THÉODORE
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SAINTE THÉODORE *

 

224

 

L'interprétation de Saincte Théodore. — Théodore est dicte atheos, c'est-à-dire Dieu. Et de oraison, et ce vault autant adire comme oraison a Dieu. Car elle oura et depria tant Dieu que 1e pechie quelle avoit fait lui fust pardonne.

 

Théodore était une femme mariée et de noble extraction. Du temps de l’empereur Zénon, elle habitait Alexandrie avec son époux, homme riche et craignant Dieu. Or, le démon, jaloux de la sainteté de Théodore, enflamma un riche de concupiscence pour elle. Il la fatiguait de messages répétés et de présents afin de la faire consentir à sa passion ; mais elle renvoyait ses messagers avec dédain et méprisait ses présents. Il la tourmentait au point de ne lui laisser aucun instant de repos et peu s'en fallut qu'elle en perdît la vie. Enfin il lui adressa une magicienne, qui l’exhortait beaucoup à avoir pitié de cet homme et à se rendre à ses désirs. Or, comme Théodore répondait que jamais elle ne commettrait un péché si énorme sous les yeux de Dieu qui voit tout, la magicienne ajouta: « Tout ce qu'on fait de jour, Dieu le sait certainement et le voit, mais tout ce qui se passe sur le soir et après le soleil couché, Dieu ne le voit pas du tout. » Et la jeune femme dit à la magicienne

« Est-ce que tu dis la vérité ? » « Oui, répondit-elle,

 

* Il y avait une église du nom de cette sainte, Paris, rue des Postes. Sa vie est tirée de Métaphraste. Surius et Lepomanus la rapportent.

 

je dis la vérité. » Théodore, trompée par les paroles de cette femme, lui dit de faire venir l’homme chez elle vers le soir et qu'elle accomplirait sa volonté. La magicienne ayant rapporté cela, cet homme entra dans des transports de joie ; il vint chez Théodore à l’heure qu'elle avait indiquée, commit un crime avec elle et se retira. Mais Théodore rentrant en soi-même versait des larmes très amères, et se frappait la figure en disant : « Ah! malheur à moi ! j'ai perdu mon âme ; j'ai détruit ce qui me rendait belle. » Son mari, revenu à la maison, voyant sa femme dans la désolation et dans les pleurs, sans en connaître la cause, s'efforçait de la consoler: mais elle ne voulait accepter aucune consolation. Le matin étant venu, elle alla à un monastère de religieuses et demanda à, l’abbesse si Dieu pouvait avoir connaissance d'un crime grave qu'elle avait commis à la chute du jour. L'abbesse lui répondit: « Rien ne peut être caché à Dieu qui sait et voit tout ce qui se passe, à telle heure que ce soit. » Théodore pleura amèrement et dit: « Donnez-moi le livre du saint Evangile, afin que moi-même je tire mon sort. » Et en ouvrant le livres elle trouva ces mots: « Quod scripsi, scripsi, ce que j'ai écrit, je l’ai écrit. » Elle revint à sa maison et un jours pendant que son mari était absent, elle se coupa la. chevelure, prit les habits de son mari et alla en toute hâte à un monastère de moines éloigné de huit milles, elle demanda à être reçue dans la communauté et l’obtint. Quand on lui demanda son nom, elle répondit qu'elle s'appelait Théodore. Elle s'acquittait en toute humilité de ce qu'on lui donnait à faire, et son (226) service était agréable à tout le monde. Or, quelques années après, l’abbé appela frère Théodore, et lui commanda d'atteler les boeufs et d'aller chercher de l’huile à la ville. Quant à son mari, il pleurait beaucoup dans la crainte que sa femme ne fût partie avec un autre homme. Et voici que l’ange du Seigneur lui dit: « Lève-toi dès le matin; reste dans la rue du martyre de saint Pierre, apôtre, et celle qui viendra au-devant de toi, ce sera ton épouse. » Après quoi, Théodore vint avec des chameaux; elle vit et reconnut alors son mari et se dit en elle-même. « Hélas mon bon mari, que de peines je me donne pour être délivrée du péché que j'ai commis contre toi ! » Et quand elle se fut approchée, elle le salua en disant : « Joie à mon seigneur. » Or, il ne la reconnut point, mais après avoir attendu très longtemps et s'être dit qu'il avait été trompé, une voix se fit entendre qui lui dit : « Celui qui t'a salué hier matin, était ton épouse. »

