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La voix de Catherine de Sienne : N°132 Dec 04/ Janv 05


Sommaire
Editorial 3 ; Nous sommes de la parenté de Dieu St Hippolyte et Ste Catherine 4 ; Comment Dieu intervient-il aujourd'hui? Maurice Zundel 6 ; Dieu est une présence, un visage Maurice Zundel 8 ; Le plus important : nous reposer Wilfried Stinissen 10 ; Lettres de Catherine en vente Chantal van der Plancke 12 ; Rencontre des chrétiens germanophones
du diocèse de Liège
14 ; Ste Catherine à 'Tibériade' et Tibériade' à Astenet 16

Editorial

Décembre 2004
Chers amis,


L'année 2004, comme beaucoup d'autres, fut sanglante. Le "terrorisme de la famine" n'inquiète que ceux qui n'ont déjà plus rien... Les conflits socio-politiques grondent sur toute la planète et les religions sont prises pour cibles ou servent de canons. Sont- elles sources de violence?
Oui. si elles servent à mettre de l'huile sur le feu. Non, si elles apportent l'eau de la grâce qui irrigue le coeur de l'homme et " tranforme les cailloux en fontaines" (Ps 77,16). Voilà pourquoi, au désert de la soif de justice, le Fils de Dieu, à Noël, s'est fait "Aqueduc".
 

La mort de Yasser Arafat nous a fait revoir dans le rétroviseur le parcours d'une vie en quête de respectabilité. J'ai été frappée par la déclaration du leader, le 13 novembre 1974 à l'ONU :
 

"Je suis venu porteur d'un rameau d'olivier et d'un fusil de révolutionnaire.
Ne laissez pas tomber le rameau d'olivier de ma main. "

Entre le "Je" et le "vous", résonne encore toujours l'appel à la justice et à la responsabilité internationale.
 

Je pensais à Ste Catherine "portant la croix et l'olivier". Car comment ne pas lâcher l'olivier quand l'injustice ou le mépris vous gifle ou gifle votre peuple, ici ou là ?
En communiant à Celui qui n'était attaché à la croix que par les liens de l'amour. Des voix perverses lui sifflaient de descendre de là. Abandonner l'amour? Impossible à Dieu! Que du contraire...
Alors que les budgets de guerre, de défense sécuritaire (voire de consumérisme) explosent, qui va mettre le prix pour défendre l'homme afin qu'il ne laisse pas tomber l'olivier de sa main et garde l'amour au coeur? afin qu'il reste un homme, puisque "nous ne sommes faits que d'amour"?
 

Dieu dans son amour, tout l'amour de Dieu dans un petit d'homme. Puisse-t-il échapper au massacre de la consommation, trouver grâce dans la mangeoire de notre étable intérieure et y éclairer "la pupille de notre foi". Joyeux Noël !
Chantal van der Plancke
 

Merci à ceux et celles qui ont déjà spontanément et généreusement versé leur contribution à ce bulletin. Ou qui le feront. (6,80 Eur. - ou + selon vos possibilités. Si possible un peu plus pour les frais*** de port à l'étranger.) CCP sur la couverture. Pour ceux de l'étranger qui peuvent contribuer, prière de ne pas envoyer de chèque : cela ne sert qu' "aux oeuvres"... de la banque. Glisser sous enveloppe un billet de 5 ou 10 Eur. Ou éventuellement des timbres (val. Lettre) de France ou d'Italie. Ca arrive!
 

3
 


Nous sommes de la parenté de Dieu.

De la même pâte que nous.

 

Nous avons appris que ce Verbe a pris chair d'une vierge
et qu'il a porté l'homme ancien en rénovant sa nature.
 

Nous savons que l'humanité du Verbe est finie de la même pâte que nous.
Car s'il n'était pas ainsi,
c'est en vain qu'il nous aurait commandé de l'imiter
comme notre maître.
Si cet homme est d'une autre substance,
comment peut-il me prescrire de faire comme lui,
à moi qui suis faible par nature?
Et alors où est sa bonté, sa justice?

Pour bien comprendre qu'il n'est pas différent de nous.
il a voulu supporter la fatigue et connaître la faim;
il n'a pas refusé d'avoir soif, il a trouvé son repos dans le sommeil.
il n'a pas refusé la souffrance, il s'est soumis à la mort
et il a rendu manifeste sa résurrection.


