Oct. ETIENNE

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Vig. EPIPHANIE

II  JANVIER. L'OCTAVE DE SAINT ETIENNE, PREMIER  MARTYR.

 

Nous avons achevé hier l'Octave de la Naissance du Sauveur ; nous finirons aujourd'hui l'Octave de saint Etienne ; mais nous ne perdrons pas de vue, un seul instant, le divin Enfant dont Etienne, Jean le Bien-Aimé et les Innocents forment la cour. Dans cinq jours, nous verrons arriver les Mages au berceau du Roi nouveau-né ; ils sont en marche, et l'étoile commence à approcher de Bethléhem. Durant ces heures d'attente, glorifions l'Emmanuel, en proclamant les grandeurs de ceux qu'il a choisis pour ses favoris les plus chers, et admirons encore une fois Etienne dans ce dernier jour de l'Octave que l'Eglise lui a dédiée. Sur une autre partie du Cycle, nous le retrouverons avec allégresse ; sous les feux d'Août, il apparaîtra réjouissant l'Eglise par la miraculeuse Invention de ses Reliques, et répandra sur nous de nouvelles faveurs.

Un antique Sermon attribué longtemps à saint Augustin nous apprend que saint Etienne était dans la fleur d'une brillante jeunesse, lorsqu'il fut appelé par les Apôtres à recevoir, dans l'imposition des mains, le caractère sacré du Diaconat. Six compagnons lui furent donnés ; et cet auguste septénaire, chargé de veiller  autour de l'autel de

 

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la terre, représentait les sept Anges que saint Jean a vus assistant près de l'Autel sublime du ciel. Mais Etienne était le chef de cette compagnie sacrée ; et le titre d'Archidiacre lui est donné par saint Irénée, dès le second siècle.

Or, la vertu du Diacre est la fidélité ; et c'est pour cette raison que les trésors de l'Eglise lui sont confiés ; trésors qui ne consistent pas seulement dans les deniers destinés au soulagement des pauvres, mais dans ce qu'il y a de plus précieux au ciel et sur la terre : le Corps même du Rédempteur, dont le Diacre, par l'Ordre qu'il a reçu, est le dispensateur. Aussi l'Apôtre, dans sa première Epître à Timothée, recommande-t-il aux Diacres de garder le Mystère de la Foi dans une conscience pure.

Le Diaconat étant donc un ministère de fidélité, il convenait que le premier Martyr appartînt à l'ordre des Diacres, puisque le martyre est une épreuve de fidélité ; et cette merveille est déclarée dans toute l'Eglise par la glorieuse Passion de ces trois magnifiques athlètes du Christ qui, couverts de la dalmatique triomphale, éclatent à la tête de l'armée des Martyrs : Etienne, la gloire de Jérusalem ; Laurent, les délices de Rome ; Vincent, l'honneur du royaume Catholique. Dans cet heureux Temps de Noël, le 22 Janvier, nous célébrerons Vincent, associé à Etienne pour la garde du berceau du Sauveur. Août nous donnera à la fois Etienne dans l'Invention de ses reliques, et Laurent avec sa palme victorieuse.

Afin d'honorer le Diaconat dans son premier représentant, l'usage d'un grand nombre d'Eglises est de faire remplir aux Diacres, dans la fête de saint Etienne, tous les offices qui ne sont point incompatibles avec leur caractère.  Ainsi,  dans

 

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plus d'une Cathédrale, le Chantre cède à un Diacre son bâton cantoral, d'autres Diacres assistent comme choristes sous leurs dalmatiques; l'Epître même de la Messe est chantée par un Diacre, parce qu'elle contient le récit du martyre de saint Etienne.

L'établissement de la fête du premier des Martyrs, et son assignation au lendemain de la Naissance du Sauveur, se perd dans la plus sacrée et la plus haute antiquité. Les Constitutions Apostoliques, recueil compilé au plus tard à la fin du III°  siècle, nous la montrent déjà établie, et fixée au lendemain de Noël. Saint Grégoire de Nysse et saint Astère d'Amasée, antérieurs l'un et l'autre à l'époque où les reliques du grand Diacre furent révélées au milieu de tant de prodiges, célèbrent sa solennité dans des Homélies spéciales, et la relèvent entre autres par cette circonstance qu'elle a l'honneur d'être fêtée le jour même qui suit la Naissance du Christ. Quant à son Octave, elle est moins ancienne ; toutefois, on ne saurait donner la date de son institution. Amalaire, au IX° siècle, en parle comme déjà établie, et le Martyrologe de Notker, au X° siècle, la porte expressément.

