HIPPOLYTE
Précédente Accueil Remonter Suivante

 

Accueil
Remonter
VIERGE D'ANTIOCHE
PIERRE MARTYR
PHILIPPE
APOLLINE
JACQUES  LE MINEUR
SAINTE CROIX
JEAN
ROGATIONS
BONIFACE
ASCENSION
SAINT-ESPRIT
GORDIEN
NÉRÉE
PANCRACE
URBAIN
PÉTRONILLE
PIERRE ET MARCELLIN
PRIME ET  FÉLICIEN
BARNABÉ
VITUS ET MODESTE
CYR ET JULITTE
MARINE
GERVAIS ET PROTAIS
NATIVITÉ DE J-B
JEAN ET PAUL
LÉON
PIERRE
PAUL
SEPT FRÈRES
THÉODORE
ALEXIS
MARGUERITE
PRAXÈDE
MARIE-MAGDELEINE
APOLLINAIRE
CHRISTINE
JACQUES LE MAJEUR
CHRISTOPHE
SEPT DORMANTS
NAZAIRE ET CELSE
FÉLIX
SIMPLICE ET FAUSTIN
MARTHE
ABDON ET SENNEN
GERMAIN
EUSÈBE
MACCHABÉES
PIERRE AUX LIENS
ÉTIENNE PAPE
ÉTIENNE
DOMINIQUE
SIXTE
DONAT
CYRIAQUE
LAURENT
HIPPOLYTE
ASSOMPTION
BERNARD
TIMOTHÉE
SYMPHORIEN
BARTHÉLEMY
AUGUSTIN
DÉCOLLATION DE J.-B.
FÉLIX
SAVINIEN
LOUP

SAINT HIPPOLYTE ET SES COMPAGNONS **

 

Hippolyte vient de hyper, au-dessus, et lithos, pierre, comme si on disait fondé sur la pierre, qui est J.-C. Ou bien de in, dans, et polis, ville, ou bien il veut dire très poli. Il fut en effet fondé solidement sur J.-C. qui est la pierre, en raison de sa constance et de sa fermeté. Il fut de la cité d'en haut par le désir et l’avidité : il fut bien poli par l’âpreté des tourments.

 

Hippolyte, après avoir enseveli le corps de saint. Laurent, vint à sa maison, et en donnant la paix à ses esclaves et à ses servantes, il les communia *** tous du sacrement de l’autel que le prêtre Justin avait offert. Et quand on eut mis la table; avant qu'ils eussent touché aux mets, vinrent des soldats qui l’enlevèrent. et le menèrent au César. Quand Dèce le vit, il lui dit en souriant: « Est-ce que tu es devenu magicien aussi, toi, qui as enlevé le corps de Laurent. » Hippolyte lui répondit : « Je n'ai pas fait cela

 

** Bréviaire romain ; — Actes anciens de aces saints.

*** Ce ne fut que vers le XIe siècle qu'on cessa de donner les saintes espèces de l’Eucharistie aux fidèles qui se communièrent alors de leurs propres mains.

 

410     

 

comme magicien, mais en qualité de chrétien. » Alors Dèce rempli de fureur commanda qu'on le dépouillât de l’habit qu'il portait en 'sa qualité de chrétien *, et qu'on lui meurtrît la bouche à coups de pierres. Hippolyte lui dit : « Tu ne  m’as pas dépouillé, mais tu  m’as mieux vêtu. » Dèce lui répliqua: « Comment es-tu devenu fou au. point de ne pas rougir de ta nudité ? Sacrifie donc maintenant et tu vivras au lieu de périr avec ton Laurent. » Que ne mérité-je, reprit Hippolyte, de devenir l’imitateur du bienheureux Laurent dont tu as osé prononcer le nom de ta bouche impure! » Alors Dèce le fit fouetter et déchirer avec des peignes de fer. Pendant ce temps-là, Hippolyte confessait à haute voix qu'il était chrétien ; et comme il se riait des tourments qu'on lui infligeait, Dèce le fit revêtir des habits de soldat qu'il portait auparavant, en l’exhortant à rentrer dans son amitié et à reprendre son ancienne profession de militaire. Et comme Hippolyte lui disait qu'il était le soldat de J.-C., Dèce outré de colère le livra au préfet Valérien avec ordre de se saisir de tous ses biens et de le faire périr dans les tourments les plus cruels. On découvrit aussi que tous ses gens étaient chrétiens; alors on les amena devant Valérien. Comme on les contraignait de sacrifier, Concordia, nourrice d'Hippolyte, répondit pour tous les autres : « Nous aimons mieux mourir chastement avec le Seigneur notre Dieu que de vivre dans le désordre. » Valérien dit: « Cette race

