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La Voix de Catherine de Sienne

(N° 117-118 Mars et Juin 2001)

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Réalisation et édition de l'icône: Atelier d'icônes Karatzas,
27, rue des Bruyères, 4000 Liège-Belgique

Sommaire du n°17-118 Mars et juin 2001

Editorial ; Ce sont les saints qui nous choisissent, p. 4 ; Une rencontre inattendue, p. 5 ; Ste Catherine à Mbujimay (Fondation en R.D. Congo), p. 8 ; Ministère d'un curé de campagne (R.D. Congo), p. 11 ; Ste Catherine à la basilique St-Pierre (Statue), p. 12 ; avec S.C. Benincasa à Astenet (28/29 avril), p. 15 ; Chemins d'intériorité : Catherine et et Th. d'Avila, p. 20.

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Editorial

Chers amis;

 Voici un "numéro double"  pour mars et juin 2001. Le débordement continu du travail professionnel me rend, pour le moment, incapable de tenir le rythme trimestriel de publication du bulletin. Veuillez m'en excuser ! Si vous pouvez m'aider, envoyez-moi votre contribution (2-3 pp.+ photos): approfondissement des écrits de Catherine, recherches théologiques et historiques, approches pastorales à la lumière de l'engagement de Catherine (justice, paix, réconciliation), nouvelles (conférences...), recensions de livres, événements locaux,

.découvertes personnelles, présentation des sites internet etc... Merci déjà nos amis belges, français, canadiens, suisses, iraqiens, des divers pays africains... A vos plumes ou à vos souris !

Parmi les nouvelles, en Belgique, c'est dans l'action de grâce que nous confions à l'intercession de Ste Catherine le nouveau ministère du doyen d'Eupen, le vicaire épiscopal Aloys Jousten, ordonné évêque de Liège à la Pentecôte. Fidèle ami de Ste Catherine, Monseigneur célèbre régulièrement les fêtes à Astenet (voir p. 18) et a accompagné la délégation des germanophones à Sienne, il y a quelques années. Le voici désormais pasteur de toute une Eglise.

A Sienne aussi, il y a du changement dans l'air. Mgr Bonicelli, toujours enthousiaste comme son prédécesseur, s'apprête à quitter Sienne en raison de la limite d'âge qu'il avait atteinte sans que nous nous en apercevions. C'est avec surprise et émotion que nous avons participé aux chaleureux remerciements de la part de l'Association Internationale pour tout son dévouement et sa contribution profonde au mouvement, au diocèse et à l'Eglise universelle, pour mieux faire connaître Catherine, son enseignement et son témoignage. Mgr Bonicelli prendra sa retraite dans diocèse de Pergame, dans le Nord de l'Italie, son diocèse d'origine qu'il se réjouit de pouvoir encore servir. A la question "Y a-t-il des caterinati là- bas?", il a répondu avec son humour jovial: "Non, mais il y en aura!"

A l'assemblée annuelle à Sienne, les 3-4 mars 2001, les délégués des différents groupes ont fait le rapport de leurs activités. Ils ont pris aussi le temps de fraterniser et de prier ensemble (à la chapelle du Crucifié, si profondément contemplé et aimé par Catherine) et d'échanger sur leurs projets, réalisations et problèmes de société. Dans la ligne de l'apostolat de Catherine, il fut notamment question de la visite des prisonniers, de l'annonce de la foi et des cours de religion (un concours sur Catherine y a été lancé), de l'écoute des personnes isolées ou âgées, de l'aide caritative locale et des demandes d'aide venant du tiers monde, des recherches théologiques et des publications, du tout jeune et de ses activités, du site internet de Sienne (www.caterinati.org),...

Mgr Castellano a particulièrement insisté sur l'année 2001, proclamée par l'ONU, Année du volontariat, à laquelle la spiritualité de Catherine peut donner une réelle profondeur. Le bénévolat est une voie par laquelle on pourrait associer plus de jeunes qui ne demandent qu'à être "embauchés" par quelques convaincus dans le champ de la solidarité fraternelle.

Merci aux bénévoles qui collaborent à la réalisation de cette revue, à sa gestion et à son expédition !

Bonnes vacances et bonne lecture. 

Pour l'équipe, Chantal van der Plancke.

Vient de paraître : Catherine de Sienne, dans la coll. "L'expérience de Dieu avec..." Brève introduction biographique, : suivie de textes choisis, par Denise Robillard (Montréal), Ed Fides,(Québec), 2000, 144 pp.430 FB

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p401.jpg (109925 octets) Monseigneur Castellano parcourant avec émotion les noms des Caterinati dans le monde, qui se sont fait inscrire dans ce registre depuis la création de l'Association, après Vatican II. "Beaucoup de défunts déjà, ce qui est très beau! Ils ont confié toute leur vie
à l'intercession de Catherine. Mais maintenant il faut rajeunir et actualiser ce recueil" .Avis aux lecteurs qui veulent se faire inscrire. Envoyez un petit mot au bulletin. Nous ferons suivre.
p402.jpg (92204 octets) Sienne, 3 mars 2001
Hommage à Monseigneur Bonicelli,
président émêrite de l'Association
Internationale,
(Debout, il remercie aussi son confrère )
p403.jpg (109481 octets) Sienne: dans la petite chambre souterraine où Catherine priait et vivait en recluse durant les trois ans avant sa vie publique. Ici est conservé ce recueil comportant les noms de tous les caterinati qui le désirent. A quoi cela m'engage-t-il? C'est d'abord Catherine qui
nous prend sous sa protection et dans son intercession. En la fréquentant dans la prière et en approfondissant sa vie et son enseignement nous puisons à la source de son amour du Christ et de l'Eglise : nous prolongerons sont témoignage dans le monde.

 

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Témoignage 

Ce sont les saints qui nous choisissent.  

A mon avis, ce n'est pas nous qui choisissons les saints, c'est eux qui nous choisissent et sont envoyés pour nous épauler. Lorsqu'on accompagne un adulte sur le chemin de la conversion, on découvre généralement que ses désirs profonds correspondent avec l'esprit de Jésus.

Cela fait « tilt » en lui, et c'est impressionnant. De la même façon, cela fait "tilt" entre certains saints et moi. 

Mon chemin spirituel 

Toute petite, j'étais tout à Jésus. Puis une éducation janséniste a tout cassé.

C'est la petite Thérèse de l'Enfant Jésus qui est venue à mon secours avec sa voie d'amour. Cela a pris des années - elle m'a relevée, redonné confiance, m'a fait retrouver mon Dieu d'amour, la joie de mon enfance.

