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LETTRE 16
CYPRIEN AUX PRETRES ET AUX DIACRES SES FRERES, SALUT
Je me suis longtemps retenu, mes très chers frères, croyant que ma modération et mon
silence serviraient les intérêts de la paix. Mais, comme la présomption sans mesure et
sans frein de certaines personnes tend, par de téméraires discours, à porter préjudice
à l'honneur des martyrs, à la modestie des confesseurs et à la tranquillité du peuple
chrétien tout entier, il ne convient pas de me taire davantage : un silence trop
prolongé pourrait devenir un péril pour le peuple et pour nous. Quel péril, en effet,
ne devons-nous pas redouter de la Colère de Dieu, quand quelques prêtres, ne se
souvenant ni de l'évangile, ni de leur dignité, ne songeant pas davantage ni au jugement
à venir du Seigneur, ni à l'évêque qui est actuellement leur chef, osent, ce qui ne
s'est jamais vu sous nos prédécesseurs, outrager et mépriser leur chef en s'arrogeant
tous les droits.
Plût au ciel que ce fût sans compromettre le salut de nos frères qu'ils s'attribuassent
la disposition de toutes choses ! Les outrages faits à notre dignité épiscopale, je les
pourrais ignorer et souffrir comme je les ai toujours ignorés et soufferts. Mais ce n'est
plus le moment de faire semblant d'ignorer, lorsque certains d'entre vous trompent la
communauté des frères. Ceux-là en cherchant à être populaires, sans viser à rendre
la santé spirituelle, font plutôt tort aux laps. L'extrême gravité de la faute que la
persécution a fait commettre, ceux-là même la connaissent qui ont commis la faute.
Notre Seigneur et juge dit, en effet : "Celui qui m'aura confessé devant les
hommes, Moi Je le confesserai devant mon Père qui est aux cieux; et celui qui aura
déclaré ne pas Me connaître, Je dirai que Je ne le connais pas". (Mt 10,32-33). Il
dit encore : "Tous les péchés seront remis aux enfants des hommes, même les
blasphèmes. Quant à celui qui aura blasphémé le saint Esprit, il n'obtiendra pas de
rémission : il est coupable d'un péché éternel". (Mc 3,28-29). De même le
bienheureux Apôtre a dit : "Vous ne pouvez pas boire au calice du Seigneur et
au calice des démons. Vous ne pouvez participer à la table du Seigneur et à la table
des démons". (1 Cor 10,21). Quiconque soustrait à nos frères ces vérités, les
trompe pour leur malheur. Ils auraient pu, en faisant pénitence, donner satisfaction par
leurs prières et par leurs oeuvres à Dieu, qui est Père et miséricordieux, et au lieu
de cela, étant trompés, ils se perdent de plus en plus; au lieu de se relever comme ils
auraient pu le faire, ils tombent davantage. Quand il s'agit de moindre fautes, les
pécheurs font pénitence le temps prescrit, et, suivant l'ordre de la discipline, sont
admis à la confession, puis par l'imposition des mains de l'évêque et du clergé,
rentrent en communion. Aujourd'hui, alors que les temps sont mauvais, alors que la
persécution dure toujours, que la paix n'a pas été rendue à l'Église elle-même, on
les admet à la communion, on offre le sacrifice pour eux, nommément et sans pénitence
préalable, sans confession, sans imposition des mains par l'évêque et le clergé; on
leur donne l'eucharistie, quoiqu'il soit écrit : "Celui qui mangera le pain ou
boira le calice du Seigneur indignement aura à répondre de la profanation du Corps et du
Sang du Seigneur". (Cor 11,27).
Mais, en fait, ceux-là ne sont pas responsables, ne connaissant pas assez bien la loi de
l'Écriture. Les responsables seront ceux qui sont à la tête des frères, et ne leur
donnent pas les avertissements nécessaires pour qu'instruits par leurs chefs ils puissent
agir en tout avec la crainte de Dieu et en observant ce qu'il a prescrit. Ils risquent
ensuite de rendre impopulaires les bienheureux martyrs, et les glorieux serviteurs de
Dieu, avec le pontife de Dieu. Ceux-ci, n'oubliant pas ma dignité, m'ont envoyé des
lettres, et ont demandé qu'on examine leurs désirs, et qu'on leur donne la paix, quand
notre mère elle-même aura d'abord recouvré la paix par la Miséricorde du Seigneur et
que la divine Protection nous aura ramené à son Église; et eux, au mépris des égards
qu'observent à notre endroit les bienheureux martyrs ainsi que les confesseurs, foulant
aux pieds la loi du Seigneur, et la ligne de conduite que les dits martyrs et confesseurs
recommandent d'observer, avant la disparition des craintes de persécution, avant notre
retour, presqu'avant la mort des martyrs, communiquent avec les lapsi. Ils offrent pour
eux le sacrifice et leur donnent l'eucharistie; alors que, quand les martyrs faisant peu
attention à l'Écriture dans l'ivresse de leur triomphe, porteraient leurs désirs un peu
plus loin qu'il ne faut, les prêtres et les diacres devraient les avertir, comme cela
s'est toujours fait dans le passé.