En tout cela il a offert comme prémices sa propre humanité afin que toi, dans ta souffrance, tu ne perdes pas courage mais que, reconnaissant que tu es toi-même homme, tu attendes toi aussi ce que le Père a donné à cet homme-là.
 

 

St Hippolyte de Rome,
prêtre et martyr au IIIe siècle.
Réfutation des hérésies,
10.33-34.
 

4


 

Marie, tu nous a donné le pain de ta farine
 

O Marie, sois bénie.
toi, entre toutes les femmes
pour les siècles des siècles.

Car aujourd'hui tu nous a donné de ta farine.
Aujourd'hui la divinité
est unie et pétrie
avec notre humanité
si fortement que rien désormais,
ni la mort ni nos ingratitudes,
ne pourra rompre l'union.

La divinité fut toujours unie.
même au corps du Christ
dans le sépulchre
et à son âme dans les limbes.
comme à l'âme et au corps
réunis après la résurrection.

Oui. ce jour-là fut contractée
avec Dieu
cette intime parenté qui,
jamais rompue dans le passé.
demeure éternellement
indissoluble.

 

 


Ste Catherine de Sienne
Oraison
25 mars 1379
XXI (Trad. A. Bernard): XI (L. Portier).

5



Expérience

Maurice Zundel est né à Neuchâtel, en Suisse, en 1897. Ce prêtre remarquable, souvent incompris, mena une vie itinérante de prière, de prédication, d'accompagnement spirituel, d'étude et d'écriture, en Suisse, à Paris, à Londres, au Caire et à Beyrouth. Il est décédé à Lausanne en 1975.
En 1972, Paul VI l'appela à prêcher la retraite de carême au Vatican. Aujourd'hui la pensée de ce cet homme connaît un retentissement de plus en plus large, bien au-delà du monde chrétien.
 

"Avec lui, dit l'abbé Pierre,
on se sent en présence de Quelqu'un.
à mi-chemin entre Dieu et les hommes.
Par sa personne même.
on accédait presque naturellement
au mystère de Dieu, à l'absolu. "

 

Comment Dieu intervient-il aujourd'hui ?

Sermon de Maurice Zundel, Lausanne, 1962.
 

Il est clair que l'intervention de Dieu ne saurait empêcher le jeu de la responsabilité humaine. Si les lanceurs de fusées déterminent à haute altitude des conditions d'où doit résulter une perturbation des mouvements de la terre, Dieu n'y peut rien ! Et l'intervention de Dieu sera nécessairement pas une intervention mécanique. Dieu n'est pas un moteur dans la chaîne des événements physiques. Il intervient comme une Présence d'Amour qui peut certainement exercer les bienfaits les plus bienfaisants, et qui les exerce en effet, à condition que nous soyons là pour les accueillir.

Et je voulais simplement reprendre la parabole que je présentais ce matin aux enfants, en vous rappelant cet événement admirable que nous raconte Ste Catherine de Sienne dans une de ses plus belles lettres.

Ste Catherine de Sienne, cette femme de génie qui a vécu au XlVe siècle et qui est morte à 33 ans, nous rappelle qu'elle avait entendu parler d'un certain Nicolas Tuldo qui était un jeune florentin d'une vingtaine d'années, certainement très épris de la vie, et qui avait tenu dans un café, après boire, des propos irrévérencieux à l'égard de la municipalité de Sienne. Ces propos avaient été rapportés et on l'avait condamné - il faut avouer que c'est là une peine extraordinairement sévère et inhumaine ! - on l'avait condamné à avoir la tête coupée.
 

6
 

Comment est-ce qu'un garçon de vingt ans pouvait accepter d'être décapité à la hache simplement parce qu'après boire, il avait tenu des propos irrévérencieux à l'égard des autorités? Il était donc en pleine révolte, ne voulant pas entendre parler des sacrements ni d'une intervention divine quelconque. Or, quand Catherine eut pénétré dans sa prison et lui eut parlé de Dieu, évoquant la mort non pas comme une fin mais comme un commencement, une naissance, commune rencontre merveilleuse avec le Visage du Christ Jésus, elle mit dans ses paroles un tel feu. une telle conviction, une telle charité que Nicolas en fut complètement retourné et qu'il accepta de mourir non seulement volontairement, mais de mourir avec amour, de mourir en faisant de sa mort une offrande en union avec le Christ Crucifié par amour pour les hommes.
 