 

* Hippolyte portait donc encore la robe blanche dont on revêtait les nouveaux baptisés.

 

411

 

d'esclaves ne se corrige qu'avec les supplices. » Alors en présence d'Hippolyte rempli de joie, il ordonna qu'on la frappât avec des fouets garnis de plombs jusqu'à ce qu'elle rendît l’esprit : «' Je vous rends grâces, , Seigneur, dit Hippolyte, de ce que vous avez envoyé ma nourrice la première. dans l’assemblée des saints. » Ensuite Valérien fit mener Hippolyte avec les gens de sa maison hors de la porte de Tibur. Or, Hippolyte les raffermissait tous : « Mes frères, leur disait-il, ne craignez rien, parce que vous et moi, nous avons un seul Dieu. » Et Valérien ordonna de leur couper la tête à tous sous les yeux d'Hippolyte, et ensuite il le fit lier par les pieds au cou de chevaux indomptés afin qu'il fût traîné à travers les ronces et les épines, jusqu'au moment où il rendit l’âme, vers l’an du Seigneur 256. Le prêtre Justin put soustraire leurs corps et les ensevelir à côté de celui de saint Laurent Quant aux restes de Concordia, il ne put les trouver, car ils avaient été jetés dans un cloaque. Or, un soldat nommé Porphyre, qui croyait que Concordia avait dans ses vêtements de l’or et des pierres précieuses, . alla trouver un cureur de cloaques appelé Irénée, qui était chrétien, sans être connu comme tel, et lui dit : « Garde-moi le secret, et retire Concordia, car mon espoir est qu'elle avait de l’or ou des perlés dans ses habits. » Irénée lui dit : « Montre-moi l’endroit et je garde le secret; alors si je trouve quelque chose, je t'en informerai. » Lors donc que le corps eut été retiré, et qu'ils n'eurent rien trouvé, le soldat s'enfuit aussitôt et Irénée, ayant appelé un chrétien nommé Habondus, porta le corps à saint Justin. Celui-ci (412) ci le prit avec respect et l’ensevelit à côté de saint Hippolyte et des autres martyrs. Quand Valérien apprit cela, il fit prendre Irénée et Habondus qu'il ordonna de jeter tout vivants dans le cloaque : saint Justin enleva aussi leurs corps et les ensevelit avec les autres.

