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LA VOIX DE CATHERINE DE SIENNE. N° 121 Mars/ avril 2002

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Trimestriel: mars/ avr.- juin/ juillet- sept/ oct.- déc/ janv.

Bulletin de l'Association Int. Catherine de Sienne - Groupe Liège-Bruxelles

Ed. Resp.

Ch van der Plancke Abonn. 4 Nos/an : 6,8 €  CCP 000-1300647-71 La voix de Cath. de S. Rue de Rome 34/ 19 B. 1060 Bruxelles

Siège inter. de l'Assoc. : Sienne Siège local: Fond St-Servais. 18 B - 4000 Liège. T. 04/ 222 30 40

L’ Assoc. I. Catherine de S. est reconnue par décret du Cons. Pont. pr les laïcs 15 août 1992

 

 

 

 

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SOMMAIRE

Edito    2

L'Evangile sans peine? par Chr. Hocepied       4

Les saints nous poussent dans le dos... par A. Knockaert, sj    9

Témoignages de Santo-Domingo 12 et de France        13

Courrier de Roumanie

V. Lascu; E. Ghergel    14

Lu pour vous 16

 

Table des Matières

 

LAVOIX DE CATHERINE DE SIENNE.

SOMMAIRE

Éditorial : Miséricorde et Paix

L'évangile sans peine?

Lettre à Béatrice Visconti

L'amour n'est pas sans peine

Conseils pratiques pour être heureuse

Ne pas se laisser asservir par les choses du monde

Aimer le Christ et son Eglise par dessus de tout

Quel effet eut cette lettre ?

Les saints sont toujours en retard Mais ils nous poussent dans le dos

En retard ?

En avant !

"Quand j'étais jeune..."

"Prends, Seigneur..."

"Accueillir toute chose avec respect"

"Dieu, viens à mon aide. Vite!"

Ce que me dit Ste Catherine

Un E. Mail de la République de Santo Domingo

Un témoignage du nord de la France

En pleine guerre

Courrier de Roumanie

Condamnés à mort

Lu pour vous

 

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Éditorial : Miséricorde et Paix

 

L'évangile de ce second dimanche de Pâques, appelé "Dimanche de la Miséricorde", a fasciné Catherine: "La Paix soit avec vous'. Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté." (in 20,2o). Aujourd'hui comme hier, l'actualité nous met devant le spectacle de la haine et devant les plaies purulantes de la guerre. Le «doux Christ de la Terre » nous invite à intensifier nos prières pour ne pas baisser les bras devant la tentation de la fatalité:

 

« En cette période où justement le coeur des chrétiens se tourne vers les lieux où le Seigneur Jésus a souffert, est mort et est ressuscité, arrivent des informations toujours plus tragiques... Face à la détermination entêtée avec laquelle, de part et d'aubes, on continue à avancer sur le chemin de la rétorsion et de la vengeance, s'ouvre devant l'âme angoissée des croyants la perspective du recours à la prière affligée à ce Dieu qui, seul, peut changer les coeurs des hommes, même les plus obstinés... (Le second Dimanche de Pâques), l'Eglise célébrera avec une ferveur particulière le mystère de la Miséricorde divine, et rendra grâce à Celui qui s'est chargé des misères de notre humanité. Quelle circonstance plus adaptée pourrait-on trouver pour faire monter vers le Ciel une invocation chorale de pardon et de miséricorde, qui invoque du coeur de Dieu une intervention spéciale sur tous ceux qui ont la responsabilité et le pouvoir d'accomplir les pas nécessaires, même s'ils coûtent, pour amener les parties en lutte vers des accords justes et dignes pour tous?»

 

Mystique et politique, misère et miséricorde, conversion de chacun et des pouvoirs publics, lutte contre l'inertie et la fatalité, sont des traits de spiritualité et d'action, caractéristiques de Catherine, que l'Eglise nous invite à cultiver, chacun selon notre coeur et nos moyens. Que Catherine inspire aussi l'Europe. Et puis il y a tant de conflits "oubliés" (Sud-Soudan !) où nos frères espèrent notre soutien... Tant de Ben Laden, Milosevitch et autres "grands", prisonniers ou en fonction, dont le Christ attend la conversion. C'est pour nous, malades, qu'il est venu: « Tu sei il Medico ». Les aimons-nous assez pour que leurs coeurs puissent fondre « dans la vraie connaissance d'eux-mêmes et de Dieu en eux» ? Pour qu'ils puissent entrer dans la miséricorde du Père "dans le court temps donné à chacun" et nous avec eux?

En mars, s'est tenue à Sienne l'assemblée annuelle des délégués des différents groupes. Des nouvelles suivront, ainsi que celles des « Paroisse Ste-Catherine de S. » découvertes à Zurich et à Kinshasa. Merci à nos correspondant(e)s! Ici, le groupe de jeunes, qui prépare un "spectacle d'évangélisation" sur Ste-Catherine, s'agrandit en largeur, en profondeur et en compétences.

Les 28/29 avril, Bonne fête à vous tous, de par le monde, et union de prière Bienvenue aussi à ceux qui peuvent se joindre à nous (> p.2)

Chantal van der Plancke

 

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L'évangile sans peine?

 

Lettre à Béatrice Visconti

 

Les Caterinati de Bruxelles ont eu le plaisir de (re)-découvrir la vingt-neuvième lettre de Catherine de Sienne. Cette lettre est adressée à Béatrice, Regina della Scala (1331-1384), épouse de Barnabé Vsconti (né en 1327, seigneur de Milan de 1363 à 1385). Elle est cataloguée lettre CCCXIX dans la traduction d'Emile Cartier consultable -sur l'excellent site Internet de Dominique Stolz, de l'abbaye de St-Benoît, en Suisse (1).

