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LE MERCREDI DE LA DEUXIÈME SEMAINE DE L’AVENT.
Du Prophète Isaïe. CHAP. XVI. Envoyez, Seigneur, l'Agneau
qui doit régner sur la terre; qu'il s'élance de la pierre du désert jusqu'à la
montagne de la fille de Sion : et comme l'oiseau qui s'enfuit, comme les petits
qui s'envolent de leur nid, ainsi seront les filles de Moab au passage d'Arnon. Prends conseil, forme une assemblée, prépare en
plein Seigneur, envoyez-nous l’Agneau; « c'est l'Agneau qu'il nous faut, et non le Lion, s'écrie Pierre de Celles dans son IIIe Sermon de l'Avent, l'Agneau qui ne s'irrite point, et dont la mansuétude ne se trouble jamais; l'Agneau qui nous donnera sa laine blanche comme la neige pour réchauffer ce qui en nous est froid, pour couvrir ce qui en nous est nu ; l'Agneau qui nous donnera sa chair à manger, de peur que nous ne périssions de faiblesse dans le chemin. Envoyez-le plein de sagesse, car dans sa divine prudence il vaincra l'esprit superbe; envoyez-le plein de force, car il est dit que le Seigneur est fort et puissant dans le combat ; envoyez-le plein de douceur, car il descendra comme la rosée sur la toison; envoyez-le comme une vie-ci time, car il doit être vendu et immolé pour notre rachat; envoyez-le, non pour exterminer les o pécheurs, car il doit venir les appeler, et non les justes; envoyez-le enfin digne de recevoir la puissance et la divinité, digne de délier les sept sceaux du livre scellé, savoir l'ineffable mystère de l'Incarnation. » Vous êtes donc Roi, divin Agneau ! Vous êtes, dès le sein de votre Mère, le souverain Dominateur. Ce sein virginal est un trône de miséricorde sur lequel vous siégez dans l'humilité, prêt à nous rendre justice et à confondre notre cruel ennemi. O Roi chéri ! si nos yeux ne vous aperçoivent pas encore, notre cœur vous a senti. Il sait que c'est pour lui que vous revêtez une si étonnante royauté. Laissez-le s'approcher de vous, et vous rendre foi et hommage, pendant que le nuage vous voile encore. Bientôt les bras de Marie seront un second trône pour votre Majesté, et toute la terre verra le Salut qui lui est envoyé. 186 HYMNE TIRÉE DE L’ANTHOLOGIE DES GRECS,( Au 20 décembre.) Grotte, prépare-toi : voici
venir la Brebis qui porte le Christ en son sein; Crèche, reçois celui qui d'une
parole ineffable nous délivre, nous enfants de la terre ; Bergers, qui veillez
la nuit, publiez le prodige; Mages, accourez de la Perse, apportez au Roi l'or,
l'encens et la myrrhe; car le Seigneur est
apparu, né d'une Vierge-mère qui s'abaisse
comme une humble servante, toute mère qu'elle est, l'adore et dit, le tenant en
ses bras : Comment as-tu été produit, comment as-tu été engendré dans mes
entrailles, mon Sauveur et mon Dieu ? Ecoute, ô ciel ! terre, prête l'oreille ; car voici le Fils et le Verbe du
Dieu Père, qui s'avance pour naître d'une Vierge qui n'a pas connu l'homme, et
qui enfante sans douleur par la vertu du Saint-Esprit. Bethléhem,
prépare-toi ; Eden, ouvre tes portes : Celui qui Est devient celui qui n'était
pas ; celui qui du limon forma toute créature reçoit lui-même une forme,
apportant au monde une grande miséricorde. Nature immense, Christ Roi,
comment pourra vous recevoir une chétive étable? comment
la crèche vous pourra-t-elle contenir, ô Jésus ! fils
d'une mère intacte,qui vous êtes fait étranger dans votre propre domaine, pour
sauver ceux qui vous donneraient l'hospitalité! Auguste Princesse, nouveau
ciel, de votre sein, ainsi que d'un nuage, hâtez-vous de faire sortir le
Christ, Soleil de gloire : que dans la grotte il apparaisse avec notre chair,
et répande jusqu'aux extrémités du monde le vif éclat de ses splendeurs par une
immense miséricorde. Vous savez nos douleurs et
nos misères, ô Christ débonnaire ! et vous ne nous
dédaignez pas ; mais vous vous anéantissez avant même de sortir de votre mère,
fixant votre demeure au sein virginal de celle qui, dans la grotte, vous
enfantera sans douleur, revêtu de notre chair. Monts et collines, vallées et
plaines, peuples et tribus, nations de la terre et tout ce qui respire, poussez
des cris de victoire : voici venir la plénitude de joie divine, la Rédemption
de tous approche, le Verbe de Dieu qui ne connaît point de temps, soumis au
temps par sa miséricorde. Elle approche, la vigne
céleste sur laquelle a mûri la grappe incorruptible ; elle vient enfanter le
vin d'allégresse qui, comme une vive, source , étanchera notre soif, à nous qui lui chanterons :
Vous êtes béni, ô notre Dieu ! Le vase de divins parfums qui
renferme le parfum d'excellence, s'avance pour répandre en la grotte de Bethléhem celui qui remplit de sa mystique odeur ceux qui
lui chantent :Vous êtes béni, ô le Dieu de nos pères ! Marie , vous êtes semblable a l'instrument que vit autrefois lsaïe entre les mains de l'Ange : comme lui vous portez en
vous le divin charbon, le Christ qui consume toute matière de péché et illumine
les âmes des fidèles. Les chants des Prophètes ont
cessé : car Celui qu'ils ont annonce devoir venir en la plénitude des temps, va
paraître ; il est présent, ayant pris un corps dans la chaste Vierge : allons
le recevoir avec des cœurs purs. PRIERE DU MISSEL MOZARABE.(Au second Dimanche de l’Avent.) Seigneur, la terre est dans
la joie, et tressaille de plaisir ; car le Verbe fait chair habite dans le sein
de la Vierge sacrée. A son avènement, la terre entière est affranchie de la
captivité, après avoir été si longtemps captive dans une noire prison, par
suite de la transgression d'Adam. Que maintenant la mer s'ébranle et tous les
êtres qu'elle renferme ; que les montagnes bondissent ; que les arbres des
forêts soient dans la jubilation ; car Dieu, se faisant homme, daigne venir du
ciel en ce monde, en passant par le sein de la bienheureuse Vierge Marie. Nous
vous supplions donc, ô Dieu tout-puissant! d'affranchir
des liens du péché la fragilité de notre chair et de recevoir avec miséricorde
votre famille ici présente qui vient à vous. |