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DÉCLARATION CONJOINTE
SUR LA DOCTRINE DE LA JUSTIFICATION
de la Fédération
Luthérienne Mondiale
et de l’Eglise catholique
La Déclaration sur la Doctrine de la Justification est le
résultat de plus de trente ans de dialogue luthérien-catholique. Cette
déclaration exprime avec concision les aspects essentiels de cette vision
commune de la Doctrine de la Justification qui a été développée précédemment par
les dialogues luthérien-catholique internationaux et nationaux.
La Doctrine de la Justification fut l’un des principaux sujets
de discussion entre Martin Luther et les autorités de l’Église au XVIe siècle.
Selon le Cardinal Edward Idris Cassidy, le consensus atteint sur cette doctrine
et exprimé dans la Déclaration Commune «résoud virtuellement, en cette fin du
XXe siècle et à la veille du nouveau millénaire, une question longtemps
discutée».
Nous publions ci-dessous la Déclaration commune sur la Doctrine
de la Justification ainsi que les réponses officielles sur cette Déclaration de
la part de la Fédération luthérienne mondiale [FLM] (16 juin 1998) et de
l’Église Catholique. La réponse Catholique est accompagnée de sa présentation
faite par le Cardinal Cassidy le jour de sa publication (25 juin 1998). Suivent
également les premières réactions à cette Réponse de la part du Dr Ishmael Noko,
Secrétaire général de la FLM, et la lettre du 30 juillet 1998 du Cardinal
Cassidy au Dr Noko par laquelle le Cardinal a officiellement transmis la Réponse
catholique à la FLM profitant de cette occasion pour expliquer et éclaircir
certains aspects de la Réponse. Enfin nous publions le commentaire que le Pape
Jean-Paul II a exprimé, le 28 juin 1998, à ce sujet.
Préambule
1. La doctrine de la justification était centrale pour la
Réforme luthérienne du XVIe siècle. Elle était considérée comme « le
premier article, l’article capital »[1]à
la fois « guide et juge pour tous les autres domaines de la doctrine
chrétienne ».[2]On
y défendait et affirmait surtout l’acception réformatrice et la valeur
particulière de la doctrine de la justification face à la théologie et à
l’Eglise catholique romaine de l’époque qui, de leur côté, affirmaient et
défendaient une doctrine de la justification aux accents différents. Du côté de
la Réforme, on considérait cette question comme étant le point de
cristallisation de toutes les polémiques. Les confessions de foi luthériennes[3]
et le Concile de Trente de l’Eglise catholique romaine ont prononcé des
condamnations doctrinales qui restent en vigueur aujourd’hui et dont les
conséquences sont causes de séparation entre les Eglises.
2. Pour la tradition luthérienne, la doctrine de la
justification a gardé cette fonction particulière. C’est pour cela qu’une place
importante lui revint dès le début du dialogue officiel luthérien-catholique.
3. On se référera avant tout aux rapports L’Evangile et
l’Eglise (1972)[4]
et Eglise et Justification (1994)[5]de
la Commission internationale catholique-luthérienne, au rapport La
justification par la foi (1983)[6]du
dialogue luthérien-catholique aux Etats-Unis, et à l’étude Les anathèmes du
XVIe siècle sont-ils encore actuels?(1986)[7]
du Groupe de Travail œcuménique de théologiens protestants et catholiques en
Allemagne. Certains de ces rapports de dialogue ont connu une réception
officielle. Un exemple important est la réception des conclusions de l’étude sur
les anathèmes du XVIe siècle. L’Eglise évangélique luthérienne unie
allemande a, avec d’autres Eglises protestantes allemandes, rédigé une prise de
position à laquelle a été conférée la plus grande reconnaissance ecclésiale
possible (1994).[8]
4. Dans leurs discussions de la doctrine de la justification,
tous les rapports de dialogue ainsi que les prises de position qui s’y réfèrent
montrent un haut degré d’accord dans leurs approches et leurs conclusions. Le
temps est mûr pour un bilan et une récapitulation des résultats des dialogues à
propos de la justification, de telle manière que nos Eglises soient informées
avec la précision et la concision qui conviennent des conclusions de ce dialogue
et qu’elles soient en mesure de prendre position de manière autorisée.
5. Telle est l’intention de la présente Déclaration commune.
Elle veut montrer que désormais, sur la base de ce dialogue, les Eglises
luthériennes signataires et l’Eglise catholique romaine[9]sont
en mesure d’énoncer une compréhension commune de notre justification par la
grâce de Dieu au moyen de la foi en Christ. Cette déclaration ne contient pas
tout ce qui est enseigné dans chacune des Eglises à propos de la justification;
elle exprime cependant un consensus sur des vérités fondamentales de la doctrine
de la justification et montre que des développements qui demeurent différents ne
sont plus susceptibles de provoquer des condamnations doctrinales.
6. Notre déclaration n’est pas une présentation nouvelle et
autonome qui s’ajouterait aux rapports des dialogues et aux documents précédents
; elle ne veut en rien les remplacer. Elle se réfère, comme le montre l’annexe
sur ses sources, à ces textes et à leurs argumentations.
7. Tout comme les dialogues, cette déclaration commune est
portée par la conviction que le dépassement des condamnations et des questions
jusqu’alors controversées ne signifie pas que les séparations et les
condamnations soient prises à la légère ou que le passé de chacune de nos
traditions ecclésiales soit désavoué. Elle est cependant portée par la
conviction que de nouvelles appréciations adviennent dans l’histoire de nos
Eglises et y génèrent des évolutions qui non seulement permettent mais exigent
que les questions séparatrices et les condamnations soient vérifiées et
réexaminées sous un angle nouveau.
1 . Le message biblique de la justification
8. Notre manière commune de nous mettre à l’écoute de la
Parole de Dieu dans l’Ecriture Sainte a conduit à ces appréciations nouvelles.
Nous écoutons ensemble l’Evangile qui nous dit que « Dieu a tant aimé le monde
qu’il a donné son Fils, son unique, pour que tout homme qui croit en lui ne
périsse pas mais ait la vie éternelle » (Jn 3, 16). Cette bonne nouvelle
est présentée dans l’Ecriture Sainte de diverses manières. Dans l’Ancien
Testament nous entendons la parole de Dieu qui nous parle du péché humain (Ps
51, 1-5; Dn 9, 5s. ; Qo 8, 9s. ; Esd 9, 6s.), de la
désobéissance humaine (Gn 3, 1-19 ; Ne 9, 16s.26), de la justice (Es
46, 13 ; 51, 5-8 ; 56, 1 ; [cf. 53, 11] ; Jr 9, 24) et du jugement de
Dieu (Qo 12, 14 ; Ps 9, 5s. ; 76, 7-9).
9. Dans le Nouveau Testament, Matthieu (5, 10 ; 6, 33 ; 21,
32), Jean (16, 8-11), l’épître aux Hébreux (5, 13 ; 10, 37s.) et l’épître de
Jacques (2, 14-26) n’abordent pas de la même manière les thèmes « justice » et
« justification ».[10]
Même les différentes épîtres pauliniennes évoquent le don du salut de diverses
manières : comme « libération en vue de la liberté » (Ga 5, 1-13 ; cf.
Rm 6, 7), comme « réconciliation avec Dieu » (2 Co 5, 18-21 ; cf.