E. Cartier nous apprend que Béatrice della Scala eut, de son mariage avec Barnabé Visconti, quatorze enfants: cinq garçons et neuf filles. Les historiens la représentent comme ambitieuse et méchante. Ste Catherine a également adressé une lettre à son mari. Béatrice est présentée comme «aussi perverse que son mari» sans que ce qualificatif soit explicité. En ce qui concerne son mari, il est précisé que ce Visconti se disait «pontife» en ses Etats et emprisonnait et tuait même des prêtres sous de faux prétextes. Cruel et sans pitié, il lutta par tous les moyens contre Innocent VI, Urbain V et Grégoire XI. Il avait envoyé une ambassade à Catherine. C'est à ces ambassadeurs que la sainte adresse la lettre. Le traducteur rappelle à cet égard que le titre de «Messere» était réservé aux empereurs, et Catherine l'utilise pour les Visconti sans doute pour «mieux les flatter et mieux se faire entendre».

 

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(1) Site www.home.ch/~spaw2744/catherine/

cfr aussi Lettres de Catherine de Sienne, trad. par E. Cartier, Paris, Téqui,(1913) 1976.

 

 

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Ste Catherine ne connaît pas personnellement les Visconti. Elle répond à une demande que lui fit parvenir un ambassadeur. «Votre fidèle serviteur est venu de votre part, et il m'a dit de vive voix ce dont vous l'aviez chargé, et j'en ai été bien heureuse». Qu'a pu demander Béatrice à une roturière, de 16 ans sa cadette ? En lisant la réponse, il est probable que Béatrice demandait comment trouver le bonheur, comment combler le manque qu'elle devait probablement ressentir, entourée d'ambitieux sans scrupules - son mari sera renversé par son propre neveu et gendre - celui de se savoir aimée. Manque que Béatrice tente de combler - probablement sans succès - par la recherche de possessions et de richesses. Catherine lui répond que cette voie n'est qu'illusion car en cette vie l'âme «ne peut avoir la paix parce que son désir n'est pas satisfait tant qu'elle n'est pas parvenue à l'union de la divine Essence». Toute sa lettre   n'est qu'un développement de cette unique vérité.

Comment une femme malheureuse peut-elle acquérir la charité ?

Ste Catherine, qui n'a pas connu le mariage et l'amour comme Angèle de Foligno, doit se faire conseillère conjugale. Elle explique à Béatrice comment donner un sens à sa vie (et répondre au besoin d'harmonie que chacun ressent en soi) et en même temps reconquérir son mari : par la charité et l'imitation du Christ. «Je vous écris avec le désir de vous voir revêtue du vêtement d'une ardente charité, afin que vous soyez un moyen, un instrument pour réconcilier votre mari avec le Christ, le doux Jésus, et avec son Vicaire». «Je suis persuadée que, si la vertu de la chargé est en vous, votre mari ne pourra pas éviter d'en ressentir la chaleur. La Vérité suprême veut que vous soyez deux dans un même esprit, une même affection, un même désir, et vous ne le pourrez jamais, si vous n'avez pas en vous cet amour». Dans le paragraphe final de sa lettre Catherine répète : «Père et Mère bien-aimés, soyez unis dans une même Volonté, un même esprit. Ne comptez pas sur le temps, car le temps n'attend pas».

Le mariage de Béatrice et de Barnabé en 1350 était un mariage de raison. Vérone voulait se concilier le soutien de Milan contre Florence et Venise. Béatrice a-t-elle jamais ressenti l'amour? Tant d'hommes et de femmes sont malheureux parce qu'ils né peuvent assouvir leur besoin de reconnaissance, d'écoute, de trouver le sens de leur vie à défaut de se sentir aimés. En général, ils mettent la faute sur autrui : comment pourrais-je m'aimer et aimer autrui si personne ne m'aime ? Ste Catherine réfute cet argument: «Mais vous me dites : Je n'ai pas cet amour, et sans amour, je n'ai aucun moyen de réussir. Je vous répondrai que l'amour ne s'acquiert que par l'amour. Celui qui veut être aimé doit d'abord aimer, c'est-à-dire avoir la volonté d'aimer, et puis, quand il a cette volonté, il faut qu’il ouvre l'oeil de l'entendement, et qu'il voie où et comment se trouve cet amour».

Ste Catherine nous rappelle que personne ne peut se dire mal-aimé. Si Béatrice utilise son intelligence, elle découvrira qu'elle tient sa vie d'un plus grand qu'elle, qu'elle l'a reçue gratuitement : Tout homme «en voyant qu'il n'est pas par lui-même, attribue à Dieu son existence et toutes les grâces qui y sont ajouts». Si nous n'étions pas, nous ne pourrions jouir de rien dans ce monde : «ainsi, tout ce que l'homme possède, il le dent de l'ineffable bonté et charité de Dieu», «...car, s'il ne vous avait point aimée, il ne vous eût pas créée; mais il vous a vue en lui-même par amour, et il a voulu vous donner l'être. Alors toutes vos pensées seront fixées dans cette charité, et vous penserez à ce qui doit vous désaltérer, vous désirerez ardemment voir et goûter l'éternelle et suprême beauté de Dieu». En effet «une des lois de l'amour est que, quand la créature se voit aimée, elle aime aussitôt, et quand elle aime, elle aimerait mieux mourir que d'offenser celui qu'elle aime».

