, et du milieu des épines, c'est-à-dire de ceux qui étaient destinés à l’enfer il s'éleva pour être un noble martyr. En effet le B. Pierre avait pour parents des infidèles et des hérétiques et il se conserva entièrement pur de leurs erreurs. A l’âge de sept ans, un jour qu'il revenait de l’école, un oncle hérétique lui demanda ce qu'il avait appris en classe: Il répondit qu'il avait appris : « Je crois, en Dieu le père tout-puissant, créateur du ciel et de la terré... Credo in Deum. » « Ne dis pas, lui répliqua son oncle, créateur du ciel et de la terre, puisqu'il n'est pas le créateur des. choses visibles, mais que c'est le diable qui a créé. toutes ces choses que l’on voit. » Mais l’enfant lui soutenait qu'il préférait dire comme il avait lu et croire comme il l’avait vu écrit. Alors son oncle s'efforça de le convaincre par différentes autorités or, l’enfant, qui était rempli du Saint-Esprit, lui

 

* On comprend que le bienheureux Jacques de Voragine ait traité si longuement la vie d'un saint moine de son ordre, que, sans doute, il a connu lui-même, car saint Pierre fut assassiné en 1252. Or, Jacques de Voragine prit l’habit de dominicain en 1244. — Au reste les Bollandistes n'ont pas mis moins de 23 pages in-folio pour rapporter les miracles du saint dont la vie a été écrite par Thomas de Leontio, dominicain, puis patriarche de Jérusalem, lequel a vécu longtemps à Vérone avec le saint.

 

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rétorqua tous ses arguments, le défit avec ses propres armes et le réduisit au silence. Fort indigné d'avoir été confondu par un enfant, il alla rapporter au père tout ce qui s'était passé entre eux, et il persuada à celui-ci de retirer son enfant de l’école : « Car je crains, ajouta-t-il, que quand ce petit Pierre aura été tout à fait  instruit, il ne tourne vers l’Eglise romaine la prostituée, et qu'ainsi il ne détruise et confonde notre croyance. Semblable à un autre Caïphe, il disait vrai sans le savoir, quand il prophétisait que Pierre devait détruire la perfidie des hérétiques ; mais parce que tout est dirigé par la main de Dieu, le père n'obtempéra pas aux conseils de son frère ; il espérait, quand son fils aurait terminé son cours de grammaire, le faire attirer à sa secte par quelque hérésiarque. Dais le saint enfant, qui ne se voyait pas en sûreté en habitant avec des scorpions, renonça au monde et à ses parents pour entrer pur dans l’ordre des frères Prêcheurs. Il v vécut avec une grande ferveur, au rapport du pape Innocent, qui déclare dans une de ses lettres que le bienheureux Pierre, dans son adolescence, pour éviter les prestiges du monde, entra dans l’ordre des frères Prêcheurs. Après y avoir passé près de trente ans, il avait atteint au comble de toutes les vertus. C'était la foi qui le dirigeait, l’espérance qui le fortifiait, la charité qui l’accompagnait. Il fit tant de progrès pour se rendre capable de défendre la foi dont il était embrasé, que la lutte soutenue par lui avec intrépidité et chaleur pour elle contre ses adversaires, était de tous les jours, et qu'il consomma ce combat sans interruption jusqu'au moment où il remporta heureusement la victoire (13) du martyre. Il conserva aussi toujours intacte la virginité de son coeur et de son corps : jamais il ne ressentit les atteintes du péché mortel, comme on en a la preuve par la déclaration fidèle de ses confesseurs : et parce qu'un esclave délicatement nourri est insolent contre son maître, il mortifia sa chair par une frugalité habituelle dans le boire et dans le manger. Pour n'être pas pris au dépourvu par les attaques ennemies, il consacrait ses instants de loisir à méditer avec assiduité sur les ordonnances pleines de justice de Dieu ; en sorte qu'occupé entièrement à cet exercice salutaire, il n'avait pas lieu. de se livrer à dés actions défendues et toujours il était en garde contre les malices du démon. Après avoir donné un court, repos à ses membres fatigués, il passait ce qui restait de la nuit à étudier, lire, et à veiller. Il employait le jour aux besoins des âmes, ou à la prédication, ou à entendre les confessions, ou bien à réfuter par de solides raisons les dogmes empoisonnés de l’hérésie; et on a reconnu qu'il y excellait par un don particulier de la grâce. Sa dévotion était agréable, son humilité douce; son obéissance calme, sa bonté tendre, sa piété compatissante, sa patience inébranlable, sa charité active, sa gravité de moeurs était remarquable en tout . la bonne odeur de ses vertus attirait à lui : il était attaché profondément a la foi, et comme il la pratiquait avec zèle, il en était le champion brûlant. Il l’avait si profondément gravée dans le coeur, et s'y soumettait de telle sorte que chacune de ses oeuvres, chacune de ses, paroles reflétaient cette vertu. Animé du désir de subir la mort pour elle, il est prouvé que ses prières fréquentes (14) et assidues, ses supplications ne tendaient qu'à obtenir du Seigneur de ne pas, permettre qu'il quittât la vie autrement qu'en buvant pour lui le calice du martyre. Il ne fut pas trompé dans son espoir.