Rm 5, 11), comme « paix avec Dieu » (Rm 5, 1), comme « nouvelle
création » (2 Co 5, 17), comme « vie pour Dieu en Christ Jésus » (Rm
6, 11.23), ou comme « sanctification en Christ Jésus » (cf. 1 Co 1, 2 ;
1, 30 ; 2 Co 1, 1).Parmi ces descriptions, une place particulière revient
à celle de la « justification » du pécheur par la grâce de Dieu par le moyen de
la foi (Rm 3, 23-25) qui a été plus particulièrement mise en avant à
l’époque de la Réforme.
10. Paul décrit l’Evangile comme puissance de Dieu en vue du
salut de la personne humaine tombée sous le pouvoir du péché : comme message qui
proclame « que la justice de Dieu est révélée par la foi et pour la foi » (Rm
1, 16s.) et qui donne la « justification » (Rm 3, 21-31). Il proclame
Christ comme étant « notre justice » (1 Co 1, 30) en appliquant au
Seigneur ressuscité ce que Jérémie avait annoncé à propos de Dieu lui-même (Jr
23, 6).Toutes les dimensions de son œuvre salvatrice ont leur racine dans la
mort et la résurrection du Christ, car il est « notre Seigneur livré pour nos
fautes et ressuscité pour notre justification » (Rm 4, 25). Tous les
êtres humains ont besoin de la justice de Dieu car « tous ont péché et sont
privés de la gloire de Dieu » (Rm 3, 23 ; cf. Rm 1, 18-3, 20 ; 11,
32; Ga 3, 22). Dans l’épître aux Galates (3, 6) et dans celle aux Romains
(4, 3-9), Paul comprend la foi d’Abraham (Gn 15, 6) comme foi en ce Dieu
qui justifie le pécheur (Rm 4, 5). Il fait appel au témoignage de
l’Ancien Testament pour souligner son Evangile proclamant que la justice est
conférée à tous ceux qui, comme Abraham, placent leur confiance en la promesse
de Dieu.« Le juste vivra par la foi » (Ha 2, 4 ; cf. Ga 3, 11 ;
Rm 1, 17). Dans les épîtres pauliniennes la justice de Dieu est également
puissance de Dieu pour chaque croyant (Rm 1, 16s.). En Christ il la
laisse être notre justice (2 Co 5, 21). La justification nous est
conférée par Christ Jésus « que Dieu a destiné à servir d’expiation par son sang
par le moyen de la foi » (Rm 3, 25 ; cf. 3, 21-28). « C’est par la grâce
en effet, que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi ; vous n’y êtes pour rien
; c’est le don de Dieu » (Ep 2, 8s.).
11. La justification est pardon des péchés (Rm 3, 23-25
; Ac 13, 39 ; Lc 18, 14), libération du pouvoir de domination du
péché et de la mort (Rm 5, 12-21) et de la malédiction de la loi (Ga
3, 10-14). Elle est accueil dans la communion avec Dieu, déjà maintenant, puis
en plénitude dans le règne à venir (Rm 5, 1s.).Elle unit au Christ, à sa
mort et à sa résurrection (Rm 6, 5). Elle advient par le don du
Saint-Esprit dans le baptême en tant qu’incorporation dans l’unique corps (Rm
8, 1s. 9s. ; 1 Co 12, 12s.). Tout cela vient de Dieu seul, à cause du
Christ, par la grâce par le moyen de la foi en « l’Évangile du Fils de Dieu » (Rm
1, 1-3).
12. Les justifiés vivent de la foi qui naît de la parole du
Christ (Rm 10, 17) et qui agit dans l’amour (Ga 5, 6), lui-même
fruit de l’Esprit (Ga 5, 22s.). Mais vu que des puissances et des
convoitises extérieures et intérieures continuent à tenter les croyants (Rm
8, 35-39 ; Ga 5, 16-21) et que ceux-ci tombent dans le péché (1 Jn
1, 8.10), il faut qu’ils se mettent toujours plus à l’écoute des promesses de
Dieu, reconnaissent leurs péchés (1 Jn 1, 9), participent au corps et au
sang du Christ et soient exhortés à vivre avec droiture conformément à la
volonté de Dieu. C’est la raison pour laquelle l’Apôtre dit aux justifiés :
« Avec crainte et tremblement mettez en œuvre votre salut, car c’est Dieu qui
fait en vous et le vouloir et le faire selon son dessein bienveillant » (Ph
2, 12s.). Mais la bonne nouvelle demeure : « Il n’y a donc maintenant plus
aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus Christ » (Rm 8, 1) et en
qui le Christ vit (Ga 2, 20). Par l’œuvre de justice du Christ, il y aura
« pour tous les hommes la justification qui donne la vie » (Rm 5, 18).
2. La doctrine de la justification comme problème
œcuménique
13. Les interprétations et applications contradictoires du
message biblique de la justification ont été au XVIe siècle une
raison principale de la division de l’Eglise occidentale ; les condamnations
doctrinales en témoignent. De ce fait, une compréhension commune de la
justification est fondamentale et indispensable pour surmonter la division des
Eglises. La réception des données des sciences bibliques, de l’histoire de la
théologie et de l’histoire des dogmes a permis de parvenir, dans le dialogue
œcuménique depuis le deuxième Concile du Vatican, à un rapprochement
significatif à propos de la doctrine de la justification. Ce rapprochement
permet de formuler dans cette déclaration commune un consensus sur des vérités
fondamentales de la doctrine de la justification à la lumière duquel les
condamnations doctrinales correspondantes du XVIe siècle ne
concernent plus aujourd’hui le partenaire.
3. La compréhension commune de la justification
14. L’écoute commune de la Bonne Nouvelle proclamée dans
l’Ecriture Sainte ainsi que les dialogues théologiques de ces dernières années
entre les Eglises luthériennes et l’Eglise catholique romaine ont conduit à une
approche commune de la conception de la justification. Tout cela comporte un
consensus dans des vérités fondamentales ; les divers éclaircissements
concernant des arguments particuliers sont compatibles avec ce consensus.
15. Notre foi commune proclame que la justification est
l’œuvre du Dieu trinitaire. Le Père a envoyé son Fils dans le monde en vue du
salut du pécheur. L’incarnation, la mort et la résurrection de Christ sont le
fondement et le préalable de la justification. De ce fait, la justification
signifie que le Christ lui-même est notre justice, car nous participons à cette
justice par l’Esprit Saint et selon la volonté du Père. Nous confessons
ensemble : c’est seulement par la grâce au moyen de la foi en l’action
salvifique du Christ, et non sur la base de notre mérite, que nous sommes
acceptés par Dieu et que nous recevons l’Esprit Saint qui renouvelle nos cœurs,
nous habilite et nous appelle à accomplir des œuvres bonnes.[11]
16. Tous les êtres humains sont appelés par Dieu au salut en
Christ. Nous sommes justifiés en lui seul lorsque nous recevons ce salut dans la
foi. La foi elle-même est don de Dieu par le Saint-Esprit qui agit dans la
communauté des croyants par la parole et les sacrements et conduit les croyants
vers ce renouvellement de la vie que Dieu parachève dans la vie éternelle.
17. Ensemble nous sommes convaincus que le message de la
justification nous renvoie d’une manière particulière au centre du témoignage
néo-testamentaire de l’agir salvateur de Dieu en Christ : il nous dit que,
pécheurs, nous ne devons notre vie nouvelle qu’à la miséricorde de Dieu qui nous
pardonne et fait toute chose nouvelle, une miséricorde qui nous est offerte et
est reçue dans la foi et que nous ne pouvons jamais mériter sous quelque forme
que ce soit.