Ste Catherine compare, plus loin dans sa lettre, cette sensation d'être aimée à l'ivresse de l'alcool: «Nous nous enivrerons, nous serons consumés et brûlés par la douce charité de Dieu, et nous deviendrons une même chose avec lui, nous ferons comme celui qui dans son ivresse, ne pense plus à lui mais à la liqueur qu'il a bue et qui lui reste à boire».

 

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L'amour n'est pas sans peine

 

Quand qu'on a trouvé le lieu où est l'amour en soi, on a droit au qualificatif de «douce et révérende Mère» ! On peut en effet engendrer le Christ en nous, devenir Christ. L'amour rend semblable. Car «c'est lui qui est la règle et la voie, et il n'y en a pas d'autres». Il n'y a pas de lois et de préceptes abstraits, mais un maître de vie - un accoucheur - qui a «enseigné la loi, il l'a observée et ne l'a pas transgressée». Or un accouchement ne se fait pas sans peine. Qui veut vraiment aimer, doit placer l'amour au-dessus des soi-disant biens de ce monde et ne pas craindre « peines, opprobres, mépris et persécution ». Jésus «a méprisé les richesses, les honneurs du monde ». « Il est si humble et si doux qu'on n'entendit jamais sortir de sa bouche la moindre plainte. Il s'est sacrifié lui-même et dans la générosité de son amour, il s'est nourri de notre salut, ne cherchant jamais son intérêt mais uniquement l'honneur de son Père et le bien des créatures. Il n'a pas fui les peines, il a été même au-devant d'elles ».

Ste Catherine - qui ne mangeait pratiquement pas de nourriture terrestre - utilise la belle expression «Jésus s'est nourri de notre salut». Allusion à la réponse de Jésus au puits de Jacob : «Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé et d'accomplir son œuvre» (Jn 4,34). Qui aime vraiment veut assimiler les êtres aimés, les rendre similaires. Cette assimilation est une vraie nourriture comme l'a prouvé Catherine. Quand on a trouvé le sens de sa vie, on ne se laisse plus obnubiler par les aléas de la vie quotidienne «S'il est sage, il ne se laisse retarder ni par la prospérité ni par l'adversité qu'il rencontre, mais il avance

toujours généreusement vers le but qu'il aime et qu'il espère ».

 

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Conseils pratiques pour être heureuse

 

Ste Catherine précise ensuite ce que Béatrice peut faire concrètement pour être heureuse : «Je ne veux pas que vous vous arrêtiez aux grandes richesses que vous avez, aux honneurs, aux jouissances plus qu'aux malheurs et aux tribulations qui peuvent venir. Que ni la peine ni le plaisir ne vous détournent...» Ce « Je ne veux » de Ste Catherine a retenu l'attention des catherinologues «Jamais une âme n'a davantage eu pleine conscience d'être identifiée au Christ». De là son assurance, elle dit comme Lui : « Je veux » et on doit lire 'le Christ veut'. Pour elle, il n'y a pas de différence» J. Leclerc, Ste Catherine de  Sienne, Casterman, Toumai 1947, p. 346). «Elle a la charité dominatrice», mais elle se rattrape en terminant ses lettres par des excuses. Ainsi termine-t-elle sa lettre à Béatrice: «Pardonnez à mon ignorance, si je vous ai importunée, mais j'ai faim et soif de votre salut plus que je ne pourrais le dire».

 

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Ne pas se laisser asservir par les choses du monde

 

Ste Catherine poursuit ses conseils pratiques : «Usez des choses du monde par nécessité, et non pas avec un attachement déréglé, qui déplairait trop à Dieu. Si vous mettiez votre amour en quelque chose qui est moins que vous, ce serait perdre votre dignité, car la créature devient la même chose que ce qu'elle aime. Si j'aime le péché, qui est un néant, je deviens un néant, et je ne puis m'avilir davantage, car le péché consiste uniquement à aimer ce que Dieu déteste, et à détester ce que Dieu aime. En aimant les choses passagères du monde, et en s'aimant d'un amour sensitif, on pèche».

Ste Catherine ne voit pas, dans le péché, un instrument de manipulation psychologique. Elle ne cherche pas à susciter des sentiments de culpabilité (ce qui aurait probablement été fort difficile, les Visconti n'étant pas des enfants de choeur). Elle utilise le mot péché dans le sens originel du grec : `amartia', manquer le but. Seul celui qui est inconditionnellement un avec Dieu est sans péché ; c'est pourquoi elle se considère elle-même comme une «pauvre misérable, remplie de péchés et d'iniquités ». Jésus a vaincu le péché en nous donnant à nouveau le moyen de nous unir à Dieu : «Il est devenu l'enclume où il a travaillé nos iniquités». C'est pour cela que Catherine souffre quand elle voit une personne errer. «Elle est si aveugle qu'elle abandonne cet amour qui l'avait anoblie avec tant de bonté, et qu'elle se met à aimer les choses qui sont hors de Dieu, elle s'éloigne de lui pour aimer les choses créées. Et ce ne sont pas les grandeurs et les délices du monde, ni les créatures, qui sont condamnables, c'est l'amour que l'âme y place, en violant par cet attachement le doux commandement de Dieu » et, en l'occurrence le «Tu ne tueras pas ».

