Semaine de 1998

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Chapelle N-D du Vorbourg / CH-2800 Delémont (JU) / tél/fax + 41 032 422 21 41

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Chapelle Notre-Dame du Vorbourg

 SEMAINE DU VORBOURG 1998

13 au 20 septembre 1998

"L'Esprit Saint viendra sur toi"

Prédicateur:

Père Jean Didierlaurent, rédemptoriste

Programme:

Du lundi 14 septembre au samedi 19 septembre à l'exception du jeudi 17 septembre:

Messes à 5h30, 6h30, 7h30, 8h30, 10h00 et 20h00 (sauf samedi)

Célébrations particulières:

Dimanche 13 septembre 16h00 Célébration d'ouverture
Lundi 14 septembre 20h00 Messe par le Secteur Saint-Germain: paroisse de Corban
Mardi 15 septembre 20h00 Messe par la paroisse de Delémont
Mercredi 16 septembre 15h00

20h00

Bénédiction des petits enfants

Messe par la vallée de Delémont: paroisse de Develier

Jeudi 17 septembre 5h30 (français)

6h30 (français)

7h30 (français)

8h30 (français)

9h30 (deutsch)

20h00 (deutsch)

Messe

"

"

Dekanat Laufental

Singmesse

Vendredi 18 septembre 20h00 Ajoie, Clos-du-Doubs:

Paroisse de Courtedoux

Samedi 19 septembre 10h00 Franches-Montagnes, Doyenné de Moutier, Saint-Imier, Bienne:Paroisse de Malleray-Bévilard

Groupe des aveugles et mal voyants

Dimanche 20 septembre 15h00 Célébration de clôture

 

Confessions:

Au Vorbourg: dès 7h00, chaque matin (sauf le dimanche) et le soir dès 19h00

A Montcroix: le matin de 7h00 à 10h00 et l'après-midi de 16h30 à 18h30

Célébration du sacrement de réconciliation en l'église Saint-Marcel de Delémont: lundi 14 septembre à 20h00

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INTENTIONS DE PRIERE DE JEAN-PAUL II POUR LE MOIS DE SEPTEMBRE

L'intention générale de prière du Pape Jean-Paul II pour le mois de septembre est:

"Que tous les Etats condamnent l'emploi des mines antipersonnelles, et s'appliquent à en banir l'usage."

Son intention missionnaire est:

"Que l'Esprit de la Nouvelle Evangélisation encourage l'Eglise en Asie à annoncer le Christ et à promouvoir l'inculturation de l'Evangile et le dialogue religieux."

 

Intention des Evêques Suisses

"Que nous traitions notre environnement - l'eau, la terre, les plantes, les animaux - de telle manière que les futures générations puissent également en bénéficier"

 

LETTRE APOSTOLIQUE DIES DOMINI DU SAINT-PÈRE JEAN-PAUL II AUX ÉVÊQUES, AUX PRÊTRES,
AUX FAMILLES RELIGIEUSES ET AUX FIDÈLES DE L'ÉGLISE CATHOLIQUE SUR LA SANCTIFICATION DU DIMANCHE .

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Semaine du Vorbourg

 

dimanche 13 septembre 1998 16h00 (Ouverture)

Evangile: Lc 1,26-38

Frères et sœurs,

Il y a un instant en priant avec le psaume 112, nous avons prononcé ce texte sacré: " Le Seigneur siège là-haut". Là-haut, je ne sais pas si vous savez où ça se trouve. Et voilà que maintenant dans cet Evangile de Saint Luc, on nous dit que le Seigneur s'en vient dans une ville de Galilée appelée Nazareth. On ne dit pas que c'est le Seigneur qui vient, on dit que c'est l'ange Gabriel. Mais il faut savoir qu'à l'époque on ne faisait intervenir Dieu directement, précisément parce qu'Il est très loin, il est l'indicible, il est celui qu'on ne connaît pas. On le fait donc toujours parler par des intermédiaires qu'on appelle des anges. Ange, ça veut dire l'annonceur, le facteur, si vous voulez. Mais quand on vous dit que l'ange Gabriel a été envoyé par le Seigneur a été envoyé pour rencontrer Marie, cela signifie en bon français que c'est le Seigneur qui est venu trouver Marie. Alors, il siège là-haut et le voilà qui vient chez nous. Nous allons commencer une semaine de réflexion dans cette chapelle du Vorbourg. On va parler de Marie, on va surtout parler de l'Alliance entre le Seigneur et le peuple de ce pays, le peuple universel.

Comment parler de Dieu intelligemment? C'est très difficile. Saint Augustin disait déjà: "Que peut-il bien dire celui qui veut parler de toi Seigneur?" Sous-entendu: "Ce prédicateur-là ne dira que des sottises. Alors, sachez à l'avance que durant cette semaine, je ne dirai que des sottises. Mais Saint Augustin ajoutait: "Mais malheur à moi si je ne parle pas de toi!" Ce qui veut dire que je suis obligé de dire des sottises. J'essayerai qu'elles soient les plus petites possibles. Vous me donnerez droit à quelques erreurs. De toutes façons quand vous et moi nous serons ressuscité, que nous contemplerons la gloire de Dieu, vous pourrez sourire sur les sottises que nous pourrons dire durant cette semaine. Mais si déjà nous pouvons nous nourrir de cette parole de Dieu, alors tout sera sauvé.

Le Seigneur qui siège là-haut est venu à Nazareth rencontrer cette jeune fille qui s'appelle Marie. Pourquoi faire? On dit que Dieu est Tout-Puissant… On pourrait croire qu'il est capable de tout arranger, d'organiser les personnes et les choses en fonction de son plan. Et comment se fait-il qu'il vienne demander (excusez-moi de dire ça comme ça) un petit coup de main à Marie. Mais ça n'est pas la première fois que le Seigneur a besoin de quelqu'un de chez nous. Quand vous parlez avec les croyants qui sont juifs, chrétiens et musulmans, tous se réfèrent au départ à notre père qui est Abraham, le père des croyants. Et on doit se poser la question, pourquoi est-ce que le Seigneur est venu trouver Abraham? Il en a pris l'initiative. Alors, je vais employer ici un mot qui va courir pendant toute cette semaine. Il est venu trouver Abraham pour une ALLIANCE entre Lui et les hommes. Et je dis bien une alliance… et si vous portez au doigt une alliance, vous savez ce que ça veut dire. Ca veut dire qu'on se met ensemble, qu'on vit ensemble, qu'on fait une expérience de vie commune, non pas pour s'utiliser mutuellement mais pour tout partager, les joies et les peines. Si vous êtes mariés, c'est ce que vous vivez dans votre couple, et bien le Seigneur est venu chez nous prendre l'initiative d'une Alliance pour partager ses joies et ses peines et partager nos joies et nos peines, car Dieu qui est vivant au-delà de tout ce qu'on peut imaginer, sait se réjouir. On l'a vu aujourd'hui dans cette parabole du Fils prodigue. Il sait faire la fête Dieu le Père. Il saint aussi souffrir, quand nous, dans l'usage de notre liberté, on le condamne à la souffrance. Et Abraham a répondu : "D'accord"! Et le texte nous dit qu'Abraham partit sans savoir où il allait. Et voilà qu'un Père de l'Eglise fait ce commentaire savoureux: "Abraham partit sans savoir où il allait, signe qu'il était dans la bonne direction." Mais dit-on ça? J'ai le sentiment et même la certitude que Marie s'est engagée dans cette Annonciation dans une aventure. Elle ne savait pas de quoi serait fait l'avenir, mais elle était dans la bonne direction: "Qu'il me soit fait selon ta parole!"

Alors, il y a bien entendu ici des phrases qu'il nous faudrait mieux comprendre. On nous dit que "la puissance du très-haut prendra Marie sous son ombre", "Que l'Esprit-Saint viendra sur elle"… C'est le thème de la semaine. Qu'est-ce que ça veut dire: "L'Esprit-Saint viendra sur toi?" Mais d'abord qui est le Saint-Esprit? Certains disaient que c'est le parent pauvre de la Sainte Trinité. Dieu le Père, on sait qui c'est. Jésus, un petit peu mieux. Mais le Saint-Esprit? Qu'est-ce qu'il peut bien faire? Mais excusez-moi, mais le Saint-Esprit d'après l'hébreu (je ne suis pas spécialiste du tout) ça veut dire la respiration. Il paraît que le Saint-Esprit c'est la respiration qui est commune à Dieu le Père et à Dieu le Fils, ce va-et-vient vital entre les deux. Respiration de vie et d'amour… Enlevez le Saint-Esprit… Dieu le Père ne respire plus et Jésus pas d'avantage! Vous voyez le dégât. Qui est le Saint-Esprit? Il est l'amour de Dieu. Alors quand on dit que le Saint-Esprit prendra Marie sous son ombre, on fait allusion ici à l'Ancien Testament, quand la présence de Dieu était toujours accompagnée d'une nuée… Vous savez, une sorte de nuage. On voit Moïse sur le mont Sinaï deviner la présence de Dieu derrière un nuage. Une nuée lumineuse, à la fois obscurité, à la fois lumière… et qu'est-ce que ça veut dire: "Le Saint-Esprit te prendra sous son ombre?" Ca veut dire que toi, Marie, tu fais Alliance avec le Seigneur et une Alliance féconde d'où va sortir la parole même de Dieu, à savoir Jésus-Christ. Pourquoi Dieu a-t-il eu besoin de cette jeune fille d'Israël? Je crois qu'on n'a pas fini de nous poser la question et qu'on pourra se la poser jusqu'à la fin des temps. Mais vous savez, on pourrait aussi nous regarder les uns les autres et nous poser la question: "Pourquoi est-ce que le Seigneur a besoin de nous dans l'Evangélisation de ce pays? Vous ne croyez pas qu'il assez puissant pour faire tout, tout seul? Et bien non, Il ne le veut pas! Et pourquoi est-ce qu'il ne le veut pas? Et bien parce que c'est une affaire d'amour et une affaire d'alliance. Puisque nous sommes créés à son image, le Seigneur nous a associés à sa création. Alors, il n'est pas nécessaire de regarder longtemps la télévision pour se rendre compte qu'il y a besoin de beaucoup de travail aujourd'hui, pour nous rendre compte qu'il y a beaucoup de gens qui ont perdu l'espérance. Beaucoup de nos frères et sœurs n'ont plus de sens à leurs existences. Nous gaspillons beaucoup de temps et beaucoup de forces à des bricoles, en perdant de vue l'essentiel, à savoir qu'une vie n'est réussie que quand elle met de l'amour autour d'elle, quand elle met de la joie autour d'elle… Quand nous paraîtrons devant Dieu, levant les mains vers lui, j'espère bien que ce sera avec de l'amour. Autrement, que pèserait notre existence. Dieu ne peut pas travailler seul parce qu'il ne le veut pas, parce qu'il nous a associé à sa création permanente et que nous sommes créateurs avec lui.

