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La voix de Catherine de Sienne / 2006/3 - N° 139 / sept/ oct 2006


Sommaire : Edito 3 ; Les Caterinati de Sienne  sur les sentiers de l'Europe 4 ; Lire la Bible avec Catherine et Pierre Claverie 8 ; L'allégresse du pauvre 9 ; Intériorité / vie apostolique 12 ; Une peinture sous verre 13 ; Bruxelles : Venez et voyez 14 ; Agenda 15 ; Carte postale de Bretagne 16
 

Association internationale Catherine de Sienne, reconnue par Décret du Cons. Pont, pour les Laïcs, le 15 août 1992 www.caterinati.org Bulletin du groupe Liège-Bruxelles Ed. resp. Chantal van der Plancke, La voix de Catherine de S. rue de Rome 34, Bte 19, B 1060 Bruxelles. Belgique
Tél. Fax 00 32 2 539 07 45 — c.vd.plancke@skynetbe Abon. Belgique 8€ CPP 000-1300647-71 EtranG. 10€ IBAN BE49 0001 3006 4771-BIC BPOTBEB1

Editorial


octobre 06

A la Toussaint, ce sera le printemps !


    S'agit-il d'un réchauffement climatique ? Certainement ! En tout cas dans « l'Eglise de Dieu qui est à Bruxelles », car depuis un an, elle se prépare intensément, dans la prière et la générosité apostolique, à vivre un grand moment d'évangélisation durant la semaine qui entoure la fête de la Toussaint En effet après Vienne 2003, Paris 2004, Lisbonne 2005, et avant Budapest 2007, c'est à l'Eglise de Bruxelles qu'il revient à présent, dans le cadre de l'évangélisation des grandes capitales d'Europe, de retrouver sa fraîcheur. Car, il faut le dire, nous étions devenus quelque peu fatalistes devant le climat de sécularisation, de confort matérialiste et de désenchantement sur le plan chrétien, ta fragilité de notre foi et la « désaffection » de l'Eucharistie nous inclinaient à laisser parfois tomber les bras, voire à longer les murs. Catherine se plaignait déjà de la gravité de cette hémorragie : « Saint-Père, l'Epouse du Christ est toute pâle ; elle a perdu son sang, le sang du Christ » ! (lettre 16). Pour nous, la réponse à cette lettre est venue par Jean-Paul II, puisque l'initiative prise ensemble par les cardinaux Schônborn, tustiger, Policarpo et Danneels est « un fruit du Jubilé de l'an 2000 ».

A la page 14, vous lirez une méditation d'un des intervenants de cette semaine. Mais il va sans dire que dans une capitale cosmopolite, bien des aspects éthiques et sociaux, liturgiques et spirituels seront abordés an fil des jours selon les quatre thèmes de réflexion : servir (avec Andréa Riccardi), annoncer (avec Timothy Radcliffe, op), célébrer (avec Enzo Bianchi) et prier (avec Nicolas Buttet). Il y aura des centaines d'animations apostoliques (ateliers, groupes d'échange, initiatives« style JMJ » pour les jeunes, concerts et veillées de prière dans toute la ville). De nombreux congressistes viendront de l'étranger comme ces foules qui montaient à Jérusalem pour la Pentecôte. Qu'un grand vent ranime nos braises et embrase nos cœurs. Que nous soyons malades, pleins d'énergie ou moins valides, il y a là une magnifique occasion de nous unir au Christ pour la renaissance de son Eglise et le rayonnement de son Evangile.

Octobre n'est-il pas le mois de la mission universelle ? « Seminate, seminate la parola di Dio », écrivait Catherine à ses disciples. Nous voilà déjà bien dans le vent, tes chantiers sont énormes et les défis nombreux, à commencer par celui de la paix et du dialogue, à grande et à petite échelle.
 

Le 30 novembre, en la fête de Saint André, le pape se rendra à Constantinople pour une visite fraternelle à l'Eglise orthodoxe qui célèbre le frère de Pierre. Et ce dans un environnement musulman. Puisse le désir de compréhension mutuelle et de fraternité progresser en dépit des malentendus et autres provocations.

Que d'intentions à porter dans la liturgie de « tous les saints », et en particulier l'Afrique qui saigne et qui souffre, l'Afrique riche, spoliée, et féconde... sur d'autres plans, Lazare frappe à nos portes et à toutes nos frontières. Lazare frappe à nos consciences, ta parabole de Jésus, commentée par Catherine et par Mgr Claverie nous invite à y réfléchir (pp. 6-11).
 

