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LA VOIX DE SAINTE CATHERINE DE SIENNE.

 

N° 123 Août /Sep./ Oct. 2002.

 

 

 

Edito : 2

Lettres à l’abbé de St’Antimo, par André Knockaert, sj , 4

Nouvelles des Caterinati, 10

Prière pour l'Europe        12

Jubilés St Pierre de Vérone et Ste Brigitte  13

La croix, source de sainteté Frat. mon, de Jérusalem 14

Les saints sont proches de nous St Silouane 16

 

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Ainsi priait Ste Catherine

 

Pour ses amis

Je te recommande mes fils dont tu as chargé mes épaules. Hélas! je dois les éveiller et je dors toujours. Père très doux et miséricordieux, éveille les toi-même, afin que l'oeil de leur intelligence soit toujours fixé sur toi. (XXe Oraison)

 

***

 

O Marie, je te prie pour ceux que toi-même me fais aimer d'un amour de prédilection; enflamme leur coeur, fais-en des charbons brûlants, embrasés du feu de ton amour et de l'amour du prochain; que leur barque soit bien gréée pour le jour où il faudra partir. Je te prie pour ceux que tu m'as donnés ; je ne les ai pas portés au bien mais au mal, car je suis devant eux un miroir non de vertu , mais d'ignorance et de négligence profonde. Mais aujourd'hui, je demande hardiment : c'est jour de grâces; et je sais qu'à toi, Marie, rien n'est refusé. O Marie n'est-ce pas aujourd'hui que ton sein, terre féconde, a fait germer pour nous le Sauveur? (XXIe Oraison)

 

***

 

Père éternel et souverain, veille sur mes très chers fils.

Ne les laisse pas orphelins, s'il te plaît de m'enlever à ce corps sans retour. Que ta grâce les visite. Ressuscite-les dans ta vraie et parfaite lumière. Que les liens de la charité mutuelle les rattache l'un à l'autre, jusqu'à mourir d'amour au sein de ta douce Epouse. (XXIXe Oraison)

 

***

 

Catherine de Sienne, Jésus Christ, notre résurrection, Trad.A. Bernard, Cerf 1980.

 

Septembre 2002

 

Chers amis,

En Belgique, les évêques ont lancé une dynamique de trois années à thème, dans la foulée de !'après Jubilé, pour nous conduire "in altum", au large, en eaux profondes...     .

La première année (2002-2003) est consacrée à la diaconie : au service que l'Eglise, à la suite du Christ, est appelée à rendre aux hommes et aux femmes d'aujourd'hui. La seconde année sera consacrée à l'évangélisation et la troisième à la vie spirituelle. Commençons donc par le service.

 

L'an passé, au cours de l'assemblée du Conseil général de l'Association, Mgr Castellano proposa quelques idées en vue d'actualiser des Statuts, concernant l'activité caritative des membres. Il suggéra, comme signe des temps, que les groupes encouragent des jeunes à venir en aide à ceux de leur génération qui ont besoin d'être sauvés corps et âme, dans un monde où sévissent la drogue et les plaisirs sulfureux. Le groupe de Milan insista aussi sur la solidarité avec les personnes âgées.

 

Cette année encore, le Pr. Nardi, président de l'Association, souligna l'activité caritative de Catherine. Il suggéra de renouer avec la confrérie de Miséricorde, dans la ligne de la continuité historique que ses recherches, dans les archives, lui ont permis de vérifier. En effet, Ste Catherine et ses disciples disposaient d'un siège fixe, pour le développement de leur activité, dans l'ancienne "Casa della Misericordia", sise à Sienne, dans l'îlot constitué par la via della Sapienza et la via dei pittori. De 1373 à 1386, le recteur de cet hospice était Matteo di Cerni di Fazio: Il fut désigné par Catherine comme son successeur à la tête du groupe, soutenu par le frère augustinien, William Flete. Nous pouvons lire quatre lettres de Catherine, exhortant Messire Matteo à trouver dans le sang du Christ la source d'une compassion sans borne et l'ardeur d'une charité intarissable (Cfr éd. Téqui, Lettres, vol. II, pp.1037-1049).

 

Catherine fréquentait aussi la Compagnie de la Vierge Marie, une très ancienne confrérie qui contribua à la fondation de l'hôtel-Dieu, le grand hôpital de la Scala, situé en face du Dôme. "Les confrères priaient ensemble et pratiquaient les exercices de la pénitence et de la charité. Beaucoup de saints et de bienheureux furent affiliés à cette compagnie, et sainte Catherine elle-même assistait à ses sermons lorsqu'elle venait soigner les malades à l'hôpital" (Téqui, ibid. p.1050). Dans les chapelles souterraines qui servent de réunion à la compagnie, on peut voir un lieu où Catherine avait l'habitude de prendre un peu de repos après avoir soigné le corps et le coeur des malades souvent les plus rebutants. Nous pouvons lire deux lettres de Catherine au Prieur et aux frères de cette compagnie (Téqui, ibid. pp.1050-1064).

C'est passionnant de voir comment, dans l'Eglise, tout le monde a besoin de tout le monde et comment les membres s'encouragent et s'édifient mutuellement. D'ailleurs, c'est ça, l'Eglise !

