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EXERCICE DE LA COMMUNION.

 

 EXERCICE DE LA COMMUNION.

INSTRUCTION SUR  LA SAINTE  COMMUNION.

§ I. Qu'est-ce que le saint Sacrement?

§ II. Pourquoi est instituée l'Eucharistie?

§ III. Que faut-il faire avant la Communion?

§ IV. Que faut-il faire dans la Communion ?

§ V. Que faut-il faire après la communion ?

PRIÈRES POUR LA COMMUNION.

ACTE DE FOI EN PRÉSENCE DU SAINT SACREMENT,

ACTE D'ESPÉRANCE.

ACTE DE CHARITÉ.

PRIÈRES UN PEU AVANT LA COMMUNION.

PRIÈRES APRÈS LA COMMUNION.

AUTRES  PRIÈRES APRÈS  LA COMMUNION.

PRIÈRE DE SAINT THOMAS D'AQUIN.

PRIÈRE DE SAINT BONAYENTURE.

 

 

Il faut, autant qu’il se peut, quelques jours avant la communion, s'y préparer par la lecture de l’Instruction particulière  sur le sacrement de l'Eucharistie, dans le second Catéchisme, et surtout des leçons IV, V et VI, et par la méditation de l’instruction que nous avons  mise ici. Et pour les actes qu'on trouvera ensuite,

 

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qui doivent servir de disposition prochaine, il se les faut rendre si familiers, que le cœur seul les prononce, ou plutôt les goûte, dans le temps de la communion.

 

INSTRUCTION SUR  LA SAINTE  COMMUNION.

 

La fin de la communion est de renouveler le fidèle, et de toujours changer sa vie en mieux, jusqu'à ce qu'il parvienne à la perfection chrétienne, et enfin à la vie éternelle. Il faut donc qu'après la communion il paroisse par sa manière de vivre qu'il a reçu la grâce de Jésus-Christ, et qu'il a élé admis au plus saint de tous les mystères. Que doit-on espérer d'un homme à qui Jésus-Christ reçu, ne sert de rien? Et qu'y aura-t-il après cela qui soit capable de le toucher? Le plus grand de tous les objets, le plus grand de tous les sacrements , les plus grandes de toutes les grâces, c'est ce que contient l'Eucharistie. Si des remèdes si puissants ne changent point le malade en mieux, sa santé est désespérée. Mais afin qu'un si grand mystère opère en nos cœurs ce qu'il y doit opérer, on a besoin d'une grande préparation.

Elle doit commencer par l'instruction. Il y a cinq choses principales à apprendre sur cet adorable sacrement : 1. ce que c'est; 2. pourquoi il a été institué; 3. ce qu'il faut faire devant que de le recevoir; 4. ce qu'il faut faire en le recevant; 5. ce qu'il faut faire après l'avoir reçu.

 

§ I. Qu'est-ce que le saint Sacrement?

 

Jésus-Christ nous l'apprend par ces paroles : « Ceci est mon corps livré pour vous, » ( Luc., XXII, 19, ) ou selon saint Paul, «rompu pour vous:» ( I Cor., XI, 24.) «Ceci est mon sang du Nouveau Testament, répandu pour la rémission des péchés. » (Matth., XXVI, 28.)

C'est donc ce même corps conçu du Saint-Esprit; né de la Vierge Marie, crucifié, ressuscité, élevé aux cieux, placé à la droite du Père, avec lequel Jésus-Christ viendra juger les vivants et les morts.

C'est ce même sang infiniment précieux, qui a été répandu pour nous, et par lequel nos péchés ont été lavés.

Ce corps et ce sang, après la résurrection, sont inséparables. Ainsi avec le corps, on reçoit le sang; avec le sang, on reçoit le corps ; et avec l'un et l'autre, on reçoit l’âme et la Divinité de Jésus-Christ, qui ne peuvent en être séparées; en un mot, on reçoit Jésus-Christ entier, Dieu et homme tout ensemble.

Avec Jésus-Christ vont toutes les grâces, toutes les lumières , toutes les consolations, enfin toutes les richesses du ciel et de la terre. Tout nous est donné avec Jésus-Christ;

 

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et qui se donne soi-même, ne peut plus rien refuser.

Voilà ce qu'il faut croire d'une ferme foi. N'importe que nos sens et notre raisonnement naturel ne comprennent rien dans ces mystères : le chrétien n'a rien à écouter que Jésus-Christ. «Celui-ci est mon Fils bien-aimé dans lequel je me suis plu, écoutez-le. » (Matth., XVII, 5. ) Il est la vérité même; il fait tout ce qu'il lui plaît, par sa parole. Il est cette parole éternelle par qui tout a été tiré du néant. Exerçons ici notre foi par le mépris du rapport que nous font nos sens. Il n'y a rien ici pour eux : c'est un exercice pour la foi ; n'écoutons que Jésus-Christ, et jouissons du bien infini qu'il nous présente.

 

§ II. Pourquoi est instituée l'Eucharistie?

 

Jésus-Christ l'a expliqué par ces paroles : « Faites ceci en mémoire de moi, » (Luc, XXII, 19); et encore : «Comme mon Père vivant m'a envoyé, et que je vis pour mon Père, ainsi celui qui me mange vivra aussi pour moi. » ( Joan., V., 58.)

