Oiseaux

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PROPOS RELATIFS AUX OISEAUX, AUX INSECTES, A L’HISTOIRE NATURELLE.

 

Un soir, deux oiseaux vinrent se poser dans le jardin du docteur Luther et ils y liront leur nid, mais ils en étaient souvent chassés par les passants qui les effrayaient : le docteur ayant observé cela, dit : « O mes chers, jolis petits oiseaux, ne me fuyez pas ; je suis charmé de vous voir, ayez confiance en moi. » Il en est de même, ajouta-t-il, de nous autres hommes; nous ne savons pas mettre notre confiance en Dieu, qui toutefois se montre plein de bonté pour nous et qui ne veut que notre bien. 

Je suis grand ennemi des mouches, quia sunt imago diaboli et haereticorum ; elles sont l'image du diable et des hérétiques. Lorsque j'ouvre un bon livre, les mouches accourent et se posent, se promènent dessus, comme si elles voulaient dire : « Nous sommes là et nous souillons ce livre de nos excréments! » Le diable en agit de même ; lorsque nos cœurs sont le plus purs, il vient et il les souille. Quand ma ferveur est bien ardente et que je suis le plus disposé à la prière, le diable accourt et il emporte mes pensées jusqu'à Babylone peut-être, où je me mets à construire des châteaux en l'air.

 

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            Un scorpion pense que s'il cache sa tête, ou s'il la blottit sous une feuille, on ne peut le voir. De même l'hypocrite et les faux saints s'imaginent, lorsqu'ils ont attrapé une ou deux bonnes feutres, que tous leurs péchés en sont recouverts.  

Un homme qui se lie aux richesses et aux honneurs du monde et qui, en même temps, oublie Dieu et le bien-être de son âme, est comme un petit enfant qui tient à la main une belle pomme fort agréable à voir à l'extérieur, mais dont le dedans est pourri et plein de vers.. 

J’ai vu à Lintz en Autriche un chien qui était dressé à aller, avec un panier au cou, chercher de la viande chez le boucher; lorsque d'autres chiens venaient essayer de la lui enlever, il posait le panier et se battait vigoureusement avec eux; mais quand il s'apercevait qu'ils étaient trop forts pour qu'il leur tint tête, il s'emparait lui-même d'un morceau de viande afin de ne pas tout perdre. C'est ainsi qu'agit notre empereur Charles; lia, pendant longtemps, défendu les bénéfices ecclésiastiques, mais voyant que chaque prince s'emparait des monastères et les dépouillait , il prend possession des évêchés et il vient de se saisir de ceux de Liège et d'Utrecht. 

La pierre de Thrace se trouve au Pont-Euxin et sur les bords d'un fleuve de la Scythie; elle brûle dans l'eau, et elle s'éteint si l'on jette de l'huile dessus. Cette propriété ne lui a pas été donnée sans raison, c'est l'image des mœurs des hypocrites qui brûlent de l'ardeur d'accumuler de bonnes œuvres, et s'enflamment d'autant plus qu'ils sont arrosés de l'eau des traditions humaines et de la pratique des cérémonies. Au contraire, lorsque l'on répand sur eux de l'huile, c'est-à-dire lorsqu'ils entendent la prédication de l'Evangile, ils se relâchent de leur empressement

 

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et ils perdent leur ardeur désordonnée. Dioscoride et Nicandre ont fait mention de cette pierre (1). 

Le mot amiante vient du grec, a privatif, et mithô, je souille, et Dioscoride, livre V, chap. XCIII, rapporte à cet égard une belle histoire. L'amiante se trouve dans l'île de Chypre, et elle est si molle qu'on peut la filer et en former des tissus qui ne souffrent aucun dommage lorsqu'on les jette au feu, mais qui, au contraire, n'en paraissent que plus beaux. Cette pierre est l'image de l'Eglise à laquelle les calamités et les persécutions ne peuvent porter nul préjudice durable, mais qui en sort plus brillante et plus agréable aux yeux de Dieu. Le docteur Luther dit ensuite que l'aethile était une pierre qui se trouvait dans le nid des aigles et qui avait la propriété d'empêcher les fausses couches lorsqu'on l'attachait au bras gauche d'une femme en enceinte, d’en alléger l'accouchement et d'en alléger les souffrances. Il ajouta aussi que cette pierre donnait les moyens d'arrêter les voleurs. 

Le moineau est un animal très-vorace , il fait grand tort aux moissons; il se trouve en grandes troupes en tout pays, et les Hébreux rappelaient tschirp. C'est un oiseau très-fâcheux et qui mérite bien qu'on le détruise. 

