JEUDI III

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PRÉFACE
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CHAPITRE VII
CHAPITRE VIII
Ier DIMANCHE
LUNDI I
MARDI I
MERCREDI I
JEUDI I
VENDREDI I
SAMEDI I
DIMANCHE II
LUNDI II
MARDI II
MERCREDI II
JEUDI II
VENDREDI II
SAMEDI II
DIMANCHE III
LUNDI III
MARDI III
MERCREDI III
JEUDI III
VENDREDI III
SAMEDI III
DIMANCHE IV
LUNDI IV
MARDI IV
MERCREDI IV
JEUDI IV
VENDREDI IV
SAMEDI IV
PROPRE DES SAINTS

LE JEUDI DE LA  TROISIÈME SEMAINE DE CARÊME.

 

Le jour marque le milieu de la sainte Quarantaine, et c'est pour cela qu'il est appelé le Jeudi de la mi-Carême. Nous accomplissons en effet aujourd'hui le vingtième jeune sur quarante que nous impose l'Eglise en ce saint temps. Chez les Grecs, c'est la journée d'hier qui est comptée comme Mésonestime à proprement parler, ou milieu des jeûnes; au reste, ils donnent ce nom. ainsi que nous l'avons vu, à la semaine tout entière, qui est, dans leur liturgie, la quatrième des sept dont est formé leur Carême. Mais le Mercredi de cette semaine est. chez eux. l'objet d'une fête solennelle, un jour de réjouissance, où l'on ranime son courage pour achever la carrière. Les nations catholiques de l'Occident, sans considérer le jour où nous sommes parvenus comme une fête, ont toujours eu la coutume de le passer dans une certaine allégresse. La sainte Eglise Romaine s'est unie à cette pratique ; mais afin de ne pas donner prétextée une dissipation qui pourrait nuire à l'esprit du jeûne, elle a remis l'expression plus marquée de cette joie innocente au Dimanche suivant, comme nous le verrons ci-après. Toutefois il n'est pas contre l'esprit du Christianisme de fêter aujourd'hui le jour central du Carême, en réunissant, à la manière de nos pères, de plus nombreux convives, et en servant la table avec plus de recherche et d'abondance, pourvu toutefois que l'abstinence et le jeûne soient respectés. Mais, hélas! avec le relâchement qui règne aujourd'hui dans notre malheureux pays, combien de gens, qui se disent catholiques, n'ont guère fait autre chose depuis vingt jours que de violer ces lois du jeûne et de l'abstinence, sur la foi de dispenses légitimes ou extorquées ! Quel sens peuvent avoir pour eux les joies naïves que goûtent aujourd'hui, en de lointaines provinces, ces familles de vieux chrétiens qui n'ont point encore laissé périr chez eux les saintes traditions ? Mais ces joies, pour les éprouver, il faut les avoir méritées par quelques privations, par un peu de gêne imposée au corps : et c'est ce que trop de catholiques de nos jours ne savent plus faire. Prions pour eux, afin que Dieu leur donne de comprendre enfin à quoi les oblige la foi qu'ils professent.

A Rome, la Station est aujourd'hui dans l'Eglise de Saint-Côme-et-Saint-Damien, au Forum. Le moyen âge, comme nous l'apprenons de Durand, dans son Rational des divins Offices, cherchait la raison du choix de cette Station dans la profession de médecins que ces deux saints Martyrs ont exercée. On pensait que l'Eglise voulait implorer non seulement pour les âmes, mais aussi pour les corps de ses enfants déjà fatigués par le jeûne et l'abstinence, la protection de ces puissants amis de Dieu qui, sur la terre, consacraient les ressources de Fart médical au soulagement corporel de leurs frères. Le savant liturgiste Gavantus commente longuement cette idée qui, si elle n'a pas inspiré le choix de cette église pour la Station d'aujourd'hui, n'en est pas moins propre à édifier les fidèles, en les engageant à recourir aux deux illustres frères médecins, et à demander par leur intercession la constance et les forces nécessaires pour achever dignement et fidèlement la carrière si heureusement commencée.

 

COLLECTE.

 

 

Magnificet te, Domine, sanctorum tuorum Cosmæ et Damiani beata solemnitas : qua et illis gloriam sempiternam, et opem nobis ineffabili providentia contulisti. Per Christum Dominum nostrum. Amen.

 

Que l'heureuse solennité de vos saints Côme et Damien vous glorifie, Seigneur, qui leur avez donne l’éternelle félicité, et nous avez secourus par votre ineffable providence. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

 

 

 

LEÇON.

 

 

Lectio Jeremia; Prophetae. Cap. VII.