Bonne lecture,
Chantal van derPlancke
 

3
 


 

Avec Ste Catherine sur les sentiers de l'Europe

    De la Piazza del Campo (Sienne) à la Place du Ciel (Astenet Belgique), à travers la foi, l'espérance et la charité, suivant les sentiers des racines chrétiennes de l'Europe et accompagnés de Ste Catherine : ainsi pourrait-on résumer le pèlerinage organisé du 1er au 3 septembre par le P. Alfredo Scarciglia op, curé de la paroisse St-Dominique à Sienne et assistant ecclésiastique de l'association internationale des Caterinati.
 

Les sentiers de la foi
 

A Cologne, nous avons visité le dôme majestueux, abritant les reliques des rois mages qui, avec les bergers, furent les premiers à adorer l'Enfant Jésus. Nous avons poursuivi notre route vers Aix-la-Chapelle où nous avons prié dans la Chapelle Palatine, un véritable livre ouvert sur l'histoire de l'Europe ; ici repose la dépouille de Charlemagne, l'empereur qui sut concilier le pouvoir politique et la foi, se faisant couronner empereur par le Pape Léon III, la nuit de Noël 800. De là nous nous sommes rendus à Astenet dans le canton d'Eupen (Belgique). Ce lieu abrite la relique (une côte) de Ste Catherine autrefois conservée dans le Dôme de Sienne et offerte à ce sanctuaire catherinien, en 1975, par Mgr M. I. Castellano, alors archevêque de Sienne.
 

Aldo Bernabei, président des Caterinati de Rome nous y a rejoints avec sa famille. La première chapelle fut construite en 1968 par Mr Jean Wintgens, négociant de cette région : nous y avons prié et Mme Irmgard Wintgens-Beck, présidente des Caterinati germanophones, nous y a rejoints. P. Alfredo a apporté les salutations de Mgr Buoncristiani (1), de Mgr Castellano et la bénédiction du Cardinal Dias, Préfet de la Congrégation des peuples, venu sur les lieux catheriniens de Sienne, quelques jours avant notre départ Ensuite il a concélébré l'Eucharistie avec l'abbé Wim Gieten, prêtre de la région. « Aujourd'hui nous sommes ici, au nom de Catherine et au coeur de l'Europe », dit il dans son homélie, «pour dire non à la guerre et au terrorisme. Catherine, au carrefour de l'Europe (2), nous exhorte tous à nous engager pour ia paix et que son témoignage d'amour-envers Dieu et envers le prochain - nous serve d'exemple ». La liturgie fut célébrée en italien et en allemand, animée de chants en latin. Le sanctuaire catherinien, bordant la Place du Ciel, une petite place dont la forme rappelle celle de notre Piazza del Campo, est aujourd'hui devenu un centre qui encourage le dialogue oecuménique.

1 Actuel archevêque de Sienne
2 Le sanctuaire est situé au « carrefour des Trois frontières » : Belgique, Allemagne, Hollande.

 

4
 

Le soir, à l'hôtel, le Professeur Nardi, Prieur des Caterinati, a tenu pour les participants du pèlerinage, d'intéressantes réflexions historiques sur le long et difficile chemin de la construction de l'Europe : « Ces régions, dit-il, ont été durant des siècles le siège de batailles très cruelles. Aujourd'hui, nous circulons librement sans frontière, et cela doit nous faire réfléchir sur le chemin que les peuples européens ont fait et leur résultat ».
 

Les sentiers de l'espérance


Poursuivant notre itinéraire, nous sommes arrivés à Bruxelles, ville de forts contrastes architecturaux. La Grand-Place et les maisons des petites rues aux façades style « Liberty » côtoient les palais de verre et d'acier qui abritent les institutions : le Parlement européen (dont les réunions se tiennent aussi à Strasbourg) et la Commission européenne qui font de Bruxelles la capitale politico-administrative de l'Europe. On y respire l'air de l'espérance du futur de l'Europe, une Europe, unie sans ignorer ses racines chrétiennes, qui pourra apporter la paix et l'espérance.
 

Les sentiers de la charité

Poursuivant notre pèlerinage sur le sentier de la charité, nous nous sommes arrêtés à Beaune, dans la Bourgogne française, où nous avons visité l'Hospice des pauvres, fondé par Nicolas Rolin en 1443, une institution qui rappelle notre Hôpital Santa Maria délia Scala : le mobilier est disposé dans la grande salle de manière à ce que chaque malade puisse participer à l'eucharistie depuis son lit Cet ancien hôpital abrite le fameux et splendide poliptyque de Roger Van der Weyden représentant le Jugement dernier (1440), qui rappelle aux malades leur destinée après la mort.

Ce pèlerinage fut très important pour tous les participants : il nous a fart comprendre l'importance de ce type d'initiative, car seule la connaissance des racines chrétiennes communes à tous les peuples du « vieux continent » nous rendra plus conscients d'être des citoyens européens et du rôle que l'Europe devra jouer durant ce troisième millénaire.
 