 

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Aimer le Christ et son Eglise par dessus de tout

 

En revanche, «quand l'âme se détache d'elle-même et place tout son amour en Jésus crucifié, elle devient une même chose avec son Créateur ». Comme Béatrice, fille de seigneur et épouse du redouté maître de Milan, pourrait être rebutée par le conseil de se soumettre à l'Eglise, Ste Catherine ajoute immédiatement «De même, très chère Mère dans le Christ, le doux Jésus, pensez que l'âme qui aime Dieu, de serrante qu'elle était, d'esclave rachetée par le sang du sang du Fils de Dieu, devient tellement élevée en dignité qu'on ne peut plus l'appeler servante, mais impératrice, épouse de l'Empereur éternel. Servir Dieu, ce n'est pas être esclave, c'est régner car c'est être affranchi de la servitude du péché, c'est devenir libre. Elle est donc bien puissante, cette union de l'amour et de la vertu qui, à la noblesse de la créature, ajoute encore la noblesse du Créateur ». Mais l'argument final est que «l'âme, en se détachant d'elle-même... jouit de son éternelle vision, où elle trouve la paix, le repos parfait, car tous ses désirs sont remplis ».

Le chemin pour y arriver n'est pas aussi dur qu'il n'y paraît à première vue : «c'est une route lumineuse et arrosée du sang de Jésus Christ, qui est la vraie lumière... La créature qui a commencé à suivre cette douce voie, y trouve tant de douceur, qu'elle aimerait mieux mourir que de la quitter. On rencontre bien en cette voie, des épines, les épines nombreuses de la tribulation, les illusions du démon, le monde avec les tourments de l'orgueil, mais l'âme qui se plaît en cette voie ne s'en inquiète pas, elle fait comme celui qui trouve un rosier : il cueille la rose, et laisse l'épine. Elle fait de même pour les tribulations et les angoisses du monde ».

N'aimez pas Dieu pour obtenir quelque chose de Lui : « N'aimez pas Dieu pour vous, pour votre utilité; mais aimez Dieu pour Dieu, parce qu'il est la Bonté suprême, si digne d'être aimée. Alors votre amour sera parfait, et non mercenaire. Vous ne pourrez penser qu'à Jésus crucifié, à la liqueur que vous avez bue, c'est-à-dire à la charité parfaite que Dieu vous a témoignée avant la création du monde, en vous aimant avant que vous fussiez ».

 

Comment oserions-nous ne pas nous aimer, puisque Dieu, qui n'a pas besoin de nous, a nous a aimés avant que nous l'aimions, et s'est donné lui-même à nous par grâce, et non par obligation ». Mais Ste Catherine ajoute : « Ne vous aimez pas pour vous, mais pour Dieu, n'aimez pas la créature pour la créature, mais seulement pour l'honneur et la gloire du nom de Dieu ».

 

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Quel effet eut cette lettre ?

 

Catherine ne se considère que comme une intermédiaire entre la volonté divine et la liberté humaine. Elle sait bien que l'on ne convertit personne à force de discussions théologiques et de débats d'idées. Elle réalise des conversions en les demandant à Dieu. Ne jugeons donc pas la lettre à Béatrice comme si elle était un exercice de rhétorique.

Comme le jeune homme riche de l'évangile, Béatrice ne semble pas avoir changé sa vie suite à ce conseil. Mais n'est-ce pas cela la liberté de l'homme ? Pouvoir choisir entre le bien et le mal. Combien de fois, nous-mêmes, n'avons-nous pas eu le courage de suivre des conseils qui étaient peut-être aussi inspirés que ceux de Catherine à Béatrice ?

L'évangile n'est pas sans peine.

Christian Hocepied

 

Béatrice était la fille du seigneur de Vérone. Sa famille a régné depuis 1259 sur cette ville italienne. Les della Scala étaient admirés pour leurs grands travaux publics et leur mécénat: Dante a été hébergé par eux après son bannissement de Florence. Le père de Béatrice, Mastino Il de Vérone qui a vécu de 1308 au 2 juin 1351, a été l'avant dernier seigneur de Vérone. Il a été battu par une coalition hostile de Florence et Venise et perdu, dans un premier temps, tous ses territoires sauf Vérone et Vicenza. Les' Della Scala seront chassés définitivement de Vérone en 1387 par Galeazza Visconti le neveu de Barnabé Visconti, deux ans après avoir évincé ce dernier du trône de Milan.

Les amateurs d'opéra feront le lien entre Béatrice Della Scala et le fameux théâtre "alla Scala" de Milan. Ce dernier doit en effet son nom, non pas à des escaliers (scala en italien), mais a l'église autrefois sur le site de l'opéra actuel, dont le nom Santa Maria della Scala venait de dame Béatrice della Scala, épouse du seigneur Bernabé Visconti.

 

 

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Les saints sont toujours en retard mais ils nous poussent dans le dos

 

En retard ?

 

Oui, Catherine n'est pas de mon temps! Nous ne sommes plus au Moyen Age, ni en période de chrétienté. Nous ne sommes plus dans l'Antiquité ni au XXe siècle. Les saints, proclamés par l'Eglise, sont derrière nous. Leur temps aussi. Et pourtant, ils nous poussent en avant parce que la réforme de l'Eglise, celle des pasteurs et des fidèles, est de tous les temps. L'annonce de l'Evangile au monde aussi.

 

Catherine vivait pour l'Eglise. Elle s'est donnée et épuisée pour elle. Unie au Christ portant sa croix, elle a senti le poids de la "Navicella" peser sur ses épaules et... elle a craqué!

Les problèmes qui nous écrasent sont d'un autre temps que le sien. Mais l'amour qui la traverse ne s'arrête pas. Son amour pour le Christ, pour l'Eglise et pour les hommes est toujours là. C'est l'amour qui ressuscite !

 

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En avant !

 

Catherine n'est pas de mon temps, mais elle me pousse en avant parce le Christ est toujours devant moi. Je ne puis donc regarder en arrière. Même le prochain est toujours devant moi. Qu'il soit mort ou vivant, d'ailleurs.