Souvenons-nous de cette nuit triste et bienheureuse tout ensemble, où Jésus-Christ fut livré pour être crucifié le lendemain : lui qui savait toutes choses, qui sentait approcher son heure dernière, ayant toujours aimé tendrement les siens, il les aima jusqu'à la mort; et assemblant en la personne de ses saints apôtres tous ceux pour qui il allait mourir, il leur dit, en leur laissant ce don précieux de son corps et de son sang : « Faites ceci en mémoire de moi. » Célébrez ce saint mystère jusqu'à ce que je vienne juger les vivants et les morts; et souvenez vous en le célébrant de ce que j'ai fait pour votre salut. Souvenez-vous de mon amour; souvenez-vous de mes bontés infinies; rappelez en votre mémoire tout ce que j'ai fait pour vous, et surtout n'oubliez jamais que je vais mourir pour votre salut. C'est moi-même qui donne ma vie volontairement : « personne ne me ravit mon âme, mais je la donne de moi-même, » (Joan., X, 18,) parce que vous avez besoin d'un tel sacrifice.

Méditons donc à la sainte table l'amour que le Fils de Dieu a pour nous. Cet amour lui a fait faire pour notre bien des choses incompréhensibles. Pour s'approcher de nous et s'unir à nous, il a pris une chair humaine. Cette chair qu'il a prise pour l'amour de nous, il l'a donnée pour nous avec tout son sang. Non content d'avoir donné pour nous son corps et son sang à la croix, il nous le donne encore dans l'Eucharistie ; et tout cela nous est un gage qu'il se donnera un jour à nous dans le ciel, pour nous rendre éternellement heureux.

Songeons à toutes ces choses; et

 

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nous laissant attendrir à tant de marques de l'amour de notre Sauveur, ne soyons plus qu'amour pour lui. C'est ce qu'il attend de nous; et c'est pour exciter cet amour, qu'il a institué ce saint mystère.

Il nous le dit lui même par ces paroles : « Comme mon Père vivant m'a envoyé, et que je vis pour mon Père, ainsi celui qui me mange vivra aussi pour moi. » On voit par ces paroles que l'effet véritable de la communion, c'est de nous faire vivre pour Jésus-Christ, comme il a vécu pour son Père : exemple admirable proposé aux chrétiens ! Jésus-Christ ne respirait que la gloire de son Père : il n'y a rien qu'il n'ait fait et qu'il n'ait souffert pour la procurer : sa nourriture était de faire en tout et partout la volonté de son Père. Il a subi volontairement une mort infâme et cruelle, parce que son Père le voulait ainsi. «Le prince de ce monde, dit-il, c'est-à-dire le démon, ne trouvera rien en moi qui lui donne prise, » (Joan., XIV, 30,) parce que je suis sans péché; et toutefois je m'en vais m'abandonne r à sa puissance, et souffrir, entre les mains de ceux qu'il possède, une mort infâme , « afin que le monde voie que j'aime mon Père, et que je fais ce qu'il me commande. » (Joan.,

XIV, 31.)

L'amour qu'il a pour son Père, lui fait aimer ses commandements quelque rigoureux qu'ils soient aux sens. Il ne vit que pour son Père, puisqu'il est prêt à chaque moment de donner sa vie pour lui plaire. Ainsi celui qui reçoit Jésus-Christ, doit vivre uniquement pour lui, c'est-à-dire qu'il doit être tout amour pour son Sauveur, ne respirer que sa gloire, aimer ses commandements, sacrifier tous ses désirs pour lui plaire : il faut que Jésus-Christ soit sa joie, et le possède tout entier au corps et en l’âme ; car c'est ainsi que s'accomplit cette parole : « Qui me mange, doit vivre pour moi. »

 

§ III. Que faut-il faire avant la Communion?

 

Saint Paul nous ledit par ces paroles. Après avoir rapporté comme Jésus-Christ nous donne son corps et son sang avec ordre de célébrer ce saint mystère en mémoire de sa mort, il ajoute ce qui suit : «Quiconque mangera ce pain, ou boira le calice du Seigneur indignement, sera coupable du corps et du sang du Seigneur. Que l'homme donc s'éprouve soi-même, et ne présume point manger de ce pain, ni boire de cette coupe sans cette épreuve : car celui qui mange et boit indignement, mange et boit son jugement. ne discernant point le corps du Seigneur. C'est pour cela qu'il y en a plusieurs parmi vous qui tombent malades, et que plusieurs meurent. Que si nous nous jugions

 

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nous-mêmes, nous ne serions point jugés; et quand nous sommes jugés, nous sommes repris par le Seigneur, afin de n’être point condamnés avec le monde. » ( I Cor., XI 27 et suivants.)

Ces paroles de saint Paul sont terribles, et doivent être écoutées avec tremblement de tous ceux qui approchent de la sainte table.

1. Elles nous apprennent que ceux qui communient indignement, sont coupables du corps et du sang de Jésus-Christ, c'est-à-dire qu'ils sont coupables du crime de Judas qui l'a livré, et du crime des Juifs qui l'ont mis à mort, et qui ont versé son sang innocent. Car communier indignement, c'est lui donner avec Judas un baiser de traître : c'est violer la sainteté de son corps et de son sang ; les profaner, les fouler aux pieds, les outrager d'une manière plus indigne que n'ont fait les Juifs qui ne le connaissaient pas dans leur fureur, au lieu que le chrétien sacrilège l'outrage en le connaissant pour le Roi de gloire, et l'appelant son Sauveur.

