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LA
VOIX DE SAINTE CATHERINE DE SIENNE.
Edito :
2 Lettres à
l’abbé de St’Antimo, par André Knockaert, sj , 4 Nouvelles
des Caterinati, 10 Prière pour
l'Europe 12 Jubilés St
Pierre de Vérone et Ste Brigitte 13 La croix,
source de sainteté Frat. mon, de Jérusalem 14 Les saints
sont proches de nous St Silouane 16 Ainsi
priait Ste Catherine
Pour
ses amis
Je te recommande
mes fils dont tu as chargé mes épaules. Hélas! je dois les éveiller et je dors
toujours. Père très doux et miséricordieux, éveille les toi-même, afin que
l'oeil de leur intelligence soit toujours fixé sur toi. (XXe Oraison) *** O Marie, je
te prie pour ceux que toi-même me fais aimer d'un amour de prédilection;
enflamme leur coeur, fais-en des charbons brûlants, embrasés du feu de ton
amour et de l'amour du prochain; que leur barque soit bien gréée pour le jour
où il faudra partir. Je te prie pour ceux que tu m'as donnés ; je ne les ai pas
portés au bien mais au mal, car je suis devant eux un miroir non de vertu ,
mais d'ignorance et de négligence profonde. Mais aujourd'hui, je demande
hardiment : c'est jour de grâces; et je sais qu'à toi, Marie, rien n'est
refusé. O Marie n'est-ce pas aujourd'hui que ton sein, terre féconde, a fait
germer pour nous le Sauveur? (XXIe Oraison) *** Père
éternel et souverain, veille sur mes très chers fils. Ne les
laisse pas orphelins, s'il te plaît de m'enlever à ce corps sans retour. Que ta
grâce les visite. Ressuscite-les dans ta vraie et parfaite lumière. Que les
liens de la charité mutuelle les rattache l'un à l'autre, jusqu'à mourir
d'amour au sein de ta douce Epouse. (XXIXe Oraison) *** Catherine
de Sienne, Jésus Christ, notre résurrection, Trad.A. Bernard, Cerf 1980. Septembre 2002 Chers amis, En
Belgique, les évêques ont lancé une dynamique de trois années à thème, dans la
foulée de !'après Jubilé, pour nous conduire "in altum", au large, en
eaux profondes... . La première
année (2002-2003) est consacrée à la diaconie : au service que l'Eglise,
à la suite du Christ, est appelée à rendre aux hommes et aux femmes
d'aujourd'hui. La seconde année sera consacrée à l'évangélisation et la
troisième à la vie spirituelle. Commençons donc par le service. L'an passé,
au cours de l'assemblée du Conseil général de l'Association, Mgr Castellano
proposa quelques idées en vue d'actualiser des Statuts, concernant l'activité
caritative des membres. Il suggéra, comme signe des temps, que les groupes
encouragent des jeunes à venir en aide à ceux de leur génération qui ont besoin
d'être sauvés corps et âme, dans un monde où sévissent la drogue et les
plaisirs sulfureux. Le groupe de Milan insista aussi sur la solidarité avec les
personnes âgées. Cette année
encore, le Pr. Nardi, président de l'Association, souligna l'activité
caritative de Catherine. Il suggéra de renouer avec la confrérie de
Miséricorde, dans la ligne de la continuité historique que ses recherches, dans
les archives, lui ont permis de vérifier. En effet, Ste Catherine et ses
disciples disposaient d'un siège fixe, pour le développement de leur activité,
dans l'ancienne "Casa della Misericordia", sise à Sienne, dans
l'îlot constitué par la via della Sapienza et la via dei pittori.
De 1373 à 1386, le recteur de cet hospice était Matteo di Cerni di Fazio: Il
fut désigné par Catherine comme son successeur à la tête du groupe, soutenu par
le frère augustinien, William Flete. Nous pouvons lire quatre lettres de
Catherine, exhortant Messire Matteo à trouver dans le sang du Christ la source
d'une compassion sans borne et l'ardeur d'une charité intarissable (Cfr éd.
Téqui, Lettres, vol. II, pp.1037-1049). Catherine
fréquentait aussi la Compagnie de la Vierge Marie, une très ancienne confrérie
qui contribua à la fondation de l'hôtel-Dieu, le grand hôpital de la Scala,
situé en face du Dôme. "Les confrères priaient ensemble et pratiquaient
les exercices de la pénitence et de la charité. Beaucoup de saints et de bienheureux
furent affiliés à cette compagnie, et sainte Catherine elle-même assistait à
ses sermons lorsqu'elle venait soigner les malades à l'hôpital" (Téqui,
ibid. p.1050). Dans les chapelles souterraines qui servent de réunion à la
compagnie, on peut voir un lieu où Catherine avait l'habitude de prendre un peu
de repos après avoir soigné le corps et le coeur des malades souvent les plus
rebutants. Nous pouvons lire deux lettres de Catherine au Prieur et aux frères
de cette compagnie (Téqui, ibid. pp.1050-1064). C'est
passionnant de voir comment, dans l'Eglise, tout le monde a besoin de tout le
monde et comment les membres s'encouragent et s'édifient mutuellement.
D'ailleurs, c'est ça, l'Eglise ! Bien sûr le
service et la charité ne se limitent pas aux relations courtes, de proximité.