Ensuite cela a été saint François d'Assise: beaucoup de choses ont fait "tilt" avec lui: sa radicalité, sa joie de vivre, son amour viscéral de la nature, son attirance pour la Croix, Dame Pauvreté, l'Eglise. Il m'a menée plus loin.

Puis, en vrac, quatre saints: tous contemplatifs dans l'action: Le Père de Foucauld (le petit frère universel), Petite Soeur Magdeleine de Jésus, Marthe Robin, Madeleine Delbrêl: partager la vie courante des pauvres, l'abandon au Seigneur, la dernière place, la prière, l'Eglise, la Croix, sortir de son Moi/je, être très humains. Le fait de connaître Assise m'a aidée à comprendre saint François, de même Marthe dans sa pauvre petite chambre à la campagne -et Madeleine Delbrêl dans sa banlieue parisienne très communiste, en plein remous d'Eglise avec les prêtres ouvriers frappés d'interdiction: sa lucidité, sa fidélité extrême à l'Eglise.

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Catherine me fortifie 

Ainsi le voyage à Sienne, si jolie et rude en même temps, m'a rendu sainte Catherine vivante et proche de suite. Elle m'a séduite comme femme de désir, amoureuse, audacieuse, obéissante, contemplative dans l'action.

Beaucoup de choses ont fait "tilt" : la cellule intérieure -Qui suis-je ? -On n'est fait que d'amour -la beauté de la Trinité -de la Croix -l'intercession -l'amour du Sang de Jésus qui lave, guérit, nourrit, enivre -son amour fou pour l'Eglise -sa disponibilité -son courage - son humilité et sa force.

Il me semble qu'elle consolide tout en moi et veut me mener plus loin. Elle m'aide surtout dans ce combat difficile du Moi / je: me dévêtir de ma volonté propre pour ne vouloir que les désirs de Dieu, la joie de Dieu, le bien-être de Dieu.

Evidemment tout cela à ma toute petite, petite mesure...et mes grands désirs !

Christiane

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… Une rencontre inattendue

Sans que je le sache

Mon histoire avec Catherine de Sienne commence sans que je le sache, en 1988. J'avais 20 ans. Depuis un an, j'avais compris que le Seigneur m'appelait à le suivre de plus près. Je voulais vivre ma consécration en restant laïque. Entrée dans l'Institut p406.jpg (32594 octets)Séculier des Oblates Apostoliques, c'est là que j'ai découvert ma soif de Dieu: "comme une terre aride altérée sans eau", et approfondi la soif qu'Il avait de moi: "donne-moi à boire". Le 29 avril, au cours d'une mission organisée par les Oblates et à laquelle je participais, je me suis décidée à faire un pas de plus vers le Seigneur. J'ai découvert plus tard que ce jour-là était aussi la fête de Catherine, et je me suis réjouie d'avoir vécu ce moment important de ma vie sous sa protection. En 1990, un jour d'octobre, pendant l'adoration, une "drôle" de prière me vint à l'esprit: "Dieu seul est Je ne suis pas...; sans Lui, je ne suis capable de rien de bon, etc. ..." J'en parlai à une amie, qui était en formation avec moi, et on rigola beaucoup, car cette prière, que je lui avais lue en détails, nous paraissait compliquée et un peu étrange. Mais voilà qu'après quelques jours, elle me dit: "Tu sais, quelqu'un a dit cela avant toi !" Elle me montra un gros livre où elle avait repéré par "hasard" le passage de Catherine: "Dieu est Celui qui est, moi celle qui n'est pas..." Je fus fort surprise par cette coïncidence et, même si je ne lus pas le livre - il était trop gros pour moi -, je commençai à m'intéresser à Catherine. Je voulus connaître cette sainte avec laquelle j'avais découvert une certaine "proximité", toutes proportions gardées naturellement !

Trop extraordinaire pour moi !

Je me suis alors acheté une sélection de ses écrits, précédée d'une petite biographie. Aussitôt, je me rendis compte que j'étais en train de marcher sur des oeufs ! Catherine était une mystique, un docteur de l'Eglise, elle avait vécu des grâces extraordinaires... Bref, elle était trop grande, trop spéciale, pour avoir quelque chose en commun avec moi... Alors, je pris vite les distances! Gênée de l'avoir mise dans le coup, je la remis dans sa niche, même si, de temps en temps, je continuai à lire ses écrits et à les utiliser pour la prière. Je me rappelle aussi qu'on avait organisé, à la chapelle universitaire, des temps d'adoration en compagnie de différents saints et que Catherine avait eu parmi eux une place d'honneur. Malgré la distance qui nous séparait et les barrières que j'avais mises : " éloigne-toi de moi, car je suis pécheur...", nos routes était destinées à se croiser! C'est encore par " hasard ", attirée par le petit éléphant qui se trouve devant l'église de la Minerve, qu'un jour, je suis entrée dans cette basilique et j'ai découvert que là était conservé son corps. Pendant mon séjour à Rome, j'allais souvent prier dans cette église qui, tout en étant un peu trop sombre à mon goût, m'avait fascinée par l'atmosphère de recueillement qu'on y respire.

Clin d'oeil à Bruxelles

En février 95, je débarquai à Bruxelles. C'est là qu'elle m'attendait pour que je puisse la connaître autrement. En effet, quelque temps après mon arrivée, j'eus l'occasion d'écouter une conférence de Chantal van der Plancke et de lire le petit livre "Prier 15 jours avec...Catherine de Sienne". Alors quelque chose se passa. Comme un vent qui souffle sur des cendres et leur redonne vie. Un vent enleva la poussière déposée sur l'image que j'avais de Catherine. Ainsi, tout à coup, mon regard changea: elle me devint proche, aussi bien de ma jeunesse que de mon temps, et encore plus présente dans ma vie de tous les jours. Parfois, je me demande si c'est à cause de l'humour des saints qu'une Italienne découvre sa Patronne en terre étrangère! Soit! Je commençai à la fréquenter de plus près, à relire ses écrits avec un regard plus priant, en me laissant instruire et interpeller par leur extraordinaire profondeur et actualité. Je me sentis destinataire et invitée à vivre et à porter son message aux autres. C'est en ressentant cet appel que je me rendis compte que, petit à petit, Catherine allait habiter non seulement ma vie personnelle mais aussi mon apostolat. Avant de raconter une expérience à ce sujet, j'aimerais partager quelques aspects de sa spiritualité qui me tiennent fort à coeur, et que je vous propose pour nous mettre chaque jour à son école.