 

Bien sûr le service et la charité ne se limitent pas aux relations courtes, de proximité. Ils ont aussi des dimensions sociales et internationales. Que chacun y aille de son charisme. Mais c'est avec joie que nous puiserons ensemble à la source de la Miséricorde pour qu'elle nous déborde!

 

En union de prière et de service avec vous. Je connais la très grande générosité de tant d'entre vous et je devine celle de tous et toutes, qui plaît à Dieu et aux hommes. Coraggio !

 

Chantal van der Plancke

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Lettres à l'abbé de St-Anthime

 

L'importante abbaye de Sant'Antimo se situe au Sud de Sienne, sur la grande route des pèlerins qui se rendaient à Rome et à Jérusalem, la via francigena. Au pays du Brunello, c'est aujourd'hui un lieu de passage touristique. L'Eglise est célèbre pour sa beauté clunisienne et son excellente acoustique et le monastère, dont il ne reste qu'une partie, est actuellement animé par une communauté nouvelle d'origine française et de souche norbertine.

 

 

L'abbaye bénédictine, fondée par Charlemagne en 781, passa, en 1298, à une communauté de moines de Saint-Guillaume chargée d'y faire refleurir la spiritualité monastique.

 

Il nous reste deux lettres à l'abbé, Fr. Jean de Gano, un saint homme, originaire d'Orvieto, un ami de Catherine (1). Selon Riccardi, la première lettre daterait d'après juin et la seconde d'après septembre 1376, peut-être depuis Gênes.

 

(1) Lettres CXI et CXII, Téqui pp. 720 à 727. Lettres 12 et 250 dans G. Cavallini.

L'abbé, Fra Giovanni di Gano, sera aussi à l'origine du monastère de femmes, Ste-Marie-des-Anges», que Catherine fondera dans la forteresse de Belcaro, en 1377. Il y présidera les cérémonies d'ouverture, en qualité de représentant du pape.

Au cours d'une de ses missions dans le Val d'Orcia, Catherine séjournera à l'abbaye de Saint-Anthime plusieurs semaines, en 1377, avec François Malavolti, Raymond de Capoue et Bartholomée Dominici, encourageant l'abbé à réformer son monastère.

En 1380, l'abbé administra les derniers sacrements à Catherine, à Rome. Ce disciple bien-aimé fut un des témoins dans le procès (de canonisation) de Venise.

 

Lettre CXII - De la soif que Notre-Seigneur a de notre salut

 

Au nom de Jésus crucifié et de la douce Marie.

 

1. Mon vénérable et révérendissime Père dans le Christ Jésus, votre indigne petite fille, Catherine, la servante et l'esclave de Jésus-Christ, se recommande à vous : avec le désir de vous voir baigné et noyé dans le sang du Fils de Dieu. Ce sang vous fera paraître toute amertume douce et tout fardeau léger; il vous fera suivre les traces de Jésus (1P 2,21), qui a dit: Je suis le bon Pasteur, qui donne sa vie pour ses brebis (in 10,11).

 

C'est ainsi que mon âme désire vous voir, mon Père. Soyez un véritable pasteur dépouillé de tout amour-propre; ayez de généreux désirs, et que vos regards soient toujours fixés sur l'honneur de Dieu et le salut des âmes. Faites bonne garde, afin que le démon ne surprenne pas vos brebis.

 

Oh quelle douce chose pour vous et pour moi, si je voyais que vous ne craignez ni la mort ni la vie, ni les honneurs ni les reproches, les outrages, les injures et les persécutions qui peuvent vous venir du monde ou de ceux qui vous obéissent, mais que vous vous inquiétez seulement des injures faites à Dieu. C'est à cela, mon très cher Père, qu'il faut mettre tout votre zèle, afin de montrer que vous êtes un bon pasteur et un vrai jardinier : un pasteur pour reprendre et un jardinier pour retourner la terre, pour rétablir la régularité, pour arracher le vice et planter la vertu autant qu'il vous sera possible, avec l'aide de la grâce divine, que reçoit en abondance l'âme qui a faim et désir de Dieu.

 

2. Nous acquérons cette faim sur le bois de la très sainte Croix; vous y trouverez l'Agneau immolé et percé pour nous, avec une telle faim et un tel désir de l'honneur de son Père et de notre salut, qu'il ne semblait pas pouvoir vous montrer assez, parles souffrances de son corps, le désir qu'il avait de donner. C'est ce qu'il paraissait vouloir dire, lorsqu'il criait sur la Croix : "J'ai soif". - Comme s'il disait : "J'ai une si grande soif de votre salut, que je ne puis me désaltérer, donnez-moi à boire". Le doux Jésus demandait à boire à ceux qu'il voyait ne pas participer à la rédemption de son sang; et on ne lui donna d'autre chose a boire que de l'amertume (Jn 19,30. Ps 68,22).