Franca Piccini

Pour le bulletin diocésain de Sienne

5


 

'Lire la Bible avec Catherine de Sienne et Pierre Claverie'


Ce sujet et ce titre vous a sans doute paru un peu étrange (1) ! Pourquoi mêler des auteurs si différents et de plus, vivant dans des mondes aussi éloignés que la Toscane du Moyen-Âge et l'Algérie de la fin du 20e siècle ? Si ce défi me paraissait inquiétant, les circonstances m'ont conduit à faire cette proposition. Le frère Norbert Sonnier voulant vraiment parler de
sainte Catherine de Sienne et moi tenant à rendre hommage à Pierre Claverie en ce dixième anniversaire de son assassinat, il ne nous restait qu'à faire un plan suffisamment cohérent pour que l'un et l'autre ait sa place et que les auditeurs y trouvent leur compte. Et de fait, de l'avis des participants (très motivés) et du nôtre, ce fut une réussite.
Après avoir présenté brièvement et à l'aide de documents visuels (iconographie ou photos) l'un et l'autre auteurs, nous avons parlé de l'influence de la Bible sur la vie de ces deux dominicains par l'écoute ou la lecture de l'Écriture. Nous avons utilisé deux méthodes pour comparer leurs approches
 

1. A partir de thèmes (prière et Église), quels textes l'un et l'autre auteurs utilisent-ils?
 

  • Par exemple, Ste Catherine se présente comme disciple du Christ en désirant que ce ne soit plus elle qui vit mais le Christ qui vive en elle tout comme le disait St Paul :

    [Quand l'âme est parfaitement unie à Dieu, explique le Père], « elle se fait gloire des opprobres de mon Fils unique, comme le disait Paul, mon héraut (...) : 'Je me glorifie dans les opprobres et les tribulations du Christ crucifié' [cf 2Co 12,9], (...) 'Je porte en moi, dit-il encore, les stigmates de Jésus crucifié dans mon corps' [cf Ga 6,17s].
    Ainsi ceux qui ont la passion de mon honneur, et qui ont faim du salut des âmes, courent à la table de la très sainte Croix. Ils n'ont d'ambition que de souffrir et d'affronter mille fatigues pour le service du prochain, pour conserver, pour acquérir la vertu, en portant dans leur corps stigmates du Christ, car l'amour crucifié qui les brûle, brûle dans leurs corps ; il éclate dans le mépris qu'ils ont d'eux-mêmes,dans la joie qu'ils éprouvent dans les opprobres, dans l'accueil qu'ils font aux contradictions et aux peines que je leur accorde (...) »
(Dialogue, ch. XLVIII. Trad. Hurtaud, Téqui, p. 265-267/ch. LXVIII Trad. L. Portier, Cerf, p. 133.).
 

  • En parlant de la fonction de l'apôtre, et par extension de tout croyant envoyé par le Seigneur auprès de ses frères, proches ou éloignés, Pierre Claverie dit ceci:

    « L'apôtre est pour celui qui l'envoie un autre lui-même. Saint Paul a bien compris cela, lui pour qui 'vivre c'est le Christ' (Ph 1,21) et il va donc s'employer et s'attacher au Christ et à reproduire dans sa chair ce que l'Esprit lui inspire en sorte que, par lui, ce soit Jésus qui annonce l'Évangile par son enseignement et sa vie. Il s'identifie à ce que l'Esprit lui fait découvrir de Jésus surtout dans ses souffrances et sa passion. Comme Etienne, Pierre et Jacques, il mourra d'ailleurs martyr.

    (...) Annoncer l'Évangile, c'est d'abord une démonstration de puissance: cette puissance qui agit dans la faiblesse de l'apôtre (Rm 15, 14-19) lorsqu'il donne sa vie par la grâce de l'Esprit, avec Jésus. C'est le langage de la croix qui prêche un messie crucifié et reproduit dans sa vie et sa chair la passion de Jésus : il devient comme l'ordure du monde (1 Co 4,13). » (« Avec St Paul », Retraite inédite).
 

1 Retraite animée du 28 au 31 août au Monastère St-Jean-Baptiste, à Orbey (France) Voir N° précédent
 

6
 

2. Comment un même texte est-il interprété par nos deux auteurs ?
 

    Il aurait été intéressant de prendre des tables de références dans les Lettres ou le Dialogue de Catherine et de chercher les textes communs et leur commentaire parmi les écrits ou les homélies de Pierre Claverie. Nous nous sommes limités à la lecture des commentaires de la parabole sur Lazare et le « mauvais » riche (Le 16,19 - 30).

  • Dans le Dialogue, Catherine y voit la démonstration que le bien qui n'a pas été fait de notre vivant ne peut pas être fait après la mort et que nulle pensée bonne ne peut naître de l'enfer d'où Dieu est absent.