Avec l'âge, nous apprenons à ne pas regarder la vie comme un but en soi et à accepter la diminution de nos forces. Lorsque Catherine était adolescente, sa mère s'émerveillait en la voyant transporter sur son dos d'énormes sacs de farine dans les escaliers de la maison. A 33 ans, la petite Catherine se traire comme une morte en revenant de la basilique St-Pierre, écrasée par le poids de l'Eglise et par la diminution de ses propres forces.

Que l'on soit jeune ou âgé, on éprouve le moment où les forces diminuent. Mais pas le feu! Parce que le feu, ce n'est pas nous. C'est l'Esprit, c'est la grâce.

Il est triste pour un chrétien de vivre dans son passé, c'est-à-dire dans un temps qui s'arrête. Les saints nous poussent dans le dos. Pas pour faire mille choses - où l'on fuit le présent - mais pour être là, à Dieu et aux personnes. Comme l'amour ne meurt pas, je suis dans un monde intemporel.

Ce regard tourné vers l'avant, je le vis concrètement dans le fait que, devant moi, je trouve des présences Dieu et mon prochain.

Ce que Catherine vit dans son dialogue avec Dieu est l'expression de son regard vers l'avant. Elle "voit", elle  "entend" le Père qui dialogue avec elle, c'est-à-dire qui assume ses questions et qui y répond. Quand elle regarde en avant, elle voit le Christ et, dans son dialogue avec le Père, elle apprend qui est le Christ pour elle et pour Dieu. Elle prend le pont, elle en gravit les marches jusqu'au niveau de "la grande paix". Elle veut la réforme de l'Eglise, parce qu'elle veut qu'elle aussi ne cesse de se tourner vers Dieu et vers le prochain. Feu, flamme, amour, croix, échelle, pont... Toutes ces images pleines d'ardeur, sont des invitations passionnées par lesquelles elle nous pousse à prendre le pont de la grâce, à passer le fleuve de la volonté-propre et du mensonge.

 

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"Quand j'étais jeune..."

 

J'ai toujours été très frappé par les paroles d'un de mes confrères, atteint d'un cancer au cerveau: "Quand j'étais jeune, disait-il, je faisais tout par moi même. " C'était un homme très volontaire et un excellent organisateur. "Je croyais que je faisais tout par vertu. Maintenant je vois que ce n'était que par santé." Cette parole, dite par un mourant, m'inspire une vision sur la grâce. Car la santé, c'était la grâce, parce que ma santé, c'est Quelqu'un qui me la donne ! II faut donc transférer le niveau de 'la vertu' - la force - dans le registre du don et de la grâce. C'est une tout autre vision de la vie parce que, quand on n'a plus la force de la 'santé-vertu', qu'est-ce qui reste? Celui qui nous aime, qui nous a aimé et qui nous aimera. Celui que j'aime, que j'ai aimé et que j'aimerai. Pour cela, il ne faut pas la force de la pleine santé. Ce n'est pas dans son éblouissante jeunesse, mais quand elle était déjà fort affaiblie, que Catherine écrit son Dialogue et la plupart de ses lettres. Ces textes sont écrits avec l'encre des scribes, mais ils sont dictés avec le feu de la grâce.

 

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"Prends, Seigneur..."

 

"Suscipe, Domine " (Exercices de St Ignace, n° 234). Je n'ai jamais intégré toute la spiritualité de St Ignace, mais avec l'âge, je suis arrivé à ce stade auquel tout jésuite aspire depuis le début, puisque nous avons prié et chanté cette prière toute notre vie:

 

Prenez, Seigneur, et recevez toute ma liberté, ma mémoire, mon intelligence et toute ma volonté, tout ce que je possède. Vous me l'avez donné: à vous, Seigneur, je le rends. Tout est vôtre, disposez-en selon votre entière volonté. Donnez-moi votre amour et votre grâce : c'est assez pour moi.

 

Pourquoi, avec l'âge, serait-on triste ou à l'arrêt?

"Prends, Prends, Prends... " C'est un don qui n'est jamais fini.

 

Catherine dit: "Prends mon coeur, Seigneur, et presse-le sur ta sainte Eglise". "Prends; Prends..." On peut aussi dire : "Prends l'Eglise. Je t'offre tout ce qui a été ma vie dans sa dimension ecclésiale et qui l'est encore". On n'est jamais des individus pour Dieu. Je suis toujours dans le Corps du Christ. Je suis toujours un être ecclésial, un membre de la communauté chrétienne.

 

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"Accueillir toute chose avec respect"

 

Catherine parle beaucoup de la patience dans l'adversité, dans la maladie, dans la détresse personnelle et ecclésiale. La patience est une grande capacité d'espérer. "Sais-tu ma fille, qui tu es?" (Rien par toi même). "Je suis celui qui est"! II y a des chemins par lesquels cela se comprend mieux. C'est pourquoi Catherine nous invite à accueillir toute tribulation "avec respect".

Comme les hommes et les femmes vivent plus longtemps aujourd'hui qu'autrefois - ils voient plus facilement les enfants de leurs enfants - la vocation des aînés n'est pas d'être les maîtres de ce monde, mais de rendre service comme les grands parents rendent de petits services à leurs enfants et à leurs petits enfants. Ce que vivent les personnes âgées dans l'Eglise, c'est ce que vivent les grands parents dans les familles. Elles sont là, non pour prendre les choses en main, mais pour rendre de petits services et pour regarder en avant !

 

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"Dieu, viens à mon aide. Vite!"

 

Catherine répétait souvent certains versets de psaume. Notamment celui qui ouvre encore toujours l'office du soir: "Dieu, viens à mon aide. Seigneur, à notre secours ! " (cfr Ps 29,11). Et elle le priait dans sa version la plus pressante: «Vite à mon aide ! " (Ps 21,20).