 

Hélas ! mon très doux Père, nous voyons sans cesse que non -seulement au moment de la Passion, mais depuis et maintenant, il nous demande à boire, et nous montre la même soif ! Hélas ! que je suis malheureuse ! Il me semble que la créature ne lui présente autre chose que l'amertume et la corruption du péché. Nous devons nous exciter avec ardeur à comprendre cette soif divine, afin que notre âme, hors d'elle-même, puisse uniquement désirer et aimer ce que Dieu aime, et détester ce qu'il déteste. Vous le devez, vous surtout qui êtes pasteur. Courez, mon vénérable Père, courez (Hé12,1;I Co 9,24) sans négligence et sans ignorance, car le temps que nous avons est court.

 

3. Vous m'avez fait dire que vous n'avez pas trouvé de fleurs dans le jardin. Prenez courage, et faites ce que vous pourrez. J'espère de la bonté de Dieu que l'Esprit-Saint, comme un bon jardinier, garnira ce jardin, et le fournira de tout ce dont il a besoin.

Je vous envoie celui qui vous remettra cette lettre; il causera avec vous de Mme Moranda, femme de messire François de Montalcino. Elle a entre les mains une jeune fille qui a bon désir de se donner à Dieu; et elle voudrait pour cela la mettre dans un couvent qui ne me plaît pas beaucoup. Je voudrais que vous puissiez la voir à ce sujet, et quand vous pourrez le faire, trouvez un lieu convenable pour fonder un véritable et bon monastère, et y mettre deux bonnes têtes, car nous avons des membres en quantité. Je crois que cela serait pour la plus grande gloire de Dieu. Je prie sa souveraine Bonté qu'il vous donne ce qu'il y a de meilleur, et qu'il vous remplisse de tant de zèle pour cela et pour vos autres oeuvres, que vous sacrifiiez, s'il le faut, votre vie pour Jésus crucifié.

 

Je vous prie de me faire savoir si le monastère du Valdamo est sous votre juridiction pour le cas que vous fera connaître le porteur de cette lettre. Je ne vous en dis pas davantage. Demeurez dans la sainte et douce dilection de Dieu. Je ne suis qu'une servante inutile, et je me recommande à vous. Doux Jésus, Jésus amour.

 

 

 

 

Lettre CXI. Pour apprendre à discerner: éviter de juger les autres, et jouir de la diversité des dons de chacun

 

Au nom de Jésus crucifié et de la douce Marie

 

1. Mon très cher Père dans le Christ, le doux Jésus, moi, Catherine, la servante et l'esclave des serviteurs de Jésus-Christ, je vous écris dans son précieux sang, avec le désir de vous voir avec la vraie et douce lumière, nécessaire à l'âme, pour que l'oeil de l'intelligence puisse voir, contempler et comprendre la souveraine et éternelle volonté de Dieu en nous.

 

C'est cette vue qui instruit l'homme, le rend prudent et l'empêche de juger légèrement la volonté des hommes comme le font souvent les serviteurs de Dieu, sous l'apparence de la vertu et du zèle de la charité.

 

Cette lumière rend l'homme courageux et sans crainte; elle lui fait juger avec le respect convenable la volonté de Dieu sur lui. Ce que Dieu permet, les persécutions ou les consolations, ce qui vient des hommes ou du démon, tout lui paraît arriver pour notre sanctification; il se réjouit de l'amour infini de Dieu, et il espère en sa providence, qui pourvoit à toutes nos nécessités, donnant tout avec mesure, et augmentant la force avec le besoin. L'âme voit et comprend ces choses quand son intelligence est éclairée et qu'elle connaît la volonté de Dieu; et alors elle l'aime.

 

2. Je dis que cette lumière empêche de juger la volonté des serviteurs de Dieu et des autres créatures; elle fait voir et respecter en eux le Saint-Esprit, qui les guide; elle arrête de murmurer contre les autres afin que ceux-ci ne soient pas jugés par les hommes mais par Dieu seul (1 Co 4,4).

 

Nous pourrions bien dire : "Est-ce qu'un serviteur de Dieu est si éclairé qu'un autre ne puisse voir davantage ?" Non. II est nécessaire, pour manifester la magnificence de Dieu et pour conserver l'ordre de la charité, que les serviteurs de Dieu vivent et jouissent ensemble des lumières, des grâces et des dons qu'ils reçoivent de Dieu.

 

Il en arrive ainsi afin que la lumière et la beauté de la Vérité suprême se manifestent d'une manière infinie et digne d'elle, et afin que nous nous humiliions en connaissant la lumière et la grâce de Dieu dans ses serviteurs : il les a établis comme des fontaines. Celui-ci verse une eau, celui-là une autre, et tous sont placés en cette vie pour s'alimenter eux-mêmes, et pour être la consolation et le rafraîchissement des autres serviteurs de Dieu qui ont soif de ces eaux, c'est-à-dire de ces grâces que Dieu met dans les âmes pour subvenir à tous nos besoins.

 

3. Personne n'est si éclairé qu'il n'ait souvent besoin de la lumière des autres. Mais celui qui est éclairé de la douce volonté de Dieu répand la lumière avec la lumière de la foi; il ne juge pas en murmurant et en se scandalisant de celui qu'il veut conseiller, et quoi qu'il arrive, il n'en ressent pas de peine.

