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LE MÊME JOUR. SAINT SIXTE II, PAPE ET MARTYR, ET LES SS. FÉLICISSIME ET AGAPIT, MARTYRS.« Xistum in cimiterio animadversum sciatis octavo iduum augustarum die. Apprenez que Sixte a été décapité dans le cimetière le huit des ides d'août (1). » Ces paroles de saint Cyprien marquent le début d'une période glorieuse pour le Cycle et l'histoire. Du Pontife souverain à Cyprien lui-même en passant par le diacre Laurent, que d'holocaustes en quelques semaines la terre va présenter au Dieu très haut! On dirait l'Eglise, en cette fête delà Transfiguration du Seigneur, impatiente de joindre son témoignage d'Epouse à celui des Prophètes, des Apôtres et de Dieu. Le Bien-Aimé, proclamé tel dans les deux (2), voit pour lui la terre attester elle aussi son amour: témoignage du sang et de tous les héroïsmes, écho sublime éveillé parla voix du Père en toutes les vallées de notre humble monde, et qui se répercutera dans les siècles ! Saluons aujourd'hui le très noble Pontife descendu le premier dans l'arène que Valérien ouvre toute grande aux combattants du Christ. Entre les vaillants chefs qui, de Pierre à Melchiade, menèrent la lutte où Rome fut vaincue et sauvée, 1. Cyprian.
Epist. LXXXII. — 2. Matth. XVII,
5. 358 il n'en est pas de plus illustre au titre du martyre. Saisi dans les souterrains de la gauche de l'Appienne, sur la chaire même où il présidait malgré les édits récents l'assemblée des frères, il fut après sentence du juge ramené à la crypte sacrée. Là, spectacle nouveau! sur cette même chaire de son enseignement, au milieu des martyrs dormant dans les tombeaux voisins leur sommeil de paix, le bon et pacifique Pontife (1) reçut le coup de la mort. Des sept diacres de l'Eglise romaine six mouraient avec lui (2); Laurent restait seul, inconsolable d'avoir cette fois manqué la palme, mais confiant dans la parole qui lui donnait rendez-vous après trois jours à l'autel des cieux. Deux des diacres compagnons du Pontife étaient ensevelis au cimetière de Prétextât où avait eu lieu la sublime scène. Sixte et sa chaire empourprée, transportés de l'autre côté de l'Appienne à la crypte des Papes, y devenaient pour de longs siècles le principal objet de la vénération des pèlerins. Tandis que Damase, aux jours de la paix, illustrait de ses nobles inscriptions les sépultures des Saints, le cimetière tout entier de Calliste, dont la salle funéraire des Pontifes faisait partie, recevait l'appellation « de Cécile et de Sixte » ; glorieux noms que Rome inscrivait également dans les diptyques augustes du Sacrifice. Deux fois, à la date de ce jour, l'Action sacrée rassemblait les chrétiens pour célébrer, sur les deux côtés de la reine des voies qui conduisent à la Ville éternelle, les victimes triomphantes du vin des ides d'août (3). 1. Pontius Diac. De vita et passione S. Cypriani, XIV. — 2. Liber pontific. in Sixt. II. — 3. Sacramentaria Leon et Gregor. 359 Sixte II, originaire
d'Athènes, s'était converti de la philosophie à la foi du
Christ. Dans la persécution de Valérien, il fut accusé de prêcher Jésus-Christ
publiquement. Saisi, on le traîne au
temple de Mars, lui donnant le choix ou de subir la peine capitale ou de
sacrifier à l'idole, impiété dont il se défend avec énergie. Comme on le menait au martyre, il fait la rencontre de saint Laurent, qui lui
demande tout affligé : « Où allez-vous, père, sans votre
fils ? où courez-vous, saint pontife , sans votre
diacre ? » Sixte lui répond : « Je ne
t'abandonne pas, mon fils; de plus grands combats pour la foi du
Christ t'attendent. Tu me suivras après trois jours ; le lévite rejoindra
le prêtre. En attendant, distribue aux pauvres les trésors de l'Eglise. » Le même jour donc il fut mis à mort avec les diacres Félicissime et Agapit, les
sous-diacres Janvier, Magnus, Vincent et Etienne. On l'ensevelit au cimetière
de Calliste le huit des ides d'août ; les
autres furent déposés au cimetière de
Prétextât. Il avait siégé onze mois et douze jours. Il fit pendant
ce temps, au mois de décembre, une ordination où il créa quatre prêtres, sept
diacres, deux évêques. 36o La Préface suivante du Sacramentaire léonien pour ce jour offre comme un parfum et une impression toute récente du triomphe de l'Eglise après la persécution. PRÉFACE.Il est vraiment juste de vous
rendre grâces, ô Seigneur. Car nous reconnaissons ici les effets de votre bonté
: c'est par elle qu'au milieu des tribulations passées du monde, vous avez
voulu que nous n'omissions pas de solenniser la toujours vénérable mémoire de
Sixte votre glorieux Pontife et Martyr; c'est par elle qu'il nous est donné de
la célébrer maintenant dans la liberté reconquise. L'Oraison actuellement en usage est celle du Sacramentaire grégorien pour les saints Félicissime et Agapit, dont on a fait précéder les noms de celui de saint Sixte. ORAISON.O Dieu, à qui nous devons de
célébrer le jour natal de vos saints Martyrs Sixte, Félicissime
et Agapit ; donnez-nous de jouir de leur société dans
l'éternelle béatitude. Par Jésus-Christ. |