Après cela, Dèce monta avec Valérien sur un char doré et ils allèrent tous deux à l’Amphithéâtre pour tourmenter les chrétiens. Alors Dèce fut saisi par le démon et se mit à crier : « O Hippolyte, tu me tiens lié avec des chaînes bien rudes. » Valérien criait de son côté. « O Laurent, tu me traînes enlacé dans des chaînes de feu. » Et à l’instant Valérien expira. Dèce rentra chez lui, et pendant trois jours qu'il fut tourmenté par le démon, il criait: « Laurent, je t'en conjure, cesse un instant de me tourmenter. » Et il mourut ainsi misérablement. Triphonie, sa femme, qui était d'un caractère cruel, quand elle vit cela, quitta tout pour venir trouver saint Justin avec sa fille Cyrille, et se fit baptiser par lui avec beaucoup d'autres personnes. Le jour suivant, comme Triphonie était en prières, elle rendit l’esprit. Son corps fut enseveli par le prêtre Justin à côté de celui de saint Hippolyte. Quand on apprit que l’impératrice et sa fille s'étaient faites chrétiennes, quarante-sept soldats vinrent avec leurs femmes chez le prêtre Justin afin de recevoir le baptême. Denys, qui succédait à saint Sixte, les baptisa tous. Mais Claude, qui était empereur, fit égorger Cyrille qui ne voulait pas sacrifier, et avec elle les autres soldats. Leurs corps furent ensevelis avec les autres dans le champ Véranus. Il faut remarquer qu'il (413) est ici expressément question de Claude comme successeur de Dèce qui fit martyriser saint Laurent et saint Hippolyte. Or, Claude ne succéda pas à Dèce; il y a plus: d'après les chroniques, à Dèce succéda Volusien, à Volusien Gallien, et à celui-ci Claude. Il paraît donc ici plausible de dire ou bien que Gallien porta deux noms, et qu'il s'appela Gallien et Dèce, d'après Vincent dans sa chronique et Geoffroi dans son livre, ou bien que Gallien a pris pour coadjuteur un homme nommé Dèce qu'il aura fait César, sans que pourtant ce dernier ait été empereur, selon le récit de Richard dans sa chronique. Saint Ambroise s'exprime ainsi dans la préface de saint Hippolyte : « Le bienheureux martyr Hippolyte, regardant J.-C. comme son véritable chef, aima mieux être son soldat que d'être le chef des soldats. Il ne persécuta pas saint Laurent qui avait été confié à sa garde, mais il le suivit. En cherchant les trésors de l’Eglise, il en trouva un que le tyran ne lui ravirait point, mais que la piété pouvait seule posséder. Il trouva un trésor d’où découlaient toutes les richesses; il méprisa la fureur d'un tyran, afin d'être éprouvé avec la grâce du roi éternel ; il ne craignit point d'avoir les membrés disloqués, afin de ne pas être broyé dans les liens éternels. — Un bouvier nommé Pierre avait attelé ses bœufs à son char, le jour de la fête de sainte Marie-Magdeleine ; il pressait son attelage en proférant des malédictions, quand tout à coup ses bœufs et son char furent consumés par la foudre. Quant au bouvier, qui avait proféré ces imprécations, il était en proie à des douleurs atroces; un feu le rongeait de telle sorte que (414) les chairs et les nerfs de sa jambe tout entière ayant été consumés, ses os paraissaient à découvert; enfin sa jambe finit par se séparer de sa jointure. Il alla alors à une église dédiée à Notre-Dame, et cacha sa jambe dans un trou de cette église en priant avec larmes la Sainte Vierge de lui obtenir sa guérison. Or, une nuit, la Sainte Vierge lui apparut avec saint Hippolyte auquel elle demanda de guérir Pierre. Aussitôt saint Hippolyte prit la jambe dans le trou où elle était et en un instant il la replaça comme une greffe qu'on ente sur un arbre. Mais au moment où le saint fit cela, Pierre ressentit des douleurs si vives que par ses cris il réveilla tous les gens de sa maison. Ils se lèvent, allument de la lumière et trouvent Pierre avec ses deux jambes et ses deux cuisses. Se croyant le jouet d'une illusion, ils le palpaient de toutes les manières et reconnaissaient qu'il avait des membres véritables. A peine peuvent-ils l’éveiller; enfin ils s'informent auprès de lui comment cela lui est arrivé. Il pense lui-même qu'on se moque de lui; mais enfin après avoir vu, il finit par se convaincre de ce qui existait ; il en resta stupéfait. Cependant sa cuisse nouvelle; plus faible que l’autre pour supporter son corps, était en même temps plus courte. Comme témoignage du miracle, il boita pendant un an. Alors la Sainte Vierge lui apparut une seconde fois avec saint Hippolyte auquel elle dit qu'il devait achever cette cure. Il s'éveilla et se trouvant entièrement guéri, il se fit reclus. Le diable lui apparaissait très fréquemment sous la forme d'une femme nue qui le portait au crime; plus il opposait de résistance, plus l’impudence de cette femme augmentait. Or, une fois qu'elle le tourmentait beaucoup, Pierre enfin prit une étole de prêtre et la mit au cou du démon qui, en se retirant, ne laissa là qu'un cadavre en putréfaction dont l’odeur était tellement infecte que de tous ceux qui le virent, il n'y eut personne qui ne pensât que ce fût le corps d'une femme morte que le diable avait pris.

 

Haut du document

 

Précédente Accueil Remonter Suivante