 

Si on suit son conseil, il s'en réjouit. Si on ne le suit pas, il s'en réjouit encore, parce qu'il pense doucement que ce n'est pas sans motif secret et sans nécessité que la providence de Dieu le veut ainsi. Il reste en paix et ne s'afflige pas, parce qu'il est revêtu de cette volonté divine. Il ne se tourmente pas à faire partager aux autres ses pensées, mais il s'applique, au contraire, à les perdre, à les anéantir dans la douce pensée de Dieu, en lui offrant les doutes et les craintes qu'il a eus, et en s'accusant devant lui de ce qu'il a pensé de son prochain. C'est avec cette douce prudence que vivent et agissent ceux qui sont éclairés de la vraie lumière; aussi goûtent-ils, dès cette vie, la félicité suprême.

 

4. Le contraire arrive aux ignorants. Admettons qu'ils servent Dieu : sans doute, mais ils ont encore conservé leur jugement et leurs opinions colorées de vertu et de zèle et, à cause de cela, ils tombent souvent dans de grandes fautes; ils se scandalisent beaucoup et murmurent, parce qu'il leur manque la vraie et parfaite lumière. Mais pouvons-nous l'avoir? Tant que nous ne nous délivrons pas des nuages et des ténèbres intérieurs, notre jugement ne sera pas sûr et s'égarera.

 

O lumière glorieuse ! O âme perdue et anéantie dans la lumière,

tu ne te vois pas par toi, mais tu vois la lumière en toi,

et dans cette lumière, tu vois et tu juges ton prochain.

Aussi tu vois, tu aimes et tu respectes ton prochain dans la lumière,

et non pas dans l'incertitude des jugements qu'inspire un faux zèle.

 

Il est donc bien de voir et d'examiner avec l'oeil de notre intelligence, avec une volonté vaincue et anéantie, afin qu'à la lumière de l'amour véritable; en respectant la volonté de Dieu et celle de ses serviteurs, nous puissions acquérir la lumière et parvenir à la vraie et parfaite pureté. Nous ne nous scandaliserons pas des serviteurs de Dieu, parce que nous ne nous serons pas faits leur juge; mais nous serons consolés en eux ; nous nous réjouirons de leurs voies différentes, de leurs progrès et de tout ce qu'ils feront, parce que nous verrons et nous reconnaîtrons en eux la volonté de Dieu.

 

5. Courage donc, mon cher Père, mon Fils; mettons-nous sur le sein de la divine Charité, et goûtons-y le lait suave et délicieux qui fait parvenir à la perfection des saints, et qui fait suivre les traces et les enseignements de l'Agneau.

 

Nous perdrons toute crainte, nous marcherons à travers les épines et les tribulations, et nous ne fuirons pas la peine; mais nous nous affligerons de ceux qui murmurent et donnent le scandale ; nous en aurons compassion devant Dieu. Nous poursuivrons les oeuvres saintes que nous avons commencées pour l'honneur de Dieu et le salut des âmes, et nous les finirons selon sa douce volonté.

 

Je ne vous en dirai pas davantage sur ce sujet. Noyons-nous dans le sang de Jésus crucifié. Oui, soyons sans crainte, sachant bien que si Dieu est pour nous, personne ne sera contre nous (Rm 8,31).

 

6. Je ne sais quand j'arriverai, et je ne puis prévoir combien de temps je resterai. Je partirai le plus tôt possible, écoutant toujours, pour aller et rester, la douce volonté de Dieu, et non celle des hommes. Je vous dirai, à vous et à tous ceux qui laissent entrer tant de peines et de pensées dans leur esprit à mon sujet, que, si je voyage toujours et si je me fatigue, malgré toutes mes infirmités, c'est Dieu qui m'y force pour son honneur et pour le salut des âmes. Si les faibles veulent trouver du mal dans le bien, je ne puis les en empêcher; mais je ne peux pas regarder en arrière (Lc 9,62) et abandonner la charrue. Il me semble qu'en écoutant les opinions des hommes, nous verrions la zizanie étouffer le bon grain (Mt 13,25).

 

Je termine. Demeurez dans la sainte et douce dilection de Dieu. Doux Jésus, Jésus amour.

 

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Commentaire

 

Le contexte

 

C'est au cours d'un séjour à Pise, en 1375, que Catherine connut les stigmates. Cette grâce d'union au Christ crucifié, elle la vit de l'intérieur. Elle lui fut donnée avant ses grandes missions. Les deux lettres à l'Abbé de Sant’Antimo, que Riccardi situe vers les mois de juin et de septembre 1376, seraient donc envoyées par Catherine lorsqu'elle était sur le chemin de retour d'Avignon. En 1377, elle se rendra en mission dans le Val d'Orcia et passera par l'abbaye de Sant’Antimo mais, comme elle le dit, elle ne sait pas quand elle pourra arriver ni combien de temps elle pourra rester.

 

A Avignon, Catherine n'a pas seulement discuté de la grande politique, du retour du Pape à Rome et de la guerre avec Florence. Elle a aussi obtenu du pape de pouvoir fonder un monastère de femmes (à Belcaro). Elle écrit à l'abbé qu'il continue la fondation d'un autre monastère et lui demande de prendre ses responsabilités là où les monastères dépendent de sa juridiction canonique.

