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LE SAMEDI DES QUATRE-TEMPS DE
CARÊME.
La Station est dans la Basilique de Saint-Pierre au Vatican,
où le peuple se réunissaitsur le soir pour assister à
l'Ordination des Prêtres et des ministres sacrés. Ce jour était appelé le Samedi
aux douze Leçons, parce qu’on lisait d'abord douze passages des saintes
Ecritures, comme au Samedi saint. La Messe à laquelle
se conférait l'Ordination avait lieu dans la nuit, déjà sur le Dimanche. Dans
la suite, on a anticipé au Samedi cette Messe de l'Ordination; mais, en mémoire
de l'antique usage, on n'a pas assigné d'autre Evangile pour le Dimanche que
celui qui se lit maintenant au Samedi : ce qui amène la répétition de cet
Evangile deux jours de suite. Nous avons observé la même particularité au
Samedi des Quatre-Temps de l'Avent, parce que la
Messe de l'Ordination y a été pareillement avancée d'un jour.
COLLECTE.
Populum tuum,
quaesumus Domine, propitius
respice : atque ab eo flagella tuae iracundiae clementer averte. Per Christum
Dominum nostrum. Amen.
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Regardez, Seigneur, votre peuple d'un œil favorable, et,
dans votre clémence, détournez de lui les fléaux de votre colère. Par
Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.
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LEÇON.
Lectio libri
Deuteronomii. Cap. XXVI.
In diebus illis
: Locutus est Moyses ad populum, dicens : Quando compleveris decimam
cunctarum frugum tuarum, loqueris in conspectu Domini Dei tui : Abstuli quod
sanctificatum est de domo mea, et dedi illud Levita; et advenae, et pupillo
ac vidute, sicut jussisti mihi : non præterivi mandata tua, nec sum oblitus
imperii tui. Obedivi voci Domini Dei mei, et feci omnia sicut praecepisti
mihi. Respice de sanctuario tuo, et de excelso cœlorum habitaculo, et benedic
populo tuo Israël, et terrae quam dedisti nobis, sicut jurasti patribus nostris,
terrae lacte et melle mananti. Hodie Dominus Deus tuus prœcepit tibi ut facias mandata hase atque judicia ; et custodias et impleas ex toto corde tuo, et
ex tota anima tua. Dominum
elegisti hodie, ut sit tibi Deus, et ambules in viis ejus, et custodias cœremonias illius, et mandata atque judicia, et obedias ejus imperio. Et Dominus elegit te hodie, ut sis ei populus peculiaris, sicut locutus est tibi, et custodias omnia praecepta illius: et facial te excelsiorem
cunctis gentibusquas creavit, in laudem, et nomen, et gloriam suam : ut sis populus sanctus Domini Dei tui, sicut locutus est.
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Lecture du livre du Deutéronome. Chap. XXVI.
En ces jours-là, Moïse parla au peuple et lui dit : Quand
tu auras donné la dîme de tous tes fruits, tu diras ceci devant le Seigneur
ton Dieu : J'ai ôté de ma maison ce qui vous était consacré, et je l'ai donné
au Lévite, à l'étranger, à l'orphelin et à la veuve, comme vous me l'avez
ordonné. Je n'ai point négligé vos préceptes, ni oublié votre commandement.
J'ai obéi à la voix du Seigneur mon Dieu, et j'ai tout fait comme vous me
l'aviez prescrit. Regardez donc, Seigneur, de votre sanctuaire, et du haut
des cieux où vous habitez, et bénissez votre peuple d'Israël, et la terre que
vous nous avez donnée, selon que vous l'aviez juré à nos pères, cette terre
où coulent en ruisseaux le lait et le miel. Le Seigneur ton Dieu t'a commandé
aujourd'hui d'observer ces ordonnances et ces préceptes, de les garder et
accomplir de tout ton cœur et de toute ton âme. Tu as aujourd'hui choisi le
Seigneur, afin qu'il soit ton Dieu, afin que tu marches dans ses voies, que
tu gardes ses cérémonies, ses préceptes et ses ordonnances, et que tu
obéisses à son commandement; et le Seigneur t'a choisi aujourd'hui, afin que
tu sois son peuple particulier, selon qu'il te l'a déclaré, et que tu gardes
tous ses préceptes, et qu'il fasse de toi la plus illustre des nations qu'il
a créées, pour sa louange, pour son nom et pour sa gloire, afin que tu sois
le peuple saint du Seigneur ton Dieu, selon qu'il te l'a dit.
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Le Seigneur nous apprend, dans ce passage de Moïse, qu'une
nation fidèle à garder toutes les prescriptions du service divin sera bénie
entre toutes les autres. L'histoire est là pour attester la vérité de cet
oracle. De toutes les nations qui ont péri, il n'en est pas une seule qui ne
l'ait mérite par son oubli de la loi de Dieu; et il en doit être ainsi.