Il n'y mit qu'une condition, c'est que Catherine l'accompagnât au lieu du supplice et reçût sa tête entre ses mains. Et Catherine accepta cette condition avec tout l'élan de sa charité. Elle précéda Nicolas sur le lieu du supplice, elle mit elle-même sa tête sur le billot pour essayer la situation - du moins pour l'éprouver - et elle prépara Nicolas à recevoir le coup de grâce en lui répétant constamment le nom de Jésus et de Marie. Et lorsqu'enfin le bourreau eut achevé son oeuvre, elle recueillit la tête entre ses mains, tandis que Nicolas Tuldo avait offert sa mort dans une explosion de joie à l'idée qu'il allait voir le Visage de l'Eternel Amour.


Eh bien voilà, si vous le voulez, la parabole la plus saisissante de l'intervention divine dans les événements humains. Nicolas Tuldo est mort, il a été réellement décapité mais, grâce à l'amour, grâce à la présence, grâce à la maternelle tendresse de Catherine, cet événement a été pour lui transfiguré au point que, ce qui lui paraissait d'abord être une catastrophe, il l'accueillit comme le don le plus merveilleux de la grâce divine.
Dieu intervient de cette manière, non pas comme une cause mécanique. Il intervient comme un Amour, comme un Amour qui transfigure les événements. Il intervient comme une mère qui ne cesse pas d'attendre son enfant. Davantage : car Dieu non seulement est une mère, non seulement Il est plus que toutes les mères, mais 11 est l'Amour éternellement donné.

En sorte que l'on pourrait - en prenant une autre image - comparer l'action de Dieu à un poste émetteur qui ne cesse de nous envoyer des ondes de Lumière et d'Amour; mais c'est nous qui ne les recevons pas.

Ton visage, ma lumière,
90 sermons inédits de Maurice Zundel,
De sciée. 1991, pp. 119-120,
(extrait du Sermon 21). Italiques de la rédaction.

7

Otages, massacres, déluges condamnations à mort, tentatives de suicide, personnes "déplacées " en home, en asile... personnes en fin de vie, désespoir après l' assassinat d'un enfant...
Où est Dieu? Où sommes-nous pour manifester qu'Il est là?


Dieu est une Présence, un Visage

Sermon de Maurice Zundel
Lausanne, 1955


Lorsque Catherine apprend le drame qui se joue dans une âme...
 

" ... Nous voyons Catherine apprendre qu'un jeune homme, Nicolo Tuldo, pour des propos irrévérencieux qu'il avait tenus, après avoir un peu trop bu. en formulant quelques critiques contre le gouvernement de Sienne, venait d'être condamné à mort. On va le décapiter pour ces quelques plaisanteries auxquelles il s'est enhardi après boire; et, naturellement il est dans une révolte implacable, il ne veut entendre parler de rien ni de personne, il maudit la vie, il maudit Dieu qui paraît être un diable stupide. Comment ! Dieu va lui prendre sa vie à vingt ans, à lui qui n'est même pas de Florence, qui n'est même pas de Sienne, à lui un étranger? On va abuser de ce pouvoir despotique pour lui enlever la vie à vingt ans pour quelques propos tenus après boire".
 

Elle l'entoure de tant de respect et de bonté...
 

"Et Catherine sait tout le drame qui se joue dans cette âme. elle sait bien que Dieu ne veut pas la mort, que Dieu est le Dieu des vivants et justement elle, veut sauver dans cette âme son espoir en Dieu. Elle va le trouver, et elle l'entoure de tant de respect, de tant de bonté, de tant de tendresse maternelle; elle lui présente la mort comme la rencontre avec l'Amour. Au coeur de cette mort, elle suscite un dialogue entre son âme et Jésus. Et Nicolo est tellement retourné, tellement transfiguré, tellement émerveillé, qu'il accepte la mort, qu'il se réjouit de la mort ou plutôt de la rencontre avec Dieu à travers la mort, pourvu que Catherine consente à l'accompagner jusqu'au dernier moment."
 

8
 

Une présence qui illumine
 

"Catherine est là. en effet. Elle est là : elle met elle-même sa tête sur le billot avant lui: elle lui arrange ensuite la nuque pour qu'il la puisse présenter à la hache du bourreau. Elle se place devant lui et va recueillir dans ses mains la tête détachée du tronc. Et Nicolo va mourir illuminé par cette présence, éprouvant à travers cette âme si héroïquement consacrée, la Présence de Jésus.