 

1ère lettre : encouragement à assumer nos responsabilités car le Christ a soif des hommes

 

Catherine exhorte Giovanni di Gano à être un bon pasteur. Pour ce faire, l'abbé doit avoir le désir d"'être baigné et noyé dans le sang du Fils de Dieu"; c'est-à-dire accepter de passer par des souffrances comme le Bon Pasteur a assumé sa passion pour notre salut. Pour être un vrai pasteur, l'abbé ne doit vouloir que l'honneur de Dieu et le salut des hommes c.-à-d. faire bonne garde pour que ses brebis ne se perdent pas.

 

Dans le contexte, l'abbé doit assumer sa charge par rapport aux moines de son abbaye dont il veut réformer la vie et par rapport aux prêtres dont il a la charge canonique, entre autres ceux de Montalcino. Cette charge suppose qu'il réprimande et avertisse ses prêtres, quand leur mode de vie n'est pas correct, et surtout l'archiprêtre de Montalcino. Celui-ci fait courir des rumeurs insultantes à propos de l'abbé et à propos de Catherine dont la prédication suscite des conversions. A Sienne, on est devant des difficultés analogues. On y répand des murmures parce qu'on redoute qu'elle vienne, aussi prêcher la, conversion. Los seigneurs de Sienne y voient une espèce de complot, entre Catherine et l'abbé, pour la gestion commune de la cité. Ce n'est pas quelque chose qui est dans l'air. C'est sa prédication qui fait peur. A Sienne, on se plaint que personne ne reprenne les prêtres mais, quand l'abbé le fait, on conteste son pouvoir.

 

Catherine exhorte l'abbé à être un bon pasteur (1) et un bon jardinier (2):

 

(1) pour reprendre les moines à l'intérieur de son monastère, et les prêtres, à l'extérieur. Cela implique aussi la prédication de Catherine, car si les fidèles se convertissent, ceux-ci demandent également de meilleurs pasteurs.

(2) pour rétablir la régularité : arracher les vices et planter les vertus. Il doit faire cela avec l'aide de la grâce.

 

Comment avoir cette faim de Dieu à laquelle s'oppose l'esprit mondain? En contemplant la croix où le Christ a soif; en voyant ceux qui ne profitent pas de la rédemption par son sang. Aujourd'hui encore, le Christ reste sur sa soif parce qu'il ne reçoit que de l'amertume. Il nous demande à boire. Il faut donc que nous - Catherine et l'abbé -, nous essayions de comprendre cette soif divine pour ne plus aimer que ce que Dieu aime et pour détester ce qu'il déteste. Cela est surtout vrai pour l'abbé parce qu'il est pasteur.

 

Giovanni a fait dire par son messager qu'il ne trouve pas de fleurs dans le jardin ! Elle dit qu'elle espère que l'Esprit Saint garnira ce jardin. Quant à elle, elle a deux cas.

 

(1) celui d'une jeune fille qui veut entrer dans un monastère et qu'elle recom mande pour une fondation que l'abbé a déjà commencée. Le porteur de la lettre devra expliquer la chose plus clairement. Elle dit qu'il faut deux bonnes têtes pour cela, car des candidates, elle en a assez.

(2) elle parle du monastère de Valdamo, mais elle ne veut pas écrire de quoi il s'agit. D'un bien ou d'un mal. Elle demande simplement si ce monastère est sous sa juridiction. C'est le porteur de la lettre qui devra éclairer le destinataire.

 

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2de lettre : le don de discernement et le très grand bonheur qu'il procure

 

Catherine exhorte Giovanni à acquérir "une lumière" qui lui permette de voir le volonté de Dieu sur lui. Cette lumière empêche de juger légèrement la volonté des hommes comme le font facilement les prêtres, notamment sous l'apparence de la vertu. Celui qui possède cette lumière juge avec respect la volonté de Dieu sur lui et devient courageux. Voilà l'attitude que Catherine recommande à son destinataire.

 

S'il reçoit des persécutions ou des honneurs, tout cela, c'est pour sa sanctification. Il est content que Dieu lui donne la force et il aime la volonté de Dieu, même s'il y a des murmures contre lui. Cette lumière empêche de juger la volonté des prêtres et celle des autres, parce qu'elle fait voir que l'Esprit Saint est en eux, qu'il les guide et parce qu'il faut écouter le jugement de Dieu et non celui des hommes.

 

Alors, dit Catherine, est-ce qu'un prêtre est si éclairé qu'un autre prêtre ne puisse voir davantage? Les prêtres doivent vivre et jouir ensemble des lumières qu'ils reçoivent de Dieu. Dans cette lumière, nous (Catherine et lui) devons nous humilier en reconnaissant la grâce de Dieu dans ses serviteurs: il les a établis comme des fontaines de grâce les uns pour les autres et pour la consolation de tous les hommes.

 

Celui qui a la lumière reste en paix, il ne murmure pas, il ne se scandalise pas de celui qui ne suit pas son conseil. Il voit en tout la volonté de Dieu et gôute, dès cette vie, le suprême bonheur! Les ignorants ont peut-être de la vertu et du zèle, mais ils font de grandes fautes, ils murmurent et se scandalisent beaucoup. Comment acquérir cette lumière? En se libérant des ténèbres intérieures et en conservant cette quiétude. II faut avoir anéanti sa volonté propre en respectant la volonté de Dieu. Loin de se scandaliser à propos des prêtres on se réjouira des voies différentes qu'ils prennent car la volonté de Dieu est aussi en eux. Il faut donc avoir à leur égard une présomption de leur bonne volonté.