18. Pour ces raisons, la doctrine de la justification, qui
reprend et développe ce message, n’est pas seulement une partie de
l’enseignement chrétien. Elle se situe dans un lien essentiel à toutes les
vérités de la foi qui doivent être considérées dans leur interdépendance
interne. Elle est un critère indispensable qui renvoit sans cesse au Christ
l’ensemble de la doctrine et de la pratique des Eglises. Lorsque les luthériens
insistent sur la signification particulière de ce critère, ils ne nient pas
l’interrelation et le sens de toutes les vérités de la foi. Lorsque les
catholiques se savent redevables de plusieurs critères, ils ne nient pas la
fonction spécifique du message de la justification. Ensemble, luthériens et
catholiques ont pour but de confesser partout le Christ, de placer en lui seul
leur confiance car il est le seul médiateur (1 Tm 2, 5s.) par lequel Dieu
se donne lui-même dans l’Esprit Saint et offre ses dons renouvelants [cf. les
sources pour chap. 3].
4. Le développement de la compréhension commune de la
justification
4.1 L’incapacité et le péché de la personne humaine
face à la justification
19. Nous confessons ensemble que la personne humaine est pour
son salut entièrement dépendante de la grâce salvatrice de Dieu. La liberté qui
est la sienne face aux personnes et aux choses de ce monde n’est pas une liberté
vis-à-vis de son salut. Ceci signifie : en tant que pécheur il est placé sous le
jugement de Dieu et incapable de se tourner de lui-même vers Dieu en vue de son
salut, voire de mériter sa justification devant Dieu ou d’atteindre son salut
par ses propres forces. La justification est opérée par la grâce seule. Parce
que les catholiques et les luthériens confessent cela ensemble, on peut dire
que :
20. Lorsque les catholiques affirment que, lors de la
préparation en vue de la justification et de son acceptation, la personne
humaine « coopère » par son approbation à l’agir justifiant de Dieu, ils
considèrent une telle approbation personnelle comme étant une action de la grâce
et non pas le résultat d’une action dont la personne humaine serait capable.
21. Dans la compréhension luthérienne, la personne humaine est
incapable de coopérer à son salut car elle s’oppose en tant que pécheur d’une
manière active à Dieu et à son agir salvateur. Les luthériens ne nient pas que
la personne humaine puisse refuser l’action de la grâce. Lorsqu’ils affirment
qu’elle ne peut que recevoir la justification (mere passive), ils nient
par là toute possibilité d’une contribution propre de la personne humaine à sa
justification mais non sa pleine participation personnelle dans la foi,
elle-même opérée par la parole de Dieu [cf. les sources pour le chap. 4.1.].
4.2 La justification pardonne les péchés et rend
juste
22. Nous confessons ensemble que, par la grâce, Dieu pardonne
son péché à la personne humaine et que simultanément, en sa vie, il la libère du
pouvoir asservissant du péché en lui offrant la vie nouvelle en Christ. Lorsque
la personne humaine a part au Christ dans la foi, Dieu ne lui impute pas son
péché et opère en elle, par l’Esprit Saint, un amour agissant. Ces deux aspects
de l’agir salvateur de Dieu ne doivent pas être séparés. Le pardon des péchés et
la présence sanctifiante de Dieu sont intrinsèquement liés par le fait que la
personne humaine est, dans la foi, unie au Christ qui, dans sa personne, est
notre justice (1 Co 1, 30).Parce que les catholiques et les luthériens
confessent cela ensemble, on peut dire que :
23. Lorsque les luthériens insistent sur le fait que la
justice du Christ est notre justice, ils veulent avant tout affirmer que par la
déclaration du pardon le pécheur reçoit la justice devant Dieu en Christ et que
sa vie n’est renouvelée qu’en union au Christ. Lorsqu’ils disent que la grâce de
Dieu est amour pardonnant [« faveur de Dieu »[12]],
ils ne nient pas le renouvellement de la vie des chrétiens mais veulent affirmer
que la justification demeure libre de toute coopération humaine et ne dépend pas
non plus des conséquences régénératrices de la grâce en la personne humaine.
24. Lorsque les catholiques affirment que le renouvellement de
l’être intérieur est offert au croyant par la réception de la grâce,[13]
ils veulent insister sur le fait que la grâce pardonnante de Dieu est toujours
liée au don d’une vie nouvelle qui par l’Esprit Saint s’exprime dans un amour
agissant ; ce disant, ils ne nient pas que le don divin de la grâce demeure,
dans la justification, indépendant de la coopération humaine [cf. sources pour
le chapitre 4.2.].
4.3 Justification par la grâce au moyen de la foi
25. Nous confessons ensemble que le pécheur est justifié au
moyen de la foi en l’œuvre salvatrice de Dieu en Christ ; ce salut lui est
offert par l’Esprit Saint dans le baptême en tant que fondement de toute sa vie
chrétienne. Dans la foi justifiante, la personne humaine place sa confiance en
la promesse miséricordieuse de Dieu, une foi qui embrasse l’espérance placée en
Dieu et l’amour. Cette foi est active dans l’amour ; c’est pour cela que le
chrétien ne peut et ne doit pas demeurer sans œuvres. Mais tout ce qui dans la
personne humaine précède et suit le don libre de la foi, n’est pas la cause de
la justification et ne la mérite pas.
26. Selon la compréhension luthérienne, Dieu justifie le
pécheur par la foi seule (sola fide). Dans la foi, la personne humaine
place toute sa confiance en son créateur et sauveur et est ainsi en communion
avec lui. Dieu lui-même provoque cette foi en créant pareille confiance par sa
parole créatrice. Parce qu’il est nouvelle création, cet acte divin concerne
toutes les dimensions de la personne et conduit à une vie dans l’espérance et
dans l’amour. Ainsi l’enseignement de « la justification par la foi seule »
distingue mais ne sépare pas la justification et le renouvellement de la vie qui
est une conséquence nécessaire de la justification et sans lequel il ne saurait
y avoir de foi. En outre, cela montre quel est le fondement de ce
renouvellement. Celui-ci naît de l’amour de Dieu offert à la personne humaine
dans la justification. Justification et renouvellement de la vie sont intimement
unis dans le Christ qui est présent dans la foi.
27. La compréhension catholique insiste, elle aussi, sur le
caractère fondamental de la foi pour la justification ; sans elle il ne saurait
y avoir de justification. Auditrice de la parole et croyante, la personne
humaine est justifiée par son baptême. La justification du pécheur est pardon
des péchés et réalisation de la justice par la grâce justifiante qui fait de
nous des enfants de Dieu. Dans la justification, les justifiés reçoivent du
Christ la foi, l’espérance et l’amour et sont ainsi reçus dans la communion avec
lui.[14]
Cette nouvelle relation personnelle à Dieu est exclusivement fondée dans la
miséricorde de Dieu et demeure toujours dépendante de l’œuvre créatrice et
salvatrice du Dieu miséricordieux qui est fidèle à lui-même et en qui la
personne humaine peut, pour cette raison, placer sa confiance. Il en résulte que
la grâce justifiante ne devient jamais une possession de la personne dont cette
dernière pourrait se réclamer face à Dieu. Si la compréhension catholique
insiste sur le renouvellement de la vie par la grâce justifiante, ce
renouvellement dans la foi, l’espérance et l’amour est toujours dépendant de la
gratuité de la grâce de Dieu et exclut toute contribution de l’homme à la
justification dont il pourrait s’enorgueillir devant Dieu (Rm 3, 27) [cf.
sources pour le chapitre 4.3.].