La vie de saint Pierre fut illustrée par de nombreux miracles. Un jour, il examinait à Milan un évêque hérétique dont s'étaient saisis les fidèles. Or, beaucoup d'évêques, et grand nombre de personnes de la ville se trouvaient là ; l’examen s'étant prolongé fort longtemps et la chaleur excessive accablant tout le monde, l’hérésiarque dit en présence du peuple: « O méchant Pierre, si tu es aussi saint que le prétend cette foule stupide, pourquoi te laisses-tu mourir de la chaleur et ne pries-tu pas le Seigneur d'interposer un nuage afin que ce peuple insensé ne succombe pas sous ces feux ardents? » Pierre lui répondit : « Si tu veux promettre d'abjurer ton hérésie et d'embrasser la foi catholique, je prierai le Seigneur, et il fera ce que tu dis. » Alors les fauteurs des hérétiques se mirent à crier à l’envi : « Promets, promets, » car ils croyaient impossible que la promesse de Pierre fût réalisable, d'autant qu'il n'y avait pas en l’air l’apparence du moindre nuage. Les catholiques furent attristés, dans la crainte que leur foi n'en ressentît quelque déshonneur. Quoique l’hérétique n'eût pas voulu s'engager, saint Pierre dit avec grande confiance : « Pour preuve que le vrai Dieu est créateur des choses visibles et invisibles, pour la consolation des fidèles et la confusion des hérétiques, je prie Dieu de faire monter un petit nuage qui vienne s'interposer entre le soleil et le peuple. » Après avoir fait le signe de la croix, il obtint ce qu'il avait demandé : (15) pendant l’espace d'une grande heure, un léger nuage couvrit le peuple qui se trouva abrité comme sons un pavillon. —  Un homme, nommé Asserbus, qui avait les membres retirés depuis cinq ans, et qu'on traînait par terre dans un boisseau, fut conduit à saint Pierre, à Milan. Le saint fit sur lui le signe de la croix, et le guérit. — Le pape Innocent rapporte, dans la lettré citée plus haut, quelques miracles opérés par l’entremise du saint. Le fils d'un noble avait dans le gosier une tumeur d'une grosseur horrible ; elle l’empêchait de parler et de respirer; le bienheureux leva les mains au ciel, et fit le signe de la croix en même temps que le malade s'était couvert du manteau de saint Pierre; à l’instant il fut guéri. Le même noble, affligé plus tard de violentes convulsions qu'il craignait devoir lui donner la mort, se fit apporter avec révérence ce même, manteau qu'il avait conservé depuis lors ; il le mit sur sa poitrine, et peu après il vomit un ver qui avait deux têtes et était couvert de poils; sa guérison fut, complète. — Un jeune muet auquel il mit le doigt dans la bouche reçut le bienfait de la parole; sa langue avait été déliée. Ces miracles et bien d'autres encore furent dus au saint auquel le Seigneur accorda de les opérer, pendant sa vie.