Dieu ne veut pas la mort. Dieu la souffre plus que nous, avant nous. Dieu ne veut pas la douleur. Il en est la victime première. Mais dans la douleur, comme dans la mort, parce qu'il les porte avec nous, parce qu'il en est victime avant nous et plus profondément que nous, il est justement une Présence. Il est un visage. Il est Quelqu'un et parce qu'il illumine de sa présence tous les événements - à travers les événements mêmes les plus épouvantables - il y a encore place pour l'espérance et pour la joie de l'Amour."
 

La joie de retrouver un Visage toujours présent

"... Cette joie sans illusion, cette joie dépouillée, cette joie en esprit de pauvreté, cette joie parfaite que chantait St François, cette joie qui permet dans toutes les épreuves de retrouver finalement le même Visage, qui n'est jamais absent, et que Ton puisse, dans le 'De Profundis' le plus écrasant, croire encore, espérer et chanter.

Et je voudrais que ce soit là le dernier mot de ma vie. le mot qui nous introduise au sacrifice de l'Amour, ce mot qui. à travers la Croix, nous achemine vers la Résurrection, le triomphe de la vie sur la mort."


Ton visage, ma lumière.
90 sermons inédits de Maurice Zundel,
(extrait du Sermon n° 70. pp. 394-396).
Intertitres de la rédaction.

 

9
 


Notre tâche la plus importante : nous reposer


"Vous n'aurez pas à y combattre. Tenez-vous là, prenez position,
vous verrez le salut que Dieu vous réserve". (2 Ch 20,17).
Dieu est tout et fait tout.
Nous pouvons nous reposer : ceci est notre tâche,
car c'est ainsi que nous réalisons notre vocation
et que nous accomplissons la volonté de Dieu.
 

Se reposer?


Se reposer n'est pas la même chose qu'être paresseux. Se reposer ne signifie pas s'étendre sur une chaise longue au lieu de travailler. Cela ne signifie pas non plus créer une ambiance spirituelle dans laquelle nous pouvons nous réfugier lorsque la vie est trop dure.

Le repos dans le vrai sens du terme est notre tâche spirituelle. C'est l'oeuvre que Jésus lui-même nous confie. Les Juifs demandèrent à Jésus: " Que nous faut-il faire pour travailler aux oeuvres de Dieu?". Il répondit : "L'oeuvre de Dieu, c'est que vous croyiez en celui qu'il a envoyé" (Jn 6, 28-29). Le mot "croire" signifie pour Jésus beaucoup plus que ce que nous y percevons. Croire, c'est se reposer sur quelqu'un.

Notre travail le plus important est de nous reposer sur Dieu. Cela ne demande aucun effort, mais un détachement total. C'est comme si nous laissions tout échapper de nos mains : nos pensées, nos projets, nos souvenirs. Par ce simple mouvement intérieur - pour lequel nous sommes créés et qui est donc facile à accomplir - nous donnons tout à Dieu. C'est ainsi que nous nous mettons le mieux au service de Dieu (...).
 

Entrer dans le repos de Dieu

Si le repos est notre tâche la plus importante, notre chemin et notre but, c'est parce qu'il est l'oeuvre la plus
belle et la plus grande de Dieu. C'est pourquoi Il créa le septième jour, lorsque tout fut achevé.
Ce jour-là, Il se reposa.

Il se choisit pour demeure le repos, sa principale création. La récompense la plus agréable pour l'être
humain est de pouvoir entrer dans le repos de Dieu, tout comme c'était la plus grande punition des
Israélites révoltés de ne jamais pouvoir entrer dans ce repos (Ps 95,11) (...)

10
 

Se reposer dans notre pauvreté. C'est en cela que résident notre vocation et notre béatitude. Et c'est ce comportement qui nous donne accès à la richesse de Dieu. Seul celui qui se repose dans sa pauvreté, se repose dans la vérité.Ce n'est que pour lui que Dieu peut pleinement être Dieu.(...)

"L'abîme appelant l'abîme"

Si nous laissons à Dieu le soin d'activer nos facultés et de diriger nos antennes, alors nous le trouverons partout. S'il est l'origine, Il est également le but.
L'univers est un sanctuaire que nous n'apercevons pas parce que nous produisons nous-mêmes nos actions.
Dieu seul peut nous dévoiler Dieu. Il vient à nous dans notre prochain. Il s'identifie à chaque être humain, mais nous Le reconnaissons si rarement. Ce n'est que lorsque nous laissons Dieu lui-même diriger notre regard, notre intelligence et notre volonté que nous découvrons en tout sa face voilée.