A l'école de Catherine

L 'humilité. Catherine parle beaucoup d'humilité. Ce que j'aime chez elle, c'est que cette humilité n'est pas dans l'ordre de l'effort comme: "il faut se faire petit, être humble...". p407.jpg (66551 octets)L'humilité, chez Catherine, n'est pas seulement une vertu mais une condition; c'est avoir conscience que nous ne sommes pas: "je suis celle qui n'est pas !" Tout cela nous est révélé, nous est donné par la connaissance de nous-mêmes, de notre pauvreté, de notre rien, et par la connaissance de Dieu qui est notre Tout. L'amour du Christ. Catherine nous y invite à travers la contemplation de la Croix. Sur ce "Livre" écrit "en peau d'agneau", dont les lettres sont écrites avec "le sang", on peut lire tout l'amour que Dieu a pour nous. Catherine nous amène à contempler le visage du Christ, bienheureux et souffrant, à écouter sa soif et à la désaltérer en Lui rendant "amour pour Amour". Il y a chez elle un cri qui traverse les siècles: "personne ne vient à la fontaine puiser le sang..." C'est sa façon à elle de dire que " l'amour n'est pas aimé", de nous mettre en garde car on peut passer à côté de cette Source de grâce qui découle de la croix... L'amour de l'Eglise. Catherine a beaucoup aimé l'Eglise. Elle a porté le poids de l'Eglise. Une des plus célèbres statues nous la montre presque courbée. Elle-même dira à ses disciples: " La cause de ma mort, c'est l'amour de l'Eglise." C'est cet amour qui lui faisait désirer sa réforme, qui la poussait à parler, à dénoncer les compromis qui pouvaient éloigner l'Eglise de l'esprit de l'Evangile. Elle nous y invite aussi, mais nous rappelle qu'il faut toujours commencer par nous-mêmes. Si je veux que l'Eglise soit plus humble, plus pauvre, plus évangélique, eh bien, je dois m'engager à vivre cela, en sachant que ma médiocrité, mon manque d'amour, d'humilité, mon péché, contribuent à rendre l'Eglise moins belle, moins humble, moins sainte. Il faut se mettre longuement à l'école de Catherine pour apprendre ce regard d'amour qui nous fait aimer l'Eglise non en dépit de sa faiblesse mais à cause d'elle. La sainteté. Un petit refrain revient assez souvent chez elle et ne cesse de m'interpeller: "Ce que Dieu demande de vous, c'est votre sanctification ". En quoi consiste cette sanctification? C'est encore Catherine qui nous l'explique. Elle consiste tout d'abord à accueillir l'Amour : "Fais-toi capacité, je me ferai torrent." Fais le vide afin que l'amour de Dieu puisse te remplir... C'est un amour débordant. Dieu exagère toujours. A nous de nous tenir "sous la fontaine". Et puis, répondre à l' Amour. Comment ? A travers l'amour du prochain: "Car à moi, dit Dieu, vous ne pouvez rien faire " Comme la pluie et la rosée, l'amour que nous recevons de Dieu et que nous donnons à nos frères, nous dit Catherine, permet à l'arbre de notre âme de grandir. L'humilité, c'est la terre où je dois planter mon arbre, afin que ses trois branches se développent et soient orientées vers Dieu: alors, "la mémoire me permettra de Le garder en moi, l'intelligence de Le connaître, et la volonté de L'aimer par-dessus tout.".

 

Avec Catherine, sur les routes du Nord.

La présence de Catherine m'accompagne non seulement dans ma vie intérieure mais aussi sur les routes que je parcours pour rencontrer mes frères et soeurs. Par un dessein de la Providence et sans l'avoir en rien recherché, l'Esprit nous a poussées depuis cinq ans vers la Lettonie, un des pays baltes qui ont longtemps connu le régime communiste. A travers différents voyages missionnaires, nous avons pu découvrir ce pays, ses riches- ses et ses pauvretés. Je songe à la foi des personnes âgées, au désir de Dieu qui habite le cceur des jeunes et aussi à la pauvreté des moyens: le manque de traductions des documents d'Eglise et des oeuvres spirituelles, le besoin de formation pour mettre des mots sur la foi et accompagner les nouvelles générations. Il y a tant à faire du côté matériel: rebâtir l'économie, les rues, les églises et les maisons...

p408.jpg (100657 octets)Mais le plus nécessaire, c'est de rebâtir la maison intérieure de l'homme, son être profond. Plus de 40 ans de communisme ont dérobé la dignité de l'homme, en le considérnnt comme rien. un numéro, une machine à produire... Maintenant que les frontières sont tombées, il y a aussi le danger de succomber aux tentations de l'Occident: l'exaltation de l'avoir, du pouvoir, la surestimation de l'homme comme maître de la vie et de la mort. En tout cela, je me rends compte que Catherine a un rôle important à jouer dans l'aide que nous voudrions apporter à la Lettonie. A travers ses écrits, nous est révélée la vraie dignité de l'homme : " O Père éternel, je déborde d'admiration car, dans ta lumière, j'ai compris que tu m'as connue, ainsi que toutes les créatures raisonnables, toutes ensemble et chacune en particulier, avant que tu nous aies donné l'être ". Et encore " ...bien que ta lumière te montrât toutes les iniquités que la créature devait commettre contre ton infinie bonté, tu as fait semblant de ne pas les voir, pour ne regarder que la beauté de ta créature dont tu t'es épris, comme fou et ivre d'amour.." A temps et à contretemps, elle nous répète la beauté de notre dépendance à l'égard de Dieu. c'est de Lui que je tiens mon être, et de notre dépendance réciproque. "je n'ai pas voulu (dit le Père) que chacun possédât tout ce qui lui était nécessaire pour que les hommes aient ainsi l'occasion, par nécessité, de pratiquer la charité les uns envers les autres ".p409.jpg (74124 octets) Le don qu'on reçoit nous est donné pour le bien de tous et en vue d'un service que Dieu veut nous confier. D'où l'importance que chacun puisse découvrir sa propre mission: ce qu'on est appelé non à faire … mais à être ."En étant ce que vous devez être, vous mettrez le feu au monde entier .. ". Voici de quoi mettre en oeuvre non pas la révolution d'octobre ... mais celle de l'Amour! Pour contribuer à cette "révolution" et permettre à Catherine, à sa parole de feu, d'être connue et appréciée en Lettonie, nous avons envisagé la traduction de Prier 15 jours ...C'est fait. Reste à trouver des subsides. Je suis sûre que ce livre continuera à faire beaucoup de bien, car ceux qui le liront pourront y puiser la passion pour le Christ et pour l'Eglise qui brûlait le cceur de Catherine, et qui brûle encore dans le coeur de ses disciples d'aujourd'hui.

