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CHAPITRE LXXII
DU BON ZELE
QUI DOIT ANIMER LES MOINES
Il est un zèle amer, un faux zèle
qui sépare de Dieu et conduit à l'enfer: il est, par contre, un saint zèle qui ne
sépare que des vices et qui mène à Dieu ainsi qu'à la vie éternelle. Ce bon zèle,
les moines doivent s'y exercer avec la plus ardente charité; ce qui revient à dire:
qu'ils s'honorent mutuellement de respectueuses prévenances;
qu'ils supportent avec une inaltérable patience les infirmités physiques ou
morales de leur prochain;
qu'ils se rendent à l'envi une exacte obéissance;
que nul ne recherche son propre avantage, mais plutôt ce qu'il juge profitable à autrui;
qu'ils échangent entre eux d'honnêtes marques de charité fraternelle;
que leur crainte de Dieu soit inspirée par l'amour;
qu'ils portent à leur abbé une affection humble et sincère;
qu'ils ne préfèrent absolument rien au Christ, lequel daigne nous conduire tous
tant que nous sommes à la vie éternelle!
CHAPITRE LXXIII
LA PRATIQUE DE LA VIE SAINTE
N'EST PAS TOTALEMENT
COMPRISE EN CETTE REGLE.
En
composant la présente Règle, nous avons voulu faire connaître une observance
monastique propre à nous garantir une certaine dignité de murs et à servir
de point de départ pour la sanctification. Quant à presser la marche vers
l'achèvement de la vie surnaturelle, chacun saura tirer de la doctrine des Pères les
préceptes capables de le mener jusqu'au sommet de la perfection. Est-il, en effet, dans
l'Ancien comme dans le Nouveau Testament, une seule page, une seule parole inspirée de
Dieu qui n'enseigne les normes les plus exactes de la conduite à tenir ici-bas? Est-il un
livre des saints Docteurs, nos pères dans la foi catholique, qui ne nous fasse entendre
la manière de nous élever, par une voie droite et |
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