Ils ont aussi des dimensions sociales et internationales. Que chacun y aille de
son charisme. Mais c'est avec joie que nous puiserons ensemble à la source
de la Miséricorde pour qu'elle nous déborde! En union de
prière et de service avec vous. Je connais la très grande générosité de tant
d'entre vous et je devine celle de tous et toutes, qui plaît à Dieu et aux
hommes. Coraggio ! Chantal van der Plancke Lettres
à l'abbé de St-Anthime
L'importante
abbaye de
Sant'Antimo se situe au Sud de Sienne, sur la grande route des pèlerins qui
se rendaient à Rome et à Jérusalem, la via francigena. Au pays du Brunello,
c'est aujourd'hui un lieu de passage touristique. L'Eglise est célèbre pour sa
beauté clunisienne et son excellente acoustique et le monastère, dont il ne
reste qu'une partie, est actuellement animé par une communauté nouvelle
d'origine française et de souche norbertine. L'abbaye
bénédictine, fondée par Charlemagne en 781, passa, en 1298, à une communauté de
moines de Saint-Guillaume chargée d'y faire refleurir la spiritualité
monastique. Il nous
reste deux lettres à l'abbé, Fr. Jean de Gano, un saint homme, originaire
d'Orvieto, un ami de Catherine (1). Selon Riccardi, la première lettre daterait
d'après juin et la seconde d'après septembre 1376, peut-être depuis Gênes. (1) Lettres
CXI et CXII, Téqui pp. 720 à 727. Lettres 12 et 250 dans G. Cavallini. L'abbé, Fra
Giovanni di Gano, sera aussi à l'origine du monastère de femmes,
Ste-Marie-des-Anges», que Catherine fondera dans la forteresse de Belcaro, en
1377. Il y présidera les cérémonies d'ouverture, en qualité de représentant du
pape. Au cours
d'une de ses missions dans le Val d'Orcia, Catherine séjournera à l'abbaye de
Saint-Anthime plusieurs semaines, en 1377, avec François Malavolti, Raymond de
Capoue et Bartholomée Dominici, encourageant l'abbé à réformer son monastère. En 1380,
l'abbé administra les derniers sacrements à Catherine, à Rome. Ce disciple
bien-aimé fut un des témoins dans le procès (de canonisation) de Venise. Lettre
CXII - De la soif que Notre-Seigneur a de notre salut
Au nom de
Jésus crucifié et de la douce Marie. 1. Mon
vénérable et révérendissime Père dans le Christ Jésus, votre indigne petite
fille, Catherine, la servante et l'esclave de Jésus-Christ, se recommande à
vous : avec le désir de vous voir baigné et noyé dans le sang du Fils
de Dieu. Ce sang vous fera paraître toute amertume douce et tout fardeau
léger; il vous fera suivre les traces de Jésus (1P 2,21), qui a dit: Je suis le
bon Pasteur, qui donne sa vie pour ses brebis (in 10,11). C'est ainsi
que mon âme désire vous voir, mon Père. Soyez un véritable pasteur dépouillé de
tout amour-propre; ayez de généreux désirs, et que vos regards soient toujours
fixés sur l'honneur de Dieu et le salut des âmes. Faites bonne garde, afin que
le démon ne surprenne pas vos brebis. Oh quelle
douce chose pour vous et pour moi, si je voyais que vous ne craignez ni la mort
ni la vie, ni les honneurs ni les reproches, les outrages, les injures et les
persécutions qui peuvent vous venir du monde ou de ceux qui vous obéissent,
mais que vous vous inquiétez seulement des injures faites à Dieu. C'est à cela,
mon très cher Père, qu'il faut mettre tout votre zèle, afin de montrer que vous
êtes un bon pasteur et un vrai jardinier : un pasteur pour reprendre et un
jardinier pour retourner la terre, pour rétablir la régularité, pour arracher
le vice et planter la vertu autant qu'il vous sera possible, avec l'aide de la
grâce divine, que reçoit en abondance l'âme qui a faim et désir de Dieu. 2. Nous
acquérons cette faim sur le bois de la très sainte Croix; vous y trouverez l'Agneau immolé et
percé pour nous, avec une telle faim et un tel désir de l'honneur de son Père
et de notre salut, qu'il ne semblait pas pouvoir vous montrer assez, parles
souffrances de son corps, le désir qu'il avait de donner. C'est ce qu'il
paraissait vouloir dire, lorsqu'il criait sur la Croix : "J'ai soif".
- Comme s'il disait : "J'ai une si grande soif de votre salut, que je ne
puis me désaltérer, donnez-moi à boire". Le doux Jésus demandait à boire à
ceux qu'il voyait ne pas participer à la rédemption de son sang; et on ne lui
donna d'autre chose a boire que de l'amertume (Jn 19,30. Ps 68,22). Hélas ! mon
très doux Père, nous voyons sans cesse que non -seulement au moment de la
Passion, mais depuis et maintenant, il nous demande à boire, et nous montre
la même soif ! Hélas ! que je suis malheureuse ! Il me semble que la
créature ne lui présente autre chose que l'amertume et la corruption du péché.
