LUNDI IV

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PRÉFACE
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CHAPITRE IV
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LUNDI I
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JEUDI I
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SAMEDI I
DIMANCHE II
LUNDI II
MARDI II
MERCREDI II
JEUDI II
VENDREDI II
SAMEDI II
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LUNDI III
MARDI III
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DIMANCHE IV
LUNDI IV
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MERCREDI IV
JEUDI IV
VENDREDI IV
SAMEDI IV
PROPRE DES SAINTS

LE LUNDI DE LA QUATRIÈME SEMAINE DE CARÊME.

 

La Station est dans l'antique Eglise appelée des Quatre-Couronnés, c'est-à-dire des saints martyrs Sévère, Sévérien, Carpophore et Victorin, qui souffrirent la mort sous la persécution de Dioclétien. Leurs corps reposent dans ce sanctuaire, qui s'honore aussi de posséder le chef du grand martyr saint Sébastien.

 

COLLECTE.

 

 

Praesta , quæsumus omnipotens Deus : ut observationes sacras annua Jevotione recolentes, et corpore tibi placeamus et mente. Per Christum Dominum nostrum. Amen.

 

 

Faites-nous la grâce, Dieu tout-puissant , qu'en observant religieusement chaque année ces saintes pratiques, nous vous soyons agréables et dans nos corps et dans nos âmes. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

 

 

 

LEÇON.

 

 

Lectio libri Regum. III, Cap. III.

 

In diebus illis : Venerunt dune mulieres meretrices ad regem Salomonem, steteruntque coram eo, quarum una ait : Obsecro, mi Domine : ego et mulier hæc habitabamus in domo una, et peperi apud eam in cubiculo.Tertia autem die postquam ego peperi, peperit et haec : et eramus simul , nullusque alius nobiscum in domo, exceptis  nobis  duabus. Mortuus est autem filius mulieris  hujus  nocte. Dormiens  quippe oppressit eum. Et consurgens intempesta;  noctis silentio,  tulit   filium meum de latere meo ancillœ tuas dormientis, et collocavit in sinu suo : suum autem filium, qui erat  mortuus, posuit in sinu meo. Cumque surrexissem mane ut darem lac filio meo,  apparuit mortuus : quem diligentius intuens clara luce, deprehendi   non   esse meum, quem genueram. Respondit  altera  mulier : Non est ita ut dicis, sed filius tuus mortuus est. meus autem vivit. E contrario illa dicebat : Mentiris : filius quippe meus vivit, et filius tuus mortuus  est. Atque  in hune modum contendebant coram  rege. Tunc rex ait : Hæc dicit :  Filius meus vivit,  et filius tuus  mortuus est.  Et ista respondit : Non, sed filius tuus mortuus est, meus autem vivit. Dixit ergo  rex : Afferte  mihi gladium. Cumque  attulissent gladium coram rege: Dividite, inquit, infantem vivum in duas partes, et date dimidiam partem uni, et dimidiam partem alteri. Dixit autem mulier, cujus filius erat vivus, ad regem (commota sunt quippe viscera ejus super lilio suo) : Obsecro, Domine, date illi infantem vivum, et nolite interficere eum. E contrario illa dicebat : Nec mihi, nectibi sit, sed dividatur. Respondit rex, et ait : Date huic infantem vivum, et non occidatur : haec est enim mater ejus. Audivit itaque omnis Israël judicium quod judicasset rex, et timuerunt regem, videntes sapientiam Dei esse in eo ad faciendum judicium.

 

 

Lecture du livre des Rois. III, Chap. III.

 