 

In diebus illis : Factum est verbum Domini ad me dicens : Sta in porta domus Domini, et praedica ibi verbum istud, et die : Audite verbum Domini, omnis Juda, qui ingredimini per portas bas, ut adoretis Dominum. Hæc dicit Dominus excercituum, Deus Israël : Bonas facite vias vestras, et studia vestra : et habitabo vobiscum in loco isto. Nolite confidere in verbis mendacii, dicentes : Templum Domini, templum Domini, templum Domini est. Quoniamsi bene direxeritis vias vestras, et studia dia vestra  si feceritis judicium inter virum et proximum ejus : advenæ et pupillo, et viduac non fcceritis calumniam, nec sanguinem innocentem effuderitis in loco hoc, et post deos alienos non ambulaveritis in malum vobis metipsis : habitabo vobiscum in loco isto, in terra quam dedi patribus vestris, a sæculo et usque in saeculum, ait Dominus omnipotens.

 

 

 

Lecture du Prophète Jérémie. Chap. VII.

 

En ces jours-là, la parole du Seigneur descendit vers moi, et me dit : Tiens-toi à la porte de la maison du Seigneur, prêches-y ces paroles, et dis : Ecoutez la parole du Seigneur, vous tous, peuple de Juda, qui entrez par ces portes pour venir adorer le Seigneur. Voici ce que dit le Seigneur des armées, le Dieu d'Israël : Redressez vos voies et vos désirs, et j'habiterai en ce lieu avec vous. Ne mettez point votre confiance dans des paroles de mensonge, en disant : Le temple est au Seigneur, le temple est au Seigneur, le temple est au Seigneur. Car si vous avez soin de redresser vos voies et vos désirs ; si vous rendez la justice à ceux qui plaident ensemble ; si vous ne faites point violence à l'étranger, au pupille et à la veuve ; si vous ne répandez point en ce lieu le sang innocent, et si vous ne suivez point les dieux étrangers pour votre malheur, j'habiterai avec vous de siècle en siècle en ce lieu et en cette terre que j'ai donnée à vos pères, dit le Seigneur tout-puissant.

 

 

La sainte Eglise ne manque à aucun de ses devoirs à L'égard de ses enfants. Si elle insiste pour obtenir d'eux l'accomplissement des obligations extérieures de la religion, quelque pénibles qu'elles soient à leur lâcheté, elle les avertit aussi de ne pas penser que les observances corporelles, si exactement qu'on les remplisse, pourraient tenir lieu des vertus intérieures commandées à l'homme et au chrétien. Dieu n'accepte pas l'hommage de l'esprit et du cœur, si l'homme, par orgueil ou par mollesse, néglige d'offrir en même temps le service du corps; mais réduire sa religion aux œuvres purement matérielles, ce n'est pas non plus honorer Dieu qui veut être servi en esprit et en vérité (1). Les Juifs étaient fiers de posséder le temple de Jérusalem, où habitait la majesté de Dieu ; mais cet avantage, qui les mettait au-dessus de toutes les autres nations, tournait trop souvent à leur perte, parce que se contentant d'un stérile respect pour cette maison sainte, ils ne

 

1. JOHAN.  IV, 24.

 

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s'élevaient pas plus haut, et ne songeaient point à reconnaître un si grand bienfait, en pratiquant la loi de Dieu. Ainsi feraient parmi nous des chrétiens qui, remplis d'une fidélité purement extérieure au jeûne et à l'abstinence, ne se mettraient pas en peine de corriger leur vie, en y introduisant l'esprit de justice, de charité, d'humilité. Ils mériteraient que le Seigneur les flétrît par ces paroles qu'il prononça autrefois contre Israël : « Ce peuple m'honore des lèvres ; mais son cœur est loin de moi (1) ». Ce pharisaïsme chrétien est devenu assez rare de nos jours. Le relâchement presque universel à l'égard des pratiques extérieures est bien plutôt la plaie d'aujourd'hui ; et les personnes fidèles aux observances de l'Eglise ne sont pas, pour l'ordinaire, en retard sous le rapport des autres vertus chrétiennes. Cependant cette fausse conscience se rencontre quelquefois, et produit un scandale qui retarde chez plusieurs l'avancement du royaume de Dieu. Attachons-nous donc à la loi tout entière. Offrons à Dieu un service spirituel qui consiste dans l'obéissance du cœur à tous les préceptes, et joignons-y, comme complément nécessaire, l'hommage de notre corps, en pratiquant tout ce que l'Eglise nous prescrit pour l'élever à la hauteur de l'âme, dont il doit partager les destinées.

 

1. ISAI. XXXIX, 13.

 

 

ÉVANGILE.

 

 

Sequentia sancti Evangelii secundum Lucam. Cap. IV.

 

In illo tempore :  Surgens Jesus  de synagoga, introivit in domum Simonis Socrus autem Simonis tenehatur magots febribus : et rogaverunt illum pro ea. Et stans super illam, imperavit febri : et dimisit illam. Et continuo surgens, ministrabat illis. Cum autem sol occidisset, omnes qui habebant inlirmos vanis languoribus, ducebant illos ad eum. At ille singulis manus imponens, curabat eos. Exibant autem daemonia a multis, clemantia et dicentia : Quia tu es Filius Dei ; et increpansnon sinebat ea loqui : quia sciebant ipsum esse Christum. Facta autem die, egressus ibat in desertum locum, et turba; requirebant eum, et venerunt usque ad ipsum ; et detinebant illum ne discederet ab eis. Quibus ille ait : Quia et aliis civitatibus oportet me evangelizare regnum Dei, quia ideo missus sum ; et erat praedicans in synagogis Galilaeae.