4.4 L’être pécheur du justifié
28. Nous confessons ensemble que, dans le baptême, le
Saint-Esprit unit la personne humaine au Christ, la justifie et la renouvelle
effectivement. Malgré cela, le justifié demeure sa vie durant et constamment
dépendant de la grâce de Dieu qui le justifie sans conditions. Il n’est pas
soustrait au pouvoir toujours encore affluant du péché et à son emprise (cf.
Rm 6, 12-14), il n’est pas dispensé de combattre perpétuellement la
convoitise égoïste du vieil homme qui le met en opposition à Dieu (cf. Ga
5, 16 ; Rm 7, 7.10). Même le justifié doit quotidiennement implorer le
pardon de Dieu comme dans le Notre-Père (Mt 6, 12 ; 1 Jn 1, 9). Il
est constamment appelé à la conversion et à la repentance, et le pardon lui est
toujours à nouveau accordé.
29. Les luthériens veulent exprimer cela lorsqu’ils disent que
le chrétien est « à la fois juste et pécheur » : Il est entièrement juste car
Dieu lui pardonne son péché par la parole et le sacrement, et lui accorde la
justice du Christ qui dans la foi devient la sienne et fait de lui, en Christ et
devant Dieu, une personne juste. Face à lui-même cependant, il reconnaît par la
loi qu’il demeure aussi totalement pécheur, que le péché habite encore en lui (1
Jn 1, 8; Rm 7, 17.20) car il ne cesse de placer sa confiance dans de
faux dieux et n’aime pas Dieu avec cet amour sans partage que Dieu, son
créateur, exige de lui (Dt 6, 5 ; Mt 22, 36-40 par.). Cette
opposition à Dieu est en tant que telle véritablement péché. Cependant, par le
mérite du Christ, le pouvoir aliénant du péché est brisé : le péché n’est plus
péché « dominant » le chrétien car il est « dominé » par le Christ auquel le
justifié est lié par la foi ; ainsi, tant qu’il vit sur terre, le chrétien peut,
du moins partiellement, mener une vie dans la justice. Malgré le péché, le
chrétien n’est plus séparé de Dieu car, né de nouveau par le baptême et le
Saint-Esprit, il reçoit le pardon de son péché par le retour quotidien à son
baptême ; ainsi son péché ne le condamne plus et n’entraîne plus sa mort
éternelle.[15]Lorsque
les luthériens affirment que le justifié est aussi pécheur et que son opposition
à Dieu est véritablement péché, ils ne nient pas que, malgré le péché, le
justifié n’est plus, en Christ, séparé de Dieu et que son péché est un péché
dominé. En cela ils s’accordent avec le partenaire catholique-romain malgré les
différences dans la compréhension du péché du justifié.
30. Les catholiques considèrent que la grâce de Jésus Christ
conférée dans le baptême extirpe tout ce qui est « vraiment » péché, tout ce qui
est « condamnable » (Rm 8, 1).[16]
Ils affirment cependant qu’une tendance venant du péché et poussant au péché
(concupiscence) subsiste en la personne humaine. Etant donné que selon la
conviction catholique un élément personnel est requis pour qu’il y ait péché
humain, ils considèrent que l’absence de cet élément ne permet plus d’appeler
péché au sens propre du terme la tendance opposée à Dieu. Ils ne veulent pas,
par là, nier le fait que cette inclination ne correspond pas au dessein
originaire de Dieu sur l’humanité, ni qu’elle se pose objectivement en
contradiction avec Dieu et qu’elle est l’objet d’un combat de toute une vie ;
dans la reconnaissance pour le salut reçu du Christ, ils veulent souligner que
cette tendance opposée à Dieu ne mérite pas la punition de la mort éternelle[17]et
qu’elle ne sépare plus le justifié de Dieu. Si, cependant, le justifié se sépare
volontairement de Dieu, il ne suffit pas qu’il reprenne à observer les
commandements. Il faut qu’il reçoive, dans le sacrement de la réconciliation, le
pardon et la paix qui lui sont accordés par moyen de la parole du pardon qui lui
est conféré en vertu de l’œuvre de réconciliation de Dieu dans le Christ [cf.
sources pour le chapitre 4.4.].
4.5 Loi et Evangile
31. Nous confessons ensemble que l’homme est justifié par la
foi en l’Evangile « indépendamment des œuvres de la loi » (Rm 3, 28). Le
Christ a accompli la loi et l’a dépassée en tant que chemin du salut par sa mort
et sa résurrection. Nous confessons aussi que les commandements de Dieu gardent
leur validité pour les justifiés et que le Christ exprime par sa parole et sa
vie la volonté de Dieu qui demeure aussi pour le justifié une règle de
conduite.
32. Les luthériens font remarquer que distinguer et articuler
correctement loi et Evangile est essentiel pour la compréhension de la
justification. La loi, dans son usage théologique, est exigence et accusation.
Chaque homme et chaque chrétien aussi, toute la vie durant, en tant qu’il est
pécheur, est sujet à cette accusation et la loi dévoile ses péchés, de sorte
qu’il puisse se tourner pleinement dans la foi en l’Evangile vers la miséricorde
de Dieu en Christ qui seule justifie.
33. La loi, en tant que chemin du salut, étant accomplie et
dépassée par l’Evangile, les catholiques peuvent dire que le Christ n’est pas un
législateur comparable à Moïse. Lorsque les catholiques affirment que le
justifié doit respecter les commandements de Dieu, ils ne nient pas que la grâce
de la vie éternelle est miséricordieusement promise aux enfants de Dieu par
Jésus Christ[18]
[cf. sources pour le chapitre 4.5.].
4.6 La certitude du salut
34. Nous confessons ensemble que les croyants peuvent compter
sur la miséricorde et les promesses de Dieu. Même face à leurs propres
faiblesses et aux menaces multiples mettant en péril leur foi, ils peuvent,
grâce à la mort et à la résurrection du Christ, se fonder sur la promesse
efficace de la grâce de Dieu dans la parole et le sacrement et avoir ainsi la
certitude de cette grâce.
35. Les réformateurs ont particulièrement souligné le fait
que, dans l’épreuve, le croyant ne doit pas regarder vers lui-même mais, dans la
foi, regarder vers le Christ et ne se confier qu’en lui seul. Dans la confiance
en la promesse de Dieu, il a la certitude de son salut, alors qu’il n’en a
aucune s’il ne regarde que vers lui-même.
36. Les catholiques peuvent partager le souci des réformateurs
qui consiste à fonder la foi sur la réalité objective des promesses du Christ, à
faire abstraction de l’expérience personnelle et à ne faire confiance qu’à la
promesse du Christ (cf. Mt 16, 19 ; 18, 18). Avec le deuxième Concile du
Vatican, les catholiques affirment : croire signifie se confier pleinement à
Dieu[19]
qui nous libère de l’obscurité du péché et de la mort et nous éveille à la vie
éternelle.[20]Ainsi
on ne peut pas croire en Dieu et en même temps douter de la fiabilité de sa
promesse. Personne ne saurait douter de la miséricorde de Dieu et du mérite du
Christ, alors que chacun pourrait être préoccupé de son salut en regardant ses
propres faiblesses et déficiences. Cependant c’est en reconnaissant ses propres
échecs que le croyant peut être certain que Dieu veut son salut [cf. sources
chapitre 4.6.].
4.7 Les bonnes œuvres du justifié
37. Nous confessons ensemble que les bonnes œuvres – une vie
chrétienne dans la foi, l’espérance et l’amour – sont les conséquences de la
justification et en représentent les fruits. Lorsque le justifié vit en Christ
et agit dans la grâce reçue, il porte, en termes bibliques, de bons fruits.