Aussi la divine censure ne cesse-t-elle de nous reprendre. Quatre les visions qui se
produisent la nuit, des enfants qui sont avec nous se trouvent pendant le jour remplis de
l'Esprit saint à cause de l'innocence de leur âge : ils voient en extase, entendent
et disent ce dont le Seigneur daigne nous avertir et nous instruire. Je vous dirai tout,
quand le Seigneur, qui m'a commandé de m'éloigner, m'aura ramené près de vous. En
attendant, que parmi vous, les esprits téméraires, imprudents, orgueilleux, qui n'ont
cure des hommes, craignent du moins Dieu; qu'ils se disent bien que s'ils persévèrent
dans la même conduite, j'userai à leur égard des moyens de les rappeler à l'ordre,
dont Dieu veut que j'use : ils seraient écartés provisoirement du sacrifice, sauf
à plaider leur cause, devant moi, devant les confesseurs eux-mêmes, et devant le peuple
tout entier, lorsque avec la permission de Dieu nous serons réunis au giron de l'Église
notre mère. J'ai écrit à ce sujet aux martyrs et aux confesseurs, et au peuple, en
mandant qu'on vous lût mes deux lettres. Je souhaite, frères très chers et très
désirés, que vous vous portiez toujours bien dans le Seigneur et que vous vous souveniez
de nous. Adieu.
LETTRE 17
CYPRIEN A SES FRERES DU PEUPLE FIDELE, SALUT.
Que la chute de nos frères vous arrache des gémissements et des larmes, c'est ce que je
sais, frères très chers, d'après moi-même qui, avec vous, à propos de chacun d'eux,
gémis comme vous et souffre, éprouvant ce que dit le bienheureux apôtre :
"Qui est malade sans que je sois malade ? qui est scandalisé sans qu'un feu me
dévore ?". (2 Cor 11,29). Il a encore proclamé ceci dans une épître :
"Si un membre souffre, les autres membres souffrent avec lui; et si un membre jouit,
les autres membres jouissent avec lui". (1 Cor 1,26). Je souffre et je suis affligé
avec nos frères. En succombant aux assauts de la persécution ils ont entraîné avec eux
dans leur chute un morceau de notre coeur, et nous ont fait saigner des blessures mêmes
qu'ils ont reçue. La divine Miséricorde a le pouvoir de les guérir. Je ne crois pas
pourtant qu'il faille se hâter, ni rien faire à la légère, de peur que l'usage
téméraire de la paix, n'irrite Dieu davantage. Les bienheureux martyrs nous ont écrit
à propos de certains lapsi, sollicitant l'examen de leurs demandes. Quand le Seigneur
nous ayant donné la paix à tous, nous serons revenus à l'Église, on les examinera une
à une, avec votre concours et votre suffrage.
J'apprends cependant que certains prêtres, ne se souvenant pas de l'évangile, ne
songeant pas à ce que les martyrs nous ont écrit, n'ayant pas d'ailleurs pour l'évêque
les égards dus à son sacerdoce et à sa chaire, communiquent avec les lapsi, offrent le
sacrifice pour eux et leur donnent l'eucharistie, alors qu'on n'en devrait venir là que
par degrés. Quand il s'agit de fautes moindre qui n'ont point Dieu pour objet, il y a
d'abord la pénitence pendant un temps déterminé, puis la confession après l'examen de
la vie du pénitent, et celui-ci n'est admis à la communion qu'après que l'évêque et
le clergé lui ont imposé les mains : à combien plus forte raison, quand il s'agit
comme ici des fautes les plus graves et les plus énormes, convient-il d'apporter en tout
une prudence et une circonspection conformes à la discipline du Seigneur. Voilà ce que
les prêtres et les diacres auraient dû rappeler à nos fidèles, afin de faire
prospérer les brebis qui leur sont confiées, et de les diriger conformément aux
enseignements divins dans la voie où l'on obtient le pardon et le salut. Je connais la
modestie et la retenue de notre peuple; il serait attentif à donner satisfaction à Dieu,
et à implorer sa Miséricorde, si certains prêtres, sous prétexte de l'obliger, ne
l'avaient induit en erreur.