Nous devons nous exciter avec ardeur à comprendre cette soif divine, afin que
notre âme, hors d'elle-même, puisse uniquement désirer et aimer ce que Dieu
aime, et détester ce qu'il déteste. Vous le devez, vous surtout qui êtes
pasteur. Courez, mon vénérable Père, courez (Hé12,1;I Co 9,24) sans négligence
et sans ignorance, car le temps que nous avons est court. 3. Vous
m'avez fait dire que vous n'avez pas trouvé de fleurs dans le jardin. Prenez courage, et faites ce que
vous pourrez. J'espère de la bonté de Dieu que l'Esprit-Saint, comme un bon
jardinier, garnira ce jardin, et le fournira de tout ce dont il a besoin. Je vous
envoie celui qui vous remettra cette lettre; il causera avec vous de Mme
Moranda, femme de messire François de Montalcino. Elle a entre les mains une
jeune fille qui a bon désir de se donner à Dieu; et elle voudrait pour cela la
mettre dans un couvent qui ne me plaît pas beaucoup. Je voudrais que vous
puissiez la voir à ce sujet, et quand vous pourrez le faire, trouvez un lieu
convenable pour fonder un véritable et bon monastère, et y mettre deux bonnes
têtes, car nous avons des membres en quantité. Je crois que cela serait pour la
plus grande gloire de Dieu. Je prie sa souveraine Bonté qu'il vous donne ce
qu'il y a de meilleur, et qu'il vous remplisse de tant de zèle pour cela et
pour vos autres oeuvres, que vous sacrifiiez, s'il le faut, votre vie pour Jésus
crucifié. Je vous
prie de me faire savoir si le monastère du Valdamo est sous votre juridiction
pour le cas que vous fera connaître le porteur de cette lettre. Je ne vous en
dis pas davantage. Demeurez dans la sainte et douce dilection de Dieu. Je ne
suis qu'une servante inutile, et je me recommande à vous. Doux Jésus, Jésus
amour. Lettre
CXI. Pour apprendre à discerner: éviter de juger les autres, et jouir de la
diversité des dons de chacun
Au nom de
Jésus crucifié et de la douce Marie 1. Mon très cher Père dans le Christ,
le doux Jésus, moi, Catherine, la servante et l'esclave des serviteurs de
Jésus-Christ, je vous écris dans son précieux sang, avec le désir de vous voir avec
la vraie et douce lumière, nécessaire à l'âme, pour que l'oeil de
l'intelligence puisse voir, contempler et comprendre la souveraine et éternelle
volonté de Dieu en nous. C'est cette
vue qui instruit l'homme, le rend prudent et l'empêche de juger légèrement la
volonté des hommes comme le font souvent les serviteurs de Dieu, sous
l'apparence de la vertu et du zèle de la charité. Cette
lumière rend l'homme courageux et sans crainte; elle lui fait juger avec le respect convenable la
volonté de Dieu sur lui. Ce que Dieu permet, les persécutions ou les
consolations, ce qui vient des hommes ou du démon, tout lui paraît arriver pour
notre sanctification; il se réjouit de l'amour infini de Dieu, et il espère en
sa providence, qui pourvoit à toutes nos nécessités, donnant tout avec mesure,
et augmentant la force avec le besoin. L'âme voit et comprend ces choses quand
son intelligence est éclairée et qu'elle connaît la volonté de Dieu; et alors
elle l'aime. 2. Je
dis que cette lumière empêche de juger la volonté des serviteurs de Dieu et des
autres créatures; elle fait voir et respecter en eux le Saint-Esprit,
qui les guide; elle arrête de murmurer contre les autres afin que ceux-ci ne
soient pas jugés par les hommes mais par Dieu seul (1 Co 4,4). Nous
pourrions bien dire : "Est-ce qu'un serviteur de Dieu est si éclairé
qu'un autre ne puisse voir davantage ?" Non. II est nécessaire, pour
manifester la magnificence de Dieu et pour conserver l'ordre de la charité, que
les serviteurs de Dieu vivent et jouissent ensemble des lumières, des grâces et
des dons qu'ils reçoivent de Dieu. Il en
arrive ainsi afin que la lumière et la beauté de la Vérité suprême se
manifestent d'une manière infinie et digne d'elle, et afin que nous nous
humiliions en connaissant la lumière et la grâce de Dieu dans ses serviteurs :
il les a établis comme des fontaines. Celui-ci verse une eau, celui-là une
autre, et tous sont placés en cette vie pour s'alimenter eux-mêmes, et pour
être la consolation et le rafraîchissement des autres serviteurs de Dieu qui
ont soif de ces eaux, c'est-à-dire de ces grâces que Dieu met dans les âmes
pour subvenir à tous nos besoins. 3.