2. Ces paroles nous font voir jusqu'où va le mépris que ces chrétiens sacrilèges ont pour Jésus-Christ, en ce «qu'ils ne discernent point le corps du Seigneur, » et le mangent comme ils feraient un morceau de pain, sans songer auparavant à purifier leur conscience : ce qui est le mépris le plus outrageux qu'on puisse faire à un Dieu qui se donne à nous.

3. Saint Paul conclut de là, «que celui qui mange indignement le corps de Jésus-Christ, mange et boit son jugement. » Car comme celui qui pèche aux yeux du juge qui a en main la puissance publique pour châtier les scélérats, s'attire une prompte et inévitable punition : ainsi ce chrétien téméraire, qui communie sans avoir purifié sa conscience, mène son juge en lui-même, où il semble ne l'introduire qu'afin qu'il voie de plus près ses crimes, et qu'il soit comme forcé à en prendre une prompte et rigoureuse vengeance.

4.  Saint Paul nous enseigne que Dieu châtie souvent dès cette vie les communions indignes, en frappant ceux qui les font de maladies mortelles et de morts soudaines : ce qui doit faire appréhender que les communions sacrilèges, si fréquentes parmi les chrétiens, n'attirent, et sur les particuliers, et sur toute la Chrétienté, des châtiments effroyables.

5.  Le même saint Paul nous apprend que ces châtiments temporels qui nous sont envoyés pour nous avertir, quelque terribles qu'ils soient, ne sont rien à comparaison de ceux qui sont réservés en l'autre vie aux malheureux chrétiens que de tels avertissements n'auront pu détourner de leurs communions sacrilèges.

 

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6. Ce saint Apôtre conclut de tout cela que « l'homme doit s'éprouver soi-même, » avant que d'approcher de la communion, «et ne présumer pas de la recevoir sans avoir fait cette épreuve. »

Elle consiste en deux choses : premièrement, à examiner sa conscience et à se juger indigne de la communion, quand on se sent souillé d'un péché mortel; secondement, à éprouver ses forces durant quelque temps, pour voir si on aura le courage de surmonter ses mauvaises habitudes : car on ne doit point présumer de recevoir ce saint sacrement, qu'il n'y ait une apparence bien fondée qu'on est en état d'en profiter.

Cette épreuve se doit faire par l'avis d'un sage confesseur, qui sache nous donner si à propos ce remède salutaire, que nous nous en portions mieux, et que notre vie devienne tous les jours meilleure.

Car sans doute c'est profaner le corps et le sang de Jésus-Christ, que de le recevoir sans qu'il y paroisse à notre vie. Ce n'est point discerner le corps de Notre-Seigneur d'avec une nourriture ordinaire, que de demeurer toujours aussi grand pécheur après l'avoir reçu qu'auparavant. Il n'y a rien qui endurcisse davantage les pécheurs, ni qui les mène plus certainement à l'impénitence, que de recevoir les sacrements sans en profiter; parce que s'accoutumant à les recevoir sans effet, ils n'en sont plus touchés et ne se laissent aucun moyen de se relever. Dieu retire ses grâces de ceux qui en abusent; et plus elles sont abondantes dans l'Eucharistie, plus on se rend odieux à la justice divine, quand on les laisse écouler sans fruit.

Que le pécheur s'éprouve donc soi-même, et qu'il juge sérieusement devant Dieu avec un sage confesseur, s'il est en état de profiter de la communion : car s'il n'en profite pas, il se met dans un danger évident d'être pire qu'auparavant, selon cette parole de Jésus-Christ : « Le dernier état de cet homme est pire que le premier. » ( Matth., XII, 45.)

Mais malheur à celui qui, n'étant pas jugé digne de communier, n'est point percé de douleur, et ne regarde point cette privation comme une image terrible du dernier jugement, où Jésus-Christ séparera pour jamais de sa compagnie ceux qui auront mérité la damnation.

Ce jugement n'est pas assez redouté, parce que les hommes le regardent comme une chose éloignée; mais Jésus-Christ nous le rend présent dans l'Eucharistie. Il y sépare les agneaux d'avec les boucs; il appelle les justes, et éloigne de lui les pécheurs, et leur dénonce par là qu'ils n'auront jamais de part avec lui s'ils ne font bientôt pénitence.

 

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Il y en a qui se font un sujet d'orgueil de ne pas communier, et qui s'imaginent être plus vertueux que les autres, quand ils se retirent de la sainte table sans se disposer à en approcher au plus tôt. C'est une illusion pernicieuse : cette privation est un sujet d'humiliation profonde. Jésus-Christ est notre pain que nous devrions manger tous les jours, comme faisaient les premiers chrétiens; et nous devons nous confondre, quand nous sommes jugés indignes de le recevoir. Au lieu donc de nous reposer dans cette privation , il faut entièrement tourner notre cœur à déplorer notre malheureux état, et travailler avec ardeur à recouvrer bientôt Jésus-Christ, dont nos crimes nous ont séparés.

Quelques jours avant que de communier, il y faut préparer son cœur par des actes fréquents de foi, d'espérance et de charité, et travailler peu à peu à nous les rendre si familiers, qu'ils sortent comme naturellement de noire cœur,, sans qu'il ait besoin d'y être excité par aucun effort.

Chacun en faisant ces actes, dont il y a des formules après cette instruction, doit s'éprouver soi-même sur ces trois vertus. Le chrétien doit examiner sérieusement si, en disant les paroles par lesquelles les actes sont exprimés, il en a le sentiment en lui-même, c'est-à-dire qu'il  doit sonder son  cœur pour considérer s'il croit véritablement les saintes vérités de Dieu, s'il met toute sa confiance en ses promesses, s'il l'aime de tout son cœur et s'il désire sa gloire.

