Des Juifs

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Déclaration Justification

 

DES JUIFS (1).

 

Les Juifs sont un peuple plein d'orgueil et préoccupé de traditions superstitieuses. Voyez comme ils corrompent ce bref passage du prophète Aggée: « Voici qu'il vient, le Désiré des nations. » Ils l'entendent d'une grande abondance d'or et d'argent, de la possession des honneurs et des richesses, et ils imaginent un paradis nouveau dont ils seront en possession. Ils appliquent les promesses spirituelles aux désirs charnels de leur ventre. L'expérience de chaque jour leur montre toutefois que leurs

 

1 Les écrits de Luther offrent mainte et mainte preuve de la haine acharnée qu'il portait aux Juifs ; dans le septième volume de ses œuvres (edition de Wittemberg, 1558), on trouve un long traité De Judœis eorumque mendaciis ; un chapitre entier, et il n'est pas court, a pour titre et pour but de démontrer, quod longe satius sit porcum quam talem habere Messiam qualem Judaei optant. Luther voudrait qu'on brûlât les synagogues, que l'on en anéantit jusqu'aux derniers débris, que l'on interdit aux Israélites l’exercice de leur culte sous peine de mort. Cîtons ses propres paroles : Utile esset, ad tollendam blasphemam doctrinam, ut omnes eorum synagoguae inflammarentur, et si qua reliqua fieret ex incendio, obrueretur arena et lutto, ne quisquam ullam tegulam aut lapidem de his videre amplius possit. Et plus loin :inflammatis eorum synagogis, reducamus has officinas blasphemiae in cinerem.....Prohibeatur eis apud nos et in nostra terra publice laudare Deum, orare, docere, cantare, sub pœna capitis.

«Vous ne devez point lire dans une autre Bible que dans ce qui est sous la queue de la truie.... Les lettres qui en tombent, qu'ils les mangent et les boivent ; voilà la Bible qui convient à pareils prophètes. »

« Quand Dieu et les anges entendent p.... un juif, quels éclats de rire et quelles gambades: »

 

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opinions sont dénuées de sens ; jamais la colère de Dieu ne s’est pas manifestée avec plus d'éclat que sur ce peuple. Il n'y a maintenant chez lui aucun signe de la grâce. Il crie cependant vers le Seigneur et lui adresse des prières très-ferventes, ainsi que le montre le recueil de leurs oraisons ; je voudrais pouvoir prier avec autant de véhémence que les Juifs. C'est une marque de la grande et horrible colère de Dieu contre eux, puisqu'il n'exauce pas leurs prières. Mais, comme il est écrit : « La sagesse crie au dehors, mais les insensés ont haï la science. Je rirai de leur perte ; ils m'invoqueront alors, et je ne les écoulerai pas. » Ah ! mon Dieu ! accable-nous de maux , envoie-nous la peste et autres fléaux, plutôt que de nous châtier en retirant ta parole d'entre nous.

 

Dieu a dit aux Juifs: «J'étendrai mes mains vers vous, venez cl écoutez » Mais ils n'ont pas voulu entendre, ainsi que s'en plaint Isaïe. Rien plus, ils ont crucifié le Fils de Dieu. L'Allemagne en use de même aujourd'hui en provoquant le courroux de Dieu , et c'est ainsi que des enfants désobéissants, après n'avoir pas voulu écouter leurs parents, sont rejetés. Ah! bon Dieu! conserve-nous dans la fidélité à ta parole. Observez tout ce que les Juifs ont souffert depuis près de quinze cents ans, et il leur arrivera bien pis dans l'enfer. Aucun peuple n'est aussi difficile à convertir que les Juifs.

 

Le 18 mai 1542, Antoine Lauterbach vint à Wittemberg, et il apprit au docteur Luther que les Juifs avaient été expulsés de la Bohême et de presque tout l'Empire romain. — Le docteur Luther dit : « Voici quinze cents ans qu'ils sont exilés et poursuivis; cependant ils refusent de faire pénitence; et ils se moquent de notre sainte religion , ne pouvant s'abstenir de blasphémer le nom de Jésus-Christ.

 

Je dirais aux Juifs : « Ou Dieu est injuste, ou vous êtes des impies; il est certain que le temps que vous avez passé en exil est

 

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plus considérable que celui durant lequel vous avez séjourné dans la terre de Chanaan. Vous n'avez pas vu subsister trois cents ans le temple de Salomon. — A Babylone , quoiqu'ils fussent sans prophètes et sans royaume, les Juifs ont été plus éminents qu'à Jérusalem, car Daniel avait une puissance supérieure à celle de Salomon ou de David. Cette captivité de Babylone ne fut qu'une correction paternelle. Il est un argument que les Juifs ne peuvent combattre et qui les renverse comme la foudre. Il faut qu'ils nous disent les causes pourquoi, depuis quinze cents ans, ils sont un peuple rejeté de Dieu , sans roi, sans prophètes , sans temple; ils ne peuvent en donner d'autres raisons que leurs péchés.