Personne n'est si éclairé qu'il n'ait souvent besoin de la lumière des autres. Mais celui qui est éclairé de la
douce volonté de Dieu répand la lumière avec la lumière de la foi; il ne juge
pas en murmurant et en se scandalisant de celui qu'il veut conseiller, et quoi
qu'il arrive, il n'en ressent pas de peine. Si on suit
son conseil, il s'en réjouit. Si on ne le suit pas, il s'en réjouit encore,
parce qu'il pense doucement que ce n'est pas sans motif secret et sans
nécessité que la providence de Dieu le veut ainsi. Il reste en paix et ne
s'afflige pas, parce qu'il est revêtu de cette volonté divine. Il ne se
tourmente pas à faire partager aux autres ses pensées, mais il s'applique, au
contraire, à les perdre, à les anéantir dans la douce pensée de Dieu, en lui
offrant les doutes et les craintes qu'il a eus, et en s'accusant devant lui de
ce qu'il a pensé de son prochain. C'est avec cette douce prudence que vivent et
agissent ceux qui sont éclairés de la vraie lumière; aussi goûtent-ils, dès
cette vie, la félicité suprême. 4. Le
contraire arrive aux ignorants. Admettons qu'ils servent Dieu : sans doute, mais ils ont encore
conservé leur jugement et leurs opinions colorées de vertu et de zèle et, à
cause de cela, ils tombent souvent dans de grandes fautes; ils se scandalisent
beaucoup et murmurent, parce qu'il leur manque la vraie et parfaite lumière.
Mais pouvons-nous l'avoir? Tant que nous ne nous délivrons pas des nuages et
des ténèbres intérieurs, notre jugement ne sera pas sûr et s'égarera. O lumière glorieuse ! O âme perdue et anéantie
dans la lumière, tu ne te vois pas par toi, mais tu vois la
lumière en toi, et dans cette lumière, tu vois et tu juges ton
prochain. Aussi tu vois, tu aimes et tu respectes ton
prochain dans la lumière, et non pas dans l'incertitude des jugements
qu'inspire un faux zèle. Il est donc
bien de voir et d'examiner avec l'oeil de notre intelligence, avec une volonté
vaincue et anéantie, afin qu'à la lumière de l'amour véritable; en respectant
la volonté de Dieu et celle de ses serviteurs, nous puissions acquérir la
lumière et parvenir à la vraie et parfaite pureté. Nous ne nous scandaliserons
pas des serviteurs de Dieu, parce que nous ne nous serons pas faits leur juge;
mais nous serons consolés en eux ; nous nous réjouirons de leurs voies
différentes, de leurs progrès et de tout ce qu'ils feront, parce que nous
verrons et nous reconnaîtrons en eux la volonté de Dieu. 5.
Courage donc, mon cher Père, mon Fils; mettons-nous sur le sein de la divine
Charité, et goûtons-y le lait suave et délicieux qui fait parvenir à la
perfection des saints, et qui fait suivre les traces et les enseignements de
l'Agneau. Nous
perdrons toute crainte, nous marcherons à travers les épines et les
tribulations, et nous ne fuirons pas la peine; mais nous nous affligerons de
ceux qui murmurent et donnent le scandale ; nous en aurons compassion devant
Dieu. Nous poursuivrons les oeuvres saintes que nous avons commencées pour
l'honneur de Dieu et le salut des âmes, et nous les finirons selon sa douce
volonté. Je ne vous
en dirai pas davantage sur ce sujet. Noyons-nous dans le sang de Jésus
crucifié. Oui, soyons sans crainte, sachant bien que si Dieu est pour nous,
personne ne sera contre nous (Rm 8,31). 6. Je ne
sais quand j'arriverai, et je ne puis prévoir combien de temps je resterai. Je partirai le
plus tôt possible, écoutant toujours, pour aller et rester, la douce volonté de
Dieu, et non celle des hommes. Je vous dirai, à vous et à tous ceux qui
laissent entrer tant de peines et de pensées dans leur esprit à mon sujet, que,
si je voyage toujours et si je me fatigue, malgré toutes mes infirmités, c'est
Dieu qui m'y force pour son honneur et pour le salut des âmes. Si les faibles
veulent trouver du mal dans le bien, je ne puis les en empêcher; mais je ne
peux pas regarder en arrière (Lc 9,62) et abandonner la charrue. Il me semble
qu'en écoutant les opinions des hommes, nous verrions la zizanie étouffer le
bon grain (Mt 13,25). Je termine. Demeurez dans la sainte et douce dilection de Dieu. Doux Jésus, Jésus amour.