Sa prière était aussi souvent scandée par les mots: "Peccavi, Domine", 'J'ai péché, Seigneur'. Cette confession spontanée est l'expression de la conscience de son ingratitude envers Dieu qui l'aime tant. Elle traduit aussi le sentiment de culpabilité de Catherine : tout ce qui n'allait pas bien dans le monde et dans l'Eglise, pensait-elle, était dû, pour une grande part, à sa responsabilité, à sa médiocrité. Le Seigneur accepte sa confession, mais il lui apprend aussi que ce n'est pas elle qui va sauver le monde.

Enfin, il y a un troisième ton qui revient souvent dans ses prières : « Dans ta lumière, je vois la lumière» (cfr Ps 35,10). Ce verset récurrent indique à quel point la vie de Catherine est tournée vers le visage de Dieu. Et combien elle veut vivre le quotidien dans la lumière de la foi, dans la lumière de l'Esprit Saint et dans celle du Christ, son Epoux. Pour en rayonner!

 

André Knockaert, sj

 

 

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Ce que me dit Ste Catherine

Un E. Mail de la République de Santo Domingo

 

" Merci pour l'envoi régulier de 'La voix de Santa Catalina' qui me fait tant de bien. Merci de te souvenir de moi et de me donner l'occasion d'être en communion par cet important moyen de diffusion et d'approfondissement de la vie, des réflexions et de l'intervention de cette femme exceptionnelle dans la vie de l'Eglise d'hier et d'aujourd'hui.

 

L'exemple de Catalina m'inspire de trois manières :

 

• La richesse et la simplicité sa vie intérieure. Catalina a dû être capable d'aller au-delà de l'intimité avec le Christ, de voir ce qui se passe autour d'elle et de répondre à ce que Dieu lui suggère.

• Son zèle apostolique sans respect humain et sans crainte de dénouer ce qui, dans la hiérarchie de l'Eglise, est contraire à l'Evangile.

• La féminité d'une âme qui a remis ses armes entre les mains de Dieu pour que Son projet s'accomplisse. Catalina est le type de femme dont le travail est digne de réflexion et d'internationalisation. Elle est pleinement femme de foi et pleinement humaine. Les femmes d'Eglise devraient atteindre sa taille de nos jours.

Il y a une vingtaine d'années, le fondateur de l'Institut séculier auquel j'appartiens (le P. Uranga, un jésuite décédé) nous écrivit une lettre où il présenta Sta Catalina comme un exemple de la vie consacrée au milieu du monde. II nous a invitées à l'admirer et à imiter ses vertus, principalement son amour de l'Eglise, sa sagesse et sa simplicité de vie.

J'ai une compagne qui s'appelle Catalina et qui n'aimait pas son nom. On l'appelait Katty' ! J'ai eu l'intention de la 'catéchiser afin qu'elle connaisse la dignité et la grandeur de cette personne dont on lui avait donné le nom. Je lui ai donné de la littérature et sa conversion fut formidable. Maintenant elle est frère de s'appeler Catalina !

Depuis un an, f exerce le ministère de l'autorité dans mon Institut et tant de fois Sta Catalina fut un soutien, un exemple à suivre pour moi et pour mes consoeurs.

Chère Chantal, continue ton travail et que beaucoup de gens, à travers toi et à travers tous ceux qui collaborent à ce Bulletin, sachent ce que Dieu peut faire chez ceux qui l'aiment et qui marchent à sa suite".

 

Loida Santana, Santo Domingo

 

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Un témoignage du nord de la France

 

En pleine guerre

 

Entre 1939 et 1946, je vivais à Douai, éloignée de ma famille. Je commençai ma profession d'assistante sociale en assurant le service social des Etablissements Arbel. Ceux-ci subirent deux bombardements : en 1940 et en 1944. Cette situation d'insécurité me paraissait lourde à porter. Il fallait que je me trouve une aide morale. J'ai donc visité la librairie catholique de Douai pour y trouver une lecture spirituelle réconfortante. La libraire me proposa 'La vie de Ste Catherine de Sienne'. Cette proposition me plut, quoique je ne connaissais cette sainte que par le court résumé de mon missel et par une image qu'une amie m'avait offerte. Celle-ci représentait Ste Catherine récitant les psaumes, accompagnée de Jésus-Christ lui-même. Je ne me souviens plus de l'auteur de cette biographie. Par la suite, j'ai acheté le livre des Dialogues de Catherine.

 

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Que me dit Ste Catherine ?

 

Sa vie ne se déroule que sur 33 ans. Très jeune, Catherine éprouve un intense désir de prière, de silence, de recueillement. Tout en restant dans sa famille, elle se trouve un coin isolé, silencieux, dans la maison familiale où son père lui installe un petit logement : là elle se livre librement à de continuelles prières, pénitences, austérités, et à de longs entretiens avec Jésus, son Epoux. Elle vit constamment en présence de Dieu, « Trinité éternelle ».

Dans ma lecture, je relève des expressions qui lui sont chères : «Mon doux Jésus-Christ, mon doux Christ, mon doux Père, mon frère très doux». Elle parlera aussi de Marie, «Ma très douce Mère». Cette expression de douceur me touche beaucoup. Elle souligne la tendresse, l'affection, la délicatesse de ses sentiments. Employant moi-même quelque fois ces expressions, j'y ai trouvé un certain goût de paix et de sérénité.

Autre sentiment exprimé (je devrais dire expression de dévotion), ce sont les termes utilisés dans sa prière, tels que : « le sang du Christ, son précieux sang ». Catherine dit que le sang du Christ nous lave de nos péchés lorsque le confesseur pardonne au pénitent. Cela m'a plusieurs fois aidée dans mes confessions. Catherine souhaite à un de ses fils de « bénéficier des fruits du sang du Christ ».