Après avoir fait cette épreuve et avoir reçu l'absolution avec un cœur vraiment repentant, on peut s'approcher de la communion, quelque indigne qu'on se sente encore de la recevoir : caries pécheurs humbles et repentants sont ceux que Jésus-Christ est venu chercher.

Il faut donc aller à lui avec confiance, comme à l'unique soutien de notre faiblesse ; et puisqu'il nous a déjà donné le repentir de nos fautes, chercher encore en lui-même la force nécessaire pour persévérer.

 

§ IV. Que faut-il faire dans la Communion ?

 

« Seigneur, je ne suis pas digne que vous entriez dans ma maison; mais dites seulement une parole, et mon âme sera guérie. » (Matth., VIII, 8.) Et encore cette parole de l'Apocalypse : « Venez, Seigneur Jésus, venez. » ( Apocal., XXII, 20.)

Dans cette sainte action, il faut mêler ensemble ces deux senti-mens, une profonde humilité par laquelle nous nous sentons indignes de recevoir Jésus-Christ, avec une ardeur extrême de s'unir à lui pour ne s'en séparer jamais.

C'est ici le mystère de l'union de

 

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l'Epoux céleste avec l'Eglise, son Epouse; c'est ici qu'il s'unit à elle corps à corps, cœur à cœur, esprit à esprit, pour ne faire avec elle qu'une même chose; où il se donne à posséder tout entier aux âmes chastes qui sont ses épouses, et où il veut aussi les posséder sans réserve.

Quel amour, quel ardent désir ne doit-on pas ressentir à l'approche d'une telle grâce ! Mais que cet amour doit être humble et respectueux! Que l'âme doit être pénétrée de sa bassesse, de son néant, de la grandeur de l'Epoux céleste qui s'unit à elle, de ses bontés infinies, de ses miséricordes innombrables !

Il faut s'éveiller dans un grand respect et avec un grand sentiment de l'action qu'on va faire; se tenir toujours recueilli au dedans; et sans s'arrêter à des paroles certaines, laisser aller son cœur à ces deux mouvements d'humilité et d'amour.

Il faut tâcher de les exciter avec une nouvelle ardeur durant la messe, où nous avons dessein de communier. Prions-y plus que jamais pour toute l'Eglise et pour la paix de la chrétienté, pour les justes, pour les pécheurs, pour les pasteurs de l'Eglise et pour les princes, afin que Dieu soit servi partout et le monde bien gouverné en toutes manières ; pour les hérétiques, pour les infidèles, pour ses amis, pour ses ennemis, pour ceux qui doivent communier ce jour-là, enfin pour les vivants et pour les morts, et offrons à Dieu notre communion pour toutes ces choses : car c'est ici le mystère de charité, où il faut, autant qu'il se peut, exercer la charité envers tous les hommes, et exciter en son cœur le désir de leur faire tout le bien possible.

Il faut recommander avec plus de soin ceux qu'on a une obligation particulière de recommander à Dieu. Ce saint mystère est établi pour nous perfectionner dans tous nos devoirs, pour nous faire exercer toutes les vertus, et pour donner de la force à toutes nos prières et à tous nos vœux.

Offrons-nous donc à Dieu par Jésus-Christ en sacrifice, et offrons-lui avec nous tous ceux avec qui nous souhaitons de régner éternellement avec lui.

Quand le prêtre communie, excitons-nous plus que jamais; abandonnons notre cœur aux sentiments qu'une humilité sincère et un amour plein de confiance nous inspire; et disons toujours, non tant par paroles que par un intime sentiment du cœur : « O Seigneur, je ne suis pas digne Venez, Seigneur Jésus, venez. »

Après la communion du prêtre, il faut approcher de l'autel. Songeons en prenant la nappe, quel honneur nous allons recevoir d'être appelés à la table du Roi des rois, où lui-même devient notre nourriture.

 

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Il faut dire son Confiteor avec un regret extrême de ses péchés. Frappons notre poitrine en disant : Meâ culpâ, plus encore par une vive componction que par l'action extérieure de la main.

Quand le prêtre dit : Misereatur, et Indulgentiam, prions Dieu avec lui qu'il nous pardonne nos péchés, et qu'il nous fasse la grâce de les corriger.

Le prêtre dit ensuite, et nous avec lui : Domine, non sum dignus. On le répète trois fois, et on ne le peut dire trop souvent, ni trop admirer la bonté d'un Dieu qui ne dédaigne pas de venir à nous. Là on adore Jésus-Christ avec un abaissement profond d'esprit et de corps : on frappe sa poitrine, mais on doit encore plus frapper son cœur en l'excitant à componction.

Après, le prêtre s'approche pour nous apporter Jésus-Christ; puis faisant le signe de la croix et nous souhaitant la vie éternelle, il nous donne ce divin corps qui contient en soi toutes les grâces.

Heureux celui qui ouvrant la bouche, ouvre encore plus son cœur pour le recevoir ! Ayant reçu Jésus-Christ, on se retire modestement les mains jointes, plein d'une joie intérieure, comme un homme qui a trouvé un trésor, et qui possède ce qu'il aime.