 

Catherine ne veut pas jeter de l'huile sur le feu. Elle a une conception collégiale du sacerdoce. Elle termine en disant "Courage, mon père, et mon fils" (!) et en l'exhortant à suivre l'Agneau à travers les tribulations.

 

André Knockaert, s. j.

 

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En bref : nouvelles des caterinati

 

Paroisses Ste-Catherine de Sienne

 

Mgr Castellano nous fait savoir que deux paroisses récentes, l'une à Trieste, l'autre à Rome, sont jumelées entre elles sous le nom de la sainte. Il rappelle qu'il existe aussi deux paroisses Ste-Catherine de Sienne aux Etats-Unis, l'une dans le diocèse de Buffalo, l'autre à Washington.

 

A Sienne

 

Les 2-3 mars s'est tenu le Conseil général de l'Association Internationale des Caterinati en présence du nouvel archevêque de Sienne, Mgr Buoncristiano, qui en est le président, et de représentants de nouveaux groupes en voie de se constituer à Trieste, et aussi à Bologne et à Catania. Après avoir accueil! les nouveaux présidents des groupes de Florence et de Varraze, un hommage fut rendu au Dr Ubalbo Morandi, premier prieur général de l'Association, et au P. Giacinto d'Urso, o.p., auteur de remarquables publications, notamment sur Catherine, et fondateur du groupe de caterinati de Buffalo (USA), en 1989.

Les 27 et 28 avril, les célébrations de la fête de ste Catherine, sous le signe de l'Europe, ont été présidées par le Card. V. Puljic, Archevêque de Sarajevo. Une généreuse offrande lui a été remise en signe de solidarité, pour l'aider à réparer des dommages moraux et matériels causés par la guerre.

Le "Maggio cateriniano" et les "Lecturae Cathadnae" organisés par l' "Instituto di Studi Cateriniani" mettent à la portée du grand public la spiritualité de Ste Catherine.» `Connaître cette spiritualité pour pouvoir la porter dans le monde et la diffuser, soutenir la formation spirituelle dans un sens,missionnaire", c'est le voeu le plus cher de Mgr Castellano pour chacun de nous.

 

A Gênes

 

Antonio Olivieri nous signale qu'en octobre 2002, le groupe de "Genova" célébrera la 25e année de la "cattedra cateriniana". Théologiens, chercheurs, écrivains, tant laïcs que religieux, s'y sont succédé depuis un quart de siècle et continuent à traiter de thèmes de la spiritualité de Ste Catherine dans le cadre de ce cycle de conférences qui a lieu, chaque année, en octobre. Une belle incitation à l'étude et à la formation permanente.

 

A Milan

 

Le groupe, sensible à l'activité caritative de Catherine en son temps et à la solitude des personnes âgées en notre temps, a ouvert un centre d'écoute à leur intention.

 

A Rome

 

Aldo Bernabei, avec son enthousiasme bien connu, met sur pied une association d'inspiration européenne, dans laquelle sont impliqués des représentants des familles spirituelles des trois patronnes de l'Europe. Une association qui regarde vers l'avenir et puise dans la richesse de ses diverses traditions spirituelles. Grâce à lui, le groupe romain fut en première ligne dans la promotion du Concours national d'art "Ste Catherine, les jeunes et l'Europe", organisé dans les écoles secondaires d'Italie et dont la remise des prix eut lieu à Sienne en octobre 2001.   A suivre. Merci à Franca Piccini, à Sienne

 

A Bruxelles

 

Parmi les divers membres de la troupe qui prépare un jeu scénique sut Catherine de Sienne, "Mettre le feu au monde entier", huit d'entr'eux sont actuellement en Toscane, sur les pas de Catherine, à Pise et à Sienne, où ils sont accueillis et guidés par des caterinati. Nous les portons de tout coeur dans la prière.

 

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Prière pour l’Europe

 

Père,

sur nos terres d'Europe,

ombres et lumières,

nuit et brouillard,

matins légers de soleil et soirs de fruits sereins.

 

Sur nos terres d'Europe,

terres de sang et de compassion,

de fanatismes et de retrouvailles fraternelles,

toi, Seigneur, quel regard portes-tu?

 

Nous savons notre passé d'injustices,

ici comme aux terres lointaines.

Nous savons tant de générosités

dépensées sans compter, lumières de liberté.

Mais toi, Seigneur, où nous appelles-tu?

 

Tu as donné à quelques-uns, il y a cinquante ans,

un esprit de paix

qui aurait pensé que la réconciliation l'emporterait ainsi sur

l'esprit de revanche, la confiance sur les déchirures?

Des collines d'orgueil se sont abaissées,

des plaines se sont ouvertes, et la paix est venue.

Que ce soit Ta Paix!

 

Nous te bénissons, Père,

pour ces quelques pas faits les uns vers les autres :

nous avons su vaincre les voix de méfiance,

découvrir au-delà des frontières et des masques,

des soeurs et des frères en humanité.