Alors, on va nous poser un certain nombre de questions durant cette semaine. Demain, c'est la fête de la Croix glorieuse. Vous savez qu'il faut être déjà audacieux pour oser parler de la fête de la Croix glorieuse. Une croix, c'est quand même un instrument de supplice. En faire quelque chose de glorieux, il faut le faire. Probablement que seule résurrection du Christ parvient à ce résultat. Nous parlerons de la Vierge Marie dans ses douleurs de Mère. Nous aurons l'occasion aussi de parler de la prière chrétienne, une prière qui est trop souvent utilisation de Dieu: "Mon Dieu, donne-moi ça!" Et s'il me le donne comme je l'ai demandé: "Merci, mon Dieu, ça va très bien." Nous sommes là comme dans du commerce. Pas forcément dans la prière… Une prière qui cherche d'abord à utiliser Dieu n'est pas chrétienne! La véritable prière consiste à vivre l'Alliance et à partager une vie d'amour avec le Seigneur. Nous nous poserons aussi la question du sens de la prière mariale. Nous essayerons finalement, lucidement, de faire ensemble un petit examen de conscience, pour que notre semaine serve en quelque sorte de retraite spirituelle pour engager une nouvelle année qui soit celle de missionnaires, hommes et femmes, dans la situation qu'est la nôtre et auprès des personnes qui nous entourent. Et puis surtout, et je termine par là: Nous nous poserons la question suivante: "En quel Dieu croyons nous?" Oh! Oui, un Dieu Tout-Puissant, c'est sûr! Mais qu'est-ce que nous appelons la toute-puissance de Dieu? Alors en une phrase, je voudrais simplement vous dire que nous allons nous poser la question dans les termes suivants. Dieu Tout-Puissant, ça veut dire: Dieu est d'une tendre infinie. Dieu Tout-Puissant, ça signifie que Dieu nous aime et que rien ne vient le fatiguer: aucune de nos sottises, aucun de nos péchés… Dieu est Tout-Puissant, ça veut dire que jamais il ne renoncera à nous aimer. Et puisque Dieu est puissant de cette façon-là, il ne tire pas les ficelles. Il ne nous manipule pas. Nous ne sommes pas ses esclaves, nous sommes ses enfants et nous sommes libres... libres de faire du bien et libres de faire des sottises… Ce qui condamne Dieu à certains moments à souffrir. Dieu est Tout-Puissant, cela signifie qu'il devient parfois très faible quand nous on l'offense, quand nous, on lui tourne le dos.

Puisse Marie, Notre-Dame du Vorbourg, qui nous a laissé cette parole: "Que tout se passe pour moi comme il m'a dit.", nous inspirer… Que nous nous mettions à l'écoute d'une parole qui est vivante aujourd'hui et qui nous concerne. Ce pays ne peut se bonifier que si nous le bonifions. Dieu peut tout… Il ne peut rien sans que nous fassions le travail. Comme Marie, essayons de nous dire: "Oui, chez moi aussi, qu'il me soit fait selon ta parole et selon ta tendresse et selon ton désir d'amour." Amen.

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Lundi, 14 septembre 1998

Fête de la Croix glorieuse,

Epître: 1 Co 2, 1-6

Evangile: Lc 22, 39-46

Chers amis,

Aujourd'hui nous célébrons donc, dans l'Eglise, vous le savez, la fête de la Croix glorieuse et demain, c'est la fête de Notre-Dame des douleurs. On dit des sept douleurs, sept chiffre parfait, ça veut dire Notre-Dame de toutes les douleurs. Il est évident qu'il nous faut associer ces deux faits. Demain nous nous poserons un certain nombre de questions sur ce que représente la Toute-puissance de Dieu. On le sait que Dieu est Tout-Puissant, encore faut-il savoir ce que cela signifie. En tous aujourd'hui, on a le sentiment nous autres, d'une très grande faiblesse de Dieu. La première lecture nous montre déjà la différence entre la Sagesse humaine et la Toute-puissance de Dieu. Il faut dire que Saint Paul écrit à des Corinthiens et ces gens de Grèce se flattaient de faire beaucoup de philosophie: "La Sagesse". L'Evangile n'est pas sage du tout. On pourrait même dire brutalement, que l'Evangile, c'est une folie… Parce que l'Evangile c'est de l'amour et que l'amour est toujours un peu fou. L'amour ne calcule pas et quand vous aimez quelqu'un, un conjoint, un enfant, un voisin, vous savez que c'est toujours avec un grain de folie.

Je parlais de la faiblesse de Dieu parce qu'enfin cette fête de la Croix glorieuse nous interpelle. Le Père nous disait il y a un instant qu'il y avait là quelque chose de très paradoxal, une croix glorieuse. Est-ce qu'on se rend compte que la croix est un instrument de supplice? Est-ce que l'idée nous viendrait en parlant de l'échafaud de dire l'échafaud glorieux. Vous vous rendez compte? Une pendaison glorieuse… un instrument de supplice et on dit la Croix glorieuse. N'oublions pas que la croix c'est quelque chose d'ignominieux. Attacher un homme après des poutres, avec des clous… comme on peut clouer des chouettes sur des portes de grange. Voilà ce que c'est que la croix. Alors, on s'interroge à la lecture de cet Evangile parce que Jésus va employer quelques mots: "Que ce ne soit pas ma volonté qui se fasse, mais la tienne!" Et on a vite fait de se mettre dans la tête un faux raisonnement: La volonté de Dieu serait que Jésus soit attaché à la croix et qu'il meure. "Que ta volonté soit faite." Alors que Jésus, lui à 33 ans, n'a pas envie de mourir. On n'a même pas envie à 90 ans, alors… Alors "Que ta volonté soit faite", mais qu'est-ce que ça veut dire? Et il y a d'autres phrases où on dira que Jésus s'est fait obéissant et jusqu'à la mort et la mort de la croix. Alors je me souviens de mon enfance quand on me disait d'obéir, j'obéissais, y compris à mon Maître d'école. Je ne discutais pas, comme à la caserne. Et quand mon instituteur me disait: "C'est ma volonté" ou quand mon père me disait: "Je veux que…" et bien je n'avais plus qu'à exécuter sans discussion.

Récemment est mort un grand théologien allemand, le P. Haering et il disait que le mot volonté de Dieu est lui aussi très ambigu, car on a le sentiment d'une imposition. Et c'est vrai que le Seigneur n'impose jamais rien, il propose. Alors, on demandait à ce théologien: "Quel est le sens de volonté de Dieu?" Et il disait : "Volonté de Dieu signifie Proposition d'amour, désir d'amour." Et quand nous disons dans le Notre Père: "Que ta volonté soit faite", cela signifie: "Que ton désir d'amour sur nous et sur moi puissent s'accomplir dans ma liberté." Il n'y a pas d'imposition. Alors qu'est-ce que ça veut dire: "Que ta volonté soit faite et pas la mienne" (parole de Jésus). Et bien la volonté du Père, son désir d'amour, c'était que Jésus ne se sauve pas dans la nuit du Jeudi au Vendredi Saint. Il avait le temps de prendre le maquis, comme on dirait chez moi et de revenir plus tard quand les choses se seraient un peu calmées. Et bien, le désir d'amour c'était que Jésus remplisse sa mission jusqu'au bout et quelles qu'en soient les conséquences. Voilà la volonté du Père… "Ne te sauve pas mon garçon, fais ton travail." Et la volonté du Père sur vous et sur moi c'est de dire: "Fais ton travail, remplis ta mission et s'il y a des conséquences dramatiques, et bien il faudra les assumer, quitte à être consolé ici par un ange du Seigneur, comprenez à être consolé par la force du Saint-Esprit." Voilà le désir d'amour du Père, qu'on remplisse notre mission. Mais à l'époque moderne, il y a aussi des gens qui meurent à cause de la mission qui est la leur. Des chrétiens et des non-chrétiens… Je pense à des hommes célèbre comme Gandhi. Il n'était pas chrétien mais il est mort à cause d'une mission pour la paix. C'est évangélique, ça. Il a voulu remplir sa mission jusqu'au bout. On l'a assassiné. Martin Luther King qui est un protestant américain. Il a été assassiné parce qu'il prônait l'égalité des hommes. Mgr Roméro, il a été assassiné au milieu de la grand-messe parce qu'il parlait de l'éminente dignité des pauvres. Il y a des missions qui font mourir. Alors vous et moi on n'est peut-être pas appelé à mourir brutalement et on est appelé à mourir un peut tous les jours, et vous savez, c'est tout aussi difficile. Alors, je peux maintenant vous dire qu'est-ce que c'est que la volonté du Père. La mort de Jésus sur la croix n'a pas été programmée au Paradis. Qui a voulu la mort de Jésus sur la croix? Ca n'est pas Dieu le Père, car un père qui voudrait la mort de son enfant serait un père dénaturé, vous le savez très bien. Qui a voulu la mort de Jésus? Les hommes qui se sont sentis menacés dans leurs instincts de puissance. Car voilà Jésus qui se met à parler d'un Dieu de tendresse… Un Dieu qui remet les pauvres debout et ceux qui retenaient la puissance au nom de Dieu (je pense aux pharisiens, je pense aux grands prêtres, je pense aux docteurs de la Loi et à bien d'autres)… et bien ceux-là, ils se sont dit, il faut faire taire cet homme-là, il est vraiment trop dangereux et ce fut la croix et le supplice de Jésus. Et Jésus a été dressé et les textes évangéliques nous disent que Marie était debout au pied de la croix, dressée en même temps que lui. Et maintenant on regarde cette croix et Marie debout au pied de cette croix et on se dit: "Mais c'est peut-être là le début de notre libération. Alors pourquoi oser dire que la croix est glorieuse?

Vous allez comprendre tout de suite. S'il n'y a pas mort, il n'y a pas résurrection, c'est évident. Et seule résurection donne un sens à la vie. Seule la résurrection nous sauve. Alors la mort de Jésus n'a pas été programmée par Dieu le Père, mais elle est arrivée. Et qu'est-ce qu'elle signifie pour vous et pour moi? Retenez toujours ça: La mort de Jésus signifie la tendresse inconditionnelle du Père pour vous et pour moi. Dieu est allé jusque là. C'est le signe d'une tendresse infinie et Jésus l'a dit: "Il n'y a pas de pus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu'on aime." Cette mort de Jésus qui a été infligée au Seigneur par les hommes, elle est le signe, elle est devenue la tendresse de Dieu… le signe de l'incroyable amour du Seigneur. Il est allé jusque là.

Alors on dit que Dieu est Tout-Puissant, on aura l'occasion d'y revenir cette semaine… mais puisque Dieu n'est que tendresse, vous savez qu'il devient parfois très impuissant. Je fais appel à votre expérience, si vous êtes des grand-parents ou des parents de grands enfants. Vous avez le souci d'élever des libertés, de ne pas imposer, mais de faire des propositions d'amour et quand votre grand garçon ou votre grande fille n'en fait qu'à sa tête et que ça ne vous plaît par. Qu'est-ce que vous faites? Vous ne prenez plus le martinet. Vous vous taisez et vous commencez à souffrir parce que vous avez décidé de ne pas contrarier une liberté… Et ça vous rend impuissant, vous qui êtes des parents qui avez la puissance de l'éducation. Et bien, Dieu le Père se serait renié lui-même s'il avait empêché les hommes de renier son enfant parce Dieu le Père nous veut libre. Et voilà Dieu le Père qui se met à pleurer. Mais oui… Et pendant que son Fils était attaché à la croix, Dieu le Père lui-même vivait une véritable agonie. Car si Dieu ne souffrait pas, il n'aimerait pas.