Cette conséquence de la justification est pour le chrétien, dans la mesure où il
lutte tout au long de sa vie contre le péché, une obligation qu’il doit remplir;
c’est la raison pour laquelle Jésus et les écrits apostoliques exhortent les
chrétiens à accomplir des œuvres d’amour.
38. Selon la conception catholique, les bonnes œuvres qui sont
réalisées par la grâce et l’action du Saint-Esprit contribuent à une croissance
dans la grâce afin que la justice reçue de Dieu soit préservée et la communion
avec le Christ approfondie. Lorsque les catholiques affirment le « caractère
méritoire » des bonnes œuvres, ils entendent par là que, selon le témoignage
biblique, un salaire céleste est promis à ces œuvres. Loin de contester le
caractère de ces œuvres en tant que don ou, encore moins, de nier que la
justification reste un don immérité de grâce, ils veulent souligner la
responsabilité de la personne pour ses actions.
39. Les luthériens partagent eux aussi l’idée d’une
préservation de la grâce et d’une croissance dans la grâce et la foi. Néanmoins
ils soulignent que la justice, en tant qu’acceptation par Dieu et participation
à la justice du Christ, est toujours parfaite. Ils affirment en même temps que
ses conséquences peuvent croître tout au long de la vie chrétienne. En
considérant les bonnes œuvres des chrétiens comme étant les « fruits » et les
« signes » de la justification et non des « mérites » propres, ils considèrent
également, conformément au Nouveau Testament, la vie éternelle comme « salaire »
non mérité dans le sens de l’accomplissement de la promesse de Dieu faite aux
croyants [cf. sources pour le chapitre 4.7].
5. La signification et la portée du consensus obtenu
40. La compréhension de la doctrine de la justification
présentée dans cette déclaration montre qu’il existe entre luthériens et
catholiques un consensus dans des vérités fondamentales de la doctrine de la
justification. A la lumière de ce consensus sont acceptables les différences qui
subsistent dans le langage, les formes théologiques et les accentuations
particulières dans la compréhension de la justification telles qu’elles sont
décrites dans les paragraphes 18 à 39 de cette déclaration. C’est pourquoi les
présentations luthérienne et catholique de la foi en la justification sont, dans
leurs différences, ouvertes l’une à l’autre et ne permettent plus d’infirmer le
consensus atteint dans des vérités fondamentales.
41. Il en découle que les condamnations doctrinales du XVIe
siècle, dans la mesure où elles se référent à l’enseignement de la
justification, apparaissent dans une lumière nouvelle : l’enseignement des
Eglises luthériennes présenté dans cette déclaration n’est plus concerné par les
condamnations du Concile de Trente. Les condamnations des Confessions de foi
luthériennes ne concernent plus l’enseignement de l’Eglise catholique romaine
présenté dans cette déclaration.
42. Cela n’enlève rien au sérieux des condamnations
doctrinales liées à la doctrine de la justification. Certaines n’étaient pas
simplement sans objet ; elles conservent pour nous « leur valeur
d’avertissements salutaires » dont nous avons à tenir compte dans l’enseignement
et la pratique.[21]
43. Notre consensus dans des vérités fondamentales de la
doctrine de la justification doit avoir des conséquences et trouver sa
confirmation dans la vie et l’enseignement des Eglises. A cet égard, il existe
encore des questions d’importance diverse qui demeurent et exigent d’être
ultérieurement clarifiées. Elles concernent, entre autres, la relation entre la
Parole de Dieu et l’enseignement de l’Eglise, ainsi que l’ecclésiologie,
l’autorité dans l’Eglise, son unité, le ministère et les sacrements, et enfin la
relation existant entre justification et éthique sociale. Nous sommes convaincus
que la compréhension commune à laquelle nous sommes parvenus constitue un
fondement solide qui permettra cette clarification ultérieure. Les Eglises
luthériennes et l’Eglise catholique romaine continueront à approfondir leur
compréhension commune afin qu’elle porte ses fruits dans l’enseignement et la
vie ecclésiale.
44. Nous rendons grâce à Dieu pour ce pas décisif dans le
dépassement de la séparation des Eglises. Nous prions l’Esprit Saint de
continuer à nous conduire vers cette unité visible qui est la volonté du Christ.
Sources de la Déclaration commune
concernant la Doctrine de la Justification
Dans ses sections 3 et 4, la Déclaration commune
reprend des expressions empruntées à divers dialogues luthériens-catholiques. Il
s’agit en particulier des documents suivants :
Tous sous un seul Christ, prise
de position de la Commission internationale catholique-luthérienne. In : Face à
l’Unité. L’ensemble des textes adoptés (1972-1985) introduits et présentés, en
traduction revue et corrigée, par Hervé Legrand et Harding Meyer. Cerf, Paris
1986.
Denzinger – Hünermann, Enchiridion symbolorum 37 ed,
édition bilingue (Joseph Hoffmann) Paris 1996 [cité DH].
Commentaire du Conseil Pontifical pour la promotion de l’unité
des chrétiens à propos de l’étude : Les anathèmes du XVIe siècle
sont-ils encore actuels?(Vatican 1992), non publié [cité : Commentaire].
La justification par la foi.
Document du Groupe mixte de dialogue luthérien-catholique des États-Unis. Texte
français in : Documentation Catholique 1888/1985, 126-162 [cité USA].
Les anathèmes du XVIe siècle sont-ils encore
actuels?Les condamnations doctrinales du Concile de
Trente et des Réformateurs justifient-elles encore la division de nos Églises?
Propositions soumises aux Églises catholique, luthérienne et réformée en
Allemagne sous la direction de Karl Lehmann et Wolfhart Pannenberg à la demande
de l’Évêque E. Lohse et du Cardinal Ratzinger. Traduit de l’allemand par Pierre
Jundt et Joseph Hoffmann. Cerf, Paris 1989 [cité : Anathèmes].
Prise de position de la
Commission commune de l’Église évangélique unie d’Allemagne (VELKD) et du Comité
national allemand de la Fédération Luthérienne Mondiale à propos du document
«Les anathèmes du XVIe siècle sont-ils encore actuels?» (13 septembre
1991). Texte allemand in : Lehrverurteilungen im Gespräch. Die ersten
offiziellen Stellungnahmen aus den evangelischen Kirchen in Deutschland.
Göttingen 1993, 57-160 [cité VELKD].
Section 3 :La compréhension
commune de la justification, paragraphes 17 et 18 :
Cf. en particulier Anathèmes 115s. ; VELKD
95.
– « Une image de la justification centrée sur la foi et conçue
de manière forensi que est d’une importance moyenne pour la Bible tout entière,
bien que ce ne soit pas la seule manière paulienne ou biblique de représenter
l’œuvre salvifique de Dieu » (USA, 146).
– « Les catholiques comme les luthériens peuvent reconnaître
le besoin d’évaluer les pratiques, les structures et les théologies de l’Eglise
selon la manière dont elles aident ou entravent la proclamation de la promesse
miséricordieuse et libre de Dieu dans le Christ Jésus qui ne peut être bien
reçue que par la foi (n. 28) » (USA, 153).