En ces jours-là, deux femmes de mauvaise vie se présentèrent au roi Salomon, et se tinrent devant son tribunal. L'une lui dit : Seigneur, daignez m'écouter : nous demeurions, cette femme et moi, dans une même maison, et je suis accouchée  dans  la chambre où elle était. Trois jours après, celle-ci est accouchée à son tour. Nous étions ensemble dans cette maison, et il n'y avait personne que nous deux.  Or le fils  de cette femme est mort pendant la nuit, parce qu'elle l'a étouffé en dormant;  et se  levant, sans bruit, au milieu de la nuit, elle a ôté mon fils d'à côté de moi votre servante qui dormais, et l'ayant pris auprès d'elle, elle a mis auprès de moi  son fils qui était mort. Lorsque le matin  je me  suis levée  pour allaiter mon fils, il m'a paru qu'il était mort, et l'ayant considéré avec plus d'attention au grand jour, j'ai reconnu que ce n'était pas là celui que j'avais enfanté. L'autre femme répondit : Ce que tu dis n'est pas vrai ; mais c'est ton  fils qui est mort, et le mien est vivant. La première  au contraire répliquait: Tu mens, car c'est mon fils qui est vivant, et le tien est mort. Et elles disputaient ainsi devant le roi. Alors le roi dit : Celle-ci  dit : Mon fils est vivant, et le tien est mort ; et l'autre répond : Non, mais c'est ton fils qui est mort, et le mien  est vivant. Le roi ajouta :  Qu'on m'apporte une épée.  Lorsqu'on eut apporté une épée devant le roi, il dit : Coupez en deux l'enfant qui est vivant, et donnez-en la moitié à l'une, et la moitié à l'autre. Alors la femme dont le fils était vivant dit au roi (car ses entrailles furent émues pour son fils) : Seigneur, donnez-lui, je vous en supplie, l'enfant vivant, et ne le tuez pas. L'autre au contraire disait : Qu'il ne soit ni à moi ni à toi, mais qu'on le partage. Le roi prit la parole et dit : Donnez à celle-ci l'entant vivant, et qu'on ne le tue point : car c'est elle qui est sa mère. Tout Israël ayant donc su la manière dont le roi avait juge ce différend, ils furent saisis de crainte devant lui, voyant que la sagesse de Dieu était en lui pour rendre la justice.

 

 

Saint Paul nous expliquait, dans l'Epître de la Messe d'hier, l'antagonisme de la Synagogue et de L'Eglise, et comment le fils d'Agar persécute le fils de Sara qui lui a été préféré par le père de famille. Aujourd'hui, ces deux femmes qui comparaissent devant Salomon nous présentent encore ce double type. Elles se disputent un enfant; cet enfant est la Gentilité initiée à la connaissance du vrai Dieu. La Synagogue, figurée par la femme qui a laissé mourir son fils, c'est-à-dire le peuple qui lui était confié, réclame injustement celui que son sein n'a point porté; et comme cette réclamation ne lui est inspirée que par son orgueil, et non par aucune affection maternelle, il lui est indifférent qu'on l'immole, pourvu qu'il soit arraché à sa vraie mère qui est l'Eglise. Salomon,

 

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le Roi pacifique, figure du Christ, adjuge l'enfant à celle qui l'a conçu, qui l'a enfanté, qui l'a nourri ; et la fausse mère est confondue. Aimons donc notre Mère la sainte Eglise, l'Epouse de notre Sauveur. C'est elle qui par le Baptême nous a faits enfants de Dieu ; elle qui nous a nourris du Pain de vie ; elle qui nous a donné le Saint-Esprit ; elle enfin qui, lorsque nous avons eu le malheur de retomber dans la mort parle péché, nous a rendu la vie par le divin pouvoir qui est en elle. L'amour filial envers l'Eglise est le signe des élus, et l'obéissance à ses commandements est la marque d'une âme sur laquelle Dieu règne.

 

EVANGILE.

 

 

Sequentia sancti Evangelii secundum Johannem. Cap. II.

 

In illo tempore : Prope erat Pascha Judœorum, et ascendit Jesus Jerosoiymam : et invenit in templo vendentes boves, et oves, et columbas , et nummularios sedentes. Et cum fecisset quasi flagellum de funiculis, omnes ejecit de templo, oves quoque, et boves, et nummulariorum effudit aes, et mensas subvertit. Et his, qui columbas vendebant, dixit : Auferte ista hinc, et nolite facere domum Patris mei domum negotiationis. Recordati sunt vero discipuli ejus quia scriptum est : Zelus domus tuae comedit me. Responderunt  ergo  Judaei, et dixerunt ei : Quod signum ostendis nobis quia hæc facis . Respondit Jesus, et dixit eis : Solvite templum hoc, et in tribus diebus excitabo illud. Dixerunt ergo Judaei : Quadraginta et sex annis edificatum est templum hoc, et tu in tribus diebus excitabis illud ? Ille autem dicebat de templo corporis sui. Cum ergo resurrexisset a mortuis, recordati sunt discipuli ejus, quia hoc dicebat, et crediderunt Scripturae, et sermoni quem dixit Jésus. Cum autem esset Jerosolymis in Pascha in die festo, multi crediderunt in nomine ejus, videntes signa ejus, quæ faciebat. Ipse autem Jesus non credebat semetipsum  eis, eo  quod ipse nosset omnes, et quia opus ei non erat ut quis testimonium perhiberet de homine : ipse enim sciebat quid esset in homine.