Alida Lo Scalzo

( NDLR, de " la bande des 4 ", voir p 15)

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Ste Catherine à MBUJIMA YI

Une oeuvre laïque fondée sur le témoignage de S. Catherine

Depuis plus de cinq ans, à l'initiative d'une mère de famille, Madame Anny Yowa Mulaya wa Tshibangu, et de deux prêtres, le père Joachim Kadima Kadiangandu et le père Placide Mukendi, le curé de la Paroisse Notre-Dame de Fatima à Mbujimayi et recteur du Sanctuaire du même nom, est née une Fondation Sainte Catherine de Sienne. Cette oeuvre a pour but de "connaître et d'aimer toujours davantage cette grande sainte afin de la faire connaître dans notre diocèse de Mbujimayi " , au Congo Kinshasa.

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La genèse

Voici comment le père Placide nous présentait l'équipe de base, en juin 1999 : " Un petit mot sur chacun de nous peut être de quelque utilité. "Madame Anny Yowa Mulaya est mariée, épouse Nyembwe Alexandre, et mère de cinq enfants dont l'aîné vient de terminer ses études universitaires tandis que les quatre autres les poursuivaient. A 12 ans, elle a vu, en songe, une dame blanche qui lui a dit qu'elle s'appelait Sainte Catherine de Sienne. N'y comprenant rien, elle s'est ouverte à une religieuse qui était son enseignante et celle-ci l'a recommandée à un prêtre. Informée sur sainte Catherine, elle l'a prise, plus tard, comme son modèle et sa patronne dans son ministère auprès des prêtres. Elle est mère spirituelle de bon nombre de prêtres et compte même quelques évêques parmi ses fils. Elle est très engagée dans l'Eglise. Mon confrère, le père Joachim Kadima Kadiangandu, est le plus jeune de nous trois. Il a 12 ans de ministère sacerdotal et se trouve en France où il fait des études universitaires; mais, après avoir subi une intervention chirurgicale, une transplantation cardiaque, il est obligé d'y rester pour des raisons de santé. C'est une épreuve très dure pour lui. Il continue cependant à rester des nôtres d'esprit et de coeur: il n'a nullement renoncé à sa collaboration dans la poursuite de notre projet. Quant à moi, je suis le plus âgé du groupe: je totalise 33 ans de ministère sacerdotal. Je suis curé de la Paroisse Notre-Dame de Fatima et recteur du Sanctuaire Notre-Dame de Fatima, deux grandes constructions à peine commencées. C'est dans ma paroisse qu'à été lancé le projet de Fondation Sainte Catherine de Sienne. J'ai connu le R.P. André Knockaert au Grand Séminaire de Mayidi. " Depuis lors, le père Joachim a brillamment présenté sa thèse sur " La psychologie du pardon " à l'Ecole Pratique des Hautes Etudes à Paris. C'était le vendredi 10/11/2000, à 15h, par reconnaissance au Coeur Sacré de Jésus, immolé immaculé le Vendredi Saint et la veille de l'anniversaire de l'armistice, pour que la paix arrive au Congo-Kinshasa par le pardon. Le père Placide a pu le visiter à l'occasion de sa venue en Europe pour un séjour au Sanctuaire Notre-Dame de Fatima au Portugal.

Un diocèse jeune

Tous ces contacts les ont renforcés dans l'amitié et dans la mission. Le diocèse de Mbujimayi est jeune. Créé le 3 mai 1966, il porte toutes les blessures des guerres, massacres, exodes et reflux des populations déplacées, particulièrement dans les années 1959-1962, et de nouveau depuis 1992. En 1995, année du centenaire de l'évangélisation du Kasaï, il clôtura un Synode diocésain dans l'élan d'une nouvelle étape de son chemin spirituel et pastoral, sous la protection de Marie, Notre-Dame d'Espérance, Mère de Jésus et de l'Eglise, Inabanza waàmujimayi. Cette consécration à Dieu par le Coeur Immaculé de Marie supposait des retraites et journées de prière et de récollection, mais pour cela, il manquait un lieu de retraite et un lieu public de pèlerinage. Le sanctuaire marial prend forme peu à peu, mais le centre de spiritualité Sainte Catherine de Sienne est encore en gestation et cherche des parrainages pour la construction: ce centre se donne l'objectif "de former des chrétiens laïcs et de les amener aux vraies sources de la vie trinitaire " .Le coût des travaux sera évalué par des experts.

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La Fondation et ses projets

A l'exemple de Sainte Catherine, qui se consumait dans la prière, les missions de paix et de réconciliation, et le soin des malades du corps et de l'âme, la Fondation cherche des volontaires afin de soutenir ses oeuvres de pardon et de réconciliation, de scolarisation, de santé et de communications sociales dans le Diocèse. Elle pourrait les envoyer se former en Europe sur le plan de la spiritualité, de la théologie, de l'information, de la santé et de l'économie. Pour ressourcer la spiritualité des chrétiens intellectuels laïcs, engagés dans l'oeuvre de la réconciliation, le projet de construction du centre de recueillement est évalué à 130 places. Il faut dire qu'en l'absence de tout lieu d'accueil, " pour faire leurs retraites annuelles ou leurs journées de prière, les prêtres et les chrétiens

de l'endroit sont obligés d'attendre les vacances scolaires pour obtenir les locaux disponibles dans les écoles des environs ". Ce projet a évidemment le soutien de l'Evêque du lieu, Mgr Tharcisse Tshibangu Tshishiku, et de son auxiliaire Mgr Emmanuel Bernard Kasanda Mulenga.

" La Fondation Sainte Catherine de Sienne de Mbujimayi envisage également d'initier un colloque interafricain qui pourrait se tenir à Paris, en l'an 2005, sur le thème du " Pardon, Réconciliation et Démocratie pour les pays d'Afrique ". Nous avons également besoin de votre soutien moral et matériel pour la réalisation de ce projet. Nous partons mains vides pour le faire. Mais, Sainte Catherine de Sienne aimait bien ce genre de situation. D'autres associations culturelles intéressées y participeront. Le colloque lui-même est conçu pour avoir des ramifications et des effets concrets dans la vie des pays d'Afrique. Enfin, la Fondation s'engage à célébrer, tous les trimestres, une messe pour le diocèse de Sienne et son archevêque, et pour l'Association internationale de Sainte Catherine dont nous faisons partie", précise l'abbé Placide.