Alors pourquoi fêter cette croix glorieuse? Peut-être pour réconforter le Seigneur et lui dire: "Cette croix elle n'a pas été inutile pour nous. Seigneur, sois heureux quand même. Ca nous a remis debout et ça nous permet aujourd'hui d'annoncer la Bonne Nouvelle de l'Evangile. Et dans les souffrances, n'accusons pas Dieu! Ah, c'est le coupable idéal, il ne répond jamais. N'accusons pas Dieu et sachons qu'il souffre en nous et avec nous et au lieu de ramper par terre, tâchons nous aussi, comme Marie, d'être debout, face à la vie, en sachant que de toute façon, la vie a un sens, un sens qui sera manifesté au jour de notre mort-résurrection. Amen.

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Mardi 15 septembre Notre-Dame de Compassion,

Epître: Si 15, 14-18

Evangile: Lc 15,1-3.11-32

Chers amis,

Vous l'avez remarqué bien sûr, nous avons repris ce matin en cette Fête de Notre-Dame des 7 douleurs, l'Evangile de dimanche dernier, cette parabole du Fils prodigue. Qu'est-ce que c'est qu'une parabole? Première question. C'est une histoire inventée…par Jésus, bien sûr. Il aimait nous dit un texte, parler beaucoup en parabole. Pourquoi? Parce qu'en inventant une histoire (il était une fois), on met en scène les personnages bien typés, bien ciblés et le message est beaucoup plus incisif. D'ailleurs, vous et moi, nous employons parfois des paraboles. Quand on veut faire comprendre quelque chose à quelqu'un, on lève les yeux au ciel et on dit: "Il était une fois…" Comprenne qui pourra. Alors, ceux qui ne comprennent pas, ce ne sont pas des gens intelligents, mais c'est ceux qui préfèrent hausser les épaules et dire qu'est-ce qu'il raconte encore comme bêtise? Il se trouve que quand Jésus parlait en parabole, les docteurs de la Loi et les pharisiens faisaient semblant de ne pas comprendre.

La parabole la plus connue, c'est celle du bon Samaritain, une histoire inventée… Je me suis trouvé un jour en Terre Sainte et il y avait un guide qui faisait son travail comme il pouvait et il nous a montré une masure en plein désert de Juda et il a dit: "Voilà l'auberge du Bon Samaritain". Mon Dieu, pauvre homme, il n'y a jamais eu d'auberge du Samaritain, c'est une histoire inventée… Comme l'histoire du fils prodigue… Mais vous comprenez immédiatement ce que cela veut dire. Les Pharisiens protestent parce que Jésus accueille des pécheurs et des publicains, c'est-à-dire les percepteurs de l'époque. Ceux de maintenant, je ne sais pas… Ils avaient mauvaise réputation pourquoi? Parce qu'ils devaient fournir au pouvoir romain une somme forfaitaire. S'ils n'avaient pas su faire rentrer les sous, ils devaient donner de leurs poches. Mais s'ils avaient bien su faire rentrer l'argent, ils gardaient la différence. Inutile de dire qu'ils faisaient du zèle. Et en plus, ce n'étaient pas des gens fréquentables, car ils étaient considérés comme des collaborateurs des romains. Ils percevaient l'impôt pour leur compte. Et bien voilà que Jésus les accueille… ces gens considérés comme des pestiférés et les pharisiens, les scribes protestaient… Et Jésus invente l'histoire. Alors, le fils prodigue, c'est tous ces hommes qui ont mauvaise réputation. Les païens: ils ont quitté la maison! Les pharisiens: c'est le fils aîné. Ils ne quittent pas la maison, ils sont toujours là. C'est le Peuple élu, ils disent bien leurs prières, ils fréquentent les synagogues et le Temple. Mais leur grand drame et leur grand péché (et ceux qui ont entendu cette histoire l'ont très bien compris) ça a été de refuser de se réjouir de la joie du Père, de la joie de Dieu. "Mon fils que voilà qui était parti et qui revient… Il m'invite bien sûr à faire la fête et toi tu ne veux pas faire la fête." Finalement, le péché de l'aîné qui n'a pas quitté la maison est plus grave que le péché du fils prodigue. Alors, vous et moi on est dans quelle catégorie? Bon, quelques fois on est prodigue, quelques fois on se sauve bien loin de Dieu en lui tournant le dos. Ca peut arriver… Mais normalement, on est quand même à la maison. Dans la maison de Dieu, on prie, on croit, on fréquente les églises et la chapelle du Vorbourg et c'est très bien, mais on pourrait parfois fréquenter les maisons de Dieu, sans partager la joie du Père. On pourrait parfois fréquenter les maisons de Dieu en refusant la tendresse pour tous les hommes sans discrimination. On pourrait nous aussi, et je parle pour moi, vivre dans le pharisaïsme. J'ai déjà eu l'occasion de dire que si le jugement nous était laissé sur nos frères et sœurs, il y a fort à parier qu'on en mettrait beaucoup en enfer. On reproche à Dieu d'aimer tout le monde.

Je voudrais maintenant si vous permettez, revenir à la première lecture. C'est un texte essentiel, majeur de l'Ancien Testament, on dit le livre de Ben Sirac, on dit aussi quelque fois le livre de l'Ecclésiastique. Je vous redonne la référence parce qu'il serait intéressant que dans la journée vous puissiez vous y référer. Alors, vous allez rechercher votre Ancien Testament, je ne sais pas où vous l'avez mis… Il n'est pas en haut d'une armoire, bien sûr et vous irez ouvrir cette page de Ben Sirac. Je vous donne la référence: Chapitre 15 à partir du verset 15 (facile à retenir 1515, date de la bataille de Marignan… On a besoin comme ça de petits procédés mnémotechniques). Et vous relirez ce texte. Je me permets simplement d'en relever certaines phrases. "Si tu le veux, tu peux observer les commandements" (affirmation de notre liberté) "Il dépend de ton choix de rester fidèle"(Nous sommes libres)"Le Seigneur a mis devant toi l'eau et le feu" (Ce sont des éléments contradictoires… pour éteindre le feu, les pompiers jettent de l'eau) "étends la main vers ce que tu préfères" (Nous sommes libres) "la vie et la mort sont proposés aux hommes" (je peux donner la vie, je peux donner la mort) "L'une ou l'autre leur est donnée selon leur choix". Je ne connais pas de texte dans la Bible qui insiste davantage sur la liberté humaine. Dans ma Bible, il y a un sous-titre: Liberté humaine. Si j'avais édité cette Bible, j'aurais mis un autre sous-titre. J'aurais mis: "Toute-puissance de Dieu". En effet, le texte continue et c'est l'essentiel, la raison, pourquoi nous sommes libres… "Car, grande est la Sagesse du Seigneur, il est Tout-Puissant et il voit tout." Vous avez entendu… ce raisonnement est renversant… Nous sommes libres parce que Dieu est Tout-Puissant. Donc, la Toute-puissance de Dieu se vérifie, se mesure par notre liberté, la vôtre et la mienne. Je vous dis que c'est renversant, parce qu'on n'est pas du tout habitué à cette définition de la Toute-puissance. Quand est-ce que chez nous, on dit qu'un pays est puissant? Quand le pays d'à côté est plus faible, évidemment… Quand est-ce qu'on dit qu'un homme est grand? Quand le voisin est plus petit… Quand est-ce qu'on dit qu'une famille est riche? Quand la famille d'à côté est plus pauvre, etc… Ce qui veut dire que sur terre, la toute-puissance se mesure toujours par comparaison avec la faiblesse du voisin. Et bien, ça c'est dramatique, car pour se grandir quel est le plus simple: appuyer sur la tête du voisin pour le rapetisser… Et par relativité, j'ai l'impression de devenir plus grand… Cette définition de la toute-puissance chez les humains est à l'origine de ce qu'on appelle les instincts de puissance, les violences et les guerres. Et voilà depuis les origines de l'humanité, des milliers et des millions de victimes à cause de cette définition instinctive de la puissance chez nous. Chez Dieu, rien de tout ça. On a déjà eu cette semaine, l'occasion d'en parler avec d'autres groupes. Quand nous disons que Dieu est Tout-Puissant, ça ne veut jamais dire, mais jamais… qu'il impose quelque chose. Dieu ne sait pas imposer. Il ne peut pas… Il propose, il a un désir d'amour et dire Dieu est Tout-Puissant… Comprenez toujours: sa tendresse n'a pas de limites. Dieu n'est puissant que d'amour. Il n'est que tendresse. Dieu est Tout-Puissant: sa tendresse est infinie. Et vous comprenez ça instinctivement. Si par exemple, vous avez élevé des enfants. Quand est-ce que vous avez été fiers de vous, père et mère de famille? Bien entendu, quand vous avez mis au monde des enfants. Il y a une fierté réelle, je l'espère! Mais quand est-ce que vraiment, vous avez expérimenté votre puissance parentale? Quand vos garçons sont devenus grands et un beau jour, ils vous ont dit: "Au revoir papa, au revoir maman! Vous m'avez appris à marcher tout seul, vous avez élevé ma liberté. Maintenant, je puis voler de mes propres ailes. Je quitte la maison sans partir, bien entendu." Vous voyez ce que je veux dire… Et les parents qui ne sont pas le bon Dieu auront sans doute mal à l'estomac, mais ils pourront dire honnêtement: "Nous sommes fiers! On a réussi!" et ils expérimentent vraiment à ce moment-là, leur puissance parentale, la joie, la fierté des parents, c'est d'avoir élevé des libertés. Il n'y a pas d'imposition là-dedans, il y a le respect de libertés. Et bien, la fierté de Dieu, c'est de nous voir libres et responsables. Dieu est Tout-Puissant parce que nous sommes devenus capables de choisir entre la vie et la mort, entre l'eau et le feu. Dieu est Tout-Puissant non pas parce qu'il nous commande, il est Tout-Puissant parce qu'il nous aime et que nous sommes capables librement de répondre à son amour avec un superbe usage de notre responsabilité. La liberté humaine, nous y tenons, encore qu'on n'a pas demandé de venir au monde dans tel ou tel pays, telle ou telle famille. Il y a bien sûr des choses qui nous sont imposées au départ. Mais nous savons quand même que dans l'exercice de la vie quotidienne, nous avons des choix à faire. Notre liberté peut faire vivre, elle peut aussi tuer. En la fête de Notre-Dame des sept douleurs, nous savons que Marie a souffert atrocement parce que des hommes ont voulu la faire souffrir. En tuant son Fils, on la mettait à mort elle aussi, d'une certaine manière. Mais Marie est restée debout… Elle est restée debout, parce que librement elle a assumé, librement elle a affronté le mal. Et si un jour, vous et moi, nous sommes victimes d'un mauvais usage de la liberté d'un frère ou d'une sœur, qu'elle sera notre attitude? Longtemps, je me suis demandé ce que pouvait signifier cet Evangile: "Si on te frappe sur une joue, tend l'autre". Je n'osais pas prêcher ça parce que j'avais le sentiment que pour être chrétien, il fallait être un invertébré. Et un beau jour, j'ai demandé à quelqu'un qui était bien renseigné quelqu'un de Nazareth, sur la base de la symbolique juive, ce que pouvait bien signifier cette phrase. Et il s'est mis à rire en se moquant de moi et il m'a dit: "Mais c'est beaucoup plus simple que vous ne le croyez! Nous avons deux joues, l'une pour recevoir des gifles, l'autre pour recevoir des baisers. On te frappe sur une joue, tends l'autre, non pas pour recevoir une autre gifle, on n'est pas fou!… Encore qu'il y a un risque.. Mais tend l'autre joue pour donner à ton adversaire du moment la possibilité un jour de changer d'attitude. Il t'avait frappé, aujoud'hui, il veut t'embrasser. Il avait quitté la maison, aujourd'hui, il veut revenir." Puissions-nous laisser aux autres la chance que Dieu nous donne chaque jour. Amen.