On ne doit pas s'étonner que cette fête d'un simple Diacre ait reçu tant d'honneurs, tandis que la plupart de celles des Apôtres demeurent privées d'une Octave. La règle de l'Eglise, dans la Liturgie, est d'affecter les distinctions de son culte dans la proportion des services qu'elle a reçus des Saints. Ainsi honore-t-elle saint Jérôme, simple prêtre, d'un culte supérieur à celui qu'elle défère à un grand nombre de saints Pontifes. La place et le degré d'élévation qu'elle accorde sur le Cycle, sont en rapport avec sa gratitude envers les amis

 

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de Dieu qu'elle y admet ; c'est ainsi qu'elle dirige les affections du peuple fidèle envers les célestes bienfaiteurs qu'il devra vénérer dans les rangs de l'Eglise triomphante. Etienne, en frayant la voie aux Martyrs, a donné le signal de ce sublime témoignage du sang qui fait la force de l'Eglise, et ratifie les vérités dont elle est dépositaire et les espérances éternelles qui reposent sur ces vérités. A Etienne donc gloire et honneur jusqu'à la consommation des siècles, sur cette terre fécondée de son sang qu'il a mêlé à celui du Christ !

Nous avons relevé le caractère de ce premier des Martyrs, pardonnant à ses bourreaux, à l'exemple du Christ; et nous avons vu la sainte Eglise puiser dans ce grand fait la matière de son principal éloge envers saint Etienne. Nous appuierons aujourd'hui sur une circonstance du drame si émouvant qui s'accomplit sous les murs de Jérusalem. Parmi les complices de la mort sanglante d'Etienne, était un jeune homme nommé Saul. Fougueux et plein de menaces, il gardait les vêtements de ceux qui lapidaient le saint Diacre ; et comme disent les Pères, il le lapidait par les mains de tous. Un peu après, ce même Saul était renversé par une force divine sur le chemin de Damas, et il se relevait disciple de ce Jésus que la voix éclatante d'Etienne avait proclamé Fils du Père céleste, jusque sous les coups i'e ses bourreaux. La prière d'Etienne n'avait pas été stérile ; et une telle conquête n'annonçait rien moins que celle de la gentilité, dont le sang d'Etienne enfanta l'Apôtre. « Sublime tableau ! s'écrie saint Augustin. Vous y voyez Etienne qu'on lapide ; vous y voyez Saul gardant les vêtements de ceux qui le lapident. Or, voici que Saul devient Apôtre

 

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de Jésus-Christ, tandis qu'Etienne est serviteur o de Jésus-Christ. Tu as été renversé, ô Saul ! tu t'es relevé prédicateur de Celui que tu poursuivais. En tous lieux, on lit tes Epîtres ; en tous lieux, tu convertis au Christ les cœurs rebelles ; en tous lieux, devenu bon Pasteur,  tu formes de grands troupeaux. Avec le Christ tu règnes, en la compagnie de celui que tu as lapidé. Tous deux vous nous voyez ; tous deux vous entendez ce que nous disons ; tous deux vous priez pour nous. Celui-là vous exaucera,  qui tous deux vous a couronnés. D'abord, l'un était un agneau et l'autre un loup ; maintenant tous deux sont agneaux. Qu'ils nous protègent donc de leurs regards ; qu'ils nous recommandent dans leurs prières !  qu'ils obtiennent une vie  paisible et tranquille à l'Eglise de leur Maître. » Le temps de Noël ne se terminera pas non plus  sans que nous ayons réuni  dans notre culte Etienne et Paul ; le 25 janvier, nous célébrerons la Conversion de l'Apôtre des Gentils; il appartenait à sa glorieuse victime de le présenter au berceau de leur commun Sauveur.

Enfin, la piété catholique, émue par cette mort du premier des Martyrs, cette mort que l'écrivain sacré appelle un sommeil, et qui foi m: un si frappant contraste avec la rigueur du supplice qui l'occasionne, la piété catholique, disons-nous, a désigné saint Etienne comme un de nos intercesseurs pour la grâce d'une heureuse mort. Implorons donc le secours du saint Diacre, pour l'heure où nous aurons à rendre à notre Créateur cette âme qu'il nous a confiée ; et disposons dès maintenant notre cœur à offrir, lorsque le Seigneur le demandera, le sacrifice entier de cette vie fragile qui nous est donnée comme un dépôt, que nous

 

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devons être prêts à représenter au moment où il nous sera réclamé.