Cependant comme la contagion de l’hérésie multipliait ses ravages toujours croissants dans la province de la Lombardie et dans un grand nombre de villes, le souverain pontife, pour détruire cette peste diabolique, délégua plusieurs inquisiteurs de l’ordre des frères Prêcheurs, dans les différentes parties de la Lombardie. Mais comme à Milan les hérétiques, nombreux (16) et appuyés sur la puissance séculière, avaient recours à une éloquence frauduleuse et à une science diabolique, le souverain pontife, connaissant pertinemment saint Pierre dont le coeur magnanime ne se laissait pas épouvanter par la multitude des ennemis, appréciant en outre la constance de son courage qui le faisait ne pas céder même dans les petites choses à la puissance des adversaires, informé de son éloquence au moyen de laquelle il démasquait avec facilité les ruses des hérétiques, n'ignorant pas non plus la science pleine et entière dans les choses divines avec laquelle il réfutait par ses raisonnements les paradoxes des hérétiques, l’établit dans Milan et dans son comté comme un champion intrépide de la foi, et, de sa puissance plénière, il l’institua son inquisiteur, comme un guerrier infatigable du Seigneur. Pierre se mit alors à exercer ses fonctions avec soin, recherchant partout les hérétiques auxquels il ne laissait aucun repos : il les confondait tous merveilleusement; les repoussait avec autorité, les convainquait avec adresse, en sorte qu'ils ne pouvaient résister à la sagesse et à l’Esprit qui parlait par sa bouche. Les hérétiques désolés pensèrent à le faire mourir, dans l’espoir de vivre tranquilles, dès lors qu'ils seraient débarrassés d'un persécuteur si puissant. Or, comme ce prédicateur intrépide, qui bientôt allait être un martyr, se dirigeait de Cumes à Milan pour rechercher les hérétiques, il gagna, dans ce trajet, la palme du martyre, ainsi que le pape Innocent l’expose en ces termes : « En sortant de Cumes, où se trouvait un prieuré de frères de son ordre, pour aller à Milan afin d'exercer contre les (17) hérétiques les fonctions d'inquisiteur qui lui avaient été confiées par le Siège apostolique, selon qu'il l’avait prédit dans une de ses prédications publiques, quelqu'un d'entre les hérétiques, gagné par prière et par argent, se jeta avec fureur sur le saint voyageur. C'était le loup contre l’agneau, le cruel contre l’homme doux, l’impie contre le saint, la fureur contre le calme, la frénésie contre la modestie, le profane contre le saint; il simule une insulte, il éprouve ses forces, il fait des menaces de mort, il assène des coups atroces sur le chef sacré de saint Pierre, il lui fait d'affreuses blessures; l’épée est toute ruisselante du sang de cet homme vénérable qui ne cherche pas à éviter son ennemi ; mais il s'offre de suite comme une hostie, souffrant en patience les coups redoublés de son bourreau qui le laisse mort sur la place (l’esprit du saint était au ciel), et qui, dans sa fureur sacrilège, redouble ses coups sur le ministre du Seigneur. Cependant le saint ne poussait aucune plainte, aucun murmure; il souffrait tout avec patience, recommandant son esprit au Seigneur en disant : « In manus tuas... Seigneur, dans vos mains, je remets mon esprit,» Il commença encore à réciter le symbole de la foi, dont il avait été le hérault jusque-là, ainsi que l’ont rapporté par la suite et le malheureux qui fut pris par les fidèles, et un frère dominicain son compagnon, qui survécut quelques jours aux coups dont il avait été frappé, lui-même. Mais comme le martyr du Seigneur palpitait. encore, le cruel bourreau saisit un poignard et le lui enfonça dans le côté. Or, au jour de son martyre, il mérita en quelque sorte d'être confesseur, martyr, (18) prophète, et docteur. Confesseur, en ce qu'il confessa avec la plus éminente constance la foi de J.-C., au milieu des tourments, et en ce que, ce jour-là même, après avoir fait sa confession comme de coutume, il offrit à Dieu un sacrifice de louange. Martyr, en ce qu'il versa son sang pour la défense de la foi. Prophète, car il avait alors la fièvre quarte, et comme ses compagnons lui disaient qu'ils ne pourraient pas arriver jusqu'à Milan, il répondit : « Si nous ne pouvons parvenir jusqu'à la maison de nos frères, nous pourrons recevoir l’hospitalité à Saint-Simplicien. » Ce qui arriva : car, comme on portait son saint corps, les frères, en raison de la foule extraordinaire de peuple, ne purent le conduire jusqu'à la maison, mais ils le déposèrent à Saint-Simplicien où il resta cette nuit-là. Docteur, en ce que pendant qu'il était attaqué, il enseigna encore la vraie foi en récitant à haute voix le symbole de la foi.

Sa passion vénérable paraît encore avoir eu plusieurs traits de ressemblance avec la passion de Notre-Seigneur. En effet J.-C. souffrit pour la vérité qu'il prêchait, Pierre pour la vérité de la foi qu'il défendait. J.-C. souffrit la mort du peuple infidèle des Juifs, Pierre, de la foule infidèle des hérétiques. J.-C. fut crucifié au temps de Pâques, Pierre souffre le martyre dans le même temps. Le Christ souffrant disait : « Seigneur, en vos mains, je remets mon âme » Pierre qui était tué criait les mêmes paroles. J.-C. fut livré pour trente deniers afin qu'il fût crucifié, Pierre fut vendu pour quarante livres de Pavie afin qu'il fût tué: J.-C. par sa passion attira à la foi (19) beaucoup de monde, Pierre par son martyre convertit une foule d'hérétiques. Et quoique cet insigne docteur et ce champion de la foi eût amplement déraciné la croyance empoisonnée des hérétiques pendant sa vie, après sa mort toutefois, par ses mérites et les miracles éclatants, elle fut tellement extirpée que beaucoup, abandonnèrent l’erreur pour retourner au giron de la sainte Église. La ville de Milan et son comté, où se trouvaient tant de conventicules de la secte, en furent purgés de telle sorte que les uns ayant été chassés, les autres convertis à la foi, il ne s'en trouva plus aucun qui eût l’audace de se montrer nulle part. Plusieurs même d'entre eux, devenus de très grands et de fameux prédicateurs, sont entrés dans l’ordre des frères Prêcheurs et aujourd'hui encore, ils sont les adversaires courageux des hérétiques et de leurs l’auteurs. C'est pour nous un autre Samson qui tua plus de Philistins en mourant, qu'il n'en avait occis étant vivant. C'est le grain de froment tombé sur la terre et ramassé par les mains des hérétiques, qui meurt et rapporte une moisson abondante. C'est la grappe foulée au pressoir qui rejaillit en une copieuse liqueur c'est l’arôme pilé dans le mortier qui en répand une plus forte odeur ; c'est le grain de sénevé écrasé qui offre des ressources sans nombre.