 

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Courrier

Ministère d'un curé de campagne

Pas facile

Mon ministère se porte bien jusqu'ici. Je suis dans une paroisse érigée en 1959, mais aux conditions de vie et d'accès pas faciles. La paroisse n'a ni moyen de transport, alors qu'elle s'étend sur un rayon de 45 km, - imaginez-en la superficie -, ni électricité et sans eau... Tous les déplacements et visites pastorales se font à pied. Pour la lumiére, on se contente soit de la lueur d'une bougie, soit d'une lampe tempête ou encore d'une lampe torche. Nous allons nous baigner à la rivière et parfois y fouler la lessive, car la paroisse n'a pas de quoi rémunérer une lavandière. Le ministère est exercé avec beaucoup de sacrifices et d'abnégation. Les fidèles quant à eux restent assez indifférents à l'Evangile. De leur côté, j'ai remarqué souvent qu'ils sont timides et réticents à s'engager à suivre fidèlement le message évangélique et l'enseignement de l'Eglise. Plus d'un sont non pratiquants, chrétiens catholiques, se disent-ils. La polygamie est monnaie courante. À cause de la pauvreté, la population est tellement préoccupée par la lutte pour la vie que les gens se livrent à leurs travaux au mépris de la messe quotidienne ou même dominicale. Il y a encore du chemin à parcourir ici, car cette mentalité est diffé- rente des autres régions du diocèse. Pèlerin d'Espérance, la lumière du monde me conduit.

Au-delà !

Au-delà de tout cela, je perçois toujours une voix comme celle de Catherine me soufflant à l'oreille: "Sème, sème sans relâche". Et, de sa lettre aux dominicains B. Dominici et Th.d'Antonio, sa parole  me revient toujours: "Je vous le dis, hâtez-vous de regarder à la  fenêtre. Car la souveraine Bonté a préparé les moyens et les circonstances pour faire de grandes choses. Aussi, je vous ai dit d'être pleins de zèle pour augmenter en vous le saint désir; et ne vous contentez pas de petites choses, car Dieu en veut de grandes." C'est cette voix que le Pape Jean-Paul II semble faire résonner en écho dans un épisode de sa récente lettre apostolique exhortant les ouvriers apostoliques à redoubler d'efforts et de zèle pour le travail missionnaire lors qu'il se réfère à la pêche miraculeuse. "Duc in altum". Avance au large, en eau profonde, en dépit de tou- tes les intempéries et les péripéties, pour attraper le plus grand nombre de poissons et faire jaillir davantage (à jamais) le Fleuve de Vie dans leurs coeurs. Une sainte Catherine m'aide à panser les blessures de notre peuple, bien que sans ressources, et à y mettre la grâce de l'Année jubilaire qui vient d'être célébrée. Espérons et prions avec Catherine pour la paix dans notre pays et que les discours de nos leaders sur le développement soient réellement traduits en actes. Union de prière! Bonne fête patronale déjà! -

(c/o Procure de Boma, SP 120, Boma, RD Congo )

Jean-Claude, KHONDE, Pèlerin d'Espérance

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Sainte Catherine de Sienne à la Basilique Saint Pierre

On connaît bien, le long de la via della Conciliazione, près du Château Saint-Ange, la statue de Catherine, en marche, le dos courbé, portant sur elle les soucis de l'Eglise et du monde, ou plutôt dans son coeur, pour les confier à son Époux (Voir couverture de la revue). L'oeuvre de F. Messina fut inaugurée en 1962 à l'occasion du 5e Centenaire de la canonisation de Catherine (1492). Chaque année, une représentation officielle de la commune de Rome vient y rendre un hommage floral. Et combien de pèlerins, isolés ou en groupe, ne se recueillent-ils pas là en action de grâce et en supplication, en passant ou en célébrant une petite liturgie sous son regard?

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Copatronne de l'Europe Le désir de rendre hommage à la sainte, nommée Docteur de l'Église universelle en 1970, a pris la forme d'une sculpture de l'artiste français Eric Aman, donnée à la basilique St-Pierre à l'occasion du premier anni- versaire de la proclamation de Catherine copatronne de l'Europe (1999). Parmi les cinq projets sélectionnés à Sienne, c'est cette oeuvre qui fut choisie à Rome. Ce don est une initiative voulue par l'archidiocèse de Sienne et par l'Association internationale des Caterina- ti, pour honorer la sainte qui, dans l'esprit du Jubilé, devient une des grandes personnalités de référence pour guider un itinéraire religieux à la fois spirituel et solidaire des problèmes du monde. Située dans l'une des niches de la façade latérale de la basilique St-Pierre, place Sainte Marthe, à l'intérieur de la Cité du Vatican, la statue a été inaugurée le samedi 28 octobre 2000 par diverses célébrations qui ont rassemblé à Rome plusieurs milliers de fidèles siennois, accompagnés de leur archevêque, Mgr Gaetano Bonicelli. Ainsi le patrimoine d'art sacré continue-t-il de s'enrichir, racontant et transmettant aux générations successi- ves la foi vécue par les saints et martyrs qui ont témoigné du Christ dans leur vie. La foi absolue et la riche personnalité de Catherine, ascétique et en même temps attentive aux affaires du monde, sont harmonieusement résumées dans la composition du jeune artiste français, qui vit et travaille dans la région de Sienne.

p412.jpg (31581 octets)A côté de Ste Brigitte Parmi les niches qui constellent la basilique vaticane, imaginées et désirées par Michel-Ange pour donner profondeur et élan à toute la construction, la statue de Catherine de Sienne se trouve placée entre la sculpture de Brigitte de Suède et celle de Marcellin Champagnat, inaugurée en novembre 2000. La statue de Ca- therine, en marbre blanc de Carrare, mesure plus de cinq mètres. Sur le piédestal, l'artiste a placé les blasons de Paul VI et de Jean-Paulll, qui ont respectivement déclaré la sainte Docteur de l'Église universelle et Patronne de l'Europe.

Représentée dans un geste de priére, exprimé par le regard tourné vers le ciel et par les bras ouverts semblant accueillir la lumiére divine qui se reflète sur elle, l'image de la sainte transmet la sérénité de la joie qui naissent de la rencontre de Dieu. Son manteau recouvre la Torre del Mangia et le Palazzo Publico, le campanile et la cathédrale de Sienne, une image médiévale de la ville, mais interprétée d'une manière si moderne qu'elle la projette aussi dans l'avenir. Le vêtement de la sainte accompagne son pas posé sur la croix, p414.jpg (37963 octets)étendue à ses pieds, rappelant la puissante image décrite dans le Dia- logue: la croix, signe du pont offert par Dieu à l'humanité pèlerine pour arriver jusqu'à Lui. Ces éléments, ainsi que les stigmates, le lys et le livre, identifient sans équivoque la sainte. Merci à tous ceux et celles qui, par leurs offrandes, ont contribué à marquer ce signe!