Nous insérerons encore ici quelques-uns des éloges que la Liturgie a consacrés à saint Etienne, dans les chants des diverses Eglises, en commençant par deux Répons de l'Eglise Romaine, suivis de l'Oraison qu'elle récite en ce jour de l'Octave.

 

R/. Etienne, serviteur de Dieu, lapidé par les Juifs, vit les cieux ouverts ; il les vit et il y entra : * Heureux mortel, à qui les cieux étaient ouverts !

 

V/. Pendant qu'une grêle de cailloux qui s'entre-choquaient fondait sur sa tête, une clarté divine vint briller à ses regards, à travers les profondeurs des régions célestes. * Heureux mortel.

 

R/. Les portes du ciel se sont ouvertes au bienheureux Etienne, Martyr du Christ, qui a été le premier au nombre des Martyrs : * C'est pourquoi il triomphe couronné dans les cieux.

 

V/. La mort que notre Sauveur a daigné souffrir pour nous, il l'a rendue le premier au Sauveur.* C'est pourquoi il triomphe.

 

ORAISON.

 

Dieu tout-puissant et éternel, qui avez consacré les prémices des Martyrs dans le sang du bienheureux Lévite Etienne; accordez-nous, s'il vous plaît, qu'il soit notre intercesseur auprès de vous, lui qui implora, pour ses persécuteurs, Jésus-Christ, notre Seigneur, votre Fils.

 

L'Eglise de Milan consacre, dans son Missel Ambrosien, cette Préface à la louange du Prince des Martyrs.

 

PRÉFACE.

 

C'est une chose digne et juste, équitable et salutaire, de vous rendre grâces, ô Dieu éternel, qui avez appelé Etienne à devenir le premier des Lévites. C'est lui qui, le premier, a consacré pour vous le nom de Martyr ; qui, le premier, a pour vous répandu son sang; qui a mérité de voir les cieux ouverts et le Fils debout à la droite du Père. Il proclamait cet Homme-Dieu digne d'adoration sur la terre ; il le confessait Fils du Père dans le ciel. Il répétait les paroles de ce Maître ; car, ce que le Christ a dit sur la croix, Etienne l'a dit aussi dans sa mort sanglante. Le Christ, sur la croix, semait le pardon ; Etienne suppliait le Seigneur pour ceux qui le lapidaient.

 

Enfin, la même Liturgie résume en cette manière ses vœux dans la solennité que nous célébrons :

 

ORAISON.

 

O Dieu, qui  instruisez et dirigez vos ministres, et qui avez honoré le commencement de votre Eglise par le ministère et le précieux sang du bienheureux Lévite Etienne dans son martyre ; faites, s'il vous plaît, qu'au moment de notre mort, obtenant notre pardon, nous méritions d'être nourris par ses exemples et secourus par son intercession. Par Jésus-Christ, notre Seigneur.

 

 

La Liturgie des Eglises Gothiques d'Espagne nous fournira cette belle prière à saint Etienne, dans le Bréviaire Mozarabe.

 

CAPITULE.

 

Bienheureux Etienne, premier Martyr, on vous donnera un nom nouveau que la bouche du Seigneur a prononcé : pour lui, vous avez souffert la mort ; par lui, vous recevrez la couronne et de nom et d'effet. Vous êtes le premier dans le martyre, le premier dans la récompense ; le premier en ce monde, le premier dans les palais du ciel. Lapidé sur la terre pour le Christ, couronné par lui dans les cieux, vous triomphez. Celui pour qui vous avez subi ici-bas un supplice cruel, vous met en possession de la couronne la plus précieuse. Vous donc, qui avez été les prémices de l'Eglise, soyez maintenant son protecteur assidu ; et que, par vos prières, nous soit propice le Christ, dont vous avez été le Martyr admirable.

 

L'Hymne suivante, remarquable par l'onction et la simplicité, se trouve dans la plupart des Bréviaires Romains-Français:

 

HYMNE.

 

Saint ami de Dieu, Protomartyr Etienne, qui, richement paré de la vertu de charité, avez prié le Seigneur pour un peuple ennemi.

 

Vous êtes le premier porte-étendard de la milice céleste, le héraut de la vérité, le premier témoin de la grâce, la pierre fondamentale et vivante, le modèle de patience.