"Abyssus abyssum invocat" (L'abîme appelant l'abîme, Ps 42,8).

Si les facultés sont mises en mouvement par Dieu
qui habite au plus profond de l'être humain,
elles découvrent aussi une profondeur insondable dans tout ce qu'elles rencontrent.
Un abîme répond à l'autre.
Nous trouvons alors Dieu, non seulement dans la prière, mais également dans le travail.
Nous baignons en Dieu.
Catherine de Sienne dit que nous nageons dans un océan de lumière et d'amour.

Comment pouvons-nous abandonner totalement nos facultés à Dieu de sorte qu'il en dispose et qu'il les active Lui-même?(1) En lâchant tout ce à quoi nous étions accrochés. En nous reposant.
Il n'est pas nécessaire de les remettre consciemment et résolument à Dieu, car un don conscient constitue même un risque. En effet si nous visons Dieu de façon résolue, il se peut que notre disponibilité se change facilement en convoitise. Au lieu de laisser Dieu entrer à flots dans une disponibilité totale, nous le saisissons et ainsi nous nous refermons.

Plus notre intelligence tend vers Dieu, plus elle est remplie de belles pensées et idées sur Dieu, et moins
elle est disponible pour Lui. Mais, quand nous nous reposons, nous sommes ouverts à Dieu. Et Dieu pénètre en nous.
 

Fr. Wilfried Stinissen, ocd.
Kérit,n°113. nov.- déc 1993
 

(1) NDLR. Dans l'article précédent. Zundel compare l'action de Dieu à celle d'un émetteur : dans l'extrait (coupé) ci-dessus le Fr. Stinissen imagine que nos facultés sont équipées d'antennes.
 

12
 


 

Les Lettres de Ste Catherine en vente à Bruxelles

Le mois de novembre, je connus une certaine fébrilité en apprenant qu'une très ancienne édition des lettres de Ste Catherine de Sienne était en vente publique à Bruxelles. Curiosité d'abord, consternation quant au prix estimé ( 9000 /12.000 Eur). Emotion devant cet incunable édité à Venise en 1500 et qui sentait encore bon le "Procès Castellano", procès de béatification instruit en 1412 dans cette même ville(Canonisation en 1461). Il s'agit de la 2de édition des lettres, suivant de près celle de 1492 à Bologne.
Quel bonheur de pouvoir "caresser" ces lettres (et un choix d'oraisons) que je pensais d'abord être déjà traduites en latin ecclésiastique. Mais non, elles s'offrent là en italien encore tout chaud, parfaitement compréhensibles. Les tenir entres les mains, comme les disciples de Catherine, c'est presque du "live"! Joie de pouvoir y promener mon coeur, pendant des heures, durant des jours, sur le chemin de retour de mon travail ! De quoi repasser chaque matin devant l'antiquariat en agitant la main "Bonjour, Catherine !", car je savais bien qu'elle n'était là que de passage. En transit pour l'Amérique, qui sait?
Autour de moi s'affairent des bibliophiles qui tâtent toutes sortes de reliures, in folio, in 8°..., inspectent à la loupe lettrines et xylographies, demandent à consulter une multiplicité d'ouvrages. Et, panique !, le "n° 913", l'ouvrage de mon coeur. Quelques minutes entre leurs mains, comme on inspecte la mâchoire d'un cheval sur le marché au bétail, et retour à la lectrice insolite. Ouf! De quoi me rendre compte que nos intérêts n'étaient pas vraiment sur la même longueur d'onde.

Entre temps, je consultai ma bibliothèque pour m'assurer que ce livre était au moins en possession des Caterinati de Rome. Grâce à leurs remarquables catalogues, je le répertoriai au Centro Nazionale di Studi Caterniani et à la Biblioteca Casanatense. Je m'informai en Belgique auprès des Dominicains, des Bollandistes (sj), des universités de Namur, Louvain, Leuven (éd. brûlée pendant la guerre), de la Bibliothèque royale de Bruxelles : "Nada !". Tous étaient intéressés à ce qu'on leur offre l'ouvrage, tout en estimant qu'il y peu de chance qu'on vienne le consulter un jour. Cimetière pour cimetière...