 

Un prestigieux ouvrage, in 8°, bilingue italien/français, édité par l'Antica Portizjoncula de Pérouse, "S. Caterina da Siena. Una nuova statua di Eric Aman nella basilica vaticana", comporte 14 contributions d'auteurs connus par leurs études catheriniennes, ainsi que la salutation de Jean-Paul II à l'occasion de la bénédiction de la statue. Plusieurs traductions sont annoncées pour faire connaître Catherine notamment à travers toute l'Europe.

 

 

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Avec Ste Catherine Benincasa à Astenet.

Samedi 28 avril 2001, veille de la Sainte Catherine, 10h. Un samedi pluvieux, comme tant d'autres à Bruxelles. Pourtant, quatre existences vont y être rapprochées, pour quelques heures, grâce à S. Catherine. Quatre personnes que pour les Bruxellois pressés qui, ce matin-Ià, se dépêchent de faire leurs emplettes avenue Louise -rien ne rapproche: une jeune fille dynamique, née en Turquie, une artiste, une Italienne un peu myope avec sa guitare et un fonctionnaire dont les cheveux commencent à grisonner. Ce qu'ils ont en commun ne se voit pas: c'est une jeune fille, morte en 1380, à l'âge de 33 ans. Quels sentiments les attachent à cette fille? Serait-ce sa mort d'inanition parce qu'aucun aliment autre que la communion au corps du Christ ne lui disait encore quelque chose et surtout parce qu'elle voulait enfin re- joindre son Époux? Serait-ce sa capacité étonnante à combiner contemplatien et activité dans le monde?

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Astenet, chapelle de la relique. Sous la nouvelle plaque, 1 commémorant en alle- mand et en français, la proclamation, par Jean- Paul II, de S. Catherine, Patronne de l'Europe, le 1. XI. 1999, de gauche à droite, la bande des quatre: 1. Marie-PauJe, l'artiste, 2. Mélèze, la dynamique, (3. Chantal v. d. P.) 4. Christian, l'auteur; (5. Monique Leboutte) 6. Alida, sans sa guitare!

 

Quatre Bruxellois à l'origine ils devaient être cinq mais le dédit d'une participante a ramené leur nombre à celui des évangélistes ou des basiliques patriarcales de Rome. Hasard ou clin d'reil du Maître ? Le nombre quatre celui des points cardinaux -ne symbolise-t-il pas le monde ? Ste Catherine ne voulait-elle pas mettre le monde en marche ? N'a-t-elle pas déjà, de son vivant, rassemblé de nombreux 'Caterinati'? Le rendez-vous avait été donné à l'église des Carmes. Choix étonnant, car Ste Catherine faisait partie du tiers ordre dominicain. Un rendez-vous à l'église Ste-Catherine aurait semblé plus normal. Autrefois les pèle- rins en partance pour St-Jacques-de-Compostelle se rassemblaient pour prier dans une église dédiée à ce saint avant leur départ, mettant ainsi le saint aux deux bouts de leur voyage: pèlerinage non pas vers St Jacques mais avec St Jacques. Mais faute de mieux, les quatre sont partis par la place Poelaert, ainsi nommée comme tout le monde le sait d'après l'architecte de l'église Ste-Catherine.

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Astenet est environ à la même distance de Bruxelles que Sienne d'Assise, donc pas très loin. En outre, jusqu'à Eupen il suffit de suivre l'autoroute. Quelle facilité en comparaison avec les longues marches sur des sentiers défoncés qu'a dû affronter la Sainte pour porter son message de réconciliation et d'amour de l'Eglise au cours de sa courte existence! Pourtant, à nouveau, le hasard permit aux quatre de goûter un peu des angoisses des voyages de la Sainte: pendant tout le parcours, des trombes d'eau s'abattaient sur la voiture, devenant comme un frêle esquif battu dans une tempête, à l'image du bateau du Pape Grégoire XI lors de son retour d'Avignon à Rome, à l'appel de la Sainte. Hasard ou clin d'oeil ? Pour le conducteur, angoissé par sa vitesse élevée par rapport à la faible visibilité et le risque d'aquaplanage au moindre coup de frein, la confiance des passagers lui rappelait la confiance que son Créateur avait mise en lui en l'appelant à la vie et en lui donnant sa liberté d'en faire ce qu'il voulait. Pour les passagers, la pluie incessante évoquait probablement plutôt les car-wash automatiques. Une heure et demie plus tard, les quatre arrivèrent sains et saufs à Astenet. Une heure et demie de méditations et de pensées diverses, connues des seuls participants. Une de ces pensées était sans aucun doute: "Pourquoi ce pèlerinage avec une Sainte toscane, alors qu'il y a des mystiques du terroir qui pourraient également nourrir notre spiritualité, nous aider dans notre quête de Dieu?" Par exemple, la bienheureuse Hadewijch d'Anvers, béguine du XIIIe siècle ou Béatrice de Nazareth, extatique et visionnaire cistercienne, qui vécut à la même époque. Il est vrai qu'elles ne sont pas (encore ?) docteurs de l'Eglise. En outre, il est probable qu'aucun des quatre ne sait où les reliques de ces mystiques reposent.

Astenet a beau être un petit village, la Sainte toscane n'y a pas seulement une chapelle moderne construite autour de sa relique, mais aussi une maison de retraite pour personnes âgées qui lui est également consacrée. Pour celui qui connaît un peu Ste Catherine, il n'est pas étonnant qu'une institution caritative l'invoque comme patronne. Catherine était pénétrée de l'amour du Christ pour nous, comme elle l'exprimait si fortement dans l'exorde habituel de ses lettres: "Moi, Catherine, servante et esclave des serviteurs de Jésus, je vous écris au nom du précieux sang de Notre-Seigneur, avec le désir de vous voir noyés dans son sang..." Après une halte à cette maison de retraite, les quatre trouvèrent rapidement la chapelle. Première découverte: la relique de la côte de Catherine. Relique qui semble nous dire: "Chercheurs de Jésus, vous qui cherchez à cheminer avec moi vers mon époux, je suis avec vous. J'ai dicté tout ce que le Maître m'a dit de mon vivant. Imprégnez-vous-en. C'est pour vous aussi qu'il me l'a dit". Ste Catherine est, dans notre mémoire, la femme d'action qui a ramené le pape Grégoire XI à Rome, mettant fin à la "seconde captivité de Babylone". Comme contemplative, sa place est dans notre creur, pour nous aider à mieux comprendre et nourrir le désir qui y habite.

