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LE VENDREDI DE LA QUATRIÈME SEMAINE DE L’AVENT.
Du Prophète Isaïe. CHAP. LXVI. Ecoutez la parole du
Seigneur, vous qui l'entendez avec tremblement. Vos frères qui vous haïssent et
vous rejettent à cause de mon Nom, vous
ont dit : Que le Seigneur fasse paraître sa
gloire en vous, et nous le reconnaîtrons dans votre joie ;
mais eux-mêmes seront couverts de
confusion. Voix du peuple dans la
cité ! Voix qui vient du temple ! Voix
du Seigneur qui rend à ses ennemis ce qu'ils méritent ! Sion a enfanté
avant d'être en travail; elle a mis au monde un enfant mâle avant le jour de
l'enfantement. Qui jamais entendit chose
semblable ? Qui jamais vit rien de pareil? La terre produit-elle son fruit en un seul jour ?
Tout un peuple est-il engendré en même temps ? Et cependant Sion, dans un même
instant, a été en travail, et a enfanté ses fils. Moi qui fais enfanter
les autres, n'enfanterai-je point aussi moi-même,
dit le Seigneur? Moi qui donne aux autres la fécondité, demeurerai-je stérile, dit
le Seigneur, ton Dieu r Réjouissez-vous
avec Jérusalem, soyez dans l'allégresse
avec elle, vous tous qui l'aimez : unissez votre joie à la
sienne,.vous tous qui pleuriez sur
elle ; et vous sucerez, et vous tirerez
de ses mamelles le lait de ses consolations : vous trouverez une abondance de
délices dans la gloire qui l'environne de toutes parts Car le Seigneur a parlé
et a dit : Voici que j'épancherai sur elle comme un fleuve de paix ; je
répandrai sur elle la gloire des nations comme un torrent qui se déborde. Vous
sucerez son lait; on vous portera à la mamelle, et on vous caressera sur
les genoux , comme
une mère caresse son enfant ; ainsi je vous consolerai, et vous trouverez
votre consolation dans Jérusalem. Vous verrez ces choses, et votre cœur sera dans la joie,
et vos os reprendront une nouvelle vigueur comme l'herbe qui repousse ;
et le Seigneur fera connaître sa main à ses serviteurs, et il répandra sa
colère sur ses ennemis ; car voici que le Seigneur va paraître dans les feux ,
et son char sera comme la tempête. Il vient répandre son indignation et sa
fureur, et sa vengeance au milieu des flammes. Le Seigneur viendra environné de
feux et armé de son glaive, pour juger toute chair; et le nombre de ceux que le
Seigneur tuera sera grand. Votre présence, ô Jésus ! va donner la fécondité à celle qui était stérile, et l'étroite Sion va tout d'un coup enfanter un peuple pour qui la terre ne sera plus assez vaste. Mais la gloire de cette fécondité est toute à vous, ô Verbe divin ! Le Psalmiste l'avait annoncé. « O Jérusalem! ô Reine ! avait-il dit, il te naîtra des enfants à la place de tes pères ; tu les établiras princes sur toute la terre: ils se souviendront de ton nom dans la succession des âges, et les peuples qui sauront qu'ils sont sortis de toi, te loueront à jamais dans les siècles des siècles. » (Psaume XLIV.) Mais, pour cela, il était nécessaire que le Seigneur descendît en personne. Lui seul a pu rendre féconde une Vierge ; lui seul pourra, avec des pierres, produire des enfants d'Abraham. « Encore un peu de temps, dit-il par un Prophète, et j'ébranlerai le ciel et la terre, et je remuerai toutes les nations. » (Aggée, II,8.) Et par un autre : « De l'aurore au couchant, mon Nom est grand parmi les nations ; et voici « qu'en tout lieu on va offrir et sacrifier à mon Nom une victime pure. » (Malach. I, II)Bientôt donc il n'y aura plus qu'un seul Sacrifice ; car l'Agneau de ce Sacrifice va naître dans peu d'heures. Or, le sacrifice est le lien des peuples ; quand le Sacrifice sera unique, il n'y aura plus aussi qu'un seul peuple. O Eglise ! qui allez nous unir tous, hâtez-vous de naître. Et puisque déjà vous êtes née pour nous, nous qui sommes nés de vous, que l'Agneau, votre Epoux, épanche sur vous ce fleuve de paix annoncé par le Prophète ; qu'il