 

La destruction de Jérusalem fut une chose affreuse; la chute de toutes les autres monarchies, le sort de Sodome et celui de Pharaon, la captivité de Babylone, ne sont rien en comparaison. Cette ville avait été le séjour dont Dieu avait fait choix , là avait été le temple, là avaient fleuri David, Salomon, Isaïe, etc.; d'innombrables prophètes y avaient été ensevelis; les Juifs pouvaient bien se glorifier de leurs privilèges. Qu'est-ce que nous sommes et qu'est-ce qu'est Rome auprès de Jérusalem? Mais les Juifs sont si endurcis qu'ils ne veulent rien écouler; quoique vaincus par l'évidence , ils ne cèdent pas. C'est un peuple bien pernicieux ; il pressure par ses usures et ses rapines ; s'ils donnent à un prince ou à un magistrat mille florins, aux sujets ils en extorquent vingt mille ; il faut donc se garder d'eux. Ils pensent rendre hommage à Dieu en nuisant aux chrétiens, et comme ils ont des médecins parmi eux, nous autres insensés, quand nous croyons notre vie en péril, nous mettons notre confiance en nos ennemis, et c'est ainsi que nous tentons Dieu. — Le docteur Luther cita ensuite des traits de malice et de perfidie de divers médecins juifs, et il lut dans un livre à l'usage des Juifs des prières pleines d'orgueil qu'ils adressent à Dieu ; ils le louent et l'invoquent comme étant le seul peuple qu'il aime, et ils maudissent tontes les autres nations.

 

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Il est probable qu'il a habité des Juifs en Saxe, ainsi que le montrent les noms de beaucoup d'endroits, Ziman, Damen, Resen, Sygretz, Schvitz, Pratha, Thabton. C'est une grande marque du courroux de Dieu que de voir les Juifs ainsi changer de résidence, passer d'un lieu à l'autre , vivant toujours dans la misère. Si j'étais Juif, je souffrirais la mort avant que le pape m'amenât à partager sa doctrine. Les abominations et les profanations du papisme ont donné aux Juifs les plus grands scandales. Le Juif Michaël ayant été mis à une amende de 70,000 florins, dit qu'une mouche l'avait piqué. Francfort est plein de Juifs, et à Crémone il n'y a que vingt-huit habitants qui soient chrétiens. A Francfort, ils sont tenus de porter un signe distinctif sur leurs habits, ils ne peuvent posséder ni maisons ni terres.

 

Il ne peut y avoir de doute que beaucoup de juifs m; se soient autrefois réfugiés en Italie et en Allemagne , et qu'ils n'y aient séjourné; le plus éloquent des païens, Cicéron, se plaint do la superstition des Juifs et de leur multitude en Italie; nous voyons leurs traces dans toute l'Allemagne. On dit que les Juifs ont réside à Ratisbonne bien avant la naissance de Jésus-Christ. C'a été un peuple fort puissant.

 

Le docteur Luther dit qu'à Cologne, à la porte d'une église, il y avait la statue d'un doyen qui tenait d'une main un chat et de l'autre une souris. Ce doyen a été un juif; il s'est fait baptiser et il a embrassé le christianisme, et après sa mort il a fait ainsi sculpter sa statue, voulant montrer qu'un juif et un chrétien ne peuvent pas plus s'accorder qu'un chat et une souris. Il est vrai que les Juifs ne nous voient pas de bon œil, ils nous détestent comme la mort; ils souffrent rien qu'à nous avoir devant les yeux. Les Juifs n'ont d'autre ressource que l'usure, qui les soutient encore ; mais si j'étais maître du pays, je leur interdirais leurs pratiques usuraires.

 

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On parla des Juifs, et la docteur Luther dit: « Il est aussi des sorciers parmi eux, et ils sont enchantés de nuire à un chrétien ou de le tourmenter, car ils le regardent comme un chien. Le duc Albert de Saxe fit un jour une action qu'on ne peut blâmer. Un Juif offrit de lui vendre un talisman chargé de caractères singuliers et qui mettait, disait-il, celui qui en était porteur à l'abri des blessures faites par le fer ou l'acier. Le duc lui répondit : « Je veux d'abord, Juif, en faire l'expérience sur toi. » Il le mena devant la porte du palais, lui passa le talisman au cou , et tirant ensuite son épée, il le perça de part en part. «Il m'en serait arrivé tout autant, dit-il, si j'avais ajouté foi à ce que tu me disais (1).»