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Mercredi, 16 septembre 1998

Epître: Eph 3,14-21

Evangile: Jn 20, 19-23

Chers amis,

A la lecture de ces deux textes, vous avez compris qu'il s'agissait pour nous ce matin de cerner de plus près le thème central de cette semaine du Vorbourg. L'Esprit-Saint couvrira Marie de son ombre. Le rapport entre l'Esprit et la Vierge Marie… Parler du Saint-Esprit est très difficile. Je crois que l'on comprendra vraiment le rôle de l'Esprit-Saint quand on le verra. Pour le moment, on balbutie sur la base de notre catéchisme, sur la base aussi de ce qu'on appelle le credo, quand on nous dit que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils et qu'il fait vivre l'Eglise. Quand j'étais enfant, on m'expliquait qu'il y avait des mystères dans la foi et ça reste vrai… et que le premier mystère est celui de la Sainte Trinité. Au premier jour de cette semaine, on nous a parlé du signe de la croix puisque c'était la fête de Croix glorieuse. Vous savez certainement qu'il y a un autre nom au signe de la croix. C'est le signe de la Sainte Trinité. Le signe dit de la croix, c'est aussi le signe dit de la tendresse. Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Pour ma part, je serais très heureux que dans l'Eglise on parle tout autant du signe de la Trinité que du signe de la croix. Car, enfin, c'est ce qui caractérise le cœur de la foi chrétienne. Tout le monde, ou à peu près croit en Dieu, quitte à se fabriquer un dieu à sa ressemblance. Mais les chrétiens que nous sommes, sont les seuls à pouvoir faire sur eux le signe de la Trinité: le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Alors, ils sont trois, un seul Dieu. Bon, c'est déjà compliqué. Le Père, on sait à peu près… A lui revient la gloire. Le Fils, là on sait bien mieux parce qu'Il est venu chez nous, il est devenu homme et il a partagé notre existence. Mais le Saint-Esprit, lui il fait problème. Comment le représenter? On a pris l'habitude de le représenter sous la forme d'une colombe, c'est colombe qui était là déjà à la fin du déluge. Vous savez, quand elle est revenue avec un rameau d'olivier dans le bec… et puis cette colombe qui était au-dessus de Jésus lors du baptême du Seigneur par Jean-Baptiste… Mais enfin, à part ça, on ne sait pas grand chose. Et quand j'étais enfant on posait des questions, comme vous sans doute, et on me répondait imperturbablement, c'est un mystère et j'en concluais: ne cherchons pas à comprendre. Et puis au fur et à mesure que l'on grandit, on veut comprendre. Alors, permettez simplement une petite approche de ce mystère. Savez-vous que nous avons de la sainte Trinité une image merveilleuse sur la terre et même plus qu'une image, les orientaux nous diraient que c'est une icône, une sorte de présence réelle. Et cette image de la sainte Trinité chez nous c'est tout simplement une famille humaine normalement constituée. Vous allez me comprendre tout de suite. Pour qu'il y ait une famille humaine dans l'amour, il faut au départ deux personnes, l'homme, la femme. Ils s'aiment. Normalement, sauf accident, s'ils s'aiment vraiment, ils ne vont pas rester deux longtemps. Il y a un troisième qui va venir à plus ou moins d'exemplaires et qu'on appelle l'enfant. Ce qui veut dire que l'amour entre deux êtres débouche toujours sur un troisième. Et dans les familles où il n'est pas possible d'avoir des enfants, il y aura une forme de fécondité spirituelle évidente. L'amour de deux êtres est toujours créateur. Or, un enfant dans une famille, qu'est-ce que c'est? Il est le signe que l'homme et femme se sont aimés. Mais non seulement, il en est le signe, il est le ciment actuel de leur amour. Il faut voir comment le papa et la maman sont tout entier orientés vers ce petit. Et c'est enfant procède de son père et de sa mère, il est le signe vivant de l'amour du foyer. Or, ils restent trois: l'homme, l'enfant, la femme… trois différents. Chacun a son rôle et si cependant dans cette famille, il y a beaucoup d'amour, vous connaissez l'expression. On dira il y a ici un seul cœur et une seule âme. Et voilà l'unité par l'amour entre trois personnes différentes. Je balbutie, mais en regardant cette image d'une famille humaine normalement constituée, nous avons une petite idée de la sainte Trinité. Le Père et le Fils ne font que s'aimer. Le Père se donne en tant que Père. Le Fils reçoit l'amour de son Père et lui donne son amour de Fils. Et comment s'appelle l'amour entre les deux? C'est leur respiration commune. On dit en français: le Saint-Esprit. Esprit, ça veut dire souffle, respiration. En hébreu, ça s'appelle la Ruah. Finalement, le Saint-Esprit, c'est la respiration qui est commune entre le Père et le Fils. C'est leur amour mutuel. Au même titre que dans une famille, l'enfant, il est l'amour entre le père et la mère, il est leur respiration commune. Bon, je ne pourrais rien vous apprendre en vous disant ça, sinon que le Saint-Esprit, il est chez nous la révélation de la tendresse de Dieu, cette tendresse dont nous parlons depuis le début de cette semaine.

Le Saint-Esprit, c'est celui qui envoie en mission et c'est celui qui fait notre unité. Vous avez entendu cet Evangile: Jésus ressuscité souffle. Vous avez bien remarqué: il souffle sur les Apôtres. "Recevez ma respiration qui est aussi celle de mon Père et de même que mon Père m'a envoyé, moi aussi, je vous envoie." Une mission n'est possible aujourd'hui comme hier que par la force du Saint-Esprit. Esprit du Père, Esprit du Fils, Esprit de tendresse.

Alors, le Saint-Esprit fait des signes… Je ne sais pas cher amis si vous vous souvenez d'un sacrement que vous avez reçu comme moi et qui s'appelle la confirmation. Je me souviens de la mienne, mais avec beaucoup d'hésitations, je dois le dire, je n'ai pas été beaucoup préparé à recevoir cette confirmation… mais pas du tout! J'avais onze ans et je ne sais pas ce qui m'est arrivé… Si, je me souviens d'un gifle de l'évêque. Ce n'est pas une gifle d'ailleurs, il paraît que c'est un signe d'amitié. Vous savez que la confirmation est quelque chose d'extraordinaire dont il nous faut vivre en permanence. Mais de son vrai nom, c'est la confirmation du baptême. Car, on confirme toujours quelque chose, le mot est très français. Imaginez que votre cousine vous envoie une lettre en vous disant: je viendrai probablement te voir dimanche prochain, je confirmerai par téléphone. Ca veut dire: la nouvelle sera sûre, elle sera solide. On confirme toujours quelque chose. Et bien, la confirmation, de son vrai nom, c'est la confirmation du baptême. C'est si vrai que dans les premiers temps de l'Eglise, on ne distinguait pas les deux sacrements. Baptême et confirmation du baptême se recevaient dans la même nuit de Pâques. Actuellement, je crois qu'il n'y a pas mal de temps, pas mal d'années entre le baptême et la confirmation. On ne voit plus très bien le lien. Or, c'est un lien vital. Le baptême nous met dans la résurrection du Christ et la confirmation par la force de l'Esprit nous envoie en mission et nous permet de réaliser l'unité. Alors, le signe de l'Esprit, c'est le signe de la lumière et puis il y en aura encore un petit peu plus tout à l'heure et on se souvient de la Pentecôte… Vous savez ces flammes qui descendaient sur la tête des Apôtres. Et Marie était présente… Lumière pourquoi… Il faut bien avouer que seul le Seigneur est capable de donner un sens à notre existence. Sans la perspective de la résurrection, notre vie s'arrêterait à la tombe. Alors, la lumière, elle prend son sens dans les ténèbres extérieures. Nous, on est habitué à voir des cierges, des lumières, mais combien de gens guettent dans la nuit la petite lumière qui viendra leur donner un sens et il faut bien essayer de les aider. On n'est pas chrétien pour soi-même, on est chrétien pour aider des frères et des sœurs qui sont dans l'obscurité et qui désirent trouver aussi une petite lumière capable de donner un sens à leur existence au milieu de toutes leurs épreuves.

Il y a un autre signe de la présence de l'Esprit, c'est l'unité. Oh! Vous connaissez par cœur le récit de la Pentecôte. On a l'impression que l'Evangéliste Saint Luc prend un malin plaisir à énumérer tous les gens différents qui sont à Jérusalem à ce moment-là: Parthes, Mèdes, Elamites, gens de Mésopotamie, des Crétois, des Phrygiens, des Arabes, des Romains, etc… Tous des gens différents et qu'est-ce qui se passe? Un miracle extraordinaire: toutes ces personnes de mentalités et de culture différente, entendent parler le même Evangile de la résurrection de Jésus-Christ. Et le texte le précise bien: "Ils entendent dans leur propre langue." Je crois que ce miracle de la Pentecôte, c'est exactement l'inverse de ce qu'on appelle la tour de Babel ou de Baylone. C'était bien sûr une image. Les hommes avaient voulu faire une tour qui aille jusqu'au ciel. Mais ils ont été obligés de s'arrêter en cours de route. Pourquoi? Parce qu'ils se sont mis à parler des langues différentes. Alors les architectes et les chefs de chantier pouvaient bien donner des ordres, les murs ont commencé à se dresser de travers, la construction s'est arrêtée. On ne pouvait pas arriver à Dieu parce que les hommes ne s'entendaient pas entre eux. Et bien le Saint-Esprit de Pentecôte s'en vient reprendre des hommes différents qui ne s'entendent pas entre eux pour en faire un peuple capable d'accéder aussi à la Bonne Nouvelle de la Résurrection. Et je vous dis ça pourquoi? Pour que nous puissions réfléchir davantage à la qualité de la communion, la communion et la communauté dans ce pays. Différents, nous le sommes. Différents, nous le resterons si bien que la véritable communauté ne passe jamais par la suppression des différences. On ne se ressemble pas. On a chacun nos goûts, on ne vote pas de la même manière, heureusement d'ailleurs. Si on était tous semblables, la vie serait très monotone. La communauté se fabrique par des gens différents mais qui veulent faire de leurs différences un enrichissement mutuel. Ce qui veut dire que le travail du Saint-Esprit passe par un immense respect pour la conscience de nos frères et de nos sœurs. Différents nous sommes, mais pour une même mission. La communauté n'a jamais signifié l'uniformité. Dans le Jura comme partout ailleurs, il y a une seule langue capable de nous rassembler. Ca n'est pas l'hébreu, ça n'est pas le grec, ça n'est pas le latin, ça n'est pas le français ni le suisse-allemand. Ca n'est pas l'anglais… La seule langue capable de nous réunir au travers de nos différences, c'est le sourire et la main tendue. Ce langage-là, tout le monde peut le comprendre. Voilà le langage des l'Esprit-Saint. Marie était présente à la première Pentecôte de l'Eglise. Elle nous avait donné son enfant. Elle est présente à la naissance de la communauté. On dirait aujourd'hui communauté plurielle, mais communauté réelle. Que Marie aujourd'hui comme hier vous aide et m'aide moi-même à regarder les autres avec respect dans leur différence et à penser, à croire, au fond de nous-mêmes que les autres sont capables d'être attelés à la même mission que la mienne. Alors dans ce pays, même si comme partout ailleurs certaines églises se vident, il y aura toujours le souffle de l'unité. Il y aura toujours une mission pour que des gens qui ne se ressemblent pas puissent se regarder et marcher dans la même direction, grâce à l'Esprit et a avec Marie, à chacun bonne mission aujourd'hui et demain, dans ce pays, tel qu'il est. Amen.