Après le glorieux triomphe du saint héros, Dieu le rendit illustre par de nombreux miracles que le souverain Pontife rapporte en petit nombre. Après sa mort, les lampes appendues à son tombeau s'allumèrent plusieurs fois d'elles-mêmes, miraculeusement, sans l’aide et le ministère de qui que ce fût : parce (20) qu'il convenait que pour, celui qui avait brillé par le feu et la lumière de la foi, il apparût un miracle de feu et de lumière. — Un homme qui était à table dépréciait sa sainteté et ses miracles, il prit, en témoignage de son dire, un morceau qu'il ne pourrait avaler, s'il faisait mal en, parlant ainsi : aussitôt il sentit le morceau s'arrêter dans sa gorge sans pouvoir le rejeter ni l’avaler. Il se repentit de suite et son visage changeait déjà de couleur, lorsque, sentant les approches de la mort, il fit voeu de ne plus proférer à l’avenir de semblables paroles. Il rejeta à l’instant ce morceau et fut guéri. —  Une femme hydropique amenée par son mari au lieu où le saint avait été. tué, y fit sa prière et fut guérie tout à fait. — Il délivra des possédés en leur faisant rejeter les démons avec des flots de sang ; il chassa les fièvres, il guérit toutes sortes de maladies. — Un homme qui avait un doigt de la main gauche percé de plusieurs trous d'une fistule, fut guéri miraculeusement. —  Un enfant avait fait une chute si grave qu'on le pleurait comme mort; le mouvement et le sentiment avaient disparu. On lui mit sur la poitrine de la terre imprégnée du sang précieux du martyr, et il se leva tout sain. — Une femme encore qui avait la chair rongée d'un cancer fut guérie, après qu'on eut frotté ses plaies avec cette même terre. Bien d'autres infirmes qui se firent porter au tombeau du saint y recouvrèrent une parfaite santé et en revinrent seuls.