 

 

La suite du saint Evangile selon saint Luc. Chap. IV.

 

En ce temps-là, Jésus, étant sorti de la synagogue, entra dans la  maison de Simon. Or la belle-mère de Simon était retenue par une grosse fièvre ; et ils le prièrent pour elle. Et s'approchant d'elle, il commanda à la fièvre, et la fièvre la quitta. Et se levant aussitôt, elle les servait. Lorsque le soleil fut couché, tous ceux qui avaient des malades atteints de diverses langueurs les amenaient à Jésus. Et lui, imposant les mains sur chacun d'eux, les guérissait. Les démons sortaient de plusieurs, en criant et disant : Vous êtes le Fils de Dieu ; et les menaçant, il ne leur permettait pas de dire ce qu'ils savaient, qu'il était le Christ. Lorsqu'il fut jour, il sortit pour aller en un lieu désert ; et le peuple le cherchait, et ils vinrent jusqu'à lui, et ils le retenaient, dans la crainte qu'il ne s'éloignât d'eux. Et il leur dit : Il faut que j'évangélise en d'autres villes le royaume de Dieu ; car je suis envoyé pour cela. Et il prêchait dans les synagogues de Galilée.

 

 

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Admirons la honte du Sauveur, qui daigne employer son pouvoir à la guérison des corps, et comprenons qu'il est plus empressé encore de subvenir aux infirmités de nos âmes. Nous sommes travaillés de la fièvre des passions: lui seul peut la chasser. Imitons pour notre propre compte le zèle des habitants de la Galilée, qui apportent leurs malades aux pieds  de Jésus;  supplions-le aussi de nous guérir. Nous voyons avec quelle bonté il accueille tous ces malheureux ; présentons-nous à leur suite. Faisons-lui instance pour qu'il ne s'éloigne pas, pour qu'il demeure toujours avec nous ; et il daignera rester. Prions pour les pécheurs ; les jours du jeune s'écoulent ; déjà nous entrons dans la seconde moitié du Carême, et la Pâque de notre délivrance approche. Voyez ces multitudes qui ne s'ébranlent pas, ces âmes fermées à la lumière qui ne s'ouvrent pas, ces coeurs endurcis que rien n'émeut, tant de chrétiens qui vont ajouter une chance de plus à leur réprobation éternelle. Offrons pour eux notre pénitence, et demandons à Jésus, par les mérites de sa Passion dont l'heure ne doit pas tarder, qu'il daigne faire un dernier effort de miséricorde, et arracher au démon ces âmes pour lesquelles il va répandre son sang.

 

Humiliate capita vestra Deo.

Humiliez vos têtes devant Dieu.

 

ORAISON.

 

 

Subjectum tibi populum, quæsumus Domine, propitiatio cœlestis amplificet : et tuis semper faciat servire mandatis. Per Christum Dominum nostrum. Amen.

 

 

Que votre céleste miséricorde, Seigneur, daigne accroître le peuple qui vous est soumis, et le rendre toujours fidèle à garder vos commandements. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

 

 

La Liturgie  Mozarabe nous fournit  cette belle exhortation pour ranimer notre courage dans la carrière qui nous reste à parcourir.

 

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MISSA.

 

(Missale Gothicum.  Dominica IV in Quadragesima.)

 

 

Exspectantes beatam illam spem passionis ac resurrectionis Filii Dei, fratres charissimi : et manifestationem gloria: beati et Salvatoris nostri Jesu Christi, resumite virium fortitudinem : et non quasi futuro terreamini de labore : qui ad Paschalis Dominica: cupitis anhelando pervenire celebritatem. Sacratae etenim Quadragesimae tempore mediante arripite de futuro labore fiduciam : qui præteriti jejunii jam transegistis aerumnas. Dabit Jesus lassis fortitudinem : qui pro nobis dignatus est infirmari. Tribuet perfectionem futuri : qui initia donavit prceteriti. Aderit in auxilio, filii : qui suae nos cupit praestolari gloriam Passionis. Amen.

 

 

Dans l'attente de l'heureux espoir que nous avons , Frères très chers, de célébrer la Passion et la Résurrection du Fils de Dieu, et de voir la manifestation de la gloire de notre bienheureux Sauveur Jésus-Christ, ranimez vos forces et votre courage. Ne vous effrayez pas des fatigues qui restent encore à subir, vous qui désirez avec tant d'ardeur arriver à la solennité de la Pâque du Seigneur. En ce milieu de la sainte Quarantaine, vous qui déjà avez traversé une partie des labeurs du jeûne, prenez confiance pour ceux qui restent à accomplir. Jésus, qui a daigné se taire infirme pour nous, donnera le courage à ceux qui sont fatigués ; il nous a donné de fournir le commencement de la carrière, il en accordera la continuation. Il vous viendra en aide, très chers fils, lui qui veut que nous vivions dans l'attente de sa glorieuse Passion. Amen.

 

 

 

 

 

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