A propos de l’« affirmation fondamentale » (USA, 157 ;
cf. 4), il est dit :
– « Cette affirmation, comme la doctrine de la Réforme de la
justification par la foi seule, sert de critère pour juger toutes les pratiques,
structures et traditions ecclésiales, précisément parce que sa contre-partie est
le Christ seul (solus Christus).C’est en lui seul, en fin de compte,
qu’on doit avoir confiance comme étant l’unique médiateur par lequel Dieu, dans
l’Esprit Saint, répand ses dons salvifiques. Chacun d’entre nous, qui
participons à ce dialogue, affirme que tout enseignement chrétien, toute
observance chrétienne, toute fonction chrétienne doit servir à nourrir
l’obéissance de la foi (Rm 1, 5) en l’action salvifique de Dieu dans le
Christ Jésus seul, par l’Esprit Saint, pour le salut du fidèle et la louange et
l’honneur du Père des cieux » (USA, 160).
– « C’est pourquoi la doctrine de la justification et surtout
son fondement biblique conservent à jamais dans l’Eglise une fonction
spécifique : maintenir dans la conscience des chrétiens que nous autres,
pécheurs, nous vivons uniquement de l’amour miséricordieux de Dieu dont nous ne
faisons qu’accepter le don gratuit, et que cet amour, nous ne pouvons le mériter
d’aucune manière, si modeste soit-elle, ou le lier à des conditions antérieures
ou postérieures dont nous serions les auteurs. La doctrine de la justification
devient ainsi la norme critique qui doit permettre de vérifier à tout moment si
telle interprétation concrète de notre rapport à Dieu peut prétendre être
qualifiée de chrétienne. Elle devient en même temps pour l’Eglise la norme
critique qui doit permettre de vérifier à tout moment si sa prédication et sa
pratique correspondent à ce qui lui a été confié par son Seigneur » (Anathèmes,
116)
– « L’accord sur le fait que la doctrine de la justification
n’a pas seulement son importance comme un enseignement partiel particulier dans
l’ensemble de la doctrine de nos Eglises, mais qu’elle a aussi une signification
comme critère pour la doctrine et la pratique de nos Eglises, est pour les
luthériens un progrès fondamental dans le dialogue œcuménique entre nos Eglises,
que nous ne saurions assez saluer » (VELKD 95 ; cf.157)
– « La doctrine de la justification a certes, pour les
luthériens et pour les catholiques, une place différente au sein de la
hierarchia veritatum : les deux parties s’accordent cependant pour dire que
la fonction spécifique de la doctrine de la justification est d’être une norme
critique “qui doit permettre de vérifier à tout moment si telle interprétation
concrète de notre rapport à Dieu peut prétendre être qualifiée de chrétienne”.
Elle devient en même temps pour l’Eglise la norme critique qui doit permettre de
vérifier à tout moment si sa prédication et sa pratique correspondent à ce qui
lui a été confié par son Seigneur. La signification critériologique de la
doctrine de la justification pour la sacramentologie, l’ecclésiologie et le
domaine de l’éthique exige cependant un complément d’études approfondies » (Commentaire
106s.).
Section 4.1. : L’incapacité et
le péché de la personne humaine face à la justification, paragraphes 19-21 :
Cf. en particulier Anathèmes 74ss. ; VELKD 77-81
; 83s.
– « Ceux chez qui règne le péché ne peuvent rien faire pour
mériter la justification, qui est le don gratuit de la grâce de Dieu. Même le
début de la justification, par exemple le repentir, la prière pour la grâce et
le désir du pardon, doit être l’œuvre de Dieu en nous » (USA, 156, 3).
– « Pour tous deux il s’agit… non pas de nier que l’homme y
soit réellement partie prenante.… Une réponse n’est pas une œuvre. La réponse de
la foi est elle-même opérée par la Parole de la promesse que rien ne peut
extorquer et qui vient à l’homme de l’extérieur. Il ne peut y avoir de
coopération qu’en ce sens que le cœur est là auprès de la foi (ist dabei) quand
la Parole le touche et suscite la foi » (Anathèmes, 81).
– « Les canons 4, 5, 6 et 9 du Concile de Trente n’indiquent
une différence significative à propos de la justification que si la doctrine
luthérienne du rapport entre Dieu et sa créature dans l’événement de la
justification insiste sur le monergisme divin et la seule action du Christ au
point de ne plus conférer, lors de la justification, un rôle essentiel à la
libre acceptation de la grâce de Dieu, qui est elle même don de Dieu » (Commentaire
25).
– « Côté luthérien, la stricte insistance sur la passivité de
la personne humaine lors de sa justification n’a jamais voulu nier la pleine
participation personnelle dans la foi. Elle voulait simplement exclure toute
coopération dans l’événement de la justification. Celle-ci est exclusivement
œuvre du Christ, œuvre exclusive de la grâce » (VELKD 84, 3-8).
Section 4.2. : La justification
pardonne les péchés et rend juste, paragraphes 22-24 :
Cf. en particulier USA, 98-101 ; Anathèmes 82ss.
; VELKD 84ss. ainsi que les citations concernant 4.3.
– « Par la justification, nous sommes à la fois déclarés et
faits justes. La justification n’est donc pas une fiction légale. Dieu, en
justifiant, rend sa promesse effective ; il pardonne le péché et nous rend
vraiment justes » (USA, 156, 5).
– «… La théologie des Réformateurs ne néglige pas ce que la
théologie catholique met en relief : le caractère créateur et régénérant de
l’amour de Dieu ; et elle n’affirme pas… l’impuissance de Dieu vis-à-vis d’un
péché qui, dans la justification, ne serait que remis, mais dont le pouvoir qui
sépare de Dieu ne serait pas véritablement supprimé » (Anathèmes, 85).
– «… (La doctrine luthérienne) n’a jamais considéré que
“l’imputation de la justice du Christ” n’avait pas de conséquence dans la vie du
croyant, car la parole du Christ opère ce qu’elle affirme. Par conséquent elle
ne comprend pas la grâce comme une faveur mais comme une puissance efficace… car
“là où il y a pardon des péchés, il y a vie et félicité” » (VELKD 86,
15-23).
– «… La doctrine catholique ne néglige pas ce que la théologie
évangélique met en relief : le caractère personnel de la grâce et son caractère
lié à la Parole ; et elle n’affirme pas… (que) la grâce (serait) comprise comme
une possession concrète (dinghaft) et disponible de l’homme, s’agirait-il même
d’une possession ayant fait l’objet d’un don gratuit » (Anathèmes,
85).
Section 4.3. : Justification par
la grâce au moyen de la foi :
Cf. surtout USA, 105ff ; Anathèmes 85-91 ;
VELKD 87-90.
– « Si on passe d’une langue à l’autre, ce que disent les
Réformateurs de la justification par la foi correspond à la façon dont les
catholiques parlent de la justification par la grâce, et d’autre part, quant au
fond, la doctrine des Réformateurs comprend sous cet unique mot “foi” ce que la
doctrine catholique, en référence à 1 Co 13, 13, résume dans la triade
foi, espérance et charité » (Anathèmes, 90).
– « Nous soulignons que, dans le sens du premier commandement,
la foi est toujours amour de Dieu et espérance en Lui qui s’exprime dans l’amour
envers les prochains » (VELKD 89, 8-11).
– « Les catholiques… enseignent… comme le font les luthériens,
que rien, avant le don gratuit de la foi, ne mérite la justification et que tous
les dons salvifiques de Dieu viennent du Christ seul » (USA, 105).