    « Si grande est la haine qui les possède qu'ils ne peuvent vouloir ni désirer aucun bien
[dit le Père à Catherine à propos de ceux qui, jusqu'à la fin, ont évité les appels à la conversion]. Sans cesse ils blasphèment contre moi. Et sais-tu pourquoi ils ne peuvent ainsi désirer le bien ? Parce que, avec la vie, finit pour l'homme l'usage du libre arbitre. Le temps qui lui avait été donné pour
acquérir des mérites, ils l'ont perdu : ils ne peuvent plus mériter désormais. Ceux qui sont morts dans la haine, coupables du péché mortel, c'est pour toujours. (...)
    L'âme demeure obstinée dans le mal qu'elle porte en elle, en se rongeant elle-même. Aussi toujours s'accroissent ses peines, et spécialement celles qui viennent de ceux dont elle a causé la damnation.
Souvenez-vous de ce riche damné, qui demandait en grâce que Lazare allât trouver ses frères, qui étaient demeurés dans le monde, pour leur apprendre quelles étaient ses peines.

    Ce n'est pas la charité qui le poussait à agir ainsi, ni la compassion pour ses frères, puis qu'il était privé de la charité et ne pouvait désirer le bien, ni mon honneur, ni leur salut. Car, je te l'ai dit, au prochain ils ne peuvent faire aucun bien, et moi, ils me blasphèment; leur vie s'est achevée dans la haine de moi et de la vertu.
    Pourquoi donc le faisait-il ? Il le faisait, parce qu'il avait été le plus grand parmi ses frères et qu'il les avait élevés dans les iniquités dans lesquelles il avait vécu. Il était ainsi la cause de leur damnation, et il prévoyait que par là même son châtiment allait s'aggraver encore, quand ils viendraient partager ses tourments, là où l'on se ronge dans la haine, éternellement, parce que dans la haine s'est terminée leur vie»


(Dialogue, ch. X Trad. Hurtaud, Tèqui, p. 129 / en. XL, Trad. L Portier, Cerf, p. 67). (2)
 

2 NDLR Un autre commentaire sur cette Parabole se trouve à la fin du Dialogue, à propos de la providence et de la miséricorde. Cette fois-ci, c'est le sort du pauvre Lazare qui est délicieusement mis en lumière. Voir p. suivante.
 

7
 

  • Dans une homélie d'ordination (octobre 1986), intitulée « Un grand abîme nous sépare», Pierre Claverie dit que le danger des richesses est la suffisance, le fait de se suffire à soi-même et de n'avoir besoin de rien. Cette suffisance rend aveugle et empêche de voir les autres autour de soi. Le prédicateur invite à être artisans de réconciliation. Comme ce texte est long, je ne citerai qu'un extrait :

    « Vous êtes appelés et envoyés aujourd'hui pour faire franchir aux hommes les abîmes qui les séparent de Dieu et de leurs frères. Par Jésus-Christ, Dieu s'est approché de nous, par Lui, Il nous a réconciliés avec Lui et entre nous, à Sa suite il vous envoie avec la même mission.

Pourquoi aujourd'hui plus encore qu'à d'autres époques ?
    Nous nous trouvons dans un monde où les plus grandes différences se côtoient sans se rencontrer vraiment, et souvent même s'opposent et se rejettent. Des hommes de cultures différentes habitent les uns chez les autres, portant avec eux leurs valeurs, leurs mœurs, leur culture et leur foi et, faute de se reconnaître et de se connaître vraiment, ils se replient de plus en plus sur leur espace par peur des autres. Le racisme ne vient-il pas de cette peur des autres qui nous oblige à vérifier ce qui fonde nos cultures, nos valeurs, notre identité ? Mais si chacun s'enferme dans la peur alors la violence et la mort s'emparent de tout le monde.

    Nous avons plus que jamais besoin d'hommes de réconciliation. Mais une nouvelle alliance ne se conclut pas à n'importe quel prix. Il ne suffit pas de dire : Aimez-vous les uns les autres ou de faire comme si les différences et la peur n'existaient pas. Il ne suffit pas davantage de condamner la violence. Tout cela n'a aucune portée si nous ne prenons pas d'abord la mesure des conditions réelles dans lesquelles naissent et se développent les conflits. L'Évangile nous le dit à sa manière : le riche était peut-être un homme de bonne volonté mais les conditions dans lesquelles il vivait ne lui permettaient même pas de VOIR Lazare à sa porte. Il était dans la bulle de son bien-être, incapable de voir l'autre à sa porte. Et si, d'aventure il l'avait aperçu, alors on peut penser que la peur aurait créé une réaction de rejet ; il y a des conditions qui nous rendent sourds, aveugles, muets... Il n'y a pas de mauvais riche. Toute richesse sépare, isole, enferme. Et nous aurons beau entendre chaque dimanche les appels prophétiques à aimer notre prochain, cela ne changera rien.