Il faut demeurer quelque temps tranquille, jouissant intérieurement de la présence de  Jésus-Christ, et écoutant ce qu'il nous dira au fond du cœur; car il a des paroles de consolation et de paix, dont nul ne peut comprendre la douceur que celui qui les a ouïes.

Il faut goûter intérieurement Jésus-Christ en s'aidant des sentiments qu'on trouvera ci-après, et le prier de se faire tellement goûter à nous, que nous perdions le goût de toute autre chose.

On peut faire après cela les actions de grâces qui sont ici marquées; mais il n'y en a point de meilleures que celles qui sortent naturellement d'un cœur rempli des bontés de Dieu, et touché de ses intimes miséricordes. L'âme qui sent son bonheur ne peut quitter cette pensée : elle s'épanche tout entière en actes d'amour et en cantiques de réjouissance.

Elle fait aussi des demandes; mais des demandes animées d'un amour céleste. Elle demande pour toute grâce qu'il lui soit donné d'aimer Dieu ; elle souhaite et demande le même bonheur à tous ceux qu'elle aime ; et plus elle aime quelqu'un, plus elle prie qu'il soit rempli de l'amour divin.

Après l'action de grâces, on se retire plein de Jésus-Christ et du désir de lui plaire.

 

§ V. Que faut-il faire après la communion ?

 

Jésus-Christ nous l'apprend par

 

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ces paroles : « Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en (moi, et moi en lui. » (Joan., VI, 57.)

La grâce de la communion n'est ( pas une grâce passagère : c'est une t grâce de persévérance et de force, qui doit nous unir avec Jésus-Christ d'une manière stable et permanente : « Qui me mange demeure en moi, et moi en lui. »

Il faut demeurer en lui par l'obéissance à ses préceptes, afin qu'il demeure en nous par le continuel épanchement de ses grâces.

La force de cette viande céleste doit tellement prendre le dessus en nous , qu'elle nous conforme tout à fait à elle, en sorte que Jésus-Christ paroisse dans toute notre conduite, c'est-à-dire que nous vivions selon ses préceptes et ses exemples.

Quiconque mange Jésus-Christ, doit être tellement rempli de ce divin goût, qu'il soit sans cesse attiré à la table de Notre-Seigneur, et qu'il se dise souvent à lui-même : « Mon âme goûte et ressent combien le Seigneur est doux : heureux l'homme qui espère en lui. » (Psal. XXXIII, 9.)

Le propre effet de la communion est de nous faire aimer Jésus-Christ tout entier, c'est-à-dire sa personne adorable, sa parole, son Evangile, sa doctrine céleste, ses vérités saintes, ses exemples, son obéissance et sa charité infinie. Il faut prendre dans la communion le

goût de toutes ces choses. Il faut que Jésus-Christ nous plaise, que nous l'imprimions en nous-mêmes, que nous en soyons une vive image, et que nous fassions notre plaisir du soin de lui plaire.

Ainsi nous accomplirons cette parole qu'il a prononcée : « Comme je vis pour mon Père, celui qui me mange vivra aussi pour moi, » c'est-à-dire accomplira mes volontés, comme j'ai accompli celles de mon Père.

C'est ici la consommation du mystère de Jésus-Christ, où par lui et en lui nous aimons son Père, c'est ici que le Sauveur Dieu et homme est le parfait Médiateur, et le lien éternel de l'homme avec Dieu.

Il faut donc que celui qui a communié , prenne bien garde de ne plus tomber dans les péchés qui le séparent d'avec Jésus-Christ, et l'excluent de sa communion. C'est une terrible profanation de l'Eucharistie de retomber dans le crime après l'avoir reçue, et de se laisser emporter à nos passions, après avoir goûté ce don céleste.

Que Jésus-Christ vive donc éternellement dans nos cœurs; que le péché y meure; que les mauvais désirs s'y éteignent peu à peu ; que Jésus-Christ prenne le dessus ; qu'il demeure en nous, et nous en lui, et que rien ne soit capable de nous séparer de son amour !

Ainsi soit-il.

 

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PRIÈRES POUR LA COMMUNION.

 

ACTE DE FOI EN PRÉSENCE DU SAINT SACREMENT,

 

Pour se préparer à le recevoir.

 

Je crois, mon Sauveur, que vous êtes réellement et substantiellement présent sous ces espèces qui paraissent à mes yeux. Je sais que ce n'est plus du pain et du vin : c'est votre corps adorable, c'est votre sang précieux : car vous l'avez dit, Seigneur, vous qui êtes la vérité même ;  vous l'avez dit de votre bouche sacrée et toute-puissante, et je sais que tout obéit à votre voix. Je vous adore de tout mon cœur, ô Dieu caché sous ces figures : mes sens, ni ma raison ne comprennent rien dans ce mystère ; mais il suffit que vous parliez ; mon esprit se soumet à vous tout entier. Ici la vue, le goût, le toucher me trompent; l'ouïe seule ne  me trompe pas, et me rapporte fidèlement ce que vous dites : je le crois, ô mon Sauveur; il n'y a rien de plus véritable que cette parole.

Vous ne cachiez à la croix que votre divinité ; vous nous cachez ici l'humanité même : je les crois présentes l'une et l'autre dans ce sacrement ; fait es-moi la grâce de les voir un jour?

Je ne vous demande point, comme saint Thomas, avoir et à toucher vos plaies; je reconnais sans rien voir que vous êtes Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme; je ne veux plus suivre mes sens, ni les fausses douceurs qu'ils me présentent; je croirai de chaque chose ce que vous en dites, et votre vérité sera ma règle.