répande sur vous la gloire des nations comme un torrent qui se déborde ; qu'il donne un lait abondant à vos mamelles, et que les peuples reviennent autour de cette Mère commune qui les pressera sur son cœur et les caressera sur ses genoux. O Christ ! c'est vous qui inspirez cette tendresse à notre Mère ; c'est vous qui nous consolez, qui nous illuminez par elle. Venez la visiter : venez renouveler en elle la vie, dans cette nouvelle Naissance que vous allez prendre. Donnez-lui, cette année comme toujours, la fermeté de la Foi, la Grâce des Sacrements, l'efficacité de la Prière, le Don des Miracles, la Succession Hiérarchique, la puissance du Gouvernement, la Force contre les Princes du siècle, l'amour de la Croix, la victoire contre Satan, la couronne du Martyre. Qu'elle soit belle comme votre Epouse, en cette nouvelle année qui va s'ouvrir ; qu'elle soit fidèle à votre amour, et toujours plus heureuse dans le grand œuvre que vous lui avez imposé ; car, d'année en année, approche le jour où vous viendrez pour la dernière fois, non plus dans les langes, mais sur un char de feu, briser ceux qui n'ont point aimé votre Eglise, ou qui l'ont méconnue, et l'enlever avec vous dans votre Royaume éternel. HYMNE DE LA NAISSANCE DU CHRIST.(Tirée du poète Prudence, VIII KAL. JANUARIAS.) Paraissez, doux enfant, né
d'une Mère, la chasteté même, qui enfante sans alliance humaine; paraissez,
Médiateur, en votre double nature. Bien que sorti dans le temps
de la bouche du Père, et incarné à la parole de l'Ange, toutefois au sein du
Père déjà vous habitiez, ô Sagesse éternelle ! Cette Sagesse apparut en
créant le ciel, la lumière et toutes choses; par la puissance du Verbe tout a
été fait ; car le Verbe est Dieu. Mais ayant ordonné les
siècles, et fixé les lois de l'univers, ce Verbe, fondateur, artisan des êtres,
demeura au sein du Père ; Tant qu'enfin, les années par
milliers déroulant leurs révolutions, il daigna visiter ce globe depuis
longtemps pécheur. Car la tourbe aveugle des
mortels prosternée devant d'abjectes vanités, proclamait Dieu l'airain, le
bois, le marbre glacé. Par ce culte insensé, ils
étaient tombés sous le joug du tyran perfide ; et leur vie esclave
s'engloutissait dans l'abîme ténébreux. Mais le Christ ne put
souffrir la chute des nations tombant sans vengeur, ni la ruine de l'œuvre de
son Père. Il revêtit un corps mortel,
afin qu'en ressuscitant ce corps, il brisât les chaînes de la mort et
transportât l'homme au sein du Père. Sentez-vous, ô noble Vierge !
malgré de douloureux pressentiments, croître par un
enfantement glorieux l'honneur intact de votre pudeur ? Oh ! quelles
joies pour le monde sont contenues en ce sein très pur, d'où va partir une ère
nouvelle, un autre âge d'or ! PRIERE DU SACRAMENTAIRE GALLICAN.
(In Adventu Domini, Contestatio.) C'est une chose digne et
juste que nous vous rendions grâces en tout temps et en tous lieux, ô vous,
Dieu tout-puissant, par Jésus Christ notre Seigneur, que Jean, le fidèle ami,
précéda dans la naissance, précéda dans la prédication du désert, précéda dans
l'administration du Baptême, préparant ainsi la voie à Celui qui est en même
temps Juge et Rédempteur. Jean convoqua les pécheurs à la pénitence, et gagnant
un peuple au Sauveur, il baptisa dans le Jourdain ceux qui confessaient leurs
pèches. Il ne conférait pas cette grâce qui renouvelle l'homme pleinement; il
avertissait seulement d'attendre l'arrivée du Sauveur miséricordieux ; il ne
remettait pas les pèches de ceux qui venaient à lui, mais il promettait cette
rémission à ceux qui croiraient, et qui, descendant dans les eaux de la
Pénitence, espéreraient le remède du pardon de la part de Celui qu'ils
apprenaient devoir venir bientôt, tout rempli du don de la Vérité et de la
Grâce, Jésus-Christ, notre Seigneur. La Vigile de Noël se trouve ci-après, au Propre des
Saints, au 24 Décembre. |