|
LE XXVI OCTOBRE. SAINT EVARISTE, PAPE ET MARTYR.Tandis que Jean le bien-aimé voyait enfin venir à lui le Seigneur et quittait pour le ciel son séjour d'Ephèse, Rome, sous Evariste, achevait d'arrêter les dispositions du long pèlerinage qui ne se terminera pour elle qu'au dernier des jours. La période bénie des temps apostoliques est définitivement close ; mais la Ville éternelle accroît sans fin son trésor de gloire. Le pontificat nouveau voit la vierge Domitille cimenter dans le sang des Flavii, par son martyre, les fondations de cette Jérusalem qui remplace la première, détruite par les siens. Puis c'est Ignace d'Antioche, apportant « à l'Eglise qui préside dans la charité (1)» le témoignage suprême ; froment du Christ, la dent des fauves du Colisée donne satisfaction à son désir et fait de lui un pain vraiment pur (2). 1. Ignat. Epist. ad Romanos. — 2. Ibid. Evariste, né en Grèce d'un
père juif, fut Souverain Pontife au temps de l'empereur Trajan. Ce fut lui qui
divisa entre les prêtres romains les titres des églises de la ville, et ordonna
que les sept diacres assisteraient l'évêque quand il prêcherait. Conformément à la tradition
apostolique, il ordonna en outre que le mariage se célébrât publiquement et fût
béni par le prêtre. Il gouverna l'Eglise neuf ans et trois mois ; en quatre
Ordinations au mois de décembre, il ordonna dix-sept prêtres, deux diacres,
quinze évêques. Couronné du martyre, on l'ensevelit près du Prince des Apôtres,
au Vatican, le sept des calendes de novembre. Vous êtes le premier des Pontifes à qui l'Eglise se trouva confiée, quand disparurent les derniers de ceux qui avaient vu le Seigneur. Le monde maintenant pouvait dire, sans aucune restriction : Si nous avons connu le Christ selon la chair, nous ne le connaissons plus désormais de cette sorte (1). L'exil devenait plus absolu pour l'Epouse ; et à cette heure, qui n'était pas sans périls ni angoisses, c'était vous que l'Epoux daignait charger de lui apprendre à poursuivre seule sa route de foi, d'espérance et d'amour. Vous sûtes justifier l'attente de l'Homme-Dieu. Reconnaissance spéciale vous est due de ce chef par la terre, ô Evariste, comme spéciale sans doute est aussi votre récompense. Veillez toujours sur Rome et sur l'Eglise. Enseignez-nous qu'il faut savoir jeûner ici-bas, se résigner à l'absence de l'Epoux (2) quand il se dérobe, et ne l'en servir pas moins, et ne l'en aimer pas moins de tout notre cœur, de toute notre âme, de toutes nos forces, de tout notre esprit (3), tant que dure ce monde et qu'il lui plaît de nous y laisser. 1. II
Cor. V, 16. — 2. Matth. IX,
15. — 3. LUC. X, 27. |