Notre désir de Dieu.

C'est sur des paroles de Ste Catherine que les quatre se sont entraînés à exprimer ce désir par un chant : désir de trouver en Dieu la paix, en laissant son âme s'élever sur les "marches" du corps du Christ: les pieds cloués, son creur transpercé -pour nous livrer son secret -, et ainsi de suite jusqu'à l'union avec Dieu. Hymne d'amour, répété par les quatre pour être chanté pendant l'Eucharistie, lors de la communion. Chant exprimant la joie de l'union avec Dieu, cette communion qu'il nous offre. En fait, avant de le répéter, les quatre ont d'abord partagé un repas improvisé dans la sacristie de la cha- pelle. Tout le monde n'a pas la grâce de Ste Catherine de ne supporter que le corps du Christ comme nourriture. Le Seigneur ne lui a-t-il pas dit : "Je ne donne pas toutes les vertus également à chacun... Il en est plusieurs que je distribue de telle manière, tantôt à l'un, tantôt à l'autre. .. A l'un, c'est la charité; à l'autre, la justice; à celui-ci l'humilité; à celui-là, une foi vive ... Quant aux biens temporels, pour les choses nécessaires à la vie humaine, je les ai distribués avec la plus grande inégalité, et je n'ai pas voulu que chacun possédât tout ce qui lui était nécessaire pour que les hommes aient ainsi l'occasion, par nécessité, de pratiquer la charité les uns envers les autres. .. J'ai voulu qu'ils eussent besoin les uns des autres et qu'ils fussent mes ministres pour la distribution des grâces et des libéralités qu'ils ont reçues de moi " ? (Dial. 1,6 cité dans le Catéchisme de l'Église catholique) Aprés ce repas, le ciel s'est éclairci et le soleil a comme il se devait à l'approche de sa fête illuminé la chapelle de la Sainte. La nature autour de la chapelle était détrempée comme la terre que Noé trouva en sortant de l'arche. Les quatre purent enfin admirer le ciel, les nuages, les champs et les bois, le blé, l'herbage et les pins étincelant au soleil. Il ne manquait que !'arc-en-ciel. Toutes ces merveilles, nous y sommes tellement habitués que nous en oublions trop souvent de louer Celui qui nous les a données, préférant nous plaindre du climat belge et rêver à des destinations lointaines. Ne devrions-nous pas plus souvent nous rappeler les paroles de S. Catherine à "ceux qui se scandalisent et se révoltent de ce qui leur arrive": "Tout procède de l'amour; tout est ordonné au salut de l'homme, Dieu ne fait rien que dans ce but". (Dial. 4,138, cité dans le Catéchisme, n° 313).

Méditation à la crypte.

De retour de cette promenade, les quatre s'installèrent joyeusement, malgré leurs pieds mouillés et la froideur du lieu, dans la crypte de la chapelle. Cette crypte est construite sur le modèle de la cellule que Ste Catherine s'était aménagée dans l'entresol de la maison paternelle à Sienne, à la seule différence que là où était l'unique fenêtre grillagée de la Sainte est encastré le tabernacle (dont la forme d'ailleurs rappelle une fenêtre grillagée). En revanche, la crypte est éclairée par une lucarne du plafond, qui malheureusement et malgré son jeune âge (30 ans) n'est plus tout à fait étanche et laisse passer des gouttes. Comme si la Sainte laissait tomber des larmes sur la faiblesse de notre ardeur pour son Epoux. N'était-ce pas un peu pour nous également qu'elle écrivait: "ne faites pas que mes yeux aient à répandre des torrents de larmes sur votre pauvre âme et sur votre corps" ? La répétition du chant de communion était altemée par la lecture d'épisodes de la vie de la Sainte et de certaines de ses exhortations, interrompues de temps de méditation. "Ô amour propre, ô crainte servile, tu rends l'homme insupportable à lui-même, parce qu'il désire ce qu'il ne peut avoir et que ce qu'il possède, ille possède avec peine, dans la crainte perpétuelle de le perdre. La privation d'une part, et la crainte de l'autre, le font toujours souffrir; sa volonté n'est jamais satisfaite et goûte vraiment l'enfer dès cette vie".

A l'amour-propre, Catherine oppose l'amour de Dieu, par lequel nous devons apprendre à nous aimer nous-mêmes : "Quelle raison T'a fait constituer l'homme en si grande dignité? L'amour inestimable par lequel Tu as regardé en Toi-même Ta créature, Tu T'es épris d'elle; car c'est par amour que Tu l'as créée, c'est par amour que Tu lui as donné un être capable de goûter Ton Bien éternel" (Dia!. 4, 13 cité dans le Catéchisme). Le concile Vatican II restera dans la lignée de Catherine: "de toutes les créatures visibles, seul l'homme est "capable de connaÎtre et d'aimer son Créateur" (GS 12); il est "la seule créature sur terre que Dieu a voulue pour elle-même" (GS 24); lui seul est appelé à partager, par la connaissance et l'amour, la vie de Dieu. C'est à cette fin qu'il a été créé, et c'est là "la raison fondamentale de sa dignité". Puis arrivèrent les autres participantes bruxelloises, parmi lesquelles Chantal van der Plancke qui rappela encore d'autres èpisodes de la vie de la Sainte, au départ de ses magnifiques albums de photos. Exposé passionnant, devant tristement être interrompu. En effet, la messe commençait à 17 h.

Eucharistie festive.

La chapelle, bien remplie, retentissait déjà du chant d'entrée de la chorale locale. L'abbé annonça, en allemand et puis en français, que cette messe serait celle du troisième dimanche de Pâques et non une messe spéciale pour la Sainte. Choix qu'aurait approuvé la Sainte, sa vie étant tout entière une ma- nifestation de la résurrection du Seigneur, vivant parmi nous.

L'homélie fut l'occasion de rappeler ce parallèle. L'évangile était le passage de St Jean dans lequel les apôtres désemparés, reviennent bredouilles d'une nuit de pêche: le Christ se manifeste à eux, les encourage, leur donne des conseils pour la pêche et les réconforte d'une nourriture chauffée sur un feu de braises. L'abbé fit un parallèle avec nos églises qui ressemblent aux filets vides des apôtres: l'avenir nous semble sombre, la nuit de notre pêche semble sans fin. Il nous invita à voir que le matin de Pâques s'était levé et que le Christ était ici, dans notre vie; qu'il nous suffisait d'écouter sa parole pour mieux vivre notre existence quotidienne; que nous pouvions restaurer nos forces autant que nous voulions au pain de communion, chauffé au feu de l'amour du Christ, pour apporter, à notre tour, l'espoir à ceux que nous côtoyons.