– « Les Réformateurs… comprennent la foi comme le pardon et la
communion avec le Christ opérés par la Parole de la promesse même… Tel est le
fondement de l’existence nouvelle, grâce à laquelle la chair de péché est morte,
et l’homme nouveau a sa vie en Christ (sola fide per Christum). Mais,
même si une telle foi fait nécessairement de l’homme un homme nouveau, le
chrétien n’édifie pas sa ferme assurance sur sa vie nouvelle, mais uniquement
sur la promesse de grâce donnée par Dieu. L’acceptation de celle-ci par la foi
suffit, dès lors que “foi” est compris au sens de confiance en la promesse (fides
promissionis) » (Anathèmes, 86).
– Cf. Tridentinum, sess. 6 cap. 7 : « Aussi, avec la rémission
des péchés, l’homme reçoit-il dans la justification même par Jésus Christ en qui
il est inséré, tous les dons suivants infus en même temps : la foi, l’espérance
et la charité » (DH 1530).
– « Selon la compréhension évangélique, la foi qui s’attache
sans conditions à la promesse de Dieu offerte dans la Parole et les sacrements
suffit pour être justifié devant Dieu, de sorte que la régénération des hommes,
sans laquelle il ne peut pas y avoir de foi, n’apporte pour sa part aucune
contribution à la justification » (Anathèmes, 91).
– « En tant que luthériens, nous maintenons la distinction
entre justification et sanctification, entre la foi et les œuvres. Distinction
ne veut pas dire séparation » (VELKD 89, 6-8).
– « La doctrine catholique se sait d’accord avec la
préoccupation des Réformateurs pour qui la régénération de l’homme n’apporte
aucune “contribution” à la justification, et surtout pas une contribution dont
il pourrait se prévaloir devant Dieu… Elle se voit néanmoins tenue de souligner
la régénération de l’homme par la grâce justifiante, par égard pour la puissance
régénératrice de Dieu qui doit être confessée – mais cela d’une manière telle
que cette régénération dans la foi, l’espérance et la charité n’est pas autre
chose que la réponse à la grâce insondable de Dieu » (Anathèmes, 91).
– « Dans la mesure où la doctrine catholique souligne que la
grâce est à comprendre de manière personnelle et relevant de la Parole…, que la
régénération n’est rien d’autre que la réponse suscitée par la Parole de Dieu
elle-même… et que ce renouvellement de la personne humaine n’est pas une
contribution à la justification et certainement pas une donnée dont ce dernier
pourrait se réclamer face à Dieu…, (la doctrine catholique) n’est plus touchée
par notre contradiction » (VELKD 89, 12-21).
Section 4.4. : L’être pécheur du
justifié, paragraphes 28-31 :
Cf. en particulier USA 102ss ; Anathèmes 76-81 ;
VELKD 81ss.
– « Aussi justes et saints qu’ils soient [= les justifiés],
ils tombent de temps en temps dans les péchés qui sont de tous les jours… Bien
plus, l’action de l’Esprit n’exempte pas les croyants de lutter tout au long de
leur vie contre les tendances au péché. La concupiscence et d’autres effets du
péché personnel et originel, selon la doctrine catholique, demeurent dans les
justifiés, qui doivent donc prier Dieu tous les jours pour demander pardon » (USA,
102).
– « Les Pères de Trente et la doctrine des Réformateurs
s’accordent pour dire que le péché originel, mais aussi la concupiscence qui
subsiste, consiste en une répulsion à l’égard de Dieu… La concupiscence qui
demeure… est l’objet de cette lutte contre le péché qui dure la vie entière…
Chez l’homme justifié, après le baptême, la concupiscence ne sépare plus l’homme
de Dieu, c’est-à-dire que, dans le langage de Trente, elle n’est plus un péché
au sens propre du mot, et que, dans le langage luthérien, elle est un
peccatum regnatum (un péché maîtrisé) » (Anathèmes, 80).
– « L’enjeu est de voir comment on peut parler du péché du
justifié sans limiter la réalité du salut. Le côté luthérien exprime cette
tension grâce à l’expression “péché dominé” (peccatum regnatum) qui
présuppose l’enseignement que le chrétien est “à la fois juste et pécheur” (simul
justus et peccator). Le côté catholique, par contre, pensait seulement
pouvoir préserver la réalité du salut en refusant le caractère pécheur de la
concupiscence. Un rapprochement fondamental et significatif est obtenu lorsque
le document “Les anathèmes du XVIe siècle” décrit la concupiscence
qui demeure dans le justifié comme “aversion envers Dieu” et la qualifie ainsi
de péché » (VELKD 82, 29-39).
Section 4.5. : Loi et Evangile,
paragraphes 32-34 :
– Selon la doctrine paulinienne, il s’agit là du chemin de la
loi juive comme chemin du salut. Celui-ci est accompli et dépassé en Christ.
C’est ainsi qu’il faut comprendre cette affirmation et ses conséquences.
– VELKD (89, 28-36) dit à propos des Canons 19s du
Concile de Trente : « Les dix commandements valent évidemment pour les chrétiens
comme l’attestent de nombreux passages des écrits symboliques luthériens…
Lorsque le canon 20 souligne que la personne humaine doit garder les
commandements de Dieu, nous ne sommes pas concernés ; mais lorsque ce même canon
affirme que la foi n’a de pouvoir salvateur qu’à condition que les commandements
soient respectés, nous sommes concernés. Lorsque ce canon parle des
commandements de l’Eglise, il n’y a entre nous aucune divergence si ces
commandements expriment les commandements de Dieu. S’il n’en est pas ainsi, nous
sommes concernés ».
Section 4.6. : La certitude du
salut, paragraphes 35-37 :
Cf. en particulier Anathèmes 91-96 ; VELKD
90ss.
– « La question qui se pose est celle-ci : comment l’homme
peut-il et ose-t-il vivre devant Dieu, malgré et avec sa faiblesse? » (Anathèmes,
92).
– «… Les points qui, pour Luther et les Réformateurs,
constituent la base et le point de départ de leur conception ; la possibilité de
faire confiance à la promesse de Dieu et à la puissance de la mort et de la
résurrection du Christ, ainsi que leur caractère universellement satisfaisant ;
la faiblesse de l’homme et la menace qu’elle implique et qu’elle fait courir à
la foi et au salut » (Anathèmes, 95).
– Trente souligne qu’il est nécessaire de croire « que les
péchés ne sont et n’ont jamais été remis que gratuitement par miséricorde divine
à cause du Christ » (DH 1533) et que l’on ne saurait mettre « en doute la
miséricorde de Dieu, les mérites du Christ, la vertu et l’efficacité des
sacrements » (DH 1534) ; le doute et l’incertitude ne valent que lorsque
nous nous considérons nous-mêmes.
– « Luther et ses partisans font un pas de plus. Ils invitent
à ne pas supporter seulement cette incertitude, mais à détourner d’elle son
regard et à saisir concrètement et personnellement dans sa pleine acception la
valeur objective de l’absolution qui, dans le sacrement de la pénitence, vient
de “l’extérieur”… Puisque Jésus a dit : “Ce que tu délieras sur la terre sera
délié dans les cieux” (Mt 16, 19), le croyant… taxerait le Christ de
mensonge,… s’il ne se fiait pas de façon inébranlable au pardon que Dieu lui
attribue dans l’absolution… Que cette confiance puisse être elle-même incertaine
du point de vue subjectif, et que la certitude (Gewissheit) du pardon n’est pas
être sûr (Sicherheit : securitas) d’être pardonné, Luther le sait tout
comme ses adversaires – mais il ne faut pas en faire en quelque sorte un autre
problème : le croyant a le devoir de n’y pas prêter attention et de ne regarder
qu’à la parole de pardon du Christ » (Anathèmes, 92-93).