Commentaire
Le
contexte
C'est au
cours d'un séjour à Pise, en 1375, que Catherine connut les stigmates. Cette
grâce d'union au Christ crucifié, elle la vit de l'intérieur. Elle lui fut
donnée avant ses grandes missions. Les deux lettres à l'Abbé de Sant’Antimo,
que Riccardi situe vers les mois de juin et de septembre 1376, seraient donc
envoyées par Catherine lorsqu'elle était sur le chemin de retour d'Avignon. En
1377, elle se rendra en mission dans le Val d'Orcia et passera par l'abbaye de
Sant’Antimo mais, comme elle le dit, elle ne sait pas quand elle pourra arriver
ni combien de temps elle pourra rester. A Avignon, Catherine n'a pas
seulement discuté de la grande politique, du retour du Pape à Rome et de la
guerre avec Florence. Elle a aussi obtenu du pape de pouvoir fonder un
monastère de femmes (à Belcaro). Elle écrit à l'abbé qu'il continue la
fondation d'un autre monastère et lui demande de prendre ses responsabilités là
où les monastères dépendent de sa juridiction canonique. 1ère
lettre : encouragement à assumer nos responsabilités car le Christ a soif des
hommes
Catherine
exhorte Giovanni di Gano à être un bon pasteur. Pour ce faire, l'abbé doit
avoir le désir d"'être baigné et noyé dans le sang du Fils de Dieu";
c'est-à-dire accepter de passer par des souffrances comme le Bon Pasteur a
assumé sa passion pour notre salut. Pour être un vrai pasteur, l'abbé ne doit
vouloir que l'honneur de Dieu et le salut des hommes c.-à-d. faire bonne garde
pour que ses brebis ne se perdent pas. Dans le
contexte, l'abbé doit assumer sa charge par rapport aux moines de son abbaye
dont il veut réformer la vie et par rapport aux prêtres dont il a la charge
canonique, entre autres ceux de Montalcino. Cette charge suppose qu'il
réprimande et avertisse ses prêtres, quand leur mode de vie n'est pas correct,
et surtout l'archiprêtre de Montalcino. Celui-ci fait courir des rumeurs
insultantes à propos de l'abbé et à propos de Catherine dont la prédication
suscite des conversions. A Sienne, on est devant des difficultés analogues. On
y répand des murmures parce qu'on redoute qu'elle vienne, aussi prêcher la,
conversion. Los seigneurs de Sienne y voient une espèce de complot, entre
Catherine et l'abbé, pour la gestion commune de la cité. Ce n'est pas quelque
chose qui est dans l'air. C'est sa prédication qui fait peur. A Sienne, on se
plaint que personne ne reprenne les prêtres mais, quand l'abbé le fait, on
conteste son pouvoir. Catherine
exhorte l'abbé à être un bon pasteur (1) et un bon jardinier (2): (1) pour
reprendre les moines à l'intérieur de son monastère, et les prêtres, à
l'extérieur. Cela implique aussi la prédication de Catherine, car si les
fidèles se convertissent, ceux-ci demandent également de meilleurs pasteurs. (2) pour
rétablir la régularité : arracher les vices et planter les vertus. Il doit
faire cela avec l'aide de la grâce. Comment
avoir cette faim de Dieu à laquelle s'oppose l'esprit mondain? En contemplant la croix où le
Christ a soif; en voyant ceux qui ne profitent pas de la rédemption par son
sang. Aujourd'hui encore, le Christ reste sur sa soif parce qu'il ne reçoit que
de l'amertume. Il nous demande à boire. Il faut donc que nous - Catherine et
l'abbé -, nous essayions de comprendre cette soif divine pour ne plus aimer que
ce que Dieu aime et pour détester ce qu'il déteste. Cela est surtout vrai pour
l'abbé parce qu'il est pasteur. Giovanni
a fait dire par son messager qu'il ne trouve pas de fleurs dans le
jardin ! Elle
dit qu'elle espère que l'Esprit Saint garnira ce jardin. Quant à elle, elle a
deux cas. (1) celui
d'une jeune fille qui veut entrer dans un monastère et qu'elle recom mande pour
une fondation que l'abbé a déjà commencée. Le porteur de la lettre devra
expliquer la chose plus clairement. Elle dit qu'il faut deux bonnes têtes pour
cela, car des candidates, elle en a assez. (2) elle
parle du monastère de Valdamo, mais elle ne veut pas écrire de quoi il s'agit.
D'un bien ou d'un mal. Elle demande simplement si ce monastère est sous sa
juridiction. C'est le porteur de la lettre qui devra éclairer le destinataire. 2de
lettre : le don de discernement et le très grand bonheur qu'il procure
Catherine
exhorte Giovanni à acquérir "une lumière" qui lui permette de voir le
volonté de Dieu sur lui. Cette lumière empêche de juger légèrement la volonté
des hommes comme le font facilement les prêtres, notamment sous l'apparence de
la vertu. Celui qui possède cette lumière juge avec respect la volonté de Dieu
sur lui et devient courageux. Voilà l'attitude que Catherine recommande à son
destinataire. S'il reçoit
des persécutions ou des honneurs, tout cela, c'est pour sa sanctification. Il
est content que Dieu lui donne la force et il aime la volonté de Dieu, même
s'il y a des murmures contre lui. Cette lumière empêche de juger la volonté des
prêtres et celle des autres, parce qu'elle fait voir que l'Esprit Saint est en
eux, qu'il les guide et parce qu'il faut écouter le jugement de Dieu et non
celui des hommes. Alors, dit
Catherine, est-ce qu'un prêtre est si éclairé qu'un autre prêtre ne puisse voir
davantage? Les prêtres doivent vivre et jouir ensemble des lumières qu'ils
reçoivent de Dieu. Dans cette lumière, nous (Catherine et lui) devons nous
humilier en reconnaissant la grâce de Dieu dans ses serviteurs: il les a
établis comme des fontaines de grâce les uns pour les autres et pour la
consolation de tous les hommes. Celui qui a
la lumière reste en paix, il ne murmure pas, il ne se scandalise pas de celui
qui ne suit pas son conseil. Il voit en tout la volonté de Dieu et gôute, dès
cette vie, le suprême bonheur! Les ignorants ont peut-être de la vertu et du
zèle, mais ils font de grandes fautes, ils murmurent et se scandalisent
beaucoup. Comment acquérir cette lumière? En se libérant des ténèbres
intérieures et en conservant cette quiétude. II faut avoir anéanti sa volonté propre
en respectant la volonté de Dieu. Loin de se scandaliser à propos des prêtres
on se réjouira des voies différentes qu'ils prennent car la volonté de Dieu est
aussi en eux. Il faut donc avoir à leur égard une présomption de leur bonne
volonté. Catherine
ne veut pas jeter de l'huile sur le feu. Elle a une conception collégiale du
sacerdoce. Elle termine en disant "Courage, mon père, et mon fils"
(!) et en l'exhortant à suivre l'Agneau à travers les tribulations. André Knockaert, s. j. En
bref : nouvelles des caterinati
Paroisses
Ste-Catherine de Sienne
Mgr
Castellano nous fait savoir que deux paroisses récentes, l'une à Trieste,
l'autre à Rome, sont jumelées entre elles sous le nom de la sainte. Il rappelle
qu'il existe aussi deux paroisses Ste-Catherine de Sienne aux Etats-Unis, l'une
dans le diocèse de Buffalo, l'autre à Washington. A
Sienne
Les 2-3
mars s'est tenu le Conseil général de l'Association Internationale des
Caterinati en présence du nouvel archevêque de Sienne, Mgr Buoncristiano, qui
en est le président, et de représentants de nouveaux groupes en voie de se
constituer à Trieste, et aussi à Bologne et à Catania. Après avoir accueil! les
nouveaux présidents des groupes de Florence et de Varraze, un hommage fut rendu
au Dr Ubalbo Morandi, premier prieur général de l'Association, et au P.