En France, le Fr. Eric de Clermont-Tonnerre, averti sur le tard, me répondit qu'il n'avait pas eu le temps de s'informer auprès des dominicains et que l'investissement dépassait les moyens. Entre temps les "'Epistole devotissime de Sancta Caterina da Siena", avaient déjà repris leur itinérance entre les mains d'un autre bibliophile (à Milan). C'était peut-être cela leur destin. En espérant qu'un jour ce fin connaisseur en livres rares soit séduit et nourri par le fruit qui se cache à l'intérieur de la coquille. Au boulot, Catherine! Quant aux chercheurs, Rome vous attend (et sans doute Sienne). A moins que des microfiches ne soient accessibles à domicile.

Mais pour revenir à cette édition: "Aldi ", ça ne me disait rien. Si! la chaîne de grands magasins. Mais
voyons! La "Famiglia degli Aldi" est une dynastie d'imprimeurs vénitiens, contemporains de Gutenberg
et du "Prince des imprimeurs" d'Anvers, Plantin. Aldo (1er) Manuzio, né en 1447 dans le Latium, fonda avec
quelques amis une imprimerie pour diffuser les auteurs latins et grecs. Il s'établit en 1488 à Venise, ville où
la presse était florissante. L'entreprise était difficile et coûteuse. En 1495, il publia les textes d'Aristote, en
5 Vols in folio (trilingue: lat., grec, vulgaire) grâce au mécénat du Prince di Carpi. Cinq ans plus tard, au
milieu d'un foisonnement d'auteurs antiques, à 53 ans, il publia "un auteur moderne"... au féminin s.v.p. !
C'est le seul auteur "contemporain" que j'ai pu repérer dans le catalogue de sa propre maison d'édition.
Nul doute que Catherine était alors "à la une" !


 

                            Chantal van der Plancke

13
 


 

Première grande rencontre des catholiques germanophones du diocèse de Liège

Le 9 octobre 2004, près de 1400 participants se sont réunis à Saint-Vith pour une première grande rencontre organisée par le Conseil pastoral de la région germanophone du diocèse de Liège. Le thème de cette journée était "Envoyés pour être signes".

Donner un visage à l'Evangile

Mgr A. Jousten inaugura la journée en rappelant que les chrétiens vivent de l'amour que Dieu leur prodigue sans compter : "Nous serons signes dans le monde d'aujourd'hui chaque fois que les autres pourront lire dans nos vies que nous vivons de cet amour divin. C'est à nous de donner un visage à l'Evangile".

De nombreux ateliers offrirent l'occasion d'approfondir le thème de la journée.

Plus de quarante organisations et initiatives religieuses et caritatives, à l'oeuvre dans tous les coins de la région, avaient invité les participants à visiter leurs stands pour qu'ils puissent se faire une image de la variété des manières d'être signes:

Les Focolari, Le Foyer de Charité, Marriage Encounter, Missio, Le pèlerinage à Lourdes, Les initiatives de jeunes, Les équipes Charles de Foucauld, Ephata, Oikos,...
Et, parmi toutes ces initatives: celles des Caterinati germanophones, la Chapelle Ste-Catherine de Sienne à Astenet, l'accueil et les animations spirituelles dans la maison attenante.
 

Plusieurs de ces groupes avaient déjà eu l'occasion de travailler ensemble lors de la préparation de la grande rencontre européenne à Stuttgat relayée par satellites dans diverses villes d'Europe et notamment à Eupen (cfr La voix de Catherine de S. N° 130, juin 2004).

L'après midi, le Cardinal Danneels encouragea les participants à être témoins de l'espérance : "Le Christ nous invite tous les jours à semer avec confiance, sans trop nous soucier de l'endroit ou du moment où la semence germera et portera du fruit." Il répondit ensuite aux questions posées par neuf chrétiens qui avaient auparavant témoigné de façon très personnelle de leur manière d'être signes dans leur vie quotidienne : comme parents, catéchistes, jeunes chrétiens et comme laïcs dans leur vie professionnelle.

Le journée atteignit son apogée dans l'Eucharistie festive en l'église de Saint-Vith où l'assemblée fut rejointe par 170 enfants et jeunes qui avaient vécu une animation parallèle à celle des adultes. Là encore, l'évêque de Liège exhorta les fidèles à être signes de l'amour de Dieu, et le Cardinal Danneels à être sel de la terre et lumière du monde. Chacun rentra dans sa communauté locale, la joie et l'espérance au coeur, avec la mission de les partager avec les autres!

Source : Fr Palm, Vicaire épiscopal pour la région germanophone du diocèse de Liège, in Eglise de Liège. NB Il est aussi l'assistant ecclésiastique des Caterinati germanophones et du sanctuaire d'Astenet.
 

 

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