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PRONOSTICATION DU DOCTEUR LUTHER,
TROUVÉE DANS UN DE SES ÉCRITS,
ET TRADUITE PAR LE DOCTEUR JONAS (1)
O Dieu éternel ! qui résides
dans les cieux, que cette conjonction est horrible ! Malheur à toi, Wittemberg,
ville illustre dans le inonde entier, chérie et digne, d'éloges ; Dieu l'a fait
prêcher sa parole divine par moi, homme très-indigne ; et pour le salut et la
consolation de beaucoup, je l'ai bien des fois annonce la volonté et les ordres
du Dieu éternel, le recommandant d'obéir à Dieu ; mais rien n'a pu l'amener à la
pénitence, ni le faire renoncer aux péchés horribles auxquels tu te livrais, à
l'orgueil,
1 Les pronostications ou prophéties se multipliaient du
temps de Luther. Authentique ou non, celle-ci paraît, dans son style
apocalyptique, designer les Turcs, et elle n'offre rien qui doive la faire
sortir de la toute. L'histoire de la prophétie reste encore à faire, et le
chapitre le plus piquant qu'elle offrira sera celui des prédictions que le
hasard a fait réaliser. C'est ainsi que dans un de ses écrits d'astronomie et
d'astrologie (édition de Cologne, 1567, in-4°, p. 103 et 106) Théophraste
Paracelse, mort en 1541, annonce qu'il viendra un temps où les Français se
mettront violemment en possession des biens ecclésiastiques, où les églises et
les couvents seront changés en écuries et en casernes. Les figures du ciel
révèlent qu'un homme sortant de France doit fondre sur l'empire Germanique, le
renverser après une lutte sanglante, se faire appeler empereur et prendre
l'aigle pour emblème. — Voici Napoléon prédit deux cent cinquante ans d'avance,
et toutefois Paracelse n'était certes point sorcier. Un rapprochement non moins
curieux, c'est celui qu'offre un petit écrit d'un certain chevalier du Jant,
préposé aux médailles de Monsieur (frère du roi) qui, commentant Nostradamus,
crut découvrir, en 1673, d'après le 53ème sizain du prophète de
Salon, en quelle année devait mourir Louis XIV, alors âgé de 50 ans. Jant
annonça que le grand roi vivrait soixante-seize ans; il rencontra presque aussi
juste qu'un biographe, quoiqu'il eût un désavantage assez réel, celui
d'anticiper de près d'un siècle. Louis XIV expira le 1er septembre
1715, et, comme il était né le 5 septembre 1638, il n'avait pas encore 77 ans
accomplis.
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à l'infidélité, à l'ivrognerie, à l'impudicité, à l'usure,
au mépris des pauvres et des malheureux; tu as continue de vivre sans la crainte
de Dieu et des châtiments à venir. Malheur donc, parce que, dans fort peu de
temps, un peuple indompté, impudique et plein de malice, fondra sur toi,
s'établira autour de toi et te persécutera cruellement; et comme tu as commis
avec joie toute espèce de taules, il faut que lu subisses tous ces malheurs,
l'ignominie, la perte des biens terrestres et de la vie. Malheur à toi, noble
maison de Saxe ! ô Jean Frédéric, noble prince, comment apparais-tu parmi ces
animaux féroces? Fuis avant que le lion furieux te saisisse et le déchire de ses
griffes. Ta résistance est inutile; tu n'échapperas pas à la vengeance divine,
parce que tu n'as pas usé du glaive, ne punissant nul péché, et souffrant que
dans tous tes états, les villes, tes châteaux et dans ton palais même, il n'y
eût aucune crainte du Seigneur et aucune honnêteté. Le lion te renversera, et tu
perdras ta femme, tes enfants, tes honneurs et tes domaines ; tous les tiens
t'abandonneront. Malheur a toi, Allemagne, parce que tu n'as nulle charité pour
les pauvres et parce que tu méprises la parole de Dieu dont la colère tombera
sur loi comme la foudre. Jésus-Christ délivrera sans doute les siens de la
fureur du dragon; mais il faut que, dans ces horribles erreurs qui se répandent
sur le monde, les justes souffrent, selon la chair, des peines incroyables, et
que les impies soient élevés. O père céleste! viens au secours de les enfants en
de pareilles calamités, et aide-nous à cause de ta grâce et de ta miséricorde! O
fils des hommes! observez, considérez, bien ce qui doit arriver; priez, criez,
demandez avec ferveur, hurles, et craignez la chaudière à deux anses que le
dragon porte dans sa gueule pour exciter le lion, et où est cachée l'abomination
de l'idolâtrie qui doit inonder l'Allemagne. A Dieu seul l'empire dans tous les
siècles des siècles. Ainsi soit-il !
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