Quand vous recevrai-je, ô mon Sauveur? quand vous posséderai-je en moi-même? quand jouirai-je de votre présence désirable ? Le jour approche, ô mon Dieu, je le désire et je le crains. Je le désire, car avec vous sont toutes les grâces pour ceux qui vous aiment : je le crains, car les indignes qui osent vous recevoir, mangent et boivent leur condamnation. Qui sommes-nous, ô Dieu tout-puissant, que vous daigniez habiter en nous? Le ciel et les cieux des cieux ne peuvent vous contenir, et cependant vous venez à nous. Soyez loué à jamais de votre bonté ; préparez-vous en mon cœur une demeure agréable ; purifiez ma conscience par une foi vive. Je crois, Seigneur, je crois : aidez mon incrédulité ; soutenez ma foi chancelante; faites-moi vivre selon ma croyance. Venez, Seigneur Jésus; venez, mon cœur vous attend. Venez, et comblez-moi de vos grâces.

 

ACTE D'ESPÉRANCE.

 

Mon Dieu, mon Seigneur, j'espérerai en vous, et je ne serai point

 

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confondu. Je verrai les biens du Seigneur dans la terre des vivants. Seigneur, je vous verrai un jour ; je vous posséderai dans le ciel, vous me remplirez de joie par la vue de votre face. Vous me montrerez tout le bien en vous découvrant vous-même, et j'en jouirai à jamais : voilà mon espérance, voilà ma vie. O Dieu, quel gage m'avez-vous donné pour m'assurer de votre bonté et de mon bonheur éternel ? Votre parole, votre promesse, votre vérité : mais voici encore un autre gage : votre corps et votre sang, ô Seigneur Jésus. Puis-je douter, mon Sauveur, que vous ne vous donniez à moi dans le ciel, puisque déjà je vous possède sur la terre? Mon âme, bénis le Seigneur, et que tout ce qui est en moi bénisse son saint nom. Vous êtes à moi, ô Jésus; car vous vous donnez tout entier dans ce sacrement, votre corps, votre sang, votre âme sainte, votre éternelle Divinité , toute votre Personne adorable : vous me donnez tout, tout est à moi.

Mais, Seigneur, si dans cet exil je vous possède caché, dans le ciel je vous posséderai à découvert. Venez donc, ô Seigneur Jésus ; venez. Remplissez-moi de vous-même; faites-moi goûter par avance les douceurs de ce céleste banquet, où vous serez la nourriture éternelle et des hommes et des anges. Les anges vivent de vous, et s'en nourrissent; l'homme mortel s'en nourrit aussi; mais les anges vous possèdent à découvert, et vous venez à nous sous une figure étrangère. O Jésus , menez-moi au dedans du voile ; conduisez-moi à la claire vue. Qu'ont à espérer les enfants d'Adam ? Tout passe, tout s'évanouit : nos jours ne sont qu'une ombre sur la terre, et rien ne demeure ; nos vains plaisirs nous échappent, et notre gloire s'efface en un moment. Où sont les rois anciens qui ont fait tant de bruit dans le monde ? Ils gisent dans leurs tombeaux, et leur âme peut-être est dans les tourments. O néant des espérances humaines! O mon âme, viens goûter avec Jésus-Christ une meilleure espérance. Qu'est-ce que les biens du monde? qu'est-ce qu'un royaume sur la terre? Une vaine pompe, un éclat d'un jour, une terrible obligation de conscience. O Seigneur, je régnerai un jour avec vous; mon âme sera heureuse, car elle verra votre lumière : mon corps sera plein de gloire et de vie, car votre corps que je recevrai déploiera sur moi sa vertu. Qui vous mange ne mourra point à jamais, et vous le ressusciterez au dernier jour. Vous l'avez dit : et je le crois. Un jour, quand la mort viendra, vous me serez, ô Jésus, un doux Viatique : au milieu des

, ombres de la mort, je ne craindrai point les maux, parce que vous serez avec moi ; ma chair se reposera

 

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en paix et la corruption ne nie retiendra pas : vous me montrera les voies de la vie; vous me remplirez de joie avec votre face : je serai comblé éternellement de plaisirs célestes.

Il m'est bon de m'attacher à mon Dieu et de mettre en lui mon espérance : Mihi autem adhœrere Deo bonum est : ponere in Domino Deo spem meam.

 

ACTE DE CHARITÉ.

 

Venez, Seigneur Jésus, venez; venez, ô le désiré des nations, ô la lumière du monde, ù les délices du Père éternel et l'objet de ses complaisances ! Vous voulez qu'en fréquentant vos mystères, je me souvienne de vous. Je m'en souviendrai, ô mon Dieu; je n'oublierai jamais vos bienfaits, ni l'amour immense qui vous a porté à me combler de tant de grâces.

Mon Sauveur, je me souviendrai qu'étant dans le sein de votre Père, le désir de vous approcher de nous vous u fait prendre une chair humaine.

Je me souviendrai qu'ayant pris cette chair pour l'amour de moi, vous l'avez encore immolée pour mon salut.

Et maintenant, ô mon Sauveur, non content de l'avoir prise pour moi dans l'incarnation et de l'avoir donnée pour moi à la croix, vous me la donnez encore dans ce sacrement adorable; et le don que vous me faites de vous-même, m'est un -âge certain que vous vous donnerez à moi dans la gloire, pour me rendre éternellement heureux.