 

Nous te bénissons

pour les semences d'humanité germées parmi nous ;

tant de richesses spirituelles dont tu nous as comblé!

Nous te bénissons pour ces langues, cultures et religions

qui chantent la générosité de tes dons

que l'Esprit de Pentecôte nous apprenne l'unidiversité!

 

Que le Christ,

compagnon de Martin et de Benoît,

de Catherine ou de Cyrille

sur les chemins d'Europe, soit aujourd'hui le nôtre.

Qu'il soit lui-même l'hôte de notre maison commune,

à la table ouverte de nos solidarités.

 

Frère Gabriel Nissim O.P.

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Entre deux jubilés

 

2002 : St Pierre de Vérone (env. 1205-1252) 750e anniversaire de son martyre

A l'occasion de l'anniversaire du premier martyr de l'ordre dominicain, le Pape a adressé une lettre à l'archevêque de Milan. Ce jubilé a pour thème "L'Eglise ambrosienne et l'Ordre des Prêcheurs".

 

Pierre rencontra le futur fondateur des frères prêcheurs dans le milieu universitaire de Bologne et devint son disciple. Saisi par le Christ, il fut un ardent défenseur de la foi authentique au temps où se répandait l'hérésie cathare. Partout où il passait, il suscitait un renouveau spirituel, sans se soucier des menaces de mort dont il était l'objet. II fut assassiné le 6 avril 1252, ainsi que son compagnon, alors qu'il se rendait de Côme à Milan pour une mission d'évangélisation. Frappé à la tête, il mourut en pardonnant à son assassin, hérétique. Celui-ci se convertit et devint dominicain.

 

Pierre fut canonisé un an après sa mort. Son témoignage, transmis par la tradition dominicaine, impressionnait beaucoup Catherine qui aspirait à la même ferveur et désirait, elle aussi, donner sa vie, jusqu'au martyre.

 

A l'exemple de St Pierre de Vérone Z-D, souligne le Pape, tout chrétien est encouragé "à surmonter la tentation d'une adhésion tiède et partielle à la foi de l'Eglise, à résister aux illusions du pouvoir et de la richesse, à chercher par-dessus tout le 'Royaume de Dieu et sa justice' (Mt s, 33) et à contribuer à l'instauration d'un ordre social toujours plus en harmonie avec les exigences de la dignité de la personne."

Madrid, Prado

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2003 : Ste Brigitte de Suède (1303-1373) 700e anniversaire de sa naissance

 

La Suède se prépare à fêter l'anniversaire de la naissance de Ste Brigitte à Vadstena, où Jean-Paul II se rendit en 1989. Les célébrations commenceront le 5 octobre 2002 à St-Pierre de Rome, ville où Brigitte passa les 20 dernières années de sa vie. Le jubilé s'achèvera par une liturgie oecuménique, le 1 juin 2003 à Vadstena, où le Pape espère pouvoir se rendre si sa santé le lui permet.

 

C'est le ter octobre 1999 que Ste Brigitte, Ste Catherine et Ste Edith furent proclamées patronnes de l'Europe, à l'ouverture du 2e synode sur l'Europe. Le 13 novembre suivant, une liturgie oecuménique rassembla, à la basilique St-Pierre de Rome, catholiques et luthériens, parmi lesquels les archevêques d'Uppsala et de Turku, en présence du roi Carl XVI Gustaf, de la reine Silvia et de la princesse Victoria.

 

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14 septembre, Croix Glorieuse

 

La croix, source de sainteté

 

Sous la croix, Stes Brigitte, Catherine et Edith et les saints patrons de l'Europe

 

Les Fraternités monastiques de Jérusalem, établies entre autres à Florence, ont fait peindre une croix pour l'église de leur monastère. Voici l'article paru en Italie à l'occasion de la présentation de cette oeuvre et la reproduction publiée dans les Nouvelles de la Communion de Jérusalem, en juin 2002.

 

"La beauté conduit à Dieu". C'est une forte conviction du Père Pierre-Marie Delfieux, fondateur des Fraternités monastiques de Jérusalem. La beauté de la liturgie est donc importante, ainsi que celle de l'habit de choeur et celle des chants. La beauté de l'architecture aussi. Telles celles de la basilique de Vézelay, de l'abbaye du Mont St-Michel, de l'église St-Gervais (Paris) ou de la Badia Fiorentina. "La Badia Fiorentina est pour nous un grand don avec toute sa richesse historique, sa beauté, sa dignité", expliquent les moines. "II manquait cependant une croix, élément essentiel de la liturgie. C'est ainsi qu'il y a deux ans, nous avons demandé à une iconographe de grand talent, Giovanna Faccincani, d'écrire une icône - une croix qui serait placée au dessus de l'autel. Elle remplacerait ainsi la croix de procession qui s'y trouve de manière temporaire."

 

Pourquoi une croix icône? "A cause du don particulier que représente l'icône, oeuvre de prière, conçue pour la prière,comme une fenêtre ouverte sur l'Invisible. La croix de la Badia est le fruit de deux ans de prière. Celle de l'iconographe et celle de la communauté."