    Si, comme je le crois, la peur des différences, la peur des autres dans leur différence, creuse en nous des abîmes, alors employons-nous à exorciser cette peur pour pouvoir négocier les conditions d'une nouvelle alliance. L'exorciser en nous et dans l'Église d'abord, en rappelant la manière dont Dieu a franchi l'abîme de la séparation. La vie, la passion et la résurrection de Jésus ouvrent pour nous des chemins de rencontre et de réconciliation. Sa présence aujourd'hui dans nos combats contre les forces de mort qui isolent et enferment, la puissance de Son Esprit qui nous pousse hors de nos tombeaux, peuvent contribuer à nous libérer de la peur. N'est-ce pas d'ailleurs ce qu'entendaient les hommes qui faisaient l'expérience de la présence de Dieu dans leur histoire ? : « N'aie pas peur » - « Sois sans crainte »... C'est cela que votre Parole doit faire naître en ceux qui vous écouteront. »


Ces deux lectures fort différentes, faites dans des circonstances et des contextes différents, nous montrent la richesse de la Parole de Dieu. La Bible peut susciter en nous de multiples interpellations. Elle est un appel à sortir sans cesse de nous-mêmes pour nous ouvrir aux autres et à demeurer dans notre cellule intérieure pour puiser en Dieu la force et le discernement qui nous permettent de franchir les abîmes qui nous séparent les uns des autres.


Sr Anne-Catherine, op (Orbey)


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L'allégresse du pauvre Lazare.
Eloge de la pauvreté choisie (1)

 

Codex d'Echternach


Catherine ne fait pas l'exégèse d'un texte biblique. Elle y recourt de mémoire, à travers le filtre de la prédication médiévale, friande d'interprétations allégoriques comme le faisaient les Pères de l'Eglise.
 

La parabole du riche et du pauvre Lazare (Lc 16,19-30) met en scène un mondain, qui ne voit rien au-delà de ses plaisirs, et un pauvre malade affamé, gisant à sa porte. Ce contraste s'accuse encore davantage dans l'au-delà où les rôles sont inversés. Mais il ne s'agit pas seulement d'un renversement de fortune. Au verset 26, le riche réalise qu'il s'agit pour lui d'un châtiment : Lazare est consolé et lui est torturé. L'abîme qui sépare les deux catégories de défunts indique qu'à la mort, leur sort est fixé sans retour. Le riche demande que Lazare puisse revenir d'entre les morts pour prévenir ses frères afin qu'ils se repentent. Mais Abraham répond qu'à ceux qui ont négligé les avertissements de Moïse et des prophètes, un miracle, même spectaculaire, est complètement inutile. Ce riche était donc non seulement égoïste, mais irréligieux.

Dans l'article précédent, nous avons vu comment, au début du Dialogue, le mauvais riche devient le prototype de l'homme dont le sort est fixé en ce monde. S'il meurt dans la haine de Dieu et des hommes, il restera prisonnier de ces sentiments. Il est intéressant de voir comment, dans cette logique, Catherine corse encore la psychologie du mondain aveugle : s'il intercède pour ses frères cadets, ce n'est pas par charité puisqu'il en est dépourvu. C'est pour s'éviter à lui-même un sort encore pire puisqu'en tant qu'aîné, il est responsable de leur avoir donné le mauvais exemple.
Le texte biblique ne parle ni d'aîné ni de cadets, mais seulement d'une famille nombreuse qui devait vraisemblablement mener le même train de vie. Jésus avertit ainsi les disciples des dangers de la richesse pour tout le monde. Chez Catherine, en revanche, le damné sait qu'il est responsable d'avoir entraîné ses 'petits' frères dans cet aveuglement humain et spirituel : il devra donc aussi « payer » pour cela. S'agit-il d'une moralisation ? Que non ! Catherine intègre implicitement la suite du texte biblique où Jésus met en garde ses disciples contre les occasions de chute : « Il est inévitable qu'il y ait des causes de chute. Mais malheureux celui par qui la chute arrive » (Lc 171-3). Mieux vaut pour lui qu'on lui attache au cou une meule et qu'il coule dans la mer...
 

1 A l'époque romane, la parabole est volontiers choisie pour figurer les lieux de l'au-delà, notamment dans les manuscrits et sur les chapiteaux, vu son caractère synthétique. Au XIIIe siècle, le thème du jugement dernier commencera à s'imposer dans l'art monumental. Cfr J. Baschet Le sein du père. Abraham et la paternité dans l'Occident médiéval, Paris Gallimard, 2000, pp. 114 ss.
 