Lorsque le souverain Pontife Innocent IV eut mis saint Pierre au catalogue des saints, les frères Prêcheurs s'assemblèrent en chapitre à Milan : ils (21) voulaient placer son corps dans un endroit plus élevé, et quoiqu'il fût resté plus d'une année sous terre, ils le trouvèrent sain et entier, sans aucune mauvaise odeur, comme s'il eût été enseveli ce jour-là même. Les frères le mirent avec grande révérence sur une estrade élevée à la même place, et il fut montré entier devant tout le peuple qui l’invoqua avec supplications. Outre les miracles racontés dans la lettre précitée du souverain pontife, il y en eut encore plusieurs autres : car souvent quelques religieux et d'autres personnes aperçurent visiblement, sur le lieu de son martyre, des lumières descendant du ciel. Au milieu de ces lumières, ils rapportèrent qu'on distingua deus frères en habit de frères Prêcheurs. — Un jeune homme nommé Gunfred, on Guifred, de la ville de Cumes, possédait un morceau, de la tunique du saint ; un hérétique lui dit, en forme de moquerie, que s'il croyait à la sainteté de Pierre, il jetât ce morceau dans le feu ; s'il ne brillait point, certainement Pierre était. saint, et lui-même embrasserait la foi. Tout de suite Guifred jeta le morceau sur es charbons ardents ; mais le feu, le rejeta en l’air ; ensuite le même morceau retourna sur les charbons enflammés qui furent aussitôt éteints: Alors l’incrédule dit : «Il en sera de même d'un morceau de ma tunique. » On mit donc d'un côté le morceau de la tunique de l’hérétique et d'un autre côté le morceau de la tunique de saint Pierre. Or, le morceau de la tunique de l’Hérétique n'eût pas plutôt senti le feu, qu'il fut instantanément consumé, mais le morceau de celle de saint Pierre fut maître du feu, qui s'éteignit, et pas un fil de. ce drap ne fut endommagé. A (22) cette vue, l’hérétique rentra dans le sentier de la vérité et publia partout ce miracle. — A Florence, un jeune homme, infecté de la corruption de l’hérésie, était debout devant un tableau où était représenté le martyre du saint, dans l’église des frères de Florence ; en voyant le malfaiteur qui le frappait avec son épée, il dit à quelques jeunes gens qui se trouvaient avec lui : « Si j'avais été là, j'aurais encore frappé plus fort. » Il n'eut pas plutôt parlé ainsi qu'il devint muet. Et comme ses camarades lui demandaient ce qu'il avait, et qu'il ne pouvait pas leur répondre, ils le reconduisirent chez lui. Plais ayant vu sur son chemin l’église de saint Michel, il s'échappa des mains de ses compagnons et entra dans l’église où il pria à genoux saint Pierre, de tout son cœur, de lui pardonner, en faisant veau, comme il put, que s'il était délivré, il confesserait ses péchés et abjurerait toute hérésie. Alors subitement il. recouvra la parole, vint à la maison des frères, où après avoir abjuré l’hérésie, il se confessa, en donnant la permission à son confesseur de dire dans ses prédications ce qui lui était arrivé. Lui-même, au milieu d'un sermon fait par un prêcheur, raconta le fait devant toute l’assistance. -Un vaisseau, en pleine mer, allait faire naufrage : il était furieusement ballotté par les flots, la nuit était noire ; les matelots se recommandaient à tous les saints; mais ne voyant pas d'espoir de salut ils craignaient fort d'être perdus, quand l’un d'eux, qui était de Gênes, fit taire les autres et parla ainsi: « Mes frères, est-ce que vous n'avez pas entendu raconter qu'un frère de l’ordre des Prêcheurs, appelé frère Pierre, a été tué parles (23) hérétiques il n'y a pas longtemps pour la défense de la foi catholique, et que par son entremise le Seigneur opéré beaucoup de miracles. Eh bien ! en « moment, implorons sa protection avec grande piété, car j'espère que nous ne serons pas déçus dans notre demande. » Tous s'accordent à invoquer le secours de saint Pierre: Et pendant qu'ils priaient, la vergue qui tient la voile parut toute pleine de cierges allumés; l’obscurité disparaît devant l’éclat de ces flambeaux et la nuit qui était affreusement noire est changée en un jour très clair. Comme ils regardaient en haut, ils virent un homme en habit de frère Prêcheur debout sur la voile, et il n'y eût aucun doute que ce ne fût saint Pierre. Or, ces matelots arrivés sains et saufs à Gènes vinrent à la maison des frères Prêcheurs où, après avoir rendu grâces à Dieu et à saint Pierre, ils racontèrent tous les détails de ce miracle. — Une femme de la Flandre avait eu déjà trois enfants morts-nés, et son mari l’avait prise en dédain ; elle pria saint Pierre de venir à son aide. Elle mit au monde un quatrième fils qui fut aussi trouvé mort. Sa mère le prit et supplia de tout son coeur saint Pierre de vouloir rendre la vie à son fils et d'exaucer ses ardentes prières. A peine avait-elle terminé que l’enfant reprit la vie. On le porta donc au baptême, et on convint de l’appeler Jean; mais le prêtre au moment de prononcer le nom de l’enfant, sans le savoir, le nomma Pierre : ce qui dans la suite lui fit avoir grande dévotion à ce saint.

Dans la province de Teutonie, à Utrecht, des femmes, occupées à filer sur la place, virent un grand concours de peuple à l’église des Frères Prêcheurs, en l’honneur (24) de saint Pierre, martyr. Elles dirent à ceux qui étaient là : « Oh! ces Prêcheurs! ils savent tous les moyens de gagner de l’argent; car pour en amasser une grosse somme, et pour bâtir de grands palais, ils ont trouvé un nouveau martyr. » En disant cela et autres choses semblables, voici tout à coup que leur fil est tout couvert de sang, et les doigts avec lesquels elles filaient en sont tout couverts. A cette vue, elles furent étonnées et s'essuyèrent les doigts avec précaution dans la crainte de s'y être fait quelque coupure: mais quand elles virent tous leurs doigts entièrement sains, et le fil ensanglanté de la sorte, elles eurent peur et se repentirent : « Vraiment, dirent-elles, nous avons mal parlé du sang d'un précieux martyr et c'est pour cela que ce miracle si extraordinaire nous est arrivé. » Elles coururent donc à la maison des Frères, et exposèrent le tout au prieur en lui montrant le fil plein de sang. Or, le prieur, à la sollicitation d'un grand nombre de personnes, convoqua le peuple à un sermon solennel, et rapporta en présence de son auditoire tout ce qui était arrivé à ces femmes; il montra même le fil ensanglanté. Alors un maître de grammaire, qui assistait à la prédication, se mit à se moquer beaucoup de ce fait et à dire à ceux qui se trouvaient là : « Voyez donc, comme ces frères trompent les coeurs des gens simples. Ils se sont entendus avec quelques femmelettes de leurs amies, leur ont dit de teindre leur fil dans du sang, et ils racontent cela comme un miracle. » A peine il finissait de parler qu'il fut frappé par la vengeance divine : la fièvre le saisit vis-à-vis de tous, d'une manière si violente que ses amis furent obligés (25) de le porter de l’église en sa maison. Mais là fièvre devenant de plus en plus forte, il eut peur de mourir de suite, fit appeler le susdit prieur, et après avoir confessé sa faute, il fit voeu à Dieu et à saint Pierre que si, par ses mérites, il recouvrait la santé, il aurait toujours envers lui une dévotion spéciale et qu'il ne dirait jamais plus pareilles sottises. Chose merveilleuse! II n'eut pas plutôt fait ce voeu qu'il fut entièrement guéri. — Une fois, le sous-prieur de cette même maison conduisait dans un bateau de magnifiques et grosses pierres pour la construction de la dite. église; le bateau toucha, à l’improviste, le rivage, de sorte qu'on ne pouvait le dégager. Tous les matelots étaient descendus et s'étaient mis ensemble à pousser le bateau, mais sans pouvoir le remuer. ils croyaient le bâtiment perdu, quand le sous-prieur les fit tous mettre de côté et approcha la main du bateau qu'il poussa légèrement eu disant : « Au nom de saint Pierre martyr, pour l’honneur duquel nous portons ces pierres, va. » Aussitôt le bateau s'ébranla avec vitesse, s'éloigna du rivage. Les matelots tout joyeux montèrent et gagnèrent leur chantier.