Giacinto d'Urso, o.p., auteur de remarquables publications, notamment sur
Catherine, et fondateur du groupe de caterinati de Buffalo (USA), en 1989. Les 27 et
28 avril, les célébrations de la fête de ste Catherine, sous le signe de
l'Europe, ont été présidées par le Card. V. Puljic, Archevêque de Sarajevo. Une
généreuse offrande lui a été remise en signe de solidarité, pour l'aider à
réparer des dommages moraux et matériels causés par la guerre. Le
"Maggio cateriniano" et les "Lecturae Cathadnae" organisés
par l' "Instituto di Studi Cateriniani" mettent à la portée du grand
public la spiritualité de Ste Catherine.» `Connaître cette spiritualité pour
pouvoir la porter dans le monde et la diffuser, soutenir la formation
spirituelle dans un sens,missionnaire", c'est le voeu le plus cher de Mgr
Castellano pour chacun de nous. A
Gênes
Antonio
Olivieri nous signale qu'en octobre 2002, le groupe de "Genova"
célébrera la 25e année de la "cattedra cateriniana". Théologiens,
chercheurs, écrivains, tant laïcs que religieux, s'y sont succédé depuis un
quart de siècle et continuent à traiter de thèmes de la spiritualité de Ste
Catherine dans le cadre de ce cycle de conférences qui a lieu, chaque année, en
octobre. Une belle incitation à l'étude et à la formation permanente. A
Milan
Le groupe,
sensible à l'activité caritative de Catherine en son temps et à la solitude des
personnes âgées en notre temps, a ouvert un centre d'écoute à leur intention. A
Rome
Aldo
Bernabei, avec son enthousiasme bien connu, met sur pied une association
d'inspiration européenne, dans laquelle sont impliqués des représentants des
familles spirituelles des trois patronnes de l'Europe. Une association qui
regarde vers l'avenir et puise dans la richesse de ses diverses traditions
spirituelles. Grâce à lui, le groupe romain fut en première ligne dans la
promotion du Concours national d'art "Ste Catherine, les jeunes et l'Europe",
organisé dans les écoles secondaires d'Italie et dont la remise des prix eut
lieu à Sienne en octobre 2001. A suivre.
Merci à Franca Piccini, à Sienne A
Bruxelles
Parmi les
divers membres de la troupe qui prépare un jeu scénique sut Catherine de
Sienne, "Mettre le feu au monde entier", huit d'entr'eux sont
actuellement en Toscane, sur les pas de Catherine, à Pise et à Sienne, où ils
sont accueillis et guidés par des caterinati. Nous les portons de tout coeur
dans la prière. Prière
pour l’Europe
Père, sur nos
terres d'Europe, ombres et
lumières, nuit et
brouillard, matins
légers de soleil et soirs de fruits sereins. Sur nos
terres d'Europe, terres de
sang et de compassion, de
fanatismes et de retrouvailles fraternelles, toi,
Seigneur, quel regard portes-tu? Nous savons
notre passé d'injustices, ici comme
aux terres lointaines. Nous savons
tant de générosités dépensées
sans compter, lumières de liberté. Mais toi,
Seigneur, où nous appelles-tu? Tu as donné
à quelques-uns, il y a cinquante ans, un esprit
de paix qui aurait
pensé que la réconciliation l'emporterait ainsi sur l'esprit de
revanche, la confiance sur les déchirures? Des
collines d'orgueil se sont abaissées, des plaines
se sont ouvertes, et la paix est venue. Que ce soit
Ta Paix! Nous te
bénissons, Père, pour ces
quelques pas faits les uns vers les autres : nous avons
su vaincre les voix de méfiance, découvrir
au-delà des frontières et des masques, des soeurs
et des frères en humanité. Nous te
bénissons pour les
semences d'humanité germées parmi nous ; tant de
richesses spirituelles dont tu nous as comblé! Nous te
bénissons pour ces langues, cultures et religions qui
chantent la générosité de tes dons que l'Esprit
de Pentecôte nous apprenne l'unidiversité! Que le
Christ, compagnon
de Martin et de Benoît, de
Catherine ou de Cyrille sur les
chemins d'Europe, soit aujourd'hui le nôtre. Qu'il soit
lui-même l'hôte de notre maison commune, à la table
ouverte de nos solidarités. Frère Gabriel Nissim O.P. Entre
deux jubilés
2002 : St
Pierre de Vérone (env. 1205-1252) 750e anniversaire de son martyre A
l'occasion de l'anniversaire du premier martyr de l'ordre dominicain, le Pape a
adressé une lettre à l'archevêque de Milan. Ce jubilé a pour thème "L'Eglise
ambrosienne et l'Ordre des Prêcheurs". Pierre
rencontra le futur fondateur des frères prêcheurs dans le milieu universitaire
de Bologne et devint son disciple. Saisi par le Christ, il fut un ardent
défenseur de la foi authentique au temps où se répandait l'hérésie cathare.