La bienheureuse Théodore était d'une telle sainteté qu'elle opérait beaucoup de miracles : car elle arracha un homme de la gueule d'une bête féroce qui l’avait lacéré, et le ressuscita par ses prières. Elle poursuivit elle-même l’animal, le maudit: et il tomba mort aussitôt. Mais le diable qui ne voulait point supporter sa sainteté lui apparut : « Prostituée plus qu'aucune autre, lui dit-il, adultère, tuas quitté ton mari pour venir ici et me mépriser ; par toutes mes terribles puissances, je te livrerai des combats, et si je ne te fais renier le crucifié, tu pourras dire que ce n'est pas moi qui t'attaque. » Mais elle fit le signe de la croix (227) sur elle et à l’instant le démon disparut. Une autre fois, elle revenait de la ville avec des chameaux ; ayant reçu l’hospitalité dans un endroit, une jeune fille vint la trouver la nuit et lui dit : « Dors avec moi. » Théodore l’ayant repoussée avec dédain, cette fille en alla trouver un autre qui était couché au même lieu. Or, quand elle se vit enceinte, on lui demanda de qui elle avait conçu, elle dit : « C'est le moine Théodore qui a dormi avec moi. » L'enfant étant né, on le. porta à l’abbé du monastère. Celui-ci, après avoir tancé Théodore qui réclamait son indulgence, lui mit l’enfant sur les épaules et la chassa du monastère. Or, elle resta pendant sept ans hors du cloître, et elle nourrit l’enfant du lait dés troupeaux. Le diable, jaloux d'une si grande patience, se présenta devant elle sous les trais de son mari : « Que faites-vous ici, madame? lui dit-il. Voici que je languis pour vous, et ne puis trouver aucune consolation; venez donc, ma lumière ; quand vous auriez fait le mal avec un autre homme, je vous le pardonne. » Mais celle-ci, persuadée que, c'était son mari, lui répondit : « Je ne demeurerai plus désormais avec vous parce que le, fils de Jean le soldat a couché avec moi, et je veux faire pénitence de la faute que j'ai commise envers vous. » Puis elle se mit en prières et aussitôt la vision disparut : elle reconnut alors que c'était le démon. Une autrefois encore le diable voulut l’effrayer; car les démons se présentèrent à elle sous la forme de bêtes terribles et il y avait un homme qui les excitait en disant: « Mangez cette prostituée. » Mais elle pria et les bêtes disparurent. Une autre fois, c'était une troupe de (228) soldats qui venaient conduits par un prince que les autres adoraient, et les soldats dirent à Théodore: « Lève-toi et adore notre prince. » Elle répondit : « J'adore le Seigneur Dieu. » Lorsqu'on eut rapporté cela au prince, il la fit amener et battre jusqu'à la croire morte ; après quoi toute la foule s'évanouit. Une autre fois encore, elle vit auprès d'elle une quantité d'or; mais elle prit la fuite en se signant et se recommandant à Dieu.- Un jour, elle vit un homme qui portait une corbeille pleine de 'toutes sortes de mets et cet homme lui dit: « Le prince qui t'a frappé  m’a chargé de te dire : Prends et mange, car il t'a maltraité par ignorance. » Alors elle se signa et tout disparut. Après sept ans révolus, l’abbé, en considération de sa patience, la réconcilia et la fit entrer dans le monastère avec son enfant. Quand elle y eut passé deux ans, de manière à ne mériter que des éloges, elle prit l’enfant et s'enferma avec lui dans sa cellule. L'abbé, qui en fut informé, envoya quelques moines écouter avec la plus grande attention ce qu'elle pouvait dire avec cet enfant. Or, elle le serra dans ses bras et le baisa en disant: « Mon fils bien-aimé, le temps de ma vie s'est écoulé, je te laisse à Dieu; qu'il soit ton père et ton soutien, fils chéri; vis dans la pratique du jeûne et de la prière, et sers tes frères avec dévouement. » En disant ces mots; elle rendit l’esprit et s'endormit heureusement dans le Seigneur vers l’an de J.-C. 470. À cette vue, l’enfant se mit à verser d'abondantes larmes. Or, cette nuit-là même, l’abbé du monastère eut la vision suivante : On faisait des préparatifs pour des noces magnifiques auxquelles se rendaient les ordres (229) des anges, des prophètes, des martyrs et de tous les saints : au milieu d'eux, une femme marchait seule, environnée d'une gloire ineffable : arrivée au lieu- du festin, elle s'assit sur un lit et tous les assistants étaient pleins d'attention pour elle, quand se fit entendre une voix qui disait : « Celui-ci est le père Théodore qui a été accusé faussement d'avoir eu un enfant. Sept ans se sont, écoulés depuis cette époque; et elle a été châtiée pour avoir souillé le lit de son mari. » L'abbé, à son réveil, se hâta d'aller avec les frères à la cellule de Théodore qu'il trouva déjà morte. Après être entrés, ils la découvrirent et trouvèrent que c'était une femme. Aussitôt l’abbé envoya chercher le père de la fille qui avait sali la réputation de Théodore et il lui dit: « L'homme de ta fille est mort » ; et en ôtant les vêtements, le père reconnut que c'était une femme.

Quand on apprit cela, il y eut une grande et générale frayeur; alors l’ange du Seigneur parla ainsi à l’abbé :      « Lève-toi vite, prends un cheval et cours à la ville, et celui que tu rencontreras prends-le et le ramène avec toi. » Il était sur le chemin, quand un homme accourut au-devant de lui: L'abbé lui ayant demandé où il allait, cet homme lui dit: « Ma femme est morte et je vais la voir. » Et l’abbé fit monter à cheval avec lui le mari de Théodore; quand ils furent arrivés, ils pleurèrent beaucoup et ils l’ensevelirent avec de grands honneurs. Alors le mari de Théodore prit la cellule de sa femme, où il resta jusqu'au moment qu'il s'endormit dans le Seigneur. L'enfant de Théodore suivit les avis de sa nourrice et se fit remarquer (230) par une entière honnêteté de moeurs, de sorte qu'à la mort de l’abbé, il fut élu à l’unanimité pour le remplacer.

 

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