Dans la province de France, en la ville de Sens, une jeune fille qui passait dans l’eau fut entraînée par le courant, y tomba et resta longtemps dans la rivière; enfin elle en fut retirée morte. II y avait quatre causes de mort : le long espace de temps, le corps raide, froid et noir. Quelques personnes la portèrent à l’église des Frères, firent un voeu à saint Pierre, et aussitôt elle revint à la vie et à la santé. — Frère Jean, Polonais, souffrait de la fièvre quarte à Bologne : (26) il devait, le jour de la fête de saint Pierre, adresser un sermon an clergé ; comme il s'attendait à avoir son accès cette nuit-là, d'après le cours ordinaire de la fièvre, il eut grande peur de manquer le sermon qu'il avait reçu ordre de prononcer. Mais ayant eu recours aux suffrages de saint Pierre, à l’autel duquel il vint prier afin de recevoir secours de celui dont il devait publier la gloire, cette nuit-là même, la fièvre le quitta et dans la suite il n'en éprouva plus jamais les attaques. — Une dame nommée Girolda, femme de Jacques de Vausain, était obsédée depuis quatorze ans par des esprits immondes : elle vint dire à un prêtre : « Je suis démoniaque, et l’esprit malin me tourmente. » A l’instant le prêtre saisi s'enfuit à la sacristie, y prit le livre dans lequel se trouvent les exorcismes, avec une étole qu'il cacha sous sa coule : il revint avec bonne société trouver la femme qui ne l’eut pas plutôt aperçu qu'elle dit : « Larron infâme, où as-tu été? Qu'est-ce que tu portes caché sous ta coule? » Mais le prêtre faisait ses conjurations et n'apportait aucun soulagement, cette femme alors vint trouver le bienheureux Pierre, car il vivait encore, et lui demander secours. Il lui répondit en forme de prophétie : « Confiance, ma fille, ne désespérez point; car si je ne puis à présent faire ce que vous me demandez, il viendra cependant un temps où ce que vous demandez de moi, vous l’obtiendrez complètement. » Ce qui arriva en effet : car, après son martyre; cette femme étant venue à son tombeau, fut entièrement délivrée du tourment de ces démons. — Une femme nommée Euphémie de Corriongo, dans le diocèse de Milan, fut (27) tourmentée du démon pendant sept ans. Quand on l’amena au tombeau de saint Pierre, les démons se mirent à l’agiter davantage, et à crier par sa bouche de manière à être entendus de tous : « Mariole, Mariole, Pierrot, Pierrot. » Alors les démons sortirent et la laissèrent pour morte; mais elle se leva guérie un instant après. Elle assurait que principalement les jours de dimanche et de fête, et surtout lors de la célébration de la messe, les démons la tourmentaient davantage. — Une femme appelée Vérone, de Bérégno, fut tourmentée pendant six ans par les démons ; elle fut conduite au tombeau de saint Pierre, et c'était à peine que beaucoup d'hommes pouvaient la contenir. Parmi eux se trouvait un hérétique, nommé Conrad, de Ladriano, venu là pour se rire des miracles de saint Pierre. Or, comme il tenait cette femme avec les autres, les démons lui dirent par la bouche de la femme : « Pourquoi nous tiens-tu ? n'es-tu pas des nôtres? Ne t'avons nous pas porté à tel endroit où tu as commis tel homicide? Ne t'avons-nous pas conduit en tel et tel lieu, où tu as commis telle et telle infamie ?,» Et comme ils lui révélaient beaucoup de péchés que nul autre que lui seul ne connaissait, il fut fort épouvanté. Alors les démons écorchèrent le cou et la poitrine de la femme qu'ils laissèrent à demi morte en sortant ; mais peu après elle se leva guérie. Pour ce Conrad, quand il vit cela, il en fut stupéfait et il se convertit à la foi catholique.