O mon Dieu, je me souviendrai de toutes ces choses ; ces témoignages précieux de votre amour me seront toujours présents. Oui, Seigneur, je m'en souviendrai; et mon âme sera attendrie parle souvenir de vos bontés.

Je vous aimerai, Seigneur, qui êtes ma force, mon refuge, mon espérance, mon bien et ma vie, mon soutien et ma couronne.

Heureux ceux qui demeurent en votre maison ! Ils vous loueront aux siècles des siècles.

C'est vous qui pardonnez tous mes péchés ; c'est vous qui guérissez toutes mes langueurs; c'est vous qui nie rachetez de la mort; c'est vous qui me couronnez par vos éternelles miséricordes; c'est vous enfin qui me renouvellerez au jour delà résurrection, et qui me donnerez une jeunesse éternelle.

Mon âme, bénis le Seigneur, et n'oublie jamais ses miséricordes.

Que n'ai-je, ô mon Dieu, tout le zèle et toute l'ardeur que ressentent pour vous tous les anges et toutes lésâmes bienheureuses ! Encore n'est-ce pas assez; quand toutes les créatures vivantes et inanimées seraient changées en amour, vous ne seriez pas autant aimé que vous êtes bon et aimable.

Venez donc, ô Epoux céleste :

 

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venez consommer le sacré mystère de votre union avec votre Eglise. Soyez possédé , possédez-nous.

Vous pourrai-je offenser, mon Dieu , vous pourrai-je offenser jamais après cette communion? Plutôt la mort, ô mon Dieu, plutôt la mort !

O Jésus, aurai-je le goût si dépravé, qu'après vous avoir goûté, je puisse goûter autre chose?

Donnez-moi la grâce, ô Seigneur Jésus, que prévenu de la douceur de cette viande céleste , toutes les autres douceurs ne me trompent plus.

Venez; tirez-moi à vous. Que je vous aime, ô mon Dieu; que tous ceux qui me sont chers vous aiment ; que tout le monde vous aiment ; que je sois à vous tout entier, et que je meure plutôt que de vous déplaire !

 

PRIÈRES UN PEU AVANT LA COMMUNION.

 

Seigneur , je ne suis pas digne que vous entriez dans ma maison : mais dites seulement une parole, et mon âme sera guérie.

Venez, Seigneur Jésus ; venez .

Seigneur, je ne suis pas digne ; venez, Seigneur Jésus, venez. Je ne suis pas digne; car je ne suis qu'un pécheur et un néant; mais venez, Seigneur Jésus , venez ; car vous êtes venu chercher les pécheurs. Vous êtes le seul soutien de ma faiblesse; vous êtes le seul remède à mes maux extrêmes ; vous des le pain et la nourriture qui répare mes forces abattues; vous êtes ma vie et mon espérance ; vous êtes enfin tout mon bien, et en ce monde et en l'autre.

O Seigneur, je ne suis pas digne ! Venez, Seigneur ; venez.

Qui suis-je, Seigneur? Qui êtes-vous? Quoi ! Seigneur, vous venez à moi! Venez, Seigneur Jésus; venez.

O Seigneur, serai-je assez malheureux et assez ingrat pour vous offenser dorénavant ? Plutôt la mort, mon Dieu, plutôt la mort!

O Jésus, vous êtes à moi : vous vous donnez tout entier. O Jésus, je me donne à vous; je veux être à vous sans réserve.

 

PRIÈRES APRÈS LA COMMUNION.

 

Parlez, Seigneur Jésus : parlez, votre serviteur écoute.

J'ai trouvé celui que mon âme aimait ; je ne le quitterai jamais.

Mon âme loue le Seigneur, et mon esprit se réjouit en Dieu mon Sauveur.

Louez le Seigneur, parce qu'il est bon, parce que ses miséricordes sont éternelles.

Tirez-moi après vous, ô mon bien-aimé ; que je coure après l'odeur de vos parfums, que je ne sente plus que vos douceurs !

Qu'on vous aime, ô mon Dieu, qu'on vous aime; que je vous aime

 

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de tout mon cœur; que tous ceux qui me sont chers vous aiment, que tout le monde vous aime; puissions-nous tous vous aimer, vous louer et vous bénir maintenant et à jamais !

 

AUTRES  PRIÈRES APRÈS  LA COMMUNION.

 

Prières de l'Eglise.

 

Seigneur, que nous prenions par un esprit pur ce que nous avons pris par la bouche; et que ce présent que vous nous faites dans le temps, nous soit un remède pour l’éternité.

O Seigneur, que voire corps et votre sang dont je me suis rassasié, s'attachent à mes entrailles ; et qu'il ne demeure en moi aucune tache du péché, après que j'ai reçu un sacrement si pur et si saint.

Faites, Seigneur, qu'ayant goûté les délices de votre table, nous ayons toujours faim de cette viande céleste par laquelle nous avons la véritable vie.

Que nous sentions, ô Seigneur, par la réception de votre sacrement, le soulagement de notre esprit et de notre corps, afin qu'étant sauvés dans l'un et dans l'autre, nous jouissions de l'effet entier de ce remède céleste.

O Dieu , que la divine opération du don céleste que nous avons reçu, possède notre esprit et notre corps, afin que nous n'agissions plus dorénavant par nous-mêmes, mais que l'effet et la grâce de ce sacrement nous préviennent en tout.

Après nous avoir permis d'approcher de ces saints mystères, disposez intérieurement notre cœur à en recevoir tout l'effet.