Etant donné ma profession, je suis bien sensible à l'action sociale, politique et spirituelle de Ste Catherine son intervention dans le monde de son temps, sa recherche de la manière d'établir la paix et sa collaboration pour y aboutir; sa force dynamique pour obtenir le retour du pape d'Avignon à Rome. Or Catherine avait peu de culture, elle était bien jeune et n'avait pas fréquenté la haute société dirigeante d'Italie. Elle sut unir son besoin de prière, de dialogue intérieur avec « son doux Jésus », et l'action politique, ses très nombreux contacts et voyages à travers l'Italie ainsi que ses dialogues avec ses fils spirituels.

Je ne peux pas dire que j'ai une grande dévotion envers Ste Catherine. Par contre, j'ai une grande admiration envers elle et ses exemples de vie m'inspirent beaucoup pour vivre la mienne en m'efforçant de rendre au monde dans lequel je travaille la présence du Seigneur Jésus-Christ, Dieu Créateur... Maintenant que je suis à la retraite, je prie pour la paix dans le monde entier, et plus particulièrement pour les enfants de la misère, tous ces enfants de la rue, victimes de la prostitution, dans quelque continent que ce soit.

 

M. M. de Bettignies, 59120 Loos, France

 

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Courrier de Roumanie

 

Viorica Lascu nous envoie, de Cluj, un "billet" concernant notre sort à tous et qu'elle a publié en roumain dans une revue parue en janvier.

 

Condamnés à mort

 

En regardant ce qui se passe autour de nous, on croirait avoir des hallucinations. Les nouveaux appels à respecter la vie sont doublés de bombardements qui tuent coupables et innocents sans discrimination. Cela en compétition avec les transgressions élémentaires du droit à la vie, commises par des fondamentalistes qualifiés. Le grand pouvoir qui s'établit en «gardien" du respect de la vie pratique la peine de mort. En France, jusqu'il y a des décennies, on utilisait encore la guillotine. Cela nous fait penser aux temps anciens, où la peine capitale était encore courante. Un cas spécial est présenté par Ste Catherine de Sienne (1347-1380), Docteur de l'Eglise et Patronne de l'Europe.

Catherine avait entendu qu'un jeune de Pérouse, Nicolas Tuldo, qui s'était rebellé contre Sienne à l'époque de l'extrême division de l'Italie, avait été capturé par les Siennois et devait être exécuté. Le jeune était bien sûr désespéré. Catherine, qui bénéficiait d'une grande estime dans sa cité, demanda de pouvoir l'aider et le soutenir spirituellement. Grâce à son charisme, notre mystique l'aida à accepter son sort avec sérénité et confiance en la vie éternelle. La lettré 273 adressée à son confesseur, Raymond de Capoue, dans laquelle elle relate ces faits, est une des plus belles pages de la littérature. Elle est même reprise dans les anthologies scolaires. Le matin de son exécution, Nicolas a écouté la sainte liturgie et a communié. Assisté par beaucoup de spectateurs, il s'est dirigé vers le lieu de l'exécution où Catherine l'attendait comme prévu. Elle fit le signe de la croix sur le front du condamné, mit sa tête sur le billot, et avec "une sainte jalousie", elle reçut entre ses mains la tête coupée. Elle aurait tant aimé rencontrer l'Agneau ensanglanté, "le bon Jésus, sang et feu, amour indescriptible!", mais elle était heureuse que Nicolas ait souri en s'approchant de la mort.

            Il y a une Catherine d'aujourd'hui: Sister Helen Prejean, une soeur américaine qui prépare et assiste les condamnés à mort. On a réalisé un film sur ce sujet. La différence, c'est qu'aujourd'hui on ne voit plus de sang: de manière "très élégante et discrète" les condamnés sont tués par injection. Il est vrai que, pour 30% d'entre eux, on constate après leur mort qu'ils étaient innocents.

Mais, si nous réfléchissons bien, nous sommes tous des condamnés à mort, sauf que nous n'en connaissons pas le jour. II est donc sage d'être prêts, à tout instant, à nous présenter devant le Juge, et d'aider les autres, avec un amour chrétien, à réfléchir à l'inévitable. Un prêtre français racontait un jour qu'il avait été appelé à célébrer une messe d'enterrement. A l'heure fixée par les employés des pompes funèbres, ceux-ci entrèrent dans une église vide et dirent: "Elle s'appelait Adèle et elle aurait 80 ans". C'était là tout ce qu'on savait d'elle. On peut s'interroger : combien de vieillards restent seuls et ferment les yeux sans assistance? Ce ne serait pas trop demander qu'un voisin fasse venir un prêtre, non pour faire peur au malade, mais pour lui apporter la paix en le réconciliant avec Dieu.

Même dans les familles, on oublie souvent cette preuve d'amour et de responsabilité devant un malade en fin de vie. Par contre on fait des préparatifs pour un enterrement "solennel" et on s'assure qu'une grande table de fête suivra. Soyons raisonnables et faisons les démarches dans l'ordre, selon leurs justes valeurs, si nous sommes des chrétiens ouverts à l'Eternité.

Catherine avait écrit à John Hawkwood (Giovanni Acuto, en version italienne)

"Je vous prie de vous rappeler que vous disposez de peu de temps". Et nous, Roumains, souvenons-nous de la poésie d'Eminescu :

"Car tu nais pour mourir

et tu meurs pour naître".           Viorica Lascu

 

Sr Maria Antonina Gherghel, de Cluj également, nous a partagé ses joies à propos de la célébration, en 2001, des 300 ans de l'union de l'Eglise gréco-catholique avec Rome, ainsi que celle des 80 ans de la fondation de sa congrégation: les "Surorile Maicii Domnului ".