 

 

La suite du saint Evangile selon saint Jean. Chap. II.

 

En ce temps-là, la Pâque des Juifs étant proche, Jésus monta à Jérusalem. Et il trouva dans le temple des vendeurs de bœufs, de brebis et de colombes, et des changeurs assis. Et ayant fait un fouet avec des cordes, il les chassa tous du temple, et aussi les brebis et les bœufs; et il jeta par terre l'argent des changeurs, et renversa leurs tables. Et il dit à ceux qui vendaient des colombes : Otez d'ici, et ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic. Alors ses disciples se souvinrent qu'il est écrit : Le zèle de votre maison me dévore. Les Juifs lui dirent: Quel signe nous montrez-vous, pour faire de telles choses? Jésus leur répondit : Détruisez ce temple, et je le relèverai en trois jours. Les Juifs dirent : Ce temple a été quarante-six ans à bâtir ; et vous, vous le relèverez en trois jours? Mais lui parlait du temple de son corps. Lors donc qu'il fut ressuscité d'entre les morts, ses disciples se ressouvinrent qu'il avait dit cela, et ils crurent à l'Ecriture et à la parole que Jésus avait dite. Jésus étant à Jérusalem pendant la Pâque, au jour de la fête, beaucoup crurent en son nom, voyant les miracles qu'il faisait. Mais Jésus ne se fiait pas à eux. parce qu'il les connaissait tous, et qu'il n'avait pas besoin que personne lui rendit témoignage d'aucun homme : car il savait lui-même tout ce qu'il y avait dans l'homme.

 

 

Nous avons vu déjà, au Mardi de la première semaine, le Seigneur chasser les vendeurs du Temple; il accomplit en effet deux fois cet acte de justice et de religion. Le récit que nous lisons aujourd'hui se rapporte à la première expulsion de ces profanes du lieu saint. L'Eglise insiste sur ce fait dans le Carême, parce qu'il nous présente la sévérité avec laquelle Jésus-Christ agira contre l'âme qui se sera laissé envahir par les passions terrestres. Que sont, en effet, nos âmes, sinon le temple de Dieu ? de Dieu qui

 

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les a créées et sanctifiées pour y habiter? Mais il veut que tout y soit digne de cette sublime destination. En ces jours où nous scrutons nos âmes, combien de profanes vendeurs ne trouvons-nous pas établis dans la demeure du Seigneur ? Hâtons-nous de les expulser ; prions même le Seigneur de les chasser lui-même avec le fouet de sa justice, dans la crainte qu'il ne nous arrive de trop ménager ces hôtes dangereux. Le jour où le pardon descendra sur nous est proche ; veillons à être dignes de le recevoir. Avons-nous remarqué dans notre Evangile ce qui est dit de ces Juifs qui, plus sincères que les autres, se mirent à croire en lui, à cause des miracles qu'ils lui voyaient faire ? Jésus cependant ne se fiait pas à eux, parce qu'il les connaissait tous. Il y a donc des hommes qui arrivent à croire, à reconnaître Jésus-Christ, sans que pour cela leur cœur soit changé ! O dureté du cœur de l'homme ! ô anxiété cruelle pour la conscience des ministres du salut ! Des pécheurs, des mondains assiègent, en ces jours, les tribunaux de la réconciliation ; ils croient, ils confessent leurs péchés : et l'Eglise n'ose se fier à leur repentir. Elle sait d'avance que, bien peu de temps après le festin pascal, ils seront redevenus ce qu'ils étaient le jour où elle leur imposa les cendres de la pénitence ; elle tremble en songeant au danger que ces âmes, partagées entre Dieu et le monde, encourent en recevant sans préparation, sans conversion véritable, le Saint des Saints ; d'un autre côté, elle se souvient qu'il est écrit de ne pas éteindre la mèche qui fume encore, de ne pas achever de rompre le roseau déjà éclaté (1). Prions pour ces âmes dont le sort

 

1. ISAI. XIII, 3.

 

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est si inquiétant, et demandons pour les pasteurs de l'Eglise quelques rayons de cette lumière par laquelle Jésus connaissait tout ce qu'il y avait dans l’homme.