Le docteur Luther entendait un jour un rossignol qui chantait fort agréablement, et dont léchant était comme couvert et étouffé par le coassement d'une troupe de grenouilles, et il dit : « C'est

 

1 Les vers de Nicandre ont été cités par Galien. Pline a dit également (liv. XXXIII, chap. V) : Calx aqua accenditur et thrasius lapis, idemque oleo restinguitur. Le pseudo-Aristote, auteur du traité de Aud. mirab., mentionne des pierres qui se rencontrent dans le pays des Thraces et des Scythes: Dum uruntur, si quidem follibus sufflentur, citissime extinguuntur ; sin aqua irrigentur, flagrant dilucidius.

 

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ainsi qu'il arrive dans le monde : «Jésus-Christ est le rossignol qui fait entendre l'Évangile; les hérétiques, les faux prophètes et les papistes s'efforcent d'empêcher qu'on ne l'entende, et ils font tout le bruit qu'ils peuvent. » 

Il s'éleva un jour la question de savoir pourquoi dans les psaumes et dans l'Évangile il est plusieurs fois fait mention des corbeaux et des moineaux, qui sont, de tous les oiseaux, ceux de l'aspect le plus fâcheux et ceux qui méritent le plus d'être haie. Le docteur Luther dit : « Si l'Esprit-Saint avait pu nommer des oiseaux plus pernicieux, il l'eût fait, afin de nous faire voir que rien de ce que nous obtenons n'est donné à nos mérites, ainsi qu'il arrive à ces oiseaux. » Et il dit qu'il était écrit : « Que si les petits des corbeaux viennent à être abandonnés de leurs parents, ou à en être privés, Dieu pourvoit à leur nourriture en faisant naître des vers dans le nid. »

 

Aristote compte les cygnes parmi les oiseaux qui ont des pieds Fermes et peintes pour vivre autour des lacs et des marais. Ce sont des animaux qui nourrissent une nombreuse famille, dont les habitudes sont fort dignes d'intérêt et qui arrivent à une belle vieillesse. Ils n'attaquent pas l'aigle, mais ils se défendent avec succès contre lui en cas d'agression. Il est certain que les cygnes chantent fort mélodieusement au moment de leur mort (1)

 

1 Une foule d'auteurs anciens et Aristote lui-même ont fait mention du chant du cygne; Ruffon, l'abbé Arnaud et attires modernes ont pensé qu'il s'agissait seulement du cri rauque que ces oiseaux font souvent entendre, cri bien connu des anciens et qu'ils exprimaient par le mot imitatif de drensare; l'illustre auteur de l’Histoire naturelle cite à ce sujet un vers qu'il attribue à tort à Ovide.

 «Grus gruit, inque glomis cycni prope flumina drensant.»

Ce vers est lire du poème de Philomela, dont l'auteur est inconnu et l'origine classique plus que suspecte. Mais Virgile a dit :

 « Dant sonitum rauci per stagna loquacia cycni.»

 

Le naturaliste Olussen prétend qu'en Islande les cygnes font retentir les airs de leurs chants, et l'on sait aussi que le mouvement précipité de leurs  ailes produit un son très-bruyant, mais doux et flûté. Voir à ce sujet des observations consignées dans l’Historia animalium de Wolfang Franz, t. II, p. 983 ; le passage est curieux. Consultez aussi le Mémoire de M. Mongez sur les cygnes qui chantent (Paris, 1783, in-8°), et la dissertation de H. Morin, dans le recueil de l'Académie des inscriptions, Pourquoi les cygnes, qui chantaient autrefois si bien, chantent-ils aujourd'hui si mal?

 

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et quelques ailleurs Apportent qu'ils se nourrissent de bétoine, afin d'éteindre les ardeurs de l'amour et d'avoir plus de vigueur dans les ailes: je ne sac lie pas qu'il y ait rien qui soit une image plus fidèle de l'Église que ces mœurs du cygne. L'Église ne repose-t-elle pas sur un appui solide, afin que les puissances de l'enfer ne puissent la renverser? Elle est autour des lacs et des marais, c'est-à-dire qu'elle n'aspire pointa l'empire et à la domination. Elle réforme et réprime les penchants impurs, et prescrit une vie chaste et pure. Elle, élève avec amour un grand nombre d'enfants qui sont l'appui et la consolation de sa vieillesse. Elle n'attaque point les tyrans, mais elle repousse leurs assauts en faisant usage de ses deux puissantes ailes qui sont le ministère de la parole et la prière fervente; c'est avec ces armes que Sennacherib, Julien et d'autres tyrans ont été renversés. Remarquons surtout que le cygne meurt enchantant; de même l'Eglise, lorsqu'un de ses membres arrive au dernier moment, invoque le fils de Dieu. Le paon est un oiseau qui ne peut souffrir de rival ; s'il vient à voir son image réfléchie dans l'eau, il se noie de son propre mouvement; il a le vêtement d'un ange et la voix d'un diable.

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