Partout où il passait, il suscitait un renouveau spirituel, sans se soucier des
menaces de mort dont il était l'objet. II fut assassiné le 6 avril 1252, ainsi
que son compagnon, alors qu'il se rendait de Côme à Milan pour une mission
d'évangélisation. Frappé à la tête, il mourut en pardonnant à son assassin,
hérétique. Celui-ci se convertit et devint dominicain. Pierre fut
canonisé un an après sa mort. Son témoignage, transmis par la tradition
dominicaine, impressionnait beaucoup Catherine qui aspirait à la même ferveur
et désirait, elle aussi, donner sa vie, jusqu'au martyre. A l'exemple
de St Pierre de Vérone Z-D, souligne le Pape, tout chrétien est encouragé
"à surmonter la tentation d'une adhésion tiède et partielle à la foi de
l'Eglise, à résister aux illusions du pouvoir et de la richesse, à chercher
par-dessus tout le 'Royaume de Dieu et sa justice' (Mt s, 33) et à contribuer à
l'instauration d'un ordre social toujours plus en harmonie avec les exigences
de la dignité de la personne." Madrid,
Prado 2003
: Ste Brigitte de Suède (1303-1373) 700e anniversaire de sa naissance
La Suède se
prépare à fêter l'anniversaire de la naissance de Ste Brigitte à Vadstena, où
Jean-Paul II se rendit en 1989. Les célébrations commenceront le 5 octobre
2002 à St-Pierre de Rome, ville où Brigitte passa les 20 dernières années
de sa vie. Le jubilé s'achèvera par une liturgie oecuménique, le 1 juin 2003
à Vadstena, où le Pape espère pouvoir se rendre si sa santé le lui permet. C'est le
ter octobre 1999 que Ste Brigitte, Ste Catherine et Ste Edith furent proclamées
patronnes de l'Europe, à l'ouverture du 2e synode sur l'Europe. Le 13 novembre
suivant, une liturgie oecuménique rassembla, à la basilique St-Pierre de Rome,
catholiques et luthériens, parmi lesquels les archevêques d'Uppsala et de
Turku, en présence du roi Carl XVI Gustaf, de la reine Silvia et de la
princesse Victoria. 14 septembre, Croix Glorieuse La
croix, source de sainteté
Sous la
croix, Stes Brigitte, Catherine et Edith et les saints patrons de l'Europe Les
Fraternités monastiques de Jérusalem, établies entre autres à Florence, ont
fait peindre une croix pour l'église de leur monastère. Voici l'article paru en
Italie à l'occasion de la présentation de cette oeuvre et la reproduction
publiée dans les Nouvelles de la Communion de Jérusalem, en juin 2002. "La
beauté conduit à Dieu". C'est une forte conviction du Père Pierre-Marie
Delfieux, fondateur des Fraternités monastiques de Jérusalem. La beauté de la
liturgie est donc importante, ainsi que celle de l'habit de choeur et celle des
chants. La beauté de l'architecture aussi. Telles celles de la basilique de
Vézelay, de l'abbaye du Mont St-Michel, de l'église St-Gervais (Paris) ou de la
Badia Fiorentina. "La Badia Fiorentina est pour nous un grand don avec
toute sa richesse historique, sa beauté, sa dignité", expliquent les
moines. "II manquait cependant une croix, élément essentiel de la
liturgie. C'est ainsi qu'il y a deux ans, nous avons demandé à une iconographe de
grand talent, Giovanna Faccincani, d'écrire une icône - une croix qui serait
placée au dessus de l'autel. Elle remplacerait ainsi la croix de procession qui
s'y trouve de manière temporaire." Pourquoi
une croix icône? "A cause du don particulier que représente l'icône,
oeuvre de prière, conçue pour la prière,comme une fenêtre ouverte sur
l'Invisible. La croix de la Badia est le fruit de deux ans de prière. Celle de
l'iconographe et celle de la communauté." Cette icône
représente une particularité. Tout en étant fidèle aux canons iconographiques
de l'Orient, elle s'inspire de l'art toscan et pourrait facilement être
rapprochée des croix pisanes et de l'art des XIe et XIIe siècles. L'oeuvre se
situe donc au croisement entre l'Orient et l'Occident, comme le souhaitaient
les moines et des moniales. Conformément à leur désir, le Christ est représenté
vivant et glorieux. Il a les yeux ouverts et le regard très profond,
"réveillant l'âme de qui le regarde". C'est le Christ de St Jean, qui
siège glorieux sur le trône de la croix. II est entouré de la mère de Dieu,
Notre-Dame des Douleurs, et du disciple que Jésus aimait, Jean. Moïse et Elie
soulignent, par leur présence, la gloire du crucifié : ils entouraient Jésus à
la Transfiguration et parlaient avec lui de son exil, de la mort par laquelle
il serait glorifié. Nous voyons ensuite ceux qui prirent soin de la sépulture
de Jésus : Joseph d'Arimatie et Nicodème, d'un côté de la croix, et de l'autre,
les saintes femmes, Jeanne et Marie, mère de Jacques. La croix apparaît
comme étant la source de la sainteté, celle d'hier et celle d'aujourd'hui.