Un hérétique, très fin raisonneur, d'une éloquence singulière, discutait avec saint Pierre et exposait ses erreurs avec subtilité et esprit ; il pressait (28) audacieusement le saint de répondre à ses arguments. Celui-ci demanda à réfléchir, et alla dans un oratoire qui était proche prier Dieu de défendre la cause de sa foi, et de réduire à la vérité ce parleur orgueilleux, ou de le punir en le privant de l’usage de la parole, de peur qu'il ne s'enflât d'orgueil contre la vraie foi. Puis revenant à l’hérétique, il lui dit en présence de l’assemblée d'exposer ses raisons de nouveau. Mais cet homme fut pris d'un tel mutisme qu'il ne put prononcer titi seul mot. Alors les hérétiques se retirèrent confus et les catholiques rendirent grâces à Dieu. — Un homme nommé Opiso, hérétique crédule, était venu à l’église des frères, à l’occasion d'une hérétique de ses cousines qui était forcenée. Arrivé au tombeau de saint Pierre, il v vit deux deniers qu'il prit en disant : « C'est bon, allons les boire » : et à l’instant il fut saisi d'un tremblement tel qu'il ne put en aucune manière se retirer de là. Effrayé, il remit les deniers à leur place et s'en alla. Mais reconnaissant la vertu de saint Pierre, il abandonna l’hérésie, et se convertit à la foi catholique. — Il y avait en Allemagne, au monastère d'Octembach, diocèse de Constance, une religieuse de l’ordre de saint Sixte, qui, depuis un an et plus, souffrait de la goutte au genou : aucun remède ne l’avait pu guérir. Comme il lui était impossible de visiter de corps le tombeau de saint Pierre (car elle était sous obédience, et la maladie très grave dont elle était atteinte l’en empêchait), elle pensa du moins à visiter ledit tombeau par un pèlerinage mental avec une attentive dévotion. Elle apprit qu'on pouvait aller en treize jours à Milan du lieu où (29) elle se trouvait; tous les jours, pour chaque journée de voyage, elle récitait cent. Pater poster en l’honneur de saint Pierre. Manière merveilleuse ! A mesure qu'elle faisait ce pèlerinage mental, successivement, toujours et peu à peu elle commença à se trouver mieux. Quand elle eut atteint sa dernière journée et qu'elle fut parvenue mentalement au tombeau, elle se mit à genoux comme si réellement elle l’eût eu devant elle, récita tout le Psautier avec une très grande dévotion. Sa lecture achevée, elle se sentit tellement délivrée de son infirmité qu'elle n'en ressentait plus presque rien. Elle revint de la même manière qu'elle était allée et avant d'avoir terminé toutes ses journées, elle fut complètement guérie. — Un homme de Canapicio de la villa Mazzati, nommé Rufin, tomba gravement malade : il avait une veine rompue :dans les parties basses du devant, d'oit il découlait sans cesse du sang; aucun médecin n'y avait pu apporter remède. Or, après six jours et six nuits d'écoulement continu, cet homme invoqua avec dévotion saint Pierre à son secours : sa guérison fut si instantanée qu'entre sa prière et sa délivrance, il n'y eut presque aucun intervalle. Or, comme il s'endormait, il vit un frère en habit de frère Prêcheur, gros et brun de figure, qu'il pensa être le compagnon de saint Pierre martyr, parce qu'il avait réellement cette tournure. Ce frère lui présentait ouvertes ses mains pleines de sang avec un onguent d'agréable odeur, et disait : « Le sang est encore frais : viens donc à ce sang tout frais de saint Pierre. » Le malade à son réveil alla visiter le tombeau du saint. — Certaines comtesses du château (30) Massin; au diocèse d'Ypozença, avaient une dévotion spéciale en saint Pierre; elles jeûnaient la veille de sa fête. Étant venues pour assister aux vêpres dans une église qui lui était dédiée, une, d'elles mit brûler une chandelle en l’honneur de saint Pierre martyr devant un autel du saint apôtre. Quand elles furent rentrées chez elles, le prêtre par avarice souffla et éteignit le cierge; mais tout de suite la lumière reprit et s'alluma de nouveau. Il voulut l’éteindre une seconde et une troisième fois, mais elle se ralluma toujours. Agacé de cela, il entra dans le choeur et trouva devant le maître-autel un cierge qu'y avait déposé un clerc en l’honneur de saint Pierre, dont il passait la vigile en jeûnant. Deux fois le prêtre voulut l’éteindre sans le pouvoir. Le clerc irrité dit en voyant cela : « Diable ! est-ce que vous ne voyez pas là un miracle évident, et que saint Pierre ne veut pas que vous éteigniez son cierge? » Alors le prêtre et le clerc ébahis montèrent au château et racontèrent à tous ce miracle. — Un homme du nom de Roba, de Méda, avait tout perdu au jeu, jusqu'à ses habits : en revenant le soir chez soi avec une lanterne allumée, il alla à son lit et se voyant si mal vêtu après de si grandes pertes, il se mit, de désespoir, à invoquer les démons et à se recommander à eux avec des paroles infâmes. Aussitôt se présentèrent trois démons qui, jetant la lumière allumée dans la chambre, le saisirent au cou où ils le serrèrent si fort qu'il ne pouvait absolument pas parler. Et comme ils le secouaient vivement, ceux qui étaient à l’étage au-dessous montèrent chez lui et lui dirent : « Qu'y a-t-il, que fais-tu, Roba ? » Les démons