9
 

L'exemple du riche, convient très bien au début du Dialogue, parce que, comme dans la parabole, ce qui lui est reproché ce n'est pas d'abord d'être encombré de richesses et de lui-même, mais de ne pas avoir tenu compte des avertissements de Moïse et des prophètes l'invitant à se convertir. En effet cette référence au riche de la parabole intervient à la fin d'un exposé sur les trois jugements.
    Le premier est survenu à la Pentecôte par l'Esprit Saint lumière que les apôtres ont transmise par leur enseignement et dans les Ecritures.: « Nul ne peut dire :je n'ai trouvé personne qui me reprenne, car à tous j'ai manifesté la Vérité » (2). Le second avertissement, dû au si grand désir que Dieu a de nous sauver, a lieu quand la conscience se réveille lorsque l'homme est aux portes de la mort.
Et le troisième vient au jour du Jugement dernier. Aux justes la venue du Seigneur inspirera une crainte respectueuse mêlée de joie. Aux autres il apparaîtra terrible, parce que « L'œil qui est malade ne voit que ténèbres dans le soleil qui est pourtant si lumineux, pendant que l'oeil sain en perçoit la clarté... Aussi les damnés verront mon Fils dans les ténèbres, dans la confusion et dans la haine. Ce défaut de vision sera leur fait » (3).
 

A la fin du Dialogue, Dieu explique à Catherine l'excellence de la pauvreté spirituelle et la sollicitude dont il entoure ses serviteurs qui, pour franchir la porte étroite, ont jeté le fardeau de la richesse. « Toutes les grâces, toutes les joies et les consolations qu'elle peut désirer, sont désormais le lot de l'âme qui a pris pour épouse la reine Pauvreté. » (4) Avec joie et allégresse, elle s'abandonne à Dieu parce qu'elle voit - à la lumière de la foi - à quel point la providence a veillé, veille et veillera sur elle. « Regarde-les mes pauvres ! Vois les apôtres et les autres, mes glorieux martyrs, Pierre, Paul, Etienne, Laurent ». C'est ici qu'intervient la délicieuse description du Pauvre Lazare.
 

    A. « Les apparences sont menteuses. Qui n'eût pensé que le pauvre Lazare était dans la plus grande misère, tandis que le riche maudit était dans l'allégresse et la tranquillité ? Il n'en est rien cependant. Avec toutes ses richesses, le riche endurait plus de peine que le pauvre Lazare dévoré par la lèpre.
    B. Le riche avait conservé sa propre volonté toute vive, qui faisait son tourment. En Lazare, la volonté était morte, ou ne vivait qu'en moi, qui le fortifiais et le consolais dans sa souffrance. Repoussé des hommes, en particulier de ce riche maudit, sans personne pour laver ses plaies et s'occuper de lui, ma providence lui envoyait quelque animal sans raison qui léchait ses ulcères.
    C. Mais au terme de leur vie, - vous le voyez à la lumière de la foi, - Lazare a la vie éternelle, le riche est en enfer. Oui, je le répète, les riches sont plongés dans la tristesse, et mes chers pauvres débordent d'allégresse. Je les garde sur mon sein, où je leur donne le lait des multiples consolations. Pour avoir tout quitté, ils me possèdent tout entier.
    D. L'Esprit Saint se fait la nourrice de leur âme et de leur pauvre corps, en quelque situation qu'ils se trouvent. Ma providence leur envoie même des animaux, pour les assister quand il en est besoin. Je secours le solitaire malade, en inspirant à un autre solitaire de quitter sa retraite pour l'aller visiter.
    E. Tu sais bien toi-même, que maintes fois il est arrivé que je te faisais sortir de ta cellule, pour subvenir aux nécessités des pauvres qui avaient besoin de toi. En d'autres circonstances, ne t'ai-je pas fait expérimenter pour toi-même, les attentions de cette même providence, en t'envoyant les secours qui t'étaient nécessaires. Quand manquait la créature, je ne manquais pas moi, ton Créateur. Non : toujours, d'une manière ou d'une autre, je fais sentir ma providence. » (5)
 

2 Dialogue, trad. Hurtaud, éd. Téqui, vol. I. ch VI (36) : Le don de conformité au Christ, p. 119.
3 Ibid. p 128.
4 Ibid.. vol. II. ch. XVIII (151) : le don de la providence de la miséricorde, p. 240.
5 Ibid.. vol. II. pp. 243-244.

 

10
 

Eloge de la providence et de la sollicitude du Père

Le tableau est tellement idyllique que les chiens, si répugnants dans la parabole parce qu'ils viennent lécher les plaies du malade, deviennent ici des créatures « sans raison » que Dieu envoie avec raison pour le consoler, tels le lion de St Jérôme, la biche de St Gilles, l'ours de St Corbinien... dans les fioretti ! En l'occurrence, ici, Catherine a déjà rempli cette fonction ou en a déjà bénéficié lorsque Dieu l'envoyait porter secours où lorsqu'elle en recevait providentiellement.