 

D'après la loi de Moïse, le frère devait avoir soin de la famille de son frère décédé; je pense que Dieu voulut, par cette mesure, venir à l'assistance du sexe féminin, car la plus grande

 

1 Luther loue en une autre occasion, au sujet d'un trait de même espèce, le zèle de Franz de Sickingen. Voici le fait tel que l'a fidèlement raconté M. Audin.

Un jour, Franz allait de Francfort à Mayence sur le Mein ; un Juif entre dans le bateau, Franz se met à disputer, et comme il ne peut convaincre son antagoniste, il le prend par le milieu du corps et le jette dans la rivière, car le chevalier Franz était doué d'une force peu commune. Alors le colloque suivant s'établit entre le Juif et le chevalier qui lient sa victime suspendue sur l'eau par les cheveux. « Confesse Jésus-Christ, ou tu vas boire un coup. — Je le confesse pour mon Sauveur, mon cher maître: ne me faites pas de mal.— Dis que tu veux être baptisé.— Oui, au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. » Alors Franz prend de l'eau qu'il fait tomber sur la tête du Juif, en prononçant les paroles sacramentelles .—Je le baptise au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit.... Le pauvre Israélite se soulevait de toutes ses forces et se cramponnait au bateau, croyant l'heure de sa délivrance venue; mais le chevalier, le frappant de son gantelet de fer: « Va au ciel, dit-il ; autant de gagné pour le paradis; si je le lirais de l'eau , le malheureux aurait le temps de renier le Christ et irait au diable. »

Franz de Sickingen se fit un nom par les horribles traitements qu'il infligeait aux moines qui tombaient entre ses mains; la plume se refuse à décrire les fureurs de ce barbare. Bien qu'il ne sût pas lire, ce fut à lui que Luther dédia son Traité de la confession.

 

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partielles hommes périssaient à la guerre, et les femmes survivaient , et Dieu a entendu qu'elles ne fussent pas abandonnées. Si quelqu'un ne voulait pas habiter et coucher avec la veuve de son frète, il devait la nourrir. C'est à une mesure de ce genre que j'attribue le grand nombre de femmes qu'a eues Salomon.

 

Les Juifs racontent des fables d'un roi de Basan, nommé Og, qui s'était saisi d'un gros rocher pour le jeter sur ses ennemis; mais tandis qu'il le portait sur son cou , Dieu fit qu'il se troua et qu'il tomba sur ses épaules, entourant son cou comme d'un collier, et il ne put jamais s'en débarrasser. C'est une fable, mais peut-être a-t-elle un sens moral, comme les fables d'Esope (1), car les Juifs ont eu des sages fort distingués.

 

Les Juifs ne peuvent supporter la doctrine que le Christ soit roi. Dieu et homme. Les Ariens sont les plus subtils de tous les hérétiques; mais c'est par le Saint-Esprit, et non par notre raison, que les articles de la foi doivent être jugés. La raison est tuée par ces articles, elle doit se rendre prisonnière et dire : Ces choses me paraissent entièrement incroyables, mais puisque Dieu le dit, je le croirai, car il est véridique et il ne trompe

Salomon n'a jamais bâti un temple aussi beau que celui qu'a maintenant la ville de Torgau. Le temple que les païens élevèrent à Ephèse à la déesse Diane était peut-être construit dans le but d'imiter et de surpasser le temple des Juifs.

 

Si j'étais a la place des seigneurs de N., je rassemblerais tous

 

1 Luther donna en 1530 une traduction d'un choix des Fables d'Esope. Il dit dans son avant-propos, qu'il n'y a peut-être jamais existé d'homme de ce nom et qu'il est vraisemblable que ces fables ont été recueillies de la bouche du peuple.

 

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les Juifs et je leur demanderais pourquoi ils appellent Jésus Christ un fils de p —n, sa mère une p— n et la Vierge une coureuse. S'ils pouvaient me prouver et démontrer qu'ils ont raison, le leur donnerais mille florins; sinon, je leur arracherais la langue. En somme , on ne doit point souffrir les Juifs parmi nous, on ne doit ni manger ni boire avec eux. — Quelqu'un dit alors: « N'est-il pas écrit que les Juifs se convertiront avant le jugement dernier? » Le docteur répondit : « Où est-ce écrit? Je ne connais aucun texte précis à cet égard. On cite un passage de l'épitre aux Romains, mais il n'établit pas clairement cette assertion. » — La femme du docteur cita alors le passage de saint Jean ( ch. X, v. 16) : « D'autres brebis entendront ma voix , et il y aura un seul troupeau et un seul pasteur. » — « Oui, chère Catherine, répliqua Luther, mais cela s'est déjà accompli lorsque les païens sont venus à l'Évangile. »

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