– « Les catholiques peuvent aujourd’hui reconnaître le souci
des réformateurs qui était de fonder la foi sur la réalité objective de la
promesse du Christ : “Ce que tu délieras sur terre”… et d’orienter les croyants
grâce à une parole explicite du pardon des péchés… Le souci initial de Luther
était (de ne pas condamner), de faire abstraction de son expérience personnelle
et de ne faire confiance qu’à Christ et à sa parole de pardon » (Commentaire
27).
– Une condamnation réciproque à propos de la certitude du
salut n’est plus fondée «… et cela d’autant moins qu’on réfléchira en partant de
l’assise que constitue une conception de la foi bibliquement renouvelée…Il peut
arriver qu’un homme perde ou abandonne la foi, qu’il renonce à s’en remettre à
Dieu et à sa promesse. Mais il ne peut pas, en ce sens, croire et, en même
temps, considérer Dieu et sa promesse comme n’étant pas dignes de confiance.
C’est en ce sens qu’on peut dire, aujourdhui encore, avec Luther : la foi est
certitude du salut » (Anathèmes, 96).
– Pour la compréhension de la foi du deuxième Concile du
Vatican, cf. Dei Verbum 5 : « A Dieu qui révèle, il faut apporter
“l’obéissance de la foi”…, par laquelle l’homme s’en remet tout entier librement
à Dieu en apportant “au Dieu révélateur la soumission complète de son
intelligence et de sa volonté” et en donnant de toute sa volonté son assentiment
à la révélation qu’il a faite ».
– « La distinction luthérienne entre certitude (certitudo)
de la foi qui regarde exclusivement vers Christ et la sécurité (securitas)
terrestre qui se fonde sur la personne humaine n’a pas été suffisamment reprise
par l’étude “Les anathèmes...”. La foi ne se réfléchit jamais en elle-même, mais
elle dépend totalement de Dieu dont la grâce lui est donnée de l’extérieur (extra
nos) par la parole et le sacrement » (VELKD 92, 2-9).
Section 4.7. : Les bonnes œuvres
du justifié, paragraphes 38-40 :
Cf. en particulier Anathèmes 112ss., VELKD
90ss.
– « Le Concile exclut tout mérite de la grâce – donc de la
justification (can. 2 : DH 1552) –-, et fonde le mérite de la vie
éternelle dans le don de la grâce elle-même qui est obtenue du fait d’être
membre du Christ (can. 32 : DH 1582)... Le Concile entend se rattacher à
Augustin qui introduit la notion de mérite pour affirmer, malgré le caractère de
don gratuit qui est celui des œuvres bonnes, la responsabilité de l’homme » (Anathèmes,
112-113).
– Lorsque le langage de la « causalité » du canon 24 est
compris de manière personnelle comme le fait le chapitre 16 du décret sur la
justification, où l’idée de la communion avec Christ est fondamentale, alors on
peut décrire l’enseignement catholique à propos des mérites comme le fait la
première phrase du second paragraphe de 4.7. : contribution à une croissance
dans la grâce, préservation de la justice reçue de Dieu, approfondissement de la
communion avec Christ.
– « Beaucoup d’oppositions pourraient être surmontées si on
comprenait l’expression ambiguë de “mérite” et si on y réfléchissait en se
référant au sens véritable de la notion biblique de “récompense” » (Anathèmes,
114).
– « Les écrits symboliques luthériens soulignent que le
justifié a la responsabilité de ne pas gâcher la grâce reçue mais de vivre en
elle… Ainsi ces écrits peuvent parler d’une préservation de la grâce et d’une
croissance en elle… Si la justice dont parle le canon 24 est comprise comme
celle qui s’exprime dans et par l’humain, nous ne sommes pas concernés. Si la
“justice” du canon 24 se réfère par contre au fait que le chrétien est accepté
devant Dieu, nous sommes concernés ; car cette justice est toujours parfaite ;
face à elle les œuvres du chrétien ne sont que “fruits” et “signes” » (VELKD
94, 2-14).
– « A propos du canon 26, nous renvoyons à l’apologie, où la
vie éternelle est appelée récompense : “…nous reconnaissons que la vie éternelle
est une récompense, puisqu’elle est chose due, non pas à cause de nos mérites,
mais à cause de la promesse” » (VELKD 94, 20-24).
[1]Les
articles de Smalkalde, II, 1 (n. 370 in : La foi des Eglises
luthériennes. Confessions et catéchismes, Paris 1991).
[2]«Rector et iudex super omnia genera doctrinarum». WA
39 I, 205. Edition de Weimar des œuvres de Luther.
[3]Il faut signaler qu’un certain nombre d’Eglises luthériennes ne
considèrent que la Confession d’Augsbourg et le petit
catéchisme de Luther comme étant leur référence doctrinale
autorisée. A propos de la doctrine de la justification, ces écrits
symboliques ne contiennent aucune condamnation doctrinale à l’encontre
de l’Eglise catholique romaine.
[4]Rapport de la Commission internationale catholique-luthérienne :
L’Evangile et l’Eglise (Rapport de Malte) 1972, dans Face à
l’unité. Tous les textes officiels (1972-1985), Paris 1986, pp. 21-59.
[5]Commission internationale catholique-luthérienne, Eglise et
Justification. La compréhension de l’Eglise à la lumière de la doctrine
de la justification, in : La Documentation catholique 2101/1994,
pp. 810-858, et in : Accords et Dialogues œcuméniques Ed. A. Birmelé et
J. Terme. Paris 1996, VIII 93-201.
[6]Dialogue luthérien-catholique aux États-Unis : La
justification par la foi (1983), in : La Documentation catholique
1888/1985, pp. 126-162.
[7]Les anathèmes du XVIe siècle sont-ils encore
actuels?Propositions soumises aux Eglises. (Ed.K. Lehmann et
W. Pannenberg) Paris 1989.
[8]Prise de position commune de la Conférence
d’Arnoldshain, de l’Église évangélique luthérienne unie et du Comité
national de la Fédération Luthérienne à propos du texte « Les
anathèmes du XVIe siècle sont-ils encore actuels?» in :
Oekumenische Rundschau 44/1995, pp. 99-102, ainsi que les documents
préparant cette décision. Cf. à ce propos : Lehrverurteilungen im
Gespräch. Die ersten offiziellen Stellungnahmen aus den
evangelischen Kirchen in Deutschland, Göttingen 1993.
[9]Dans la présente déclaration, le terme « Eglise» est utilisé dans
le sens de l’auto-compréhension de chaque partenaire, sans intention de
résoudre les questions ecclésiologiques qui y sont liées.
[10]Cf. le Rapport de Malte n. 26-30 et le dialogue aux
Etats-Unis : La justification par la foi. n. 122-147.Les
affirmations néotestamentaires non-pauliniennes ont été analysées pour
le dialogue des Etats-Unis par J. Reumann : Righteousness in the New
Testament avec des réponses de J. Fitzmyer et J.D. Quinn
(Philadelphie, New York 1982), pp.124-180. Les résultats de cette étude
ont été résumés par le dialogue des Etats-Unis dans les
paragraphes 139-142.
[11]Cf. Tous sous un seul Christ n.14 (1980), in : Face à
l’unité. Tous les textes officiels (1972-1985), Paris 1986,
pp. 185-194.
[15]Cf. Apologie de la Confession d’Augsbourg II, 38-45.In :
La foi des Eglises luthériennes. op. cit. n. 89s.
[19]Cf. Vatican II, DV 5.
[21]Cf. Les anathèmes du XVIe siècle sont-ils encore
actuels?, p. 50.
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