 

Mot d'enfant

Ce Mercredi après-midi a eu lieu la bénédiction des enfants. L'un d'eux s'arrête longuement devant la Sainte Vierge et Jésus presque tout nu dans les bras de sa Mère… Il le regarde sidéré et lui vient à la bouche cette remarque très pertinente:

"Mais, il est prêt pour le bain!!!"

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jeudi 17 septembre 1998,

(P. Dominique)

Epître : Ap 21, 1-5a

Evangile: Mt 12, 46-50

 Frères et sœurs,

Accueillir Dieu et sa Parole, tel est donc le thème sur lequel nous sommes invités à méditer aujourd'hui. La 1ère fois que nous avons entendu ce mot de parole cette semaine, c'était à l'ouverture des fêtes lorsqu'a été lu l'Evangile de l'Annonciation. Marie avait dit à l'ange Gabriel: "Qu'il me soit fait selon ta Parole" Entre parenthèses, nous pouvons nous rappeler que les anges existent bien… Le catéchisme nous dit même que leur existence est une vérité de foi… pas simplement une manière de s'exprimer ou un genre littéraire. Un ancien et grand professeur dominicain de Fribourg disait en guise de boutade: l'ange Gabriel n'a pas dit à Marie: "Ne crains pas Marie, je ne suis qu'un genre littéraire"…

 Vous connaissez fort bien les deux textes que nous venons d'entendre. La liturgie nous les sert fréquemment à la table de la parole. Nous avons en effet deux tables dans la Liturgie eucharistique: Celle de la parole et celle du pain de vie, du corps et du sang de Jésus.

Ces deux textes se complètent très bien l'un l'autre, mais vous admettrez certainement qu'en entendant le second, presque à chaque fois les parents ont un serrement de cœur et certains enfants un mouvement de retenue, car ils nous parlent d'une séparation.

Cette séparation implique une blessure, pourquoi se le cacher. Mais à la différence de ce que fait le chirurgien, il ne s'agit pas de la refermer au plus vite après une petite anesthésie pour nous rétablir dans notre état antérieur. Il s'agit pour nous d'être en quelque sorte greffé sur un arbre de vie.

Quitter sa famille pour être greffé sur le Christ, laisser partir ses enfants pour retrouver tout ce qui a été donné et abandonné, pour le retrouver plus beau, plus vrai, plus vivant, plus juste… pour le connaître de manière plus profonde.. Comment en effet pouvoir appartenir comme nous le dit saint Jean à la Jérusalem céleste, habitée par Dieu, sans que celui-ci ne vienne y demeurer et la construire avec nous. Comment cela peut-il arriver si je ne reçois pas Dieu comme quelqu'un de différent de moi, de ce que je connais. Dieu, je dois apprendre à le connaître et à vivre avec Lui. Il veut m'apporter quelque chose pour me faire grandir, pour me faire croître dans son amour et la communion avec lui. Sans l'aide de Dieu, aucun d'entre nous ne pourrait voir Dieu.

Apprendre à connaître Dieu n'est pas une petite affaire, ce n'est normalement pas à notre portée. Comment en effet pourrions-nous nous approcher de celui que le ciel et la terre ne peuvent contenir, pur esprit, alors que nous sous sentons si pauvres, lourds et limités… Nous l'avons entendu ces jours, il fallait que nous puissions rencontrer celui qui est Tout-Puissant; il fallait que paradoxalement il manifeste sa Toute-Puissance en se mettant à notre portée. Ce mot de Tout-Puissant nous impressionne avant tout, parce qu'il manifeste une qualité que nous n'avons pas… Notre regard est attiré par l'infinie grandeur que nous n'avons pas… C'est un sommet que nous ne pouvons atteindre, a fortiori lorsque nous sommes blessés et surtout avec des béquilles. Nous associons Tout-Puissant à infiniment grand, infiniment éloigné. Devant cette image de la Toute-Puissance de Dieu, la très grande distance qu'il y a entre lui et nous, nous pourrions parfois nous sentir découragés… Nous imaginons Dieu comme les grands de ce monde. Entre eux et les petits que nous sommes, il n'y a souvent que peu de communications sinon au moment des élections… Ils nous donnent des ordres, des commandements, des injonctions auxquels il nous faut obéir… Nous sommes alors contraints de l'extérieur à faire ce qu'on nous demande, à mettre en pratique des lois et des commandements pour qu'un système fonctionne, pour que chacun puisse théoriquement exercer au mieux sa propre liberté dans le meilleur des cas.

Avec Dieu, il n'en va pas ainsi. Il n'en reste pas à une structure extérieure qui est nécessaire lorsqu'elle respecte l'homme , mais peut aussi se transformer en carcan qui le tue et l'asservit. Ce siècle en a donné déjà plusieurs exemples…

Dieu montre sa Toute-Puissance pas simplement de manière extérieure, mais d'une façon toute différente de celle que nous envisageons. D'infiniment grand, il se fait l'un de nous, certes, mais il renverse plus encore la perspective, il vient se révéler en nous d'un lieu qu'aucun puissant de ce monde ne peut réellement asservir, de notre propre cœur. Il est semblable à cette source jaillissante dont parle souvent l'Ecriture. Une source qui est plus intérieure à nous-mêmes que nous-mêmes. Dieu a une porte d'entrée cachée en nous par laquelle il entre et se manifeste pour nous inviter à la vie, nous inviter à grandir. Sa vie doit circuler en nous pour que puisse se construire la Jérusalem nouvelle. Cela ne peut se faire que si nous sommes greffés sur le Christ, greffés sur notre Dieu avec tous ceux que nous aimons, avec tous nos frères et sœurs, pour notre plus grand bonheur et le leur.

Le mot de liberté a été prononcé tout-à-l'heure. Mais la liberté, cela doit servir à quelque chose, à poser des actes libres et pas n'importe quels actes libres, des actes libres qui nous font grandir et qui font grandir les autres.

Comment y parviendrions-nous si nous n'avions pas une force intérieure qui nous habitait et nous poussait à faire les bons choix. Comment parvenir à manger la parole de vie et le pain de vie? Comment parvenir à notre plein développement et nous faire porter du fruit, s'il n'y a cette force en nous, la force du Saint-Esprit.

La parole de Dieu est pour nous la terre qui nous permet de nous nourrir, elle est le soleil, l'air et l'eau qui nous permettent de grandir. Mais nous avons à faire usage de notre liberté pour pouvoir prendre cette parole qui est hors de nous pour la prendre en nous et nous faire grandir. Greffés sur le Christ, nous l'avons certes été par notre baptême, mais la greffe doit suivre la croissance de la branche et de l'arbre. Nous avons à donner parfois des oui difficile au Seigneur, pour permettre notre croissance et celle des autres. Parfois, ne sommes-nous pas plus tentés de regarder ce que nous avons sacrifié au lieu de tourner nos regards et notre espérance vers les fruits et la récolte qui s'annoncent?

Parfois aussi, devant des échecs ne serions-nous pas tentés de dire: je vais suivre l'autre dans son échec… pour l'aider, parce que je le comprends, pour être avec lui. Comment alors transmettre la vie, si nous ne la recevons plus de Dieu. Pourquoi ne pas d'abord et longtemps et sans cesse, prier le jardinier qui a le pouvoir de rattacher cette branche et de la regreffer… Nous savons au fond de nous-mêmes que Dieu est le maître de la vie et que notre souffrance est alors la souffrance de son Fils… parce que c'est sa vie qui se trouve en nous et s'échappe de nos blessures. Comment un père aimant pourrait-il rester insensible à la mise à mort de son enfant et l'abandonner? Il est Père dès le commencement en particulier de ce fils là, comme le père d'un enfant l'est dès sa conception et pas seulement après trois mois. Et le Père a répondu à l'appel du sang de son Fils sur la croix. La seule réponse qu'il a voulu donner a été celle de sa résurrection.

C'est au moment où il donnait sa vie, où il disait librement son oui à son Père, au moment où il semblait perdre tout le capital de Sagesse et de vie qu'il détenait, c'est à ce moment qu'il édifiait la Jérusalem d'En-Haut. Au moment où la Parole paraissait s'être tue à jamais, c'est à ce moment-là qu'elle édifiait une demeure pour chacun de nous. Et lorsque nous disons nous aussi un oui de fidélité dans l'espérance à la parole du Père de Jésus, notre Père, nous construisons nous aussi cette cité avec Lui, une cité où nous sommes tous appelés à demeurer un jour avec Lui pour l'éternité. Amen.

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Vendredi 19 août 1998

Epître: Col 1, 9-14

Evangile: Mt 6, 7-15

Le thème de la journée, vous le savez, c'est la purification de la prière. Une prière en effet a besoin d'être purifiée et il me semble qu'il y faut toute une vie et vous allez comprendre pourquoi notre prière a besoin d'être purifiée. Dans la première lecture, la lettre de Paul aux chrétiens de Colosse, à deux reprises, on emploie le mot de connaissance. Il paraît, les spécialistes nous le disent, que l'expression connaître Dieu dans la Bible, emploie le mot hébreux qui est réservé au dialogue conjugal. Un homme connaît son épouse, une femme connaît son mari quand ils vivent ensemble… une expérience de vie commune. Ça n'est pas d'abord une connaissance de type intellectuel. C'est ce qu'on appelle en bon français, une alliance. C'est d'ailleurs ce que la Vierge Marie avait répondu au Seigneur à l'Annonciation. Comment ces choses peuvent-elles se faire, je ne connais pas d'homme. Comprenez: je ne vis pas encore avec Joseph. Connaître Dieu ça relève non pas d'abord d'un catéchisme appris par cœur… encore que c'est très bien de connaître son catéchisme par coeur, ça relève d'abord de ce que j'appellerais un compagnonnage. Le saint curé d'Ars racontait lui-même qu'un jour entrant dans sa petite église, il voit un cultivateur de son village qui était en prière et il lui dit: "Qu'est-ce que tu fais?" Et ce paysan a répondu au curé d'Ars en désignant avec le menton le tabernacle: "Je l'avise et il m'avise." Et voilà ce que c'est que la prière: un dialogue d'amour. Vivre avec quelqu'un. Je dirais s'appuyer sur Dieu et en même temps, mais oui, Dieu s'appuyant sur nous. Vous avez entendu, la première partie de l'Evangile, c'est tiré de Saint Matthieu avec une introduction. Et Jésus dit à ses Apôtres: "Quand vous priez, ne rabâchez pas comme les païens. Ce qui me laisse à penser qu'il y a une prière païenne. Je la connais très bien, la prière païenne, car je prie souvent comme un païen. Je ne suis pas tout seul, ça me console un peu. On en est tous là instinctivement. La prière païenne est une prière en trois temps. Vous allez peut-être vous y reconnaître. "Seigneur, donne-moi ça: demain, j'ai un examen à passer. Donne-moi le diplôme" Premier temps. Deuxième temps: le Seigneur exauce ma prière. Troisième temps: "Merci mon Dieu." Et c'est l'action de grâce. Ça va, vous vous y retrouvez! Notre prière instinctivement est de cet ordre-là et nous retrouvons ce que nous avons déjà dénoncé ici-même dans cette chapelle, à savoir une utilisation de Dieu.

