ARSÈNE, ABBÉ
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SAINT ARSÈNE, ABBÉ *.

 

Arsène était encore à la cour, quand il fit une prière afin d'être dirigé dans la voie du salut. Et il entendit qu'on lui disait: « Fuis les hommes, et tu seras sauvé. » Alors il se fit moine et adressant là même prière à Dieu, il entendit encore une voix lui dire : « Arsène, fuis, tais-toi, et demeure en repos. On lit au même endroit, par rapport à la recherche du repos, que trois frères s'étant faits moines, le premier choisit pour sa tâche de réconcilier ceux qui auraient quelques différends, le second de visiter les malades et le dernier se retira dans la solitude afin d'y vivre en repos. Le premier, qui s'employait à assoupir les différends, ne put plaire à tout le monde, et, vaincu par l’ennui, il vint trouver le second qu'il rencontra abattu et dans l’impuissance d'exécuter son dessein. Alors ils résolurent tous les deux d'aller voir le troisième qui était dans la solitude ; et lui ayant raconté leurs tribulations, il mit de l’eau dans une coupe et leur dit : « Considérez cette eau. » Or, elle était agitée et trouble. Quelques instants après il leur dit encore; « Regardez maintenant comme elle st claire et limpide. » Ils la regardèrent et se virent leur visage

 

* Vies des Pères du désert.

 

407

 

dedans. Alors il ajouta : « Il en est de même de ceux qui restent au milieu des hommes. La foule les empêche de voir leurs péchés; mais qu'ils se tiennent en repos, aussitôt ils pourront les voir. » — Un homme ayant rencontré dans le désert quelqu'un qui mangeait de l’herbe comme les animaux et qui était nu, courut après lui pour l’atteindre, car il fuyait ; et cet homme lui dit : «Attends-moi, car je te suis pour Dieu. » « Et moi, répondit le fuyard, je te fuis pour Dieu. » Alors celui qui courait lui jeta son manteau, et l’autre l’attendit en disant : « Puisque tu t'es dépouillé de ce qui appartient au monde, je t'ai attendu. » Et l’autre lui dit : « Enseignez-moi comment je pourrai être sauvé. » Il répondit : « Fuis les hommes et tais-toi. » — Une dame noble et vieille vint par dévotion voir l’abbé Arsène. Celui-ci fut prié par l’archevêque Théophile de se laisser voir,: mais il n'y consentit pas. Cependant cette dame alla à la cellule de l’abbé, où elle le trouva devant la porte et se prosterna à ses pieds. L'abbé la releva avec une extrême indignation en disant : « Si vous voulez voir ma  figure, regardez. » Or, cette dame confuse et intimidée ne considéra pas la figure du vieillard qui lui dit : « Comment une femme comme vous a-t-elle osé entreprendre une si, longue traversée? Vous allez rentrer à Rome et vous raconterez aux autres femmes que vous avez vu l’abbé Arsène; et elles viendront aussi pour me voir. » Elle lui répondit : « Si Dieu veut que je rentre à Rome, je ne laisserai venir aucune femme ici ; je vous conjure seulement de prier pour moi et de me conserver toujours en votre mémoire. » « Je prie Dieu, lui répartit le (408) saint, qu'il efface, là votre de mon coeur. » En entendant ces paroles, cette femme troublée revint à la ville et prit la fièvre. Ce qu'apprenant l’archevêque, il vint la consoler, mais elle disait : « Voici que je meurs de douleur ! » « Ne savez-vous pas, lui répondit l’archevêque, que vous êtes femme, et que c'est par les femmes que l’ennemi attaque les saints? Voici pourquoi le vieillard vous a parlé ainsi ; mais il prie sans cesse pour votre âme. » Elle fut consolée par ces paroles et revint chez elle. — On lit dans un autre père qu'un de ses disciples lui dit : « Vous voilà vieux, Père ; allons un peu dans le monde », l’abbé lui répondit : « Allons où il n'y a point de femmes. » Le disciple dit : « Et quel est l’endroit où il n'y ait point de femmes, si ce n'est peut-être la solitude. » « Eh bien! reprit le vieillard, menez-moi dans la solitude. »

Un autre frère encore devait porter, au delà d'un fleuve, sa mère qui était vieille ; alors il se couvrit les mains de son manteau. Sa mère lui demanda : « Pourquoi, mon fils, avez-vous ainsi couvert vos mains? » C'est, lui répondit-il, que le corps d'une femme est un feu, et en vous touchant le souvenir des autres femmes me venait à l’esprit. »

Or, pendant tout le temps qu'il vécut, Arsène, assis pour travailler, avait continuellement sur lui un linge afin d'essuyer les larmes qui coulaient fréquemment de ses yeux. Il. passait la nuit entière sans dormir. Le matin, quand le besoin de dormir se faisait sentir; il disait au sommeil : « Viens, méchant serviteur. » Alors il cédait à un léger sommeil, en s'asseyant, et aussitôt après il se levait. Il disait encore : « C'est (409) assez pour un moine de dormir une heure, si toutefois il sait combattre. » Le père d'Arsène, sénateur très distingué, vint à mourir et fit son testament en faveur de son fils qui se trouva ainsi posséder un grand héritage. Un homme d'affaires apporta ce testament à Arsène qui le prit et voulut le déchirer. Mais l’homme d'affaires se jeta à ses genoux en le priant de n'en rien faire, car il y allait de sa tête. Arsène lui dit : « Je suis mort avant lui : pourquoi donc, puisqu'il est mort, il n'y a qu'un instant,  m’a-t-il fait son héritier? » Et il lui remit le testament sans vouloir rien accepter.

Un jour, cette voix se fit entendre à lui : « Viens, je te montrerai quelles sont les oeuvres des hommes. » Et elle le fit aller en un endroit où elle lui montra un Ethiopien coupant du bois dont il faisait une lourde charge qu'il ne pouvait porter. Ensuite il coupait encore d'autre bois qu'il ajoutait à sa charge

Et il continua cela pendant longtemps. Alors elle lui fit voir aussi un autre homme occupé à puiser de l’eau dans un lac et à la mettre dans une citerne percée qui laissait revenir l’eau dans le lac, et cependant il voulait emplir la citerne. Elle lui montra encore un temple et deux hommes à cheval qui portaient une perche en travers; ils voulaient entrer dans le temple, ce qu'ils ne pouvaient parce que cette perche les en empêchait. Ensuite elle lui expliqua ainsi ce que tout cela signifiait : « Ce sont des gens qui portent comme le joug de la. justice avec orgueil et sans s'humilier; c'est pourquoi ils restent toujours hors du royaume de Dieu. Celui qui coupe du bois c'est l’homme qui (410) vit avec beaucoup de péchés, et au lieu de faire pénitente, il ne diminue rien de ses fautes, mais il ajoute iniquités sur iniquités. Quant à celui qui puise de l’eau, c'est l’homme qui fait de bonnes Oeuvres, mais comme elles sont accompagnées de beaucoup de mauvaises actions, il perd ses bonnes oeuvres. »

Quand arrivait le soir du samedi, pour attendre le dimanche, il laissait coucher le soleil derrière lui et étendait les mains vers le ciel, jusqu'au matin du dimanche que le soleil levant venait éclairer sa figure, et il restait ainsi.

 

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