C'est ainsi que sont représentés les saints patrons et les saintes patronnes de
l'Europe : St Benoît, St Cyrille et St Méthode avec Ste Brigitte, Ste Catherine
de Sienne et Ste Thérèse Bénédicte de la Croix (Edith Stein). Un détail
significatif au pied de la croix : une moniale baisant les pieds du Seigneur
dans un geste d'abandon et un moine, les mains levées, signe de la
contemplation et de la louange. C'est un rappel à l'essentiel de la vie
monastique, de la vie chrétienne. En haut de la croix, dans la mandorle, le
Christ apparaît dans la gloire, adoré par deux anges : là aussi est proclamé
qu'on ne peut séparer la croix de la gloire, la mort du Fils de Dieu de sa
résurrection. "Qui
regarde vers lui resplendira", dit le psalmiste. Voilà ce qui advient
lorsque, grâce à l'art, on regarde "Celui que nous avons transpercé." Fraternités monastiques de Jérusalem Toussaint Les
Saints sont proches de nous
Bien des gens ont l'impression que les Saints
sont loin de nous. lis sont loin de ceux qui se sont eux-mêmes
éloignés, mais ils sont très proches de ceux qui gardent les commandements du
Christ et ont la grâce du Saint-Esprit. Dans les Cieux, tout vit et se meut par le
Saint-Esprit, mais le Saint-Esprit est le même aussi sur la terre. Il est
présent dans notre Eglise ; Il agit dans les sacrements ; nous sentons son souffle dans la sainte
Ecriture ; II vivifie les âmes des croyants. Le Saint-Esprit unit tous les
hommes, et c'est pourquoi les Saints nous sont proches. Lorsque nous les
prions, alors, par le Saint-Esprit, ils entendent nos prières et nos âmes sentent
qu'ils prient pour nous. Les Saints vivent dans l'autre monde et là, par
le Saint-Esprit, ils voient la Gloire de Dieu et la beauté du Visage du Seigneur. Dans le
même Esprit Saint, ils voient notre vie et nos actions. Ils connaissent nos
peines et entendent nos ardentes prières. Tant qu'ils vivaient sur terre, c'est du
Saint-Esprit qu'ils apprenaient l'amour de Dieu Et si, déjà ici-bas, l'amour ne peut oublier le
frère, alors combien plus les Saints ne nous oublient-ils pas et prient-ils
pour nous. Aux Saints le Seigneur a fait don du Saint-Esprit,
et c'est dans le Saint-Esprit qu'ils nous aiment. Les âmes des Saints connaissent le Seigneur et
sa bonté pour les hommes, et c'est pourquoi leur esprit brûle d'amour pour le
peuple. Lorsqu'ils vivaient encore sur terre, ils ne pouvaient, sans douleur,
entendre parler d'un homme pécheur, et, dans leurs prières, ils versaient des
larmes pour lui. Le Saint-Esprit donne à ses élus un tel amour
que leurs âmes sont saisies, comme par une flamme, du désir que tous les hommes
soient sauvés et voient la Gloire du Seigneur. Invoquez avec foi et priez la Mère de Dieu et
les Saints. Ils entendent nos prières et connaissent même
nos pensées. Et ne vous étonnez pas de cela. Tout le Ciel
des Saints vit par le Saint-Esprit, et dans le monde entier rien n'est caché au
Saint-Esprit. Moi aussi, autrefois, je ne comprenais pas comment les Saints,
qui habitent au Ciel, peuvent voir notre vie, mais quand la Mère de Dieu me
reprocha mes péchés, je compris que dans le Saint-Esprit ils nous voient et
connaissent toute notre vie. Par le Saint-Esprit, les Saints voient les
souffrances des hommes sur la terre. Ils voient et savent comme nous sommes
accablés de peines, comme nos coeurs sont desséchés, comme l'abattement
paralyse nos âmes, et, sans se lasser, ils intercèdent en notre faveur auprès
de Dieu. Les Saints entendent nos prières et reçoivent
de Dieu la force de nous aider. Cela, tout le peuple chrétien le sait. St Silouane de l'Athos |