Quelquefois le Seigneur attend avant de frapper; mais c'est afin que le
châtiment soit plus solennel et plus exemplaire. Veut-on se rendre compte de la
solidité des destinées d'un peuple ? Que l'on étudie son degré de fidélité aux
lois de l'Eglise. Si son droit public a pour base les principes et les
institutions du christianisme, cette nation peut avoir quelques germes de
maladie; mais son tempérament est robuste ; les révolutions l'agiteront sans la
dissoudre. Si la masse des citoyens est fidèle à l'observation des préceptes
extérieurs; si elle garde, par exemple, le jour du Seigneur, les prescriptions
du Carême, il y a là un fonds de moralité qui préservera ce peuple des dangers
d'une dissolution. De tristes économistes n'y verront qu'une superstition
puérile et traditionnelle, qui n'est
bonne qu'à retarder le progrès;
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mais que cette nation, jusqu'alors
simple et fidèle, ait le malheur d'écouter ces superbes et niaises théories, un
siècle ne se passera pas sans qu'elle ait à s'apercevoir qu'en s'émancipant de
la loi rituelle du christianisme, elle a vu baisser chez elle le niveau de la
morale publique et privée, et que ses destinées commencent à chanceler. L'homme
peut dire et écrire tout ce qu'il voudra; Dieu veut être servi et honoré par
son peuple, et il entend être le maître des formes de ce service et de cette
adoration. Tous les coups portés au culte extérieur, qui est le véritable lien
social, retomberont de tout leur poids sur l'édifice des intérêts humains.
Quand bien même la parole du Seigneur n'y serait pas engagée, il est de toute
justice qu'il en soit ainsi.
ÉVANGILE.
Sequentia
sancti Evangelii secundum Matthaeum. Cap. XVII.
In illo tempore
: Assumpsit Jesus Petrum, et Jacobum, et Johannem fratrem ejus, et duxit
illos in montem excelsum seorsum : et transfigurais est ante eos. Et resplenduit facies ejus sicut sol, vestimenta autem ejus facta sunt
alba sicut nix. Et ecce apparuerunt
illis Moyses et Elias cum
eo loquentes. Respondens autem Petrus dixit ad Jesum : Domine,
bonum est nos hic esse : si vis, faciamus hic tria tabernacula, tibi unum, Moysi unum, et Eliae
unum. Adhuc eo loquente, ecce nubes lucida obumbravit eos. Et ecce vos de nube, dicens : Hic est Filius meus dilectus, in quo mihi bene complacui : ipsum audite. Et audientes discipuli, ceciderunt in faciem suam, et timuerunt valde. Et accessit Jesus, et tetigit eos, dixitque eis : Surgite et nolite timere. Levantes autem oculos suos, neminem viderunt nisi solum Jesum. Et descendentibus illis de monte, praecepit eis Jesus dicens : Nemini dixeritis visionem ,
donec Filius hominis a mortuis resurgat.
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La suite du saint Evangile selon saint Matthieu. Chap.
XVII.
En ce temps-là, Jésus prit Pierre, Jacques et Jean son
frère, et il les conduisit à part sur une haute montagne, et il fut
transfiguré devant eux. Et sa face resplendit comme le soleil, et ses
vêtements devinrent blancs comme la neige. Et voici que Moïse et Elle leur
apparurent conversant avec lui. Pierre, s'adressant à Jésus, lui dit :
Seigneur, il nous est bon d'être ici : si vous le voulez, faisons-y trois
tentes, une pour vous, une pour Moïse et une pour Elie. Comme il parlait
encore, une nuée lumineuse vint les
couvrir. Et voilà que de la nuée sortit une voix qui disait : Celui-ci est
mon Fils bien-aimé, en qui je me suis complu; écoutez-le. Et les disciples,
entendant cette voix, tombèrent sur leur face et furent saisis d'une grande
frayeur. Et Jésus, s'approchant d'eux, les toucha et leur dit : Levez-vous et
ne craignez point. Alors élevant les yeux, ils ne virent plus que Jésus seul.
Et comme ils descendaient de la montagne, Jésus leur lit ce commandement : Ne
parlez à personne de cette vision, jusqu'à ce que le Fils de l'homme soit
ressuscité d'entre les morts.
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Cette lecture du saint Evangile, qui nous scia proposée
demain encore, est destinée à accompagner aujourd'hui l'Ordination ; les
anciens liturgistes, à la suite du savant Abbé Rupert, nous en donnent l'intelligence.