 

Humiliate capita vestra Deo.

Humiliez vos têtes devant Dieu.

 

ORAISON.

 

 

Deprecationem nostram, quaesumus Domine, benignus exaudi : et quibus supplicandi praestas affectum, tribue defensionis auxilium. Per Christum Dominum nostrum. Amen

 

Exaucez, Seigneur, nos prières, dans votre bonté; et accordez le secours de votre protection à ceux auxquels vous inspirez le sentiment de s'adresser à vous par la prière. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

 

 

 

Prions pour l’entière conversion des pécheurs, en empruntant au Pontifical Romain cette belle Préface que l'Eglise employait autrefois dans la réconciliation des Pénitents publics.

 

 

PRÉFACE

 

 

Vere dignum et justum est, aequum et salutare, nos tibi semper, et ubique gratias agere. Domine sancte, Pater omnipotens, alterne Deus, per Christum Dominum nostrum : Quem, omnipotens Genitor, ineffabiliter nasci voluisti, ut debitum Adae tibi persolveret aeterno Patri, mortemque nostram sua interficeret, et vulnera nostra in suo corpore ferret, nostrasque maculas sanguine suo dilueret ; ut qui antiqui hostis corrueramus invidia, et ipsius resurgeremus clementia. Te per eum, Domine, supplices rogamus ac petimus, ut pro aliorum excessibus nos digneris exaudire, qui pro nostris non sufficimus exorare. Tu igitur, clementissime Domine, hos famulos tuos, quos a te separaverunt flagitia, ad te revoca pietate solita. Tu namque nec Achab scelestissimi humiliationem despexisti, sed vindictam debitam protelasti. Petrum quoque lacrymantem exaudisti, clavesque postmodum cœlestis regni ipsi tradidisti ; et confitenti latroni ejusdem regni praemia promisisti. Ergo, clementissime Domine, hos, pro quibus preces tibi fundimus, clemens recollige, et tuae Ecclesiae gremio redde, ut nequaquam de eis valent triumphare hostis, sed tibi reconciliet Filius, tibi coæqualis, emundetque eos ab omni facinore, et ad tuae sacratissimæ Cœnæ dapes dignetur admittere. Sicque sua carne, et sanguine reficiat, ut post hujus vitae cursum ad cœlestia regna perducat.

 

 

C'est une chose digne et juste, équitable et salutaire, de vous rendre grâces en tout temps et en tout lieu, Seigneur saint, Père tout-puissant, Dieu éternel, par Jésus-Christ notre Seigneur, dont vous avez décrété la naissance ineffable, afin qu'il acquittât la dette d'Adam envers vous, Père éternel ; qu'il détruisit notre mort par la sienne, qu'il supportât nos blessures en son corps,  qu'il  effaçât  nos taches dans son sang, nous relevant dans sa bonté de la chute où nous avait précipités la jalousie de l'ancien ennemi. C'est par lui, Seigneur, que nous vous supplions humblement d'exaucer nos prières pour les péchés des autres, nous cependant qui ne suffisons pas à vous prier pour les nôtres Daignez donc, Seigneur très clément, rappeler à vous, dans votre bonté accoutumée, ces hommes vos serviteurs, que leurs péchés ont séparés de vous. Vous n'avez pas dédaigné l'humiliation du criminel Achab ; mais vous avez suspendu la vengeance qu'il avait méritée. Vous avez exaucé les pleurs de Pierre, et vous lui avez donné ensuite les clefs du royaume céleste, de ce royaume que vous avez daigné promettre au larron qui confessait ses crimes. Recueillez, miséricordieux Seigneur, ceux pour qui nous vous adressons nos prières ; remettez-les au giron de votre Eglise ; quel ennemi ne puisse plus triompher d'eux, mais que votre Fils, qui vous est égal, les réconcilie avec vous, qu'il les purifie de tous péchés et daigne les admettre à goûter les mets de votre festin sacré. Qu'il daigne les nourrir de sa chair et de son sang, et les conduise après cette vie au royaume des cieux.

 

 

 

 

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