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LE MARDI DE LA PREMIERE SEMAINE DE CAREME.A Rome, la Station est dans l'Eglise de Sainte-Anastasie, la même où l'on célébrait, dans l'antiquité, la Messe de l'Aurore, le jour de Noël. C'est sous la protection de cette sainte Martyre, immolée le jour même de la naissance du Sauveur, que nos vœux sont aujourd'hui présentés au Père des miséricordes. COLLECTE.
LEÇON.
retourne au Seigneur, et il aura pitié de lui : à notre Dieu, car il est empressé de pardonner. Mes pensées ne sont pas vos pensées, ni vos voies mes voies, dit le Seigneur; mais autant sont élevés les cieux au-dessus de la terre, autant sont élevées mes voies au-dessus des vôtres, et mes pensées au-dessus de vos pensées; et de même que la pluie et la neige descendent du ciel et n'y retournent plus, mais elles abreuvent la terre, la fécondent et lui font produire le germe, afin qu'elle donne la semence pour semer, et le pain pour s'en nourrir : ainsi ma parole, qui sort de ma bouche, ne retournera point à moi sans etlet; mais elle fera tout ce que j'aurai voulu, et remplira le but pour lequel je l'ai envoyée, dit le Seigneur tout-puissant. suas : et revertatur ad Dominum, et miserebitur ejus, et ad Deum nostrum, quoniam multus est ad ignoscendum. Non enim cogitationes meae, cogitationes vestrae ; neque vise vestne, viae meae, dicit Dominus. Quia sicut exaltantur cœli a terra, sic exaltatae sunt vias meas a viis vestris, et cogitationes meae a cogitationibus vestris. Et quomodo descendit imber, et nix de caelo, et illuc ultra non revertitur, sed inebriat terram, et infundit eam et germinare eam facit, et dat semen serenti, et panem comedenti : sic erit verbum meum quod egredietur de ore meo : non revertetur ad me vacuum ; sed faciet quaecumque volui, et prosperabitur in his ad quae misi illud, ait Dominus omnipotens. Le Prophète nous annonce de la part du Seigneur que si notre retour est sincère, la miséricorde descendra sur nous. En vain l'homme cherchera-t-il à mesurer la distance infinie qui sépare la souveraine sainteté de Dieu de l'état de souillure où est L'âme du pécheur; rien de tout cela n'empêchera la réconciliation de la créature avec son Créateur. La toute-puissante bonté de Dieu créera un cœur pur (1) dans l'homme repentant, et « la 1. Psalm. L., 12. grâce surabondera où le péché avait abondé (1) ». La parole du pardon descendra du ciel, comme une pluie bienfaisante sur une terre stérile et desséchée, et cette terre donnera une abondante moisson. Que le pécheur néanmoins écoute la prophétie tout entière. L'homme est-il maître d'accepter ou de refuser cette parole qui vient d'en haut ? Peut-il la laisser tomber aujourd'hui, dans la pensée que peut-être il la recueillera plus tard, à la fin de sa vie? Non; Dieu nous dit par son Prophète: « Cherchez le Seigneur, pendant qu'on peut le trouver : invoquez-le pendant qu'il est proche. » Nous ne pouvons donc pas toujours à volonté trouver le Seigneur; il n'est donc pas toujours aussi proche de nous. Prenons garde, il a ses moments ; l'heure des miséricordes a sonné; celle des justices la suivra. « Encore quarante jours, et Ninive sera détruite (2) », criait Jonas dans les rues de cette superbe cité. Ninive ne laissa point passer les quarante jours sans revenir au Seigneur, sans l'apaiser dans le jeûne, sous la cendre et le cilice : et Dieu pardonna à Ninive. Entrons dans les sentiments de cette ville coupable et repentante ; ne défions pas la justice divine en refusant la pénitence, ou en l'accomplissant d'une manière imparfaite. Le Carême que nous célébrons est peut-être le dernier que la bonté divine nous préparait ; s'il ne nous convertissait pas, qui sait si le Seigneur reviendrait ? Méditons ces paroles de l'Apôtre qui se rapportent à celles d'Isaie: « La terre qui se pénètre de la pluie dont elle est arrosée, et qui produit la verdure qu'en attend le cultivateur, est une terre bénie de Dieu ; celle qui ne produit que des ronces et des 1. Rom. V, 20. — 2. Jonas, III, 4. 172 épines est réprouvée; la malédiction est près d'elle, « et sa fin sera d'être dévorée par le feu (1). » ÉVANGILE.
1. Hebr. VI, 7,8. 173 Notre pieuse Qurantaine esta peine à son début, et avant qu'elle soit terminée nous aurons assisté au supplice du Juste. Voici déjà ses implacables ennemisqui se dressent devant lui. En vain, leurs yeux viennent d'être témoins de ses prodiges : l'envie et l'orgueil qui dessèchent leur cœur n'ont rien voulu comprendre. Ces infidèles gardiens de la maison de Dieu sont demeures muets quand tout à l'heure ils ont vu Jésus faire acte d'autorité dans le temple ; un étonnement mêlé de terreur les a saisis. Ils n'ont pas même réclamé quand il a appelé le temple sa maison : tant ils éprouvaient l'ascendant de sa vertu, tant ils redoutaient son pouvoir surhumain. Maintenant, ils ont repris leur audace : la voix des enfantsqui crient encore Hosannah frappe leur oreille, et ils s'indignent. Ils osent se plaindre de cet innocent hommage rendu au fils de David qui passe en faisant le bien. Ces docteurs de la Loi, aveuglés par la passion, ne savent même plus reconnaître les prophéties, ni en découvrir l'accomplissement. C'est l'application de l'oracle d'Isaie que nous venons de lire. Pour n'avoir pas cherché le Seigneur quand il était près d'eux, ils ne peuvent plus le reconnaître, lors même qu'ils lui parlent. Les enfants le sentent et le bénissent ; les sages d'Israël ne voient en lui qu'un ennemi de Dieu, un blasphémateur. Nous, du moins, profitons de la visite de Jésus, afin qu'il ne nous quitte pas, comme il quitta ces faux sages. Il se relira d'auprès d'eux, 174 et, laissant la ville, il retourna à Béthanie qui était proche de Jérusalem. C'est là qu'habitait Lazare, avec ses deux sœurs Marthe et Marie-Madeleine; là aussi qu'était retirée Marie Mère de Jésus, dans l'attente du terrible événement qui bientôt devait s'accomplir. Saint Jérôme remarque que le mot Béthanie signifie Maison d'obéissance: ce qui nous apprend que le Sauveur s'éloigne des cœurs rebelles à sa grâce, et qu'il aime à se reposer dans les cœurs obéissants (1). Acceptons la leçon tout entière, et dans ces jours de salut, montrons, par notre obéissance à l'Eglise et par notre soumission au guide de notre conscience, que nous avons enfin reconnu qu'il n'y a pour nous de salut que dans l'humiliation de l'orgueil et dans la simplicité du cœur.
ORAISON.
L'Eglise gothique d'Espagne, dans son Missel Mozarabe, nous présente ce cantique de pénitence, dont le lecteur chrétien sentira toute la beauté. 1. In
Matthaeum. Cap. XXI. 175 PRECES Dominica II in
Quadragesima
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