Après la messe, les participants furent invités à inscrire leurs noms sur une liste qui sera transcrite dans "le livre des noms", conservé à Sienne dans la chambre de la Sainte. Ce recueil fait mémoire des personnes qui, se confiant à Ste Catherine, veulent suivre son témoignage et en rayonner. En effet, ce n'est qu'en 1970 que le Pape Paul VI a conféré à Ste Catherine le titre de docteur de l'Eglise (en même temps qu'à Ste Thérèse d'Avila), tandis qu'elle intercède déjà depuis son existence terrestre pour ses frères et sreurs. Ensuite un repas fraternel attendait les participants dans le bâtiment annexe de la chapelle. Ceux-ci purent déguster une soupe de légumes locale -minestrone Eupenois ? -ainsi qu'un énorme cake bien sucré. Ce repas permit ègalement aux Bruxellois de pratiquer un peu leur allemand pour dialoguer avec les pèlerins venus en grand nombre d'Allemagne. Ste Catherine est véritablement patronne de l'Europe!

Projets ...

Après cette fraternisation, et enthousiasmés par le soleil couchant sur la colline d'Astenet -rivalisant pour l'occasion avec les cols toscans -nous avons discuté des projets de retour prochain auprès de la relique de la Sainte. Puis vint le moment de quitter ces lieux inspirants pour Bruxelles et le quotidien de nos existences. Un moment, le conducteur songea à se 'tromper' de route et à mettre le cap sur Sienne. Il se rappela cependant que la Sainte n'appelait personne à l'imiter, elle, mais à exprimer dans chacune de nos vies l'amour du Christ. C'est ce dernier Lui-même qui lui disait "Sache, ma fille, que moi je suis Celui qui est, alors que toi, tu es celle qui n'est pas". Partir sur les routes vers "celle qui n'est pas", n'est-ce pas chercher des chimères? Le message de Catherine n'est-il pas d'accepter de ne pas être, de perdre tout amour-propre, pour découvrir la bonté de Christ en nous? Comme Jean-Paul II le dit dans "Reconciliatio penitentia" (n° 13), Catherine voulait, tout comme l'Eglise dans le sacrement de la réconciliation, "ramener l'homme à la 'connaissance de soi', (...) au renoncement au mal, au rétablissement de l'amitié avec Dieu, à la remise en ordre intérieure, à la nouvelle conversion ecclésiale". Elle l'a voulu jusqu'à son dernier souffle. Ses derniers mots, "sangue, sangue, sangue", étaient pour nous inviter à continuer, après son départ, à y avoir recours, pour nous réconcilier avec nous-mêmes, en nous réconciliant avec Dieu par l'amour du Christ. Aide-nous, Catherine, à y arriver. Santa Caterina, prega per noi.

Astenet, Christian HOCEPJED

 

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Invitation à la Lecture

Chemins d'intériorité

Voici quelques extraits du très beau livre du p, François-Marie LÉTHEL, Théologie de l'Amour de Jésus, Ed. du Carmel, 1996. Il s'agit du début du chapitre III, "Demeurez en moi, comme moi en vous" (Jn 15/4) : l'intériorité chrétienne selon sainte Catherine de Sienne et sainte Thérèse d'Avila (pp. 71-104).

Catherine de Sienne (1347-1380) et Thérèse d'Avila (1515-1582), les deux femmes Docteurs de l'Eglise, sont par excellence Docteurs de l'intériorité chrétienne. L'une et l'autre ont tout spécialement illustré la parole de Jésus: " Demeurez en moi, comme moi en vous " (Jn 1514), mais avec des accents différents et complémen- taires. Alors que Catherine a surtout montré le premier aspect: nous en lui ; Thérèse a davantage mis en lumière le second: lui en nous. Cette intériorité réciproque de la communion avec Jésus est inséparablement corporelle et spirituelle. Catherine a mis davantage l'accent sur son aspect corporel, et Thérèse sur son aspect spirituel. Ainsi, Catherine illustre tout spécialement la parole de Jésus concernant l'Eucharistie: " Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi comme moi en lui " (Jn 6156), tandis que Thérèse illustre davan- tage la parole de Jésus concernant son habitation spirituelle en nous: " Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole, et mon Père l'aimera et nous viendrons à lui, et nous ferons chez lui notre demeure " (Jn 14123). Catherine met l'accent sur notre présence en Lui, dans le "Temple de son Corps" (cf. Jn 2121), tandis que Thérèse met l'accent sur sa présence en nous, dans la "Demeure de notre âme". .- Cet accent si caractéristique de la théologie catherinienne apparaît de fa- çon emblématique dans un bref dialogue entre la sainte et Jésus, rapporté par Raymond de Capoue. Un jour, avant de recevoir la communion, alors qu'elle venait de prononcer les paroles liturgiques: " Seigneur, je ne suis pas digne que tu entres en moi "), Catherine entendit Jésus lui répondre: " Mais Moi, je suis digne que tu entres en Moi ". Et le biographe ajoute aus- sitôt: " Lorsqu'elle eut reçu la Communion, il lui sembla que son âme entrait dans le Seigneur, et le Seigneur en elle, comme le poisson entre dans l'eau qui l'entoure et le pénètre de toute part " . Commentant l'expression finale des lettres de Catherine "Jésus Amour", l'auteur ajoute cette admirable citation: " Je vous invite à entrer dans une mer pacifique par cette très ardente charité, et dans une mer profonde. Cela, je l'ai trouvé maintenant de façon nouvelle (non que la mer soit nouvelle, mais nouveau en est le sentiment de mon âme), dans cette parole: "Dieu est Amour". Et de même que le miroir représente la face de l'homme, et que le soleil répand sa lumière sur la terre, de même il se représente dans mon âme que toutes les opérations sont seulement l'amour, car elles ne sont faites de rien d'autre que d'amour. C'est pour cela qu'il dit: " Je suis Dieu-Amour". La lumière de cela naît dans le Mystère inestimable du Verbe lncamé" (L 146).

1. Legenda Maior, 1.11, ch. VI, nt 192.

On pourrait citer dans le même sens la parole de Jésus à Thérèse d'Avila: " Ne travaille pas, toi, à m'enfermer en toi, mais enferme-toi en moi " (Les faveurs de Dieu, in Oeuvres complètes, p. 547).

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