Lazare, ici, est un lépreux, comme le laissent entendre les institutions dénommées « lazarets » que Catherine fréquentait à Sienne. Mais surtout, c'est un véritable pauvre de cœur : il a renoncé à « faire sa volonté »; mieux : sa volonté « ne vit qu'en Dieu » ! Jolie manière de dire « Que ta volonté soit fête ».

Au terme de sa vie celui qui était « repoussé des hommes » est cajolé « sur le sein du Père ». Dans la Bible, le riche est mis en terre et le pauvre est porté par les anges « dans le sein d'Abraham », c'est-à-dire tout près d'Abraham au festin qu'il préside, comme l'apôtre Jean reposant sur la poitrine du Christ à la dernière Cène.
Chez Catherine, Lazare « boit du petit lait » ! Car Dieu, dans sa maternelle tendresse, déborde de consolation. Il nous envoie même une nourice sur terre : l'Esprit Saint qui veille à la santé de notre âme et de notre corps. Que chacun réalise donc, à la lumière de la foi, combien Dieu nous fait « sentir sa providence ». Tel est donc l'enseignement imagé de Catherine - ou plutôt de Dieu à Catherine, car elle aussi dût l'apprendre du Père - pour nous inviter à vivre la pauvreté spirituelle et effective, en nous abandonnant à la providence.

Chantal van der Plancke

 


Lazare dans le sein d'Abraham (c. 1120-1135)
Une paternité céleste.
Un intimité
à l'image de celle
Fils sur les genoux du Père :
sur le 'trône de grâce'.
Une infinie tendresse,
à l'image de celle
des 'Vierge à l'Enfant".
Portail sud de l'abbatiale St-Pierre à Moissac (France).

 

 


 



Intériorité et vie apostolique.
St François et Ste Catherine


L'ermitage de notre corps
 

« Aussitôt l'Esprit pousse Jésus au désert ». Cette phrase contient un appel important (...). Jésus vient à peine de recevoir, dans le Jourdain, l'investiture messianique pour porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, guérir les cœurs affligés, prêcher le royaume. Mais il ne s'empresse de faire aucune de ces choses. Au contraire, obéissant à une motion de l'Esprit Saint, il se retire dans le désert où il demeure pendant quarante jours, jeûnant, priant, méditant et luttant. Tout cela dans la solitude et le silence profonds.

Tout au long de l'histoire, des foules d'hommes et de femmes ont choisi d'imiter ce Jésus qui se retire dans le désert. En Orient, à commencer par saint Antoine Abbé, ils se retiraient dans les déserts d'Egypte ou de Palestine ; en Occident, où il n'existait pas de déserts de sable, ils se retiraient dans des lieux isolés, des montagnes ou des vallées à l'écart du monde.

Mais l'invitation à suivre Jésus dans le désert s'adresse à tous. Les moines et les ermites ont choisi un espace de désert. Nous devons quant à nous choisir au moins un temps de désert. Vivre un temps de désert signifie faire un peu de vide et de silence autour de nous, retrouver le chemin de notre cœur, nous soustraire au vacarme et aux sollicitations extérieures, pour entrer en contact avec les sources les plus profondes de notre être. (...)

Que faire ? Etant donné que nous ne pouvons pas aller au désert, nous devons faire un peu de désert au-dedans de nous. Saint François d'Assise nous fait à cet égard, une suggestion pratique. « Nous avons, disait-il, un ermitage toujours avec nous, où que nous allions, et chaque fois que nous le souhaitons nous pouvons nous y enfermer comme des ermites. L'ermitage est notre corps etl'àme est l'ermite qui y habite ! ». Nous pouvons entrer dans cet ermitage « portable » sans attirer l'attention de quiconque, même dans un bus bondé. Le tout est de savoir de temps à autre « rentrer en nous-mêmes ».

P. Raniero Cantalamessa OFM Comment, de Mc 1, 12-15: 3 mars 2006

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Une peinture sous verre

Sr Anne-Catherine nous envoie la photo d'un petit tableau qui fut exposé en 2000 au Musée d'Unterlinden, avec la notice du Catalogue :
« Allemagne du Sud, 1740, peinture sous verre, cadre peint en sapin, décorations en métal argenté dans les quatre coins; au dos planche de sapin fixée par des petits chevilles pour sainte Catherine. H. 25, L 19,5, avec le cadre: H. 30, 5, L 24, 5; ép. 1, 7 cm.
Au dos des deux tableaux en écriture gothique et en langue allemande. '1740 : ce tableau doit être donné à la chapelle, soeur Maria Hyacinthe Horber'.
Les peintures ont été offertes à la chapelle d'Unterlinden en 1742 et seraient les plus anciens tableaux "fixés sous verre" d Alsace dont la date est précisée.
Les deux saints, Dominique et Catherine de Sienne, semblent avoir été fort rarement représentés dans la région. On peut noter que la facture de ces deux peintures est assez éloignée de ce qui caractérise les peintures sous verre typiques: le personnage centré dans un médaillon entouré d'un motif floral et, le plus souvent le nom du saint dans un cartouche. Selon toute vraisemblance, ces tableaux ont été gardés dans les familles après la dispersion des soeurs en 1792 »
 