Elle demande nos prières pour elle et pour ses deux consoeurs agées, dont l'aînée a connu des années de prison sous le régime communiste. Pour ceux qui, dans les familles, ne trouvent pas "la voie qui mène à Dieu" et à la vie éternelle, elle fait chaque jour cette prière à Ste Catherine dont voici quelques extraits

"... Il y eut de grands pécheurs auxquels, par votre intercession, Jésus notre Sauveur miséricordieux, donna la grâce d'un profond repentir et de la confession de leurs péchés, en leur assurant ainsi la vie et la joie éternelles.

Vous êtes la sainte de ceux qui sont éprouvés par de très grands chagrins et à beaucoup d'entr'eux vous avez procuré le soutien et le réconfort dans leurs souffrances. (Telle) famille se trouve dans un grand malheur par ses mauvaises moeurs, surtout par N.....

Si cette famille pouvait obtenir, par votre intercession, de revenir sur le droit chemin, elle rendrait grâce à Dieu par vous. Ne me laissez pas partir d'auprès de vous sans un rayon d'espérance en votre intercession.... Recevez, O Ste Catherine, mes prières si imparfaites ... (le) Sauveur Jésus, en sa bonté infinie, va vous écouter, vous qui L'avez tant aimé et qui avez ressenti d'une manière si vive les douleurs de Sa Passion. Par vous, il aidera tout spécialement (telle) famille et tout spécialement N.... Faites, O puissante sainte Catherine, que je puisse attendre, avec un coeur tranquille et plein de foi, que ma demande soit exaucée. Amen. 3 Notre Père. 3 Je vous salue Marie. 3 Gloire au Père".  Elle nous invite à prier avec elle.

 

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Lu pour vous

 

Cardinal G. Danneels, Dieu, à quoi bon ? Dialogue avec des adolescents sur la vie et la foi recueilli par I.Driessen, Namur, Fidélité, 2001.

L'archevêque de Malines-Bruxelles a publié un livre de dialogues avec des jeunes de 12 à 18 ans sur des questions de foi et de vie chrétienne dans la société actuelle. Dans un vif échange sur l'Église et sa mission d'évangélisation, voici ce qu'il dit aux adolescents :

«Une des femmes les plus influentes dans l'histoire de l'Église et pour qui j'ai la plus grande admiration, c'est Catherine de Sienne, une ardente sainte italienne. Elle écrit que nous autres, les humains, nous sommes en route vers Dieu. Jésus est le pont qui nous relie à Dieu et nous permet de le rejoindre. Il s'agit d'un pont médiéval abrité par un auvent - la miséricorde. Et sous cet auvent, il y a une série de petites échoppes offrant la possibilité de manger, de boire, de se reposer, et aussi quelques petites chapelles où l'on peut prier... Comme sur les ponts du Moyen Age. Pour Catherine, les petites échoppes sont tout ce que l'Église nous offre sur le chemin vers Dieu : la parole, la liturgie, les sacrements, différents services... L'Église entend nous aider le long de la route, nous nourrir, nous abreuver, nous permettre le repos... Nous pouvons lui en être reconnaissants» (p. 88).

 

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Lucienne Sallé, Femmes pour l'aimer, Laval-Nantes, Siloé, 2000.

Lucienne Sallé est une des quelques femmes en responsabilité au Conseil pontifical pour les laïcs, depuis vingt-trois ans. Membre de la délégation du saint Siège aux conférences des Nations Unies pour la femme, elle nous livre ici le portrait de quelques femmes d'hier et d'aujourd'hui, passionnées de Dieu qui se laisse voir et toucher: Marie, mère de Jésus, Catherine de Sienne (pp. 4s-74), Louise de Marillac, Marie Rivier,... Madeleine Delbrêl, Thérèse Comille, Marie Michelet. En voici un extrait.

«Elle (Catherine) est fascinée par cette merveilleuse union, en Jésus, de la divinité et de l'humanité, nous permettant d'approcher Dieu sans crainte: 'Regarde, mon âme, et tu verras que le Verbe est caché sous notre humanité comme sous un nuage, mais sans que la divinité en soit amoindrie. Au dedans brille le soleil de la Déité, tout comme le ciel garde sa sérénité derrière le nuage qui le voile. Et que nous découvre la présence de la Divinité dans l'humanité ? C'est que la Divinité demeure unie au corps après sa Passion. Et après la résurrection, elle rendit lumineux ce corps humain et lui conféra l’immortalité' (O. 12, pp. 126-127).

Catherine, qui est considérée illettrée - elle lit parfaitement les livres d'oraisons dont elle connaît le contenu, avec une méthode particulière qui s'apparente à ce que l'on appelle aujourd'hui la méthode globale-, apprend à connaître Dieu par toutes les fibres de son corps. Tous ses sens qui, par eux-mêmes sont incapables de voir ou de toucher la divinité deviennent, par la foi, l'oeil ou le toucher de l'âme qui lui permettent d'entrer dans le mystère de l’incarnation, d'admirer de goûter et de toucher le corps de Jésus. D'autre part, assurée qu'en Jésus 'habite corporellement la plénitude de la Divinité' (Col. 2,9), elle considère le corps de Jésus comme étant un livre ouvert qu'elle déchiffre parfaitement. Tout lui est donné par ce corps qui est à la fois chemin pour s'élever vers Dieu, nourriture et breuvage» (pp.59-60).

 

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