O Dieu, accordez-nous cette grâce par la prière de la sainte Vierge et de tous vos Saints, que le sacrement que nous avons reçu nous purifie; qu'il ne nous tourne point à condamnation, mais qu'il nous soit un moyen pour obtenir la rémission de nos péchés, qu'il soit le salut des pécheurs, qu'il soit le soutien des faibles, qu'il nous soit une défense invincible contre toutes les tentations et tous les périls de cette vie, qu'il obtienne à tous les fidèles vivants et trépassés la rémission de toutes leurs fautes; par Notre-Seigneur Jésus-Christ, votre Fils unique, qui avec vous et le Saint-Esprit, vit et règne aux siècles des siècles. Ainsi soit-il.

 

PRIÈRE DE SAINT THOMAS D'AQUIN.

 

Je vous rends grâces, ô Seigneur très-saint, Père tout-puissant et Dieu éternel, de ce que vous avez daigné par voire pure miséricorde, sans que je méritasse une telle grâce, me rassasier du corps et du sang de voire Fils, moi qui ne suis qu'un pécheur et un serviteur indigne. Je vous prie, ô mon Dieu, que cette communion ne m'attire point de nouveaux supplices ; mais qu'elle me soit un moyen salutaire

 

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pour obtenir votre grâce et la rémission de mes péchés ; qu'elle me soit comme une armure par une foi vive, et qu'elle soit à ma volonté comme un bouclier qui l'environne ; qu'elle corrige mes vices, qu'elle éteigne mes mauvais désirs, qu'elle mortifie en moi la concupiscence ; qu'elle me fasse croître tous les jours en charité, en patience, en humilité, en obéissance, en toutes sortes de vertus; qu'elle me soit une défense invincible contre tous mes ennemis visibles et invisibles; qu'elle me fasse attacher uniquement à vous durant ma vie, et me donne une mort heureuse en votre paix. Je vous prie, ô mon Dieu, que vous daigniez me conduire, indigne pécheur que je suis, à ce banquet éternel, où avec votre Fils et le Saint-Esprit vous êtes à tous vos saints une lumière éternelle, une pleine satisfaction, une nourriture immortelle, une joie infinie et une félicité parfaite. Mon Dieu, je vous le demande par Notre-Seigneur Jésus-Christ. Ainsi soit-il.

 

PRIÈRE DE SAINT BONAYENTURE.

 

Pénétrez-moi, ô Seigneur Jésus, jusqu'au fond du cœur de la douce et salutaire blessure de votre amour ; remplissez-moi de cette charité vive, sincère et tranquille, qui faisait désirera votre Apôtre saint Paul d'être séparé du corps pour être avec vous. Que mon âme languisse pour vous, toujours touchée du désir de vos tabernacles éternels. Que je sois affamé de vous qui êtes le pain des anges, la nourriture des âmes saintes, le pain vivant que nous devons manger tous les jours, le pain nourrissant qui soutenez le cœur de l'homme, et qui contenez en vous toute douceur. Que mon cœur ait toujours faim de vous et qu'il vous mange sans cesse, o pain désirable! Qu'il ait soif de vous, ô fontaine de vie, vive source de sagesse et de science, torrent de volupté, qui réjouissez et arrosez la maison de Dieu ! Que je ne cesse de vous désirer, vous que les anges désirent de voir, et qu'ils voient toujours avec un nouveau goût. Que mon âme vous souhaite, qu'elle vous cherche, qu'elle vous trouve, qu'elle tende à vous, qu'elle y arrive. Soyez l'objet de mon cœur, le sujet de mes méditations et de mes entretiens. Que je fasse tout pour votre gloire avec humilité, avec considération, avec prudence et discrétion, avec amour et avec joie, avec une persévérance qui dure jusqu'à la fin ; et que vous soyez vous seul mon espérance, ma confiance, mes richesses, mes plaisirs, ma joie, mon repos, ma tranquillité , la paix de mon âme. Soyez-moi une douceur toujours attirante et une bonne odeur, un bon goût, une nourriture solide et toujours agréable. Que je vous aime, que je vous serve sans dégoût et sans relâchement. Soyez mon refuge, ma consolation, mon

 

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secours, mes forces, ma sagesse, mon partagé, mon bien, mon trésor, dans lequel mon coeur soit pour jamais: et que mon aine demeure éternellement, fixement,  immuablement enracinée en vous seul. Ainsi soit-il.

 

On peut aussi se servir utilement pour faire son action de grâces, des cantiques et des psaumes de louange qui se trouvent en ce livre, et encore des hymnes et de la prose du saint Sacrement. Les cantiques et les psaumes propres à ce sujet sont les suivants : Benedictus Dominis Deus Israël, etc. Magnificat, etc., ; Nunc dimitis etc., ; Laudate, pueri, Dominum, etc.; Laudate Dominum , omnes gentes, etc., ; Te Deum laudamus, etc.; Pange, lingua, etc., avec les deux autres hymnes, Lauda, Sion, Salvatorem, etc. Ce n’est pas à dire qu'il faille se faire une loi de réciter toutes ces prières : on en propose au fidèle de toutes sortes, afin qu'il choisisse celles pour lesquelles le Saint-Esprit lui donnera plus de goût. Car après tout, il faut toujours se ressouvenir que la meilleure action de grâces est de posséder Jésus-Christ avec un tel avec un esprit pénétré de foi et une âme pleine du désir de lui plaire à jamais, à la vie et à la mort.

 

 

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