Leur répondirent : « Allez, soyez tranquilles, et couchez-vous. » Ces personnes croyant que c'était la voix de Roba se retirèrent tout aussitôt. Quand elles furent parties, les démons recommencèrent à l’agiter plus violemment encore. Les voisins, qui comprirent ce qui se passait, allèrent de suite chercher un prêtre : celui-ci n'eut pas plutôt adjuré les démons, au nom de saint Pierre, que deux esprits malins sortirent à l’instant. Le lendemain, on amena Roba au tombeau de saint Pierre. Frère Guillaume de Verceil s'approcha et se mit à faire des reproches au démon. Alors Roba, qui n'avait jamais vu le frère, l’appela par son nom : « Frère Guillaume, lui dit-il, ce ne sera pas toi qui me feras jamais sortir, parce que cet homme est le nôtre et fait nos oeuvres. » Le frère lui ayant demandé son nom : « Je  m’appelle Balcéfas, lui répondit-il. » Cependant, quand il eut été adjuré au nom de saint Pierre, il jeta Roba par terre et s'en alla de suite. Roba fut parfaitement délivré, et accepta une salutaire pénitence. — Le jour des Rameaux, saint Pierre prêchait à Milan devant un auditoire très nombreux composé d'hommes et de femmes : il dit publiquement et à haute voix : « Je sais de science certaine que les hérétiques traînent ma mort : déjà pour cela l’argent. est donné. Mais qu'ils fassent tout ce qu'ils peuvent, je les persécuterai plus vivement mort que vif. » Ce qui se réalisa. — A Florence, au monastère des Rives, une religieuse était en oraison le jour que saint Pierre souffrit la mort : elle vit la Sainte Vierge assise dans la gloire sur un trône élevé, et deux frères de l’ordre des Prêcheurs montant au ciel, qui furent placés de (32) chaque côté de la Vierge Marie. Comme elle s'informait quels ils étaient, elle entendit une voix lui dire : « C'est le frère Pierre qui monte glorieux comme un parfum d'aromates en présence du Seigneur. » Et il fut vérifié que saint Pierre fut tué ce jour-là même que la religieuse eut cette vision. Or, comme depuis longtemps elle souffrait d'une maladie grave, elle se mit en dévotion à prier saint Pierre et reçut bientôt santé entière. — Un écolier qui revenait de Maguelonne à Montpellier, en faisant un saut, se rompit à l’aine au point de se faire grand mal et de ne pouvoir avancer un pas. Entendant dire qu'une femme avait étendu de la terre arrosée du sang de saint Pierre sur un cancer qui lui rongeait les chairs : « Seigneur Dieu, dit-il, je n'ai point de cette terre, mais vous avez donné tant de mérite à cette terre, vous pouvez bien aussi en donner à celle-ci. » Il prit donc de la terre, fit le signe de la croix, invoqua le martyr, et la mit sur l’endroit malade et aussitôt il fut guéri. — L'au du Seigneur 1259, il y avait à Compostelle un homme nommé Benoît dont les jambes étaient enflées comme des outres, le ventre comme celui d'une femme enceinte, la figure horriblement bouffie, et tout le corps gonflé de. telle sorte qu'on eût cru voir un monstre. Comme il avait peine à se soutenir sur un bâton, il demanda l’aumône à une dame qui lui répondit: « Tu aurais plus besoin d'une fosse que de tout autre bien, mais suis mon conseil; va au couvent des frères Prêcheurs, confesse tes péchés, et invoque le patronage de saint Pierre. » Il vint donc le matin à la maison des frères dont il trouva la porte fermée. Il se (33) mit devant et s'endormit. Et voici qu'un homme vénérable, habillé comme les frères Prêcheurs, lui apparut, le couvrit de son manteau et le fit entrer, Celui-ci, à son réveil, se trouva être dans l’église et vit qu'il était guéri parfaitement. L'admiration et la stupeur furent générales quand on vit un homme près de mourir, sitôt guéri d'une pareille infirmité.

 

 

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