 

Immolé par les pierres, non par le glaive, vous voyez les membres de votre corps déchirés cruellement par le tranchant des cailloux; ces pierres, teintes de votre sang, sont l’ornement de votre couronne.

 

Le premier, vous avez frayé le chemin laborieux du ciel; le premier, vous avez affronté le glaive déjà émoussé par la mort du Christ ; vous êtes le premier froment foulé dans l'aire du Christ.

 

Pour vous le premier, les portes du ciel s'ouvrent : vous y découvrez, dans sa puissance, Jésus pour qui vous combattez vaillamment; debout, dans la majesté de son Père, il vous assiste fidèlement.

 

Versez vos prières pour cette assemblée qui se voue à votre culte ; et que le Seigneur, touché par votre entremise, daigne nous purifier de nos péchés et nous réunir aux habitants du ciel.

 

Gloire et honneur à Dieu, qui vous a couronné de roses, et vous a placé sur un trône dans les cieux; qu'il daigne sauver les pécheurs, en les délivrant de l'aiguillon de la mort. Amen.

 

Pour terminer par une Séquence, nous emprunterons celle-ci au recueil de Saint-Gall ; elle est de la composition de Notker.

 

SÉQUENCE.

 

D'un zèle unanime,   célébrons   cette   solennité.

 

Recueillons l'exemple de charité que nous donne celui que nous fêtons,

 

Lorsqu'il prie pour de perfides ennemis.

 

O Etienne ! porte-étendard suprême du Roi de bonté, exaucez-nous ;

 

Vous qui fûtes pleinement exaucé  pour  vos  ennemis.

 

Par vos prières, ô Etienne!

 

Paul, d'abord votre persécuteur, a cru dans le Christ ;

 

Et avec vous il gaudit, au royaume céleste , duquel n'approche aucun persécuteur.

 

Nous donc, nous suppliants, nous qui crions vers vous, et vous sollicitons de nos instances,

 

Que votre très sainte prière nous réconcilie toujours à notre Dieu.

 

Pierre vous établit ministre du Christ ; vous découvrez à Pierre lui-même un nouveau fondement de la foi, en montrant à la droite du Père souverain Celui qu'un peuple a crucifié.

 

C'est vous que le Christ s'est choisi, ô Etienne ! vous par qui il fortifie ses fidèles ; vous qu'il vient consoler par sa vue à travers le choc des pierres qui pleuvent sur vous.

 

Aujourd'hui, au milieu des bataillons empourprés des Martyrs, vous resplendissez couronné. Amen.

 

Grâces vous soient rendues, ô glorieux Etienne! pour le secours que vous nous avez apporté dans la célébration de la Naissance de notre Sauveur. Il vous appartenait de nous initier à ce haut et touchant mystère d'un Homme-Dieu. Le céleste Enfant nous apparaissait dans votre compagnie, et l'Eglise vous chargeait de le révéler aux fidèles, comme autrefois vous le révélâtes aux Juifs. Votre mission est remplie : nous l'adorons, cet Enfant, comme le Verbe de Dieu ; nous le saluons comme notre Roi ; nous nous offrons à lui pour le servir comme vous, et nous reconnaissons que cet engagement va jusqu'à lui donner notre sang, s'il le demande. Faites donc, ô Diacre fidèle ! que nous lui abandonnions, dès aujourd'hui, notre cœur; que nous cherchions tous les moyens de lui plaire, et de mettre toute notre vie et toutes nos affections en harmonie avec ses volontés. Par là, nous mériterons  de  combattre  son  combat, sinon dans l'arène sanglante, du moins dans la lutte avec nos passions. Nous sommes les fils des Martyrs, et les Martyrs ont vaincu le monde, comme l'Enfant de Bethléhem ; que le monde ne remporte donc plus la victoire sur nous.  Obtenez pour notre cœur cette charité fraternelle qui pardonne tout, qui prie pour les ennemis, qui obtient la conversion des âmes les plus rebelles. Veillez sur nous, Martyr de Dieu, à l'heure de notre trépas ; assistez-nous quand notre vie sera au moment de s'éteindre ;  montrez-nous alors ce Jésus que vous nous avez fait voir Enfant ; montrez-le-nous glorieux, triomphant,  et  surtout  miséricordieux, tenant en ses mains divines la couronne qui nous est destinée ; et que nos dernières paroles, à cette heure suprême, soient les vôtres: Seigneur Jésus, recevez mon esprit.

 

 

 

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