Le Musée d'Unterlinden, occupe aujourd'hui l'ancien monastère près de Colmar (France, Nord-E).
Au XIIe siècle, des soeurs dominicaines s'y étaient installées. Au XIV* siècle, la communauté fut un important foyer de mystique rhénane. Maître Eckart y séjourna en 1322.
C'est là que Raymond de Capoue, maître de l'ordre et 'fils spirituel' de Catherine, amorça son projet de réforme dominicaine.

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Venez et voyez.
« C'était la dixième heure »


Bruxelles se prépare à vivre son congres dans le cadre de l'évangélisation des grandes capitales d'Europe : Vienne 2003, Paris 2004, Lisbonne 2005,  Bruxelles 2006, Budapest2007... Le thème de ce Congres 2006 est la réponse du Christ à la question toujours 2006 actuelle : « Où demeures-tu ? » « Venez et Voyez ». Voici une méditation d'un des intervenants.


Regard sur le Christ eucharistique
 

On peut rester longtemps perplexe en lisant le récit de la rencontre de Jésus avec Jean et André (cf. Jn 1,35-39). Souvenez-vous : les deux disciples de Jean le Baptiste suivaient Jésus. <r Celui-ci se retourna et voyant qu'ils le suivaient, il leur dit : ' Que cherchez-vous ?' Ils lui répondirent : 'Rabbi, où demeures-Tu ?' Venez', leur dit-Il, 'et voyez'. Ils allèrent, et ils virent où il demeurait; et ils restèrent auprès de lui ce jour-là. » Que s'était-il passé, ce fameux jour-là avec Jésus ? Saint Jean ne nous donne aucune explication. Il nous laisse sur notre faim. Il y a cependant un détail qui paraît insignifiant : « C'était environ la dixième heure. » Ce détail, en fait nous donne la clef pour comprendre ces paroles : « Venez et Voyez.» Cette précision horaire nous renvoie à la fin de l'Evangile, à la passion. C'est à la sixième heure que le christ est élevé de terre sur l'autel de la Croix. C'est à la neuvième heure que Jésus meurt sur la Croix.

Vers la dixième heure, le Cœur de Jésus est transpercé par le coup de lance. Voilà la réponse : « Venez et Voyez.» Oui, « venez à la dixième heure et voyez : c'est là que vous verrez où je demeure ». C'est là que vous comprendrez le secret d'amour que je révèle à ceux qui désirent demeurer avec moi. Là, sur la Croix, mon cœur ouvert devient la source unique des fleuves d'eau vive, jaillissant pour abreuver ceux qui ont soif. « Venez à mon Cœur ouvert et vous pourrez vous aussi demeurer avec moi.» Jésus a dit à sainte Catherine de Sienne que le coup de lance avait été donné parce que sa passion n'avait pas réussi à épuiser son amour. « Je voulus donc, en vous montrant mon côté ouvert, que vous voyiez le secret de mon Cœur, que je vous aimais beaucoup plus que je ne pouvais vous le montrer avec ma souffrance finie ».
 

 (...) Jean le Baptiste avait désigné Jésus comme «l'Agneau de Dieu.» C'est sur cette parole que les disciples, André et Jean, suivirent Jésus. C'est donc devant l'Agneau de Dieu qu'il faut nous prosterner pour adorer son Cœur. C'est sur le Cœur de Jésus-Eucharistie qu'il faut nous reposer pour découvrir cette présence ardente de charité de Celui qui ne cesse de nous dire : « Venez et Voyez ». Le Cœur eucharistique de l'Agneau de Dieu est le ferment d'une civilisation nouvelle, celle de la vie et de l'amour.


Nicolas Buttet
L'Eucharistie à l'école des saints (1)
 

1 Ed Emmanuel, 2000, pp. 292.. .294 intertitres de la rédaction.
 

Carte postale de Bretagne



A 25 km de Saint-Malo, un manoir édifié entre le XVIe et le XXe siècle abrite depuis 1963 des moniales dominicaines. Merci à la communauté qui nous envoyé une carte de cette icône (écrite par une des moniales), située dans le chœur de la chapelle, entre saint Dominique et le tabernacle eucharistique,
Monastère des dominicaines
N.- D. de Beaufort, F 35540 Plerguer
Tél. 02 99 48 07 57, http://ndbeauforL.free.fr/

 


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