 

Cette icône représente une particularité. Tout en étant fidèle aux canons iconographiques de l'Orient, elle s'inspire de l'art toscan et pourrait facilement être rapprochée des croix pisanes et de l'art des XIe et XIIe siècles. L'oeuvre se situe donc au croisement entre l'Orient et l'Occident, comme le souhaitaient les moines et des moniales. Conformément à leur désir, le Christ est représenté vivant et glorieux. Il a les yeux ouverts et le regard très profond, "réveillant l'âme de qui le regarde". C'est le Christ de St Jean, qui siège glorieux sur le trône de la croix. II est entouré de la mère de Dieu, Notre-Dame des Douleurs, et du disciple que Jésus aimait, Jean. Moïse et Elie soulignent, par leur présence, la gloire du crucifié : ils entouraient Jésus à la Transfiguration et parlaient avec lui de son exil, de la mort par laquelle il serait glorifié. Nous voyons ensuite ceux qui prirent soin de la sépulture de Jésus : Joseph d'Arimatie et Nicodème, d'un côté de la croix, et de l'autre, les saintes femmes, Jeanne et Marie, mère de Jacques.

 

La croix apparaît comme étant la source de la sainteté, celle d'hier et celle d'aujourd'hui. C'est ainsi que sont représentés les saints patrons et les saintes patronnes de l'Europe : St Benoît, St Cyrille et St Méthode avec Ste Brigitte, Ste Catherine de Sienne et Ste Thérèse Bénédicte de la Croix (Edith Stein). Un détail significatif au pied de la croix : une moniale baisant les pieds du Seigneur dans un geste d'abandon et un moine, les mains levées, signe de la contemplation et de la louange. C'est un rappel à l'essentiel de la vie monastique, de la vie chrétienne. En haut de la croix, dans la mandorle, le Christ apparaît dans la gloire, adoré par deux anges : là aussi est proclamé qu'on ne peut séparer la croix de la gloire, la mort du Fils de Dieu de sa résurrection.

 

"Qui regarde vers lui resplendira", dit le psalmiste. Voilà ce qui advient lorsque, grâce à l'art, on regarde "Celui que nous avons transpercé."

Fraternités monastiques de Jérusalem

 

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Toussaint

 

Les Saints sont proches de nous

 

Bien des gens ont l'impression que les Saints sont loin de nous.

lis sont loin de ceux qui se sont eux-mêmes éloignés, mais ils sont très proches de ceux qui gardent les commandements du Christ et ont la grâce du Saint-Esprit.

 

Dans les Cieux, tout vit et se meut par le Saint-Esprit, mais le Saint-Esprit est le même aussi sur la terre. Il est présent dans notre Eglise ; Il agit dans les sacrements ;

nous sentons son souffle dans la sainte Ecriture ; II vivifie les âmes des croyants. Le Saint-Esprit unit tous les hommes, et c'est pourquoi les Saints nous sont proches. Lorsque nous les prions, alors, par le Saint-Esprit,

ils entendent nos prières et nos âmes sentent qu'ils prient pour nous.

 

Les Saints vivent dans l'autre monde et là, par le Saint-Esprit, ils voient la Gloire de Dieu

et la beauté du Visage du Seigneur. Dans le même Esprit Saint, ils voient notre vie et nos actions. Ils connaissent nos peines et entendent nos ardentes prières.

Tant qu'ils vivaient sur terre, c'est du Saint-Esprit qu'ils apprenaient l'amour de Dieu

Et si, déjà ici-bas, l'amour ne peut oublier le frère, alors combien plus les Saints ne nous oublient-ils pas et prient-ils pour nous.

 

Aux Saints le Seigneur a fait don du Saint-Esprit, et c'est dans le Saint-Esprit qu'ils nous aiment.

Les âmes des Saints connaissent le Seigneur et sa bonté pour les hommes, et c'est pourquoi leur esprit brûle d'amour pour le peuple. Lorsqu'ils vivaient encore sur terre, ils ne pouvaient, sans douleur, entendre parler d'un homme pécheur, et, dans leurs prières, ils versaient des larmes pour lui.

Le Saint-Esprit donne à ses élus un tel amour que leurs âmes sont saisies, comme par une flamme, du désir que tous les hommes soient sauvés et voient la Gloire du Seigneur.

 

Invoquez avec foi et priez la Mère de Dieu et les Saints.

Ils entendent nos prières et connaissent même nos pensées.

 

Et ne vous étonnez pas de cela. Tout le Ciel des Saints vit par le Saint-Esprit, et dans le monde entier rien n'est caché au Saint-Esprit. Moi aussi, autrefois, je ne comprenais pas comment les Saints, qui habitent au Ciel, peuvent voir notre vie, mais quand la Mère de Dieu me reprocha mes péchés, je compris que dans le Saint-Esprit ils nous voient et connaissent toute notre vie.

 

Par le Saint-Esprit, les Saints voient les souffrances des hommes sur la terre. Ils voient et savent comme nous sommes accablés de peines, comme nos coeurs sont desséchés, comme l'abattement paralyse nos âmes, et, sans se lasser, ils intercèdent en notre faveur auprès de Dieu.

 

Les Saints entendent nos prières et reçoivent de Dieu la force de nous aider. Cela, tout le peuple chrétien le sait.

 

St Silouane de l'Athos

 

 

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