Vous, du moins, donnez une direction à chacun des lapsi en particulier et que la sagesse
de vos conseils et de votre action conduise leurs âmes selon les préceptes divins. Que
personne, quand le temps n'est pas encore propice, ne cueille des fruits qui ne sont pas
mûrs; que personne n'aille mettre de nouveau à la mer un navire maltraité par les flots
et faisant eau, avant de l'avoir soigneusement radoubé; que personne ne reprenne ni ne
mette une tunique déchirée, avant de l'avoir fait raccommoder par un artisan habile, et
fouler avec soin. Qu'ils écoutent, de grâce, notre conseil, qu'ils attendent notre
retour, afin que, quand la Miséricorde de Dieu nous aura permis de retourner vers vous,
nous puissions, mes collègues dans l'épiscopat convoqués à cet effet, et moi, examiner
à plusieurs les lettres des martyrs et leurs demandes, selon la discipline du Seigneur,
en présence des confesseurs, et en prenant votre avis. J'ai écrit à ce sujet au clergé
et aux martyrs et confesseurs, deux lettres, * dont j'ai prié qu'on vous donnât lecture.
Je souhaite, frères très chers et très regrettés, que vous vous portiez toujours bien
dans le Seigneur et que vous vous souveniez de nous. Adieu.
LETTRE 18
CYPRIEN AUX PRETRES ET AUX DIACRES SES FRERES, SALUT
Je suis étonné, mes très chers frères,que les nombreuses lettres que je vous ai
envoyées n'aient reçu de vous aucune réponse, alors qu'il est ou utile ou nécessaire
aux intérêts de notre fraternité que je sois instruit par vous de ce qui est à faire,
et que nous puissions y aviser soigneusement. Cependant, comme je vois qu'il ne m'est pas
encore loisible de vous rejoindre, et que nous sommes déjà en été, saison où
sévissent continuellement des maladies graves, je crois qu'il faut montrer quelque
condescendance pour nos frères. En conséquence, que ceux qui ont reçu des martyrs des
billets * et qui, par le crédit de leur prérogative auprès de Dieu, peuvent en être
aidés, s'ils viennent à tomber dans quelque état de souffrance ou péril de maladie,
soient autorisés, sans attendre notre présence, à faire à un prêtre quelconque, ou si
l'on ne trouve pas de prêtre, et que la fin approche, à faire même à un diacre, la
confession de leur faute : ainsi, on leur imposera les mains en signe de
réconciliation et ils pourront aller au Seigneur avec la paix que les martyrs nous ont
demandée pour eux dans leurs lettres.
Quant à l'autre partie du peuple fidèle qui est tombée, soutenez-la par votre
présence, et que vos consolations les réconfortent et les empêchent de perdre foi au
Seigneur, ou confiance en sa Miséricorde. Ils ne seront pas privés de l'aide et du
secours du Seigneur, ceux qui étant doux et humbles, et faisant vraiment pénitence,
auront persévéré dans leurs bonnes oeuvres, mais le remède divin assurera leur salut.
Veillez aussi sur les catéchumènes au cas où l'un ou l'autre serait en danger et à
l'extrémité, et s'ils implorent la grâce de la Miséricorde du Seigneur, qu'elle ne
leur soit point refusée. Je souhaite, mes très chers frères, que vous vous portiez
toujours bien et que vous vous souveniez de nous. Saluez de ma part la communauté des
frères tout entière, et recommandez-moi à leur bon souvenir. Adieu.
* Ces libelli, ou billets d'indulgence que délivraient les martyrs à certains apostats
ne sont pas à confondre avec les certificats de sacrifice, appelés aussi libelli, qui
leur étaient délivrés par les magistrats chargés de les faire sacrifier.
LETTRE 19
CYPRIEN AUX PRETRES ET AUX DIACRES SES FRERES, SALUT.
J'ai lu vos lettres, mes très chers frères, par lesquelles vous m'informez que vous ne
manquez pas de donner à nos frères le salutaire conseil d'éviter toute hâte excessive,
et de donner à Dieu des preuves de religieuse patience, afin que, quand la divine
Miséricorde nous aura permis de nous rassembler, nous puissions délibérer sur toutes
les espèces selon la discipline de l'Église. Il est écrit, en effet :
"Souvenez-vous d'où vous êtes tombé, et faites pénitence". (Ap 2,5). Or
celui-là fait pénitence qui, fidèle au souvenir des enseignements divins, doux,
patient, docile aux directions des prêtres, se rend le Seigneur favorable par sa
soumission et sa bonne conduite.
Vous m'avez cependant fait connaître que certains ne sont pas