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Plan - Théologie

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AVIS AU LECTEUR.

 

Cette première partie de mes Instructions, où sans entrer à fond et par ordre dans les passages particuliers, que j'ai à reprendre dans la version de Trévoux, je me contente de donner l'idée des desseins et du caractère de l'auteur, est si essentielle à la religion et à la pureté de l'Evangile, que je ne saurais assez prier le lecteur d'y apporter une attention vive et sérieuse. Jésus-Christ et les apôtres nous ont avertis qu'il viendrait des novateurs, dont les dangereux artifices altéreraient dans l'Eglise la simplicité de la foi. Nous ne cherchons point à déshonorer nos frères, à Dieu ne plaise! ni à flétrir leurs écrits sans une extrême nécessité; mais quand il arrive de tels novateurs, nous sommes mis en sentinelle sur la maison d'Israël pour sonner de la trompette : et plus ils tâchent de se couvrir sous des apparences trompeuses, plus nous devons élever notre voix.

Le Fils de Dieu nous a donné des marques certaines pour connaître de tels adversaires : « Vous les connaîtrez, dit-il, par leurs fruits (1) ; » et encore : « Tout bon arbre produit de bons fruits ; et le mauvais arbre en produit de mauvais; » et ailleurs : « Ou faites l'arbre bon et son fruit bon, ou faites l'arbre mauvais et son fruit mauvais, puisque l'arbre est connu par son fruit (2). » Si donc j'ai pris un soin particulier de marquer dans une Ordonnance publiée à Meaux les fruits qu'a produits depuis vingt ans celui dont je reprends la doctrine, je n'ai fait qu'obéir au précepte de Jésus-Christ, et je n'ai pas besoin de répéter ce que tout le monde peut lire dans cette Ordonnance. L'auteur, loin de corriger ses mauvais principes, n'a fait que les suivre dans sa nouvelle version:

 

1 Matth., VII, 16, 17. — 2 Matth., Xll, 33.

 

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après l'avoir déclaré juridiquement, j'ai promis de le démontrer par mes Instructions suivantes, dont celle-ci posera le fondement.

Avant qu'elle vît le jour et l'impression en étant déjà achevée il est arrivé que l'auteur a publié sa Remontrance à Monseigneur le cardinal de Noailles, signée R. Simon. Elle servira pour faire sentir de plus en plus le caractère de l'auteur ; et c'est ce qui donne lieu à une addition que j'ai faite à cet écrit, où le lecteur trouvera des remarques essentielles à cette cause.

Ceux qui veulent croire qu'on a précipité les censures contre un homme qui était soumis, doivent être désabusés par les faits qui sont posés dans mon Ordonnance : et ces faits, s'il en est besoin, seront si bien appuyés de preuves littérales et incontestables, qu'il demeurera plus clair que le jour qu'on n'en est venu aux condamnations qu'après avoir épuisé envers cet auteur toutes les voies de douceur et de charité.

Qu'il ne se flatte donc pas de l'approbation que trouvent dans certains esprits ceux qui sont notés par des censures. Il faudra bien que ce novateur tombe comme les autres aux pieds de l'Eglise : j'oserais môme assurer que soin terme est court; et que s'il lui est donné durant quelque temps, ainsi qu'à plusieurs, d'amuser le monde par une fausse science et une docilité feinte, ses faibles progrès seront bientôt terminés : l'évidence de la tradition me le persuade, et j'écris dans cette assurance. Je demande seulement au sage lecteur qu'il ne se laisse pas éblouir de la connaissance des langues, que l'auteur et ses amis ne cessent de nous vanter : ce serait vouloir ramener la barbarie que de refuser à une si belle et si utile connaissance la louange qu'elle mérite ; mais il y a un autre excès à craindre, qui est celui d'en faire dépendre la religion et la tradition de l'Eglise. Je me suis assez expliqué sur cette importante matière dans les remarques sur la préface de l'auteur (1), en traitant le passage VIIe . Personne n'ignore

 

1 Ière Instr., VIIe passage.

 

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les règles que saint Augustin a données pour profiter de l'hébreu et des autres langues originales, sans même qu'il soit besoin de les savoir si exactement : ce Père s'est si bien servi de ces règles, que sans hébreu et avec assez peu de grec, il n'a pas laissé de devenir le plus grand théologien de l'Occident, et de combattre les hérésies par des démonstrations les plus convaincantes. J'en dis autant de saint Athanase dans l'Eglise orientale, et il serait aisé de produire plusieurs autres exemples aussi mémorables. La tradition de l'Eglise et des saints Pères tient lieu de tout à ceux qui la savent, pour établir parfaitement le fond de la religion : ceux qui mettent tout leur savoir à remuer les livres des rabbins, ne manquent presque jamais de s'éloigner beaucoup de la vérité ; et nous leur pouvons appliquer ces paroles de saint Justin : « Si vous ne méprisez les enseignements de ceux qui s'élèvent eux-mêmes, et qui veulent être appelés rabbi, rabbi; vous ne tirerez jamais d'utilité des écritures prophétiques (1). »

 

1 Dial. advers. Tryph., p. 339.

 

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