Il m'est arrivé à plusieurs reprises de prêcher le pèlerinage de Suisse Romande à Lourdes et je me souviens de ces centaines de malades étendus sur leurs civières. Qu'est-ce qu'ils demandaient au Seigneur à Lourdes en arrivant. Ils demandaient évidemment des jambes neuves. Et moi qui me tiens debout sur des deux jambes, je n'allais surtout pas leur reprocher. C'est tellement normal. Seulement, au bout de huit jours de pèlerinage, ces gens qui revenaient toujours paralysés avaient compris que leur prière avait été exaucée, mais pas du tout comme ils l'avaient formulé au début. Ils étaient venus des jambes neuves… et ils sont revenus avec un cœur tout neuf, une espérance missionnaire. Mais nous, on prie souvent comme un païen. Seulement, l'inconvénient de cette prière païenne, c'est que si on n'est pas exaucé, on oublie de demander pardon. Et voilà que l'action de grâce est conditionnelle, alors que l'action de grâce elle devrait être au départ et a priori.

Et puis il nous arrive si souvent de dire: "J'ai prié, je n'ai pas été exaucé." Combien de personnes vous diront ça. Alors les gens pieux comme vous et comme moi, nous sommes tentés de dire: "Je n'ai pas été exaucé parce que le Seigneur m'éprouve, il m'éprouve parce qu'il m'aime!" Drôle de façon d'aimer. Mais ceux qui sont moins pieux et que la vie écrase quelque peu diront: "S'il y avait un Dieu bon et Tout-Puissant comme vous le prétendez, il n'y aurait pas sur terre toutes les souffrances et tout le mal." Cette prière païenne est catastrophique. Il nous faut apprendre à prier beaucoup moins pour avoir des choses et beaucoup plus parce que: "Je te rends grâce, Seigneur, parce que tu es mon Père. D'accord, j'en bave, mais je te rends grâce parce que de toute manière, je ne suis jamais en oubli devant toi." Et nous avons entendu la suite de l'Evangile, tiré de saint Luc, sur l'efficacité de la prière. "Demandez et vous obtiendrez, cherchez et vous trouverez, frappez et la porte vous sera ouverte." Notre prière est toujours exaucée.

Mais qu'est-ce que Dieu nous donne? Moi, je lui demande un diplôme. Je lui demande de ne pas avoir d'accident de voiture. Et qu'est-ce que le Seigneur va me donner? Vous croyez que le Seigneur s'occupe de mes accidents de voiture, le Bon Dieu? Non, il va me donner le Saint-Esprit. Vous avez entendu. Si donc vous qui n'êtes pas bon, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus votre Père céleste donnera-t-il l'Esprit-Saint à ceux qui le lui demandent. Je suppose chers amis que les chauffeurs de voitures ici présents, vous avez un saint Christophe dans votre véhicule. Quel est le sens que vous donnez au saint Christophe dans votre voiture? Est-ce que j'ai un saint Christophe ou une image de Notre-Dame du Vorbourg, je n'aurai donc pas d'accident. SI c'est ça, excusez-moi, nous ne sommes plus dans la prière, mais dans la magie. Mais si vous avez un saint Christophe dans votre voiture ou une image de Notre-Dame du Vorbourg, c'est le signe que vous vous engagez à conduire votre voiture chrétiennement. C'est le signe que vous veillez à l'état du véhicule. C'est le signe que vous désirez respecter le code de la route, que vous ne prendrez pas volant si vous avez un peu trop bu, ce qui n'est pas bien du tout… Moyennant quoi ça va déjà éliminer un certain nombre d'accidents. Mais une prière est toujours sur fond de responsabilité personnelle… Moyennant quoi vous pouvez toujours avoir un pépin mécanique ou si quelqu'un arrive en face… J'ai un saint Christophe dans ma voiture et bien… j'ai eu un bel accident dans ma voiture. Le Bon Dieu n'y était pour rien. Une prière est toujours un acte de responsable.

Permettez que je prenne un autre exemple. Imaginez que vous priez qu'il fasse beau dimanche prochain. C'est votre droit. L'agriculteur à trois mètres de vous va prier pour qu'il pleuve dimanche prochain. Que va faire le Bon Dieu? Et bien, il ne s'occupe pas de la météo. Comme disait un jour un évêque anglais plein d'humour: "Vu les annonces de la météo, je vous dispense de prier pour avoir le beau temps." Allez vous renoncer pour avoir le soleil dimanche prochain? Pas du tout. Mais vous direz au Seigneur quelque chose comme ça: "J'aimerais bien Seigneur que dimanche, il fasse beau. Ça ne dépend pas de toi, Seigneur, mais de l'anticyclone au large des Açores. Mais s'il fait beau, nous serons heureux, la famille sera contente et notre joie deviendra pour toi une prière et une action de grâces. Mais s'il fait mauvais, Seigneur, ça ne sera pas de ta faute non plus. Mais tu me donneras un soleil dans le cœur qui me permettra de ne pas prendre une tête d'enterrement et de ne pas gâcher la joie des autres." Voilà ce que ça veut dire, prier pour avoir le beau temps. Ça ne vise pas à ce que Dieu manipule les nuages. Ça signifie que mon cœur doit se convertir. Et vous avez là ce que donne le Seigneur, il nous donne l'Esprit-Saint qui nous permettra de faire face à tout ce qui arrive. Il est grand temps que notre prière ne cherche plus à utiliser Dieu. La prière est une fréquentation d'amour.

Une dernière chose. Est-ce que notre prière change Dieu? On se l'imagine quelques fois; nous avons des formules de prières très curieuses. On dit: Seigneur, ne sois pas sourd. Qui est sourd? Le Bon Dieu? Quand même… Seigneur, ne t'éloigne pas… Est-ce qu'il est parti? Seigneur, entends ma prière et sois tendre pour moi! Mais, il n'a pas attendu que je prie. Sa tendresse, elle est a priori et au-delà de tout ce que je peux espérer. Alors, ma prière ne cherche pas à changer Dieu. Ma prière cherche à me changer moi.

Permettez une petite comparaison. Vous êtes dans votre chambre à huit heures du matin. Vos volets sont fermés et il fait nuit dans votre maison. Dehors, il y a un grand soleil. Vous ouvrez les volets. La lumière su soleil pénètre à l'intérieur de la pièce et ça change absolument tout. Petite question saugrenue. Est-ce que le fait pour vous d'ouvrir vos volets à fait se lever le soleil? Mais, non, il était déjà là. Donc, ouvrir les volets n'agit pas sur le soleil. Ça agit sur celui qui ouvre les volets. Et bien, prier c'est ouvrir ses volets. C'est ouvrir son cœur. Ça n'agit pas sur Dieu qui est déjà là et qui attend que je l'accueille… Qui attend que j'ouvre mon cœur. La lumière de l'Esprit, elle est là. Encore faut-il que je le laisse entrer dans ma maison. Et à ce moment-là, ça devient merveilleux, parce que les plus petites décisions de ma liberté… de la taille d'un cheveu peuvent être illuminées du souffle de la lumière de l'Esprit. Et voilà ce que veut dire cette phrase: "Pas un seul cheveu de votre tête ne tombe sans ma permission." Ça ne veut pas dire que le Seigneur s'occupe de vos cheveux. J'en vois quelques-uns ici parmi les messieurs qui auraient déjà eu pas mal de permissions… ça signifie que les plus petits détails de ma liberté peuvent être vécus à la lumière de l'Esprit-Saint. C'est ce qu'a vécu Marie. Quand nous disons qu'elle est Immaculée Conception, ça signifie que dans les plus petits détails de son existence, elle a toujours vécu à la lumière de l'Esprit-Saint. Marie c'est du 100% éclairé par le Saint-Esprit. Vous et moi, c'est peut-être simplement du 80%, mais on peut quand même augmenter, on peut se convertir. On peut améliorer la situation.

 

Nous demanderons si vous le voulez, les uns pour les autres, de ne plus prier pour utiliser Dieu, mais de le prier pour lui dire que nous l'aimons, que nous lui disons merci et que nous sommes sûrs que jamais il ne nous quitte un seul instant. Amen.

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Samedi 19 septembre 1998

Epître: Act 1, 12-14

Evangile: Lc 1, 39-45

En ce samedi de Notre-Dame du Vorbourg, nous sommes invités à réfléchir quelque peu sur les visites de la Vierge Marie. Elle sait se remuer, elle sait se déplacer. Elle sait vivre avec des gens. La première lecture tirée du livre des actes des Apôtres parle de l'événement de la prière commune avec le souffle de l'Esprit. On cite les Apôtres en première position et puis après quelques femmes, dont Marie Mère de Jésus et c'est tout. Elle est là avec les autres au sein d'une communauté. Je crois d'ailleurs que saint Paul ira encore plus loin dans la discrétion concernant Marie. Saint Paul arrive à ce tour de force de ne pas dire une seule fois le nom de Marie dans toutes ses lettres. Pas une seule fois… A un endroit, il dit: "Jésus né d'une femme." C'est tout. Il y a donc une volonté dans l'Eglise de voir Marie immergée dans la communauté. La Vierge Marie n'a jamais rien commandé. Elle n'a été ni pape, ni évêque, ni prêtre, ni quoi que ce soit. C'était une baptisée. Mais quand on voulait avoir sous les yeux, le témoignage d'une véritable croyante, on regardait d'instinct Marie, parce qu'on savait qu'elle, elle n'avait pas flanché, alors que les Apôtres, vous le savez, s'étaient tous sauvés. Marie, on peut la regarder. Elle est là, elle est fidèle. Et finalement, on peut se demander si vous et moi, nous ne sommes pas d'abord importants, voyez dans quel sens… efficaces, missionnaires, de par d'abord la grâce de notre baptême. Ce ne sont pas ceux qui s'agitent le plus dans l'Eglise qui sont les plus efficaces. Le pape Jean XXIII l'avait très bien compris quand il disait avec son humour habituel: "Il y a quelque chose de mieux que d'être pape, c'est d'être chrétien."

Vous avez devant vous deux prêtre là pour ce sacrifice de la messe. Mais nous sommes là comme vos serviteurs, notre sacerdoce c'est le sacerdoce ministériel et le mot ministre, il faudrait peut-être le dire à quelques-uns, ça veut dire serviteur. Ce qui veut dire que notre sacerdoce de serviteur est au service du sacerdoce du Peuple de Dieu. Car c'est nous tous qui sommes un peuple sacerdotal. C'est nous tous qui offrons le sacerdoce de l'Eucharistie, et nous on est là comme vos serviteurs et en quelque sorte, les porte-parole. Quand défile une fanfare, il y a un porte-drapeau. Alors, on est les porte-drapeaux. Mais s'il n'y avait que les porte-drapeaux, la musique ne serait guère audible.

Venons-en maintenant si vous le voulez à l'Evangile de saint Luc, à ce récit de la Visitation. On a fait de saint Luc, le patron des peintres. Et c'est vrai qu'il a un art consommé pour détruire des événements qui ne sont guère traduisibles. L'Annonciation, parexemple… Comment décrire un événement qui se passe à l'intérieur d'une conscience. Alors, il nous dépeint Marie qui est là et puis l'ange Gabriel qui arrive. Ça veut dire quoi, cela? Ça veut dire que c'est le Seigneur qui est venu trouver Marie. Mais à l'époque, on ne faisait jamais parler Dieu directement. Il parlait par un intermédiaire. On appelle ça un ange. Mais dire l'ange Gabriel est venu, ça veut dire en français, le Seigneur est venu discuter avec Marie. Combien de temps a duré l'Annonciation. SI vous prenez le texte, ça a duré un quart d'heure. Mais demandez-vous combien de temps vous avez mis pour décider de l'orientation fondamentale de votre vie. Il y en a ici qui ont peut-être mis un an. Bon, là, ça a dû se passer plus vite pour l'Annonciation. N'empêche que saint Luc arrive à traduire avec des images magnifiques, un événement qui apparemment est intraduisible. Et bien, pour la Visitation, il en est de même. Mais saint Luc va choisir ses mots. Car saint Luc, il a une intention. Vous allez comprendre si je ne suis pas trop maladroit. Bon , vous lisez la Bible. Il y a peut-être un livre que vous ne lisez pas souvent. Mais vous allez vous y mettre. Le deuxième livre de Samuel. Ça vous dit quelque chose? Il y est question du roi David et de l'arche de l'Alliance. Vous savez ce que c'est que l'arche de l'Alliance, quand même? Un coffret précieux à l'intérieur de ce coffret, il y a les tables de la Loi. Vous connaissez les tables de la Loi de Moïse? C'est le signe de la présence de Dieu. Dieu n'est pas dans l'arche, on ne peut pas enfermer Dieu, mais il est au-dessus, entre les chérubins qui décorent l'arche de l'alliance. C'est pour ça qu'on dit dans un psaume: Dieu qui siège au-dessus des Kéroubims. C'est les chérubins. Moïse était à l'origine des tables de la Loi et le Roi David dans la ligne de cette Alliance, continue à mettre l'arche au milieu même du peuple comme signe de l'Alliance et de la présence de Dieu. Et voici ce que vous lisez dans le deuxième livre de Samuel, au chapitre VI: "David rassembla l'élite de son armée pour faire monter l'arche de l'Alliance dans la montagne de Judée." Nous lisons dans l'Evangile de saint Luc: "Marie se mit en route rapidement pour monter vers la montagne de Judée." Tiens, ça se ressemble déjà. Un peu plus loin, deuxième livre de Samuel: "David s'écria: comment l'arche du Seigneur entrerait-elle chez moi?" Evangile de Saint Luc: "Elizabeth s'écria: "Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu'à moi." C'est quasiment du mot à mot. Dans le deuxième livre de Samuel, vous lisez à la fin du texte: "L'arche d'Alliance resta environ trois mois chez Obed et le Seigneur le bénit lui et sa maison." Le récit de la Visitation se termine par ces mots: "Marie resta environ trois mois chez sa cousine Elizabeth." Il est évident que saint Luc qui connaissait par cœur le deuxième livre de Samuel emploie les mots pour nous faire comprendre quelque chose et maintenant, ça nous saute aux yeux, c'est que Marie, elle est la nouvelle arche de l'Alliance. Elle-même… Autrefois, c'était un coffret avec les tables de la Loi, signe de la présence de Dieu. Maintenant, c'est une femme qui va dans la montagne de Jérusalem, vers un village qu'on ccnnaît bien, Eïn-Karem, dans la banlieue. Et cette femme porte en elle bien plus que les tables de la Loi, bien mieux que ça: La Loi Nouvelle, la Loi d'Amour, Jésus. Marie nouvelle arche de l'Alliance pour une Alliance éternelle et vous entendrez tout à l'heure au moment de la consécration, les prêtres dire: "Voici le sang de l'Alliance Nouvelle et Éternelle. Nous avons l'habitude de dire que c'est Abraham qui est notre Père dans la foi. Abraham, c'est vrai, père de la foi pour les Juifs, pour les chrétiens, pour les musulmans. Il n'y a pas de réflexion œcuménique en-dehors d'Abraham. N'empêche que l'Alliance scellée par le consentement de cette jeune fille Marie est une Alliance qui elle ne cassera plus jamais. Et voilà que Marie est celle de chez nous qui nous permet à nous d'entrer en Dieu. C'est pour cela, que le thème de la journée, vous l'avez compris, c'est Marie nouvelle arche de l'Alliance.

Quelle conclusion en tirer? La conclusion suivante: La prière mariale est probablement la première prière qu'on nous a enseigné quand on était petit sur les genoux de notre mère. C'est une prière d'enfant, c'est vrai, mais n'en concluons jamais que c'est une prière infantile. C'est la prière des hommes et des femmes que nous sommes et qui se coltinent avec des réalités qui ne sont pas toujours très roses. Tout le monde, ici, a ses souffrances, ses difficultés, ses inquiétudes et parfois plus que ça, sa désespérance. Alors on peut faire comme les Apôtres de l'Eglise primitive, Regarder Marie en lui disant: "Tu sais, toi aussi ce que c'est que de marcher dans l'obscurité, de faire confiance dans la parole de Dieu et sans comprendre. Tu sais ce que c'est que de voir mourir un mari, que de voir mourir un enfant. Tu sais ce que c'est que de voir les amis de ton fils se disperser et le renier. Tu sais ce que c'est que la dureté de la vie, alors apprends-nous à ne jamais douter de l'Alliance dont le Seigneur a pris l'initiative… Et les jours où nous ne sommes pas fidèles, lui, le Seigneur, il est toujours fidèle."

Alors, pour terminer, je voudrais vous poser une petite question. Je ne sais pas si vous avez l'habitude de répondre en public, mais pourquoi pas? Vous qui êtes là, êtes-vous des saints? (Rires). Je vois des têtes qui font comme ça… Vous savez qu'il faut répondre, oui. Et voilà… Encore faut-il redéfinir le mot sainteté. Nous autres, on a relégué la sainteté dans l'au-delà, chez les gens qui sont statufiés. Mais nous côtoyons des saints et des saintes tous les jours. Qu'est-ce que c'est que la sainteté? C'est la fidélité. Relisez les adresses des lettres de saint Paul. Il dit: " Moi, Paul, apôtre de Jésus-Christ, j'écris aux saints qui habitent à Ephèse." Vous n'avez jamais lu ça? Ce qui veut dire qu'il écrit aux fidèles. Sainteté, fidélité, c'est la même chose. Nous sommes saints quand nous nous réveillons tous les matins en disant au Seigneur, aujourd'hui encore, je vais faire des bêtises, mais je vais essayer de remplir la mission que tu me confies, je resterai fidèle à l'Alliance. Sainteté, fidélité, c'est la même chose… Quand nous disons dans le "Je crois en Dieu", je crois dans l'Eglise "Sainte"… ça ne veut surtout pas dire, je crois en l'Eglise parfaite. Elle ne l'était pas hier, elle ne l'est pas aujourd'hui. Elle l'est dans sa tête, Jésus-Christ, mais les membres, Mon Dieu, Mon Dieu… Et nous osons dire, je crois dans l'Eglise sainte, parce qu'elle continue à être fidèle. Je crois qu'il serait temps de commencer à dire du bien des gens quand ils sont vivants. On dit toujours du bien des gens quand ils sont morts. Et pour faire bonne mesure, on ajoute: "Ce sont les meilleurs qui partent les premiers." Et bien, ça n'est pas gentil pour ceux qui restent. La sainteté, elle est de notre terre. Mais la sainteté, c'est la fidélité quotidienne. Et là, Marie peut nous aider puissamment. Je ne sais pas si vous connaissez, en tout cas de réputation, une procession qui a lieu une fois par an dans le Grnd-Duché du Luxembourg. C'est une procession qui attire des pèlerins, mais aussi beaucoup de curieux, des touristes… Ils restent sur la touche et ils regardent la procession. C'est en effet très drôle. Une procession qui date du Haut Moyen-Âge. Elle consiste, derrière la statue du patron de la paroisse, Saint Willibrord, un moine irlandais, à marcher de la façon suivante: cinq pas en avant, trois pas en arrière. Et on repart, cinq pas en avant, trois pas en arrière. Si on reste sur la touche, on a l'impression d'une danse de saint Guy. Mais pour celui qui participe à la procession, il comprend ce que ça veut dire. J'avance, je recule, il faut faire cinq pas pour avancer effectivement de deux, c'est le symbole de la vie humaine. L'important c'est de faire plus de pas en avant que de pas en arrière. Et voilà l'extraordinaire symbole visuel de la sainteté. Alors, on n'est pas au Luxembourg, ici, n'empêche qu'on fait des pas en avant et puis aussi des pas en arrière.

On va demander les uns pour les autres, à la Vierge Marie, de nous aider à faire plus de pas en avant que de pas en arrière. Êtes-vous des saint? (Rires) Ce n'est pas encore évident, ça va venir. Que grandisse notre sainteté, qui c'est vrai, ne sera parfaite que dans la gloire de la résurrection. Amen.

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Dimanche 20 septembre 1998, 15h00.

Journée fédérale d'action de grâces et célébration de clôture des fêtes du Vorbourg.

La célébration a été présidée par M. l'abbé Jean-Jacques Theurillat nouveau chapelain du sanctuaire du Vorbourg et par M. l'abbé Denis Theurillat, vicaire épiscopal pour la partie francophone du diocèse de Bâle.

 

Evangile: Jn 2, 1-11

Chers amis,

Voilà pratiquement une semaine que des chrétiens et chrétiennes de cette région viennent à Notre-Dame du Vorbourg, pour prier, rendre hommage, se retrouver et aussi pour réfléchir. Les thèmes de cette semaine, vous les connaissez, la presse d'ailleurs en avait parlé, nous nous sommes interrogés sur la Toute-Puissance de Dieu, sur l'Alliance Nouvelle et Eternelle, sur la Place du Saint-Esprit dans nos vies. Nous nous sommes interrogés sur cette Eglise fondée sur une Alliance Nouvelle et Eternelle, à l'initiative de Dieu, mais avec le consentement de Marie.

Cet après-midi, je désirerais réfléchir avec vous quelque peu sur une notion qui ne nous est peut-être pas familière, encore que nous connaissons le mot. Je ne sais pas si le mot vous est sympathique, en tout cas, je le prononce. Si vous faites la grimace, ça ne fait rien.

C'est le mot sacrifice. Bon, c'est le jeûne fédéral. Sacrifice… Quand j'étais enfant, je faisais partie de ce qu'on appelait la croisade eucharistique. Ça doit encore exister dans quelques régions, et chaque dimanche, on me donnait une feuille de papier quadrillée et je devais cocher à chaque case, chaque fois que je faisais un sacrifice et je devais rendre la feuille le dimanche suivant à la grand-messe. Je mettais un zèle immense, à remplir ma feuille complètement. Ce sont des tonnes de bonbons dont je me suis privé pour la gloire de Dieu. Je ne le regrette pas, croyez-le et cependant, ça a un peu contribué à mettre dans ma tête que le sacrifice, c'était de la souffrance et que plus je souffrais, plus Dieu était content. Et oui… c'est ça aussi une éducation. Et il a fallu faire des rétablissements pour comprendre que non seulement la souffrance en elle-même est absurde, mais que le Seigneur a passé son temps à la combattre. Alors… Qu'est-ce que c'est que le sacrifice? Prenez le mot et coupez-le en deux: Faire du sacré. Il n'y a pas de souffrance là-dedans. Faire du sacré c'est-à-dire prendre quelque chose de chez nous, quelque chose de terrestre et de profane et le faire entrer dans le domaine de Dieu, dans le domaine du sacré. Ou si vous voulez, faire un sacrifice, c'est faire une communion avec Dieu, un geste d'amour. Le sacrifice ça n'est pas d'abord de la souffrance et Dieu sait que la souffrance existe, c'est d'abord un cadeau. Quand un homme offre une fleur à sa femme, ça doit bien arriver de temps en temps… Il fait un sacrifice! Pas pour son porte-monnaie (rires). Il fait un cadeau, un geste d'amour, il établit une relation. Et notre vie est toute entière sacrificielle, et pourquoi est-ce que je vous parle de ça cet après-midi? Parce que le Seigneur Jésus est venu chez nous, toujours dans une atmosphère sacrificielle en quelques sortes, s'offrant en cadeau à son Père au nom de toute l'humanité, rétablissant une communion scellée dans la résurrection. On dit de la messe, que c'est le sacrifice eucharistique. La messe, c'est prendre quelque chose de chez nous, du pain et du vin. C'est du profane. Jésus les assume, en fait la réalité de sa présence et en s'offrant à son Père, il offre notre humanité. Bien sûr, il faut suer pour gagner sa vie. Mais le sacrifice, c'est d'abord de l'ordre du cadeau. Et bien, prenez l'Evangile à la lueur de ça et regardez un peu tous les textes qui nous parlent de Marie. Je vous assure que tous les passages où il est question de la Vierge Marie dans l'Evangile, sont écrits dans une atmosphère sacrificielle. Les Evangiles ne sont pas une biographie, ni de Jésus, ni de Marie, ni de Joseph. Quand je pense qu'on ne sait même pas où Marie est morte… Il y a au moins deux endroits à Jérusalem où nous montre son tombeau. Ça fait au moins un de trop. Et puis, on dit même qu'elle a été enterrée à Ephèse. Les Evangiles ne nous disent rien là-dessus. Jamais une biographie… mais une sorte de catéchèse sacrificielle.

Prenons les différents passages. C'est vite fait, je vous assure: Annonciation, Visitation, Noël, quand l'enfant se perd… enfin, il ne s'était pas perdu, à douze ans dans le Temple, les noces de Cana que nous venons d'entendre, Marie au pied de la croix et la Pentecôte… Et je n'ai pas du oublier grand-chose. A chaque fois, nous sommes en plein sacrifice, tentative de communion entre l'humanité et Dieu notre Père.

Annonciation: C'est le consentement de cette jeune fille, à l'initiative de Dieu le Père, pour que commence véritablement notre résurrection, la victoire sur la mort.

Visitation: C'est le cadeau de Marie à sa cousine, mais c'est aussi le cadeau à l'humanité d'un enfant qui est la nouvelle et éternelle Alliance.

Noël: Atmosphère sacrificielle, la naissance chez nous de celui qui est un homme vrai, mais qui est capable de saisir notre humanité pour en faire un splendide cadeau. Et c'est écrit dans un langage tout à fait particulier. Je vous donne un petit exemple: On nous dit à Noël, qu'il n'y avait pas les gens qui avaient le pouvoir. Ils n'étaient pas là. Les prêtres, les pharisiens, les docteurs de la Loi, on ne sait pas ce qu'ils faisaient. Mais il y avait là bien entendu Marie et Joseph et puis des bergers, des pauvres gens qui gardaient les brebis des autres. Et on nous dit aussi, c'est une tradition dans l'Eglise, ça n'est pas dans l'Evangile, mais c'est une tradition, qu'il y avait un âne et un bœuf. Elle me plaît cette compagnie de Jésus… Pourquoi elle me plaît? Parce que ça veut dire quelque chose de très précis. Vous savez d'où ça vient cette tradition? Reprenez votre Bible, Chapitre Ier du Prophète Isaïe, verset 3: l'âne connaît son ânier. Le bœuf connaît la crèche de son maître et le peuple d'Israël ne connaît plus son Dieu. Et voilà que la présence de ces animaux viennent signifier que seuls les petites gens sont capables d'espérer une libération.

Présentation au Temple: On nous dit que l'enfant Jésus a été présenté au Temple et voilà qu'un glaive de douleur va transpercer le cœur de Marie. Oui, pour faire ce cadeau à l'humanité, c'est sûr qu'il faudra souffrir. Mais Marie va assumer ce rôle, offrir son enfant.

Jésus retrouvé au Temple: Sacrifice, cadeau… On nous dit que l'enfant s'est perdu dans le Temple, il avait douze ans. Douze ans, c'est l'âge où on est encore un petit et puis l'âge où on devient très adulte. Et Jésus a pris une initiative un peu gênante, il est resté à Jérusalem. Pendant combien de temps est-il resté à Jérusalem? Trois jours! Et pourquoi trois jours? Les premiers chrétiens le comprenaient immédiatement, puisqu'ils savaient que Jésus, on l'a cru mort et il était mort et que c'est le troisième jour qu'il est ressuscité. Si vous ne lisez pas ce passage à la Lumière de l'événement qui viendra après de la résurrection, vous ne pouvez pas le comprendre, d'où la phrase de Jésus à Marie et à Joseph: "Pourquoi est-ce que vous me cherchiez? Vous ne saviez pas qu'il fallait que je m'occupe des affaires de mon Père." Et la communauté a compris ce que cela voulait dire.

Cana: C'est magnifique ce texte… Marie est invitée à un mariage. C'est Marie qui est invitée, sans doute qu'une de ses camarades d'école était en train de marier son fils et puis la dame a dit à Marie: "Viens aussi… " "Ah! Oui, mais il y a le garçon…" "Amène ton Fils et puis ses amis." Et il y avait certainement beaucoup de monde, comme dans certains villages où les invités se comptent par centaine. Qu'est ce qui s'est passé? La réserve de vin a été épuisée et Marie qui a l'œil à tout, s'est rendue compte de ça. Que faire? Elle va trouver son Fils. Discrètement, elle lui glisse à l'oreille: "Ils n'ont plus de vin." Et vous avez entendu la réponse de Jésus qui semble très dure: "Femme que me veux-tu, mon heure n'est pas encore venue." Et nous, assez bêtement d'ailleurs, on interprète de la manière suivante: "Mais qu'est-ce que tu viens m'ennuyer maintenant? Je n'ai pas que ça à faire que de m'occuper de l'intendance." Mais là encore, on ne comprend ce texte qu'en mettant cette phrase à la lumière du sacrifice du Christ au Vendredi Saint, quand il dit: "Mon heure n'est pas encore venue." C'est une allusion à ce que Jésus dira plus tard. "Mon heure est venue!" Et voilà que ça introduit ce texte dans une atmosphère sacrificielle… et il est bien évident que le vin nouveau que fabrique Jésus-Christ, c'est aussi et d'abord pour nous le vin de l'Eucharistie, le sacrifice du Christ. Alors, le rôle de Marie, il est limpide ici. On nous dit que ce miracle a déclenché la foi des Apôtres. Ce fut le premier… d'accord! Mais qu'est-ce qui a déclenché le miracle? La foi de Marie en son garçon et voilà la place de Marie. Sa confiance totale en Jésus déclenche le signe, lequel déclenche la foi des Apôtres. Oui, Marie a toujours été au démarrage de la foi. Je cite en passant ce détail important: que ce vin nouveau a été fabriqué sur la base de l'eau: 600 litres d'eau qui remplissaient les cuves servant aux ablutions rituelles des Juifs. C'est important de le signaler. Cela veut dire que le sacrifice de Jésus s'en vient conduire à leur aboutissement, tous les sacrifices de l'Ancienne Loi. Jésus n'est pas venu abolir, il est venu mener à leur perfection, toutes les espérances humaines.

Marie au pied de la croix: Atmosphère sacrificielle… Marie est debout au pied de la croix, dressée comme son enfant. On la regarde nous aussi et nous retrouvons l'espérance. Je vous assure que l'Evangile n'est pas d'abord pour nous une pieuse vie de Marie, ni de Joseph, ni de Jésus. C'est d'abord l'histoire, une catéchèse, j'ose le dire, de notre libération dans laquelle Marie a un rôle de première importance.

En terminant, je voudrais signaler la réflexion d'une religieuse qui avait entendu un prédicateur parler de la Sainte Vierge. Il en parlait ma foi, remarquablement, évidemment… Mais la sœur n'était pas contente, parce que le prédicateur avait dit que Marie était toute belle, toute puissante, reine du ciel et de la terre. Il a quand même raison, parce que c'est vrai. La sœur n'était quand même pas contente. Elle vient le dire au Père, lequel un peu vexé dit à la soeur: "A ma place, qu'est-ce que vous auriez dit de Marie? Et la sœur a répondu: "J'aurais commencé par dire que Marie est une femme et une croyante." Voilà qui devient intéressant. Elle a donné la raison, la sœur. "Si vous ne faites que dire que Marie est toute belle, toute puissante, reine du ciel et de la terre (et vous avez raison), si vous ne dites que ça, vous allez faire croire qu'elle est inimitable, inatteignable, et trop loin de nous. Mais si vous dites qu'elle est une femme et une croyante, alors on peut la regarder." Vous savez qui est cette religieuse? Sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus… Je crois qu'elle est docteur de l'Eglise depuis quelques temps… Sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus, comme elle avait une théologie mariale tout à fait au point.

Je ne puis dans ces clôtures du Vorbourg que vous invitez à prier beaucoup Marie. Alors, il y a plusieurs manières: il y a le chapelet. Je peux en dire un petit mot, juste en terminant…? Pendant un temps, le chapelet… Ah! Mon Dieu… Je le regardais un petit peu de travers, moi. Je ne suis peut-être pas tout seul. Je me disais qu'est-ce que c'est que cet automatisme-là, ces répétitions… Jusqu'au jour où un de mes collègues un peu futé, m'a dit: "Mais qu'est-ce que tu as contre les automatismes?" Après tout, on vit avec des automatismes. Regardez comment vous faites pour manger, c'est bien un automatisme, vous n'êtes pas toujours en train de viser la bouche? Quand vous marchez, ce sont des automatismes… Vous levez une jambe, vous abaissez l'autre… Le corps vit selon des automatismes. Il y a donc l'automatisme du corps qui dit des "Je vous salue Marie"… Mais en même temps, il y a la liberté de l'esprit, la liberté du cœur qui peut méditer les mystère du salut. Et voilà l'union d'un corps automatique, mais oui… et d'un esprit libre qui peut méditer les merveilles de Dieu. Maintenant, évidemment si vous dites le "Je vous salue Marie" de manière crispée… Vous allez devenir fou tout de suite! Le chapelet, c'est une magnifique prière si on en fait aussi une méditation sur le sacrifice du Christ et sur l'histoire de notre libération. J'ai trouvé cela pour moi, alors je vous le dit, parce que ça peut peut-être vous intéresser aussi.

A chacun et à chacune, au moment où je m'en retourne ce soir à Lyon, je vous dis que j'ai été très heureux d'être avec vous et puis… si vous avez une petite prière à faire à un petit moment… Vous en ferez une exprès pour moi, je vous assure que j'en ai bien besoin. Amen!

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Abbaye Saint Benoît

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