L'Eglise veut porter notre pensée sur la sublime dignité dont viennent d'être
honorés les Prêtres qui ont reçu aujourd'hui l'onction sacrée. Ils sont figurés
dans ces trois Apôtres que Jésus conduit avec lui sur la montagne, et qui seuls
contemplent sa gloire. Les autres disciples du Sauveur sont demeurés dans la
plaine; Pierre, Jacques et Jean sont seuls montés sur le Thabor. C'est d'eux
que les autres disciples, que le monde entier apprendront, quand il en sera
temps, de quelle gloire Jésus a paru environné, et avec quel éclat la voix du
Père céleste a tonné sur le sommet de la montagne
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pour déclarer la grandeur et la
divinité du Fils de l'homme. « Cette voix du ciel, nous l'avons entendue,
dit saint Pierre, quand nous étions avec lui sur la sainte montagne. Elle
disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis toutes mes
complaisances; écoutez-le (1). » De même, ces nouveaux Prêtres qui viennent
d'être consacrés sous vos yeux, pour lesquels vous avez offert vos jeûnes et
vos prières, ils entreront dans la nue où réside le Seigneur. Ils sacrifieront
la victime de votre salut dans le silence du Canon sacré. Dieu descendra pour
vous entre leurs mains ; et, sans cesser d'être mortels et pécheurs comme vous,
ils seront chaque jour en communication avec la divinité. Le pardon que vous
attendez de Dieu, en ce temps de réconciliation, passera par leurs mains; leur
pouvoir surhumain ira le chercher pour vous jusque dans le ciel. C'est ainsi
que Dieu a apporté le remède à notre orgueil. Le serpent nous dit aux premiers
jours : « Mangez ce fruit, et vous serez comme des dieux. » Nous avons eu le
malheur d'adhérer à cette perfide suggestion ; et la mort a été le seul fruit
de notre prévarication. Dieu cependant voulait nous sauver; mais pour abattre
nos prétentions, c'est par des hommes qu'il nous applique ce salut. Son Fils
éternel s'est fait homme, et il a laissé d'autres hommes après lui, auxquels il
a dit : « Comme mon Père m'a envoyé, ainsi je vous envoie (2) ». Honorons donc
Dieu en ces hommes qui viennent d'être aujourd'hui l'objet d'une si sublime
distinction, et comprenons que le respect du sacerdoce fait partie de la
religion de Jésus-Christ.
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Humiliate capita
vestra Deo.
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Humiliez vos têtes devant Dieu.
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ORAISON.
Fideles tuos,
Deus , benedictio desiderata
confirmet : quae eos et a tua voluntate nunquam faciat discrepare, et tuis semper indulgeat beneficiis gratulari. Per Christum Dominum nostrum. Amen.
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O Dieu, fortifiez vos fidèles par la bénédiction qu'ils
implorent, afin qu'ils ne s'écartent jamais de votre volonté, et qu'ils se
réjouissent toujours de vos bienfaits. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.
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En ce jour du Samedi, recourons à Marie, l'Avocate des
pécheurs; et, plaçant sous sa protection maternelle les faibles œuvres de notre
pénitence, offrons-lui cette Prose naïve des anciens Missels de Cluny :
SEQUENCE.
Salvatoris Mater pia,
Mundi hujus spes
Maria, Ave
plena gratia.
Porta cœli,
Templum Dei,
Maris portus ad quem rei
Currunt cum fiducia.
Summi
Regis sponsa digna,
Cunctis clemens
et benigna,
Operum suffragio.
Caecis lumen,
Claudis via,
Nudis Martha
et Maria,
Mentis desiderio.
Inter spinas flos
fuisti:
Sic flos flori patuisti,
Pietatis gratia.
Verbum verbo
concepisti,
Regem regum peperisti,
Virgo viri nescia.
Regi nato
adhœsisti,
Quem lactasti
et pavisti,
More matris debito.
Quae conjuncta nunc
eidem,
Et regina facta pridem,
Operum pro
merito.
Reis ergo fac, Regina,
Apud Regem ut ruina
Relaxentur
debita.
Et regnare fac
renatos
A reatu
expurgatos,
Pietate solita.
Amen.
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Tendre Mère du Sauveur, Marie, espoir de ce monde : salut,
ô pleine de grâce !
Porte du ciel, temple de Dieu, port assuré où les pécheurs
se retirent avec confiance.
Digne Epouse du souverain Roi, clémente à tous et pleine
de tendresse, tu nous aides par tes efforts.
Lumière pour l'aveugle, sentier sûr pour nos pas
chancelants, Marthe et Marie pour nos besoins, ton affection est pour nous.
Entre les épines tu fus la fleur, fleur qui s'ouvrit pour
la Fleur céleste, par ton grand amour.
Par ta parole tu conçus le Verbe, tu enfantas le Roi des
rois, ô Vierge franche du joug de l'homme.
Fidèle au Roi né de ton sein, tu l'allaitas, tu le
nourris, comme font les mères.
Dès longtemps à lui réunie, tu es
devenue reine, pour prix de tes vertus.
O Reine! daigne auprès du Roi intercéder pour les
coupables; qu'il leur accorde le pardon;
Qu'il daigne dans sa bonté les rendre à la vie, les
purifier de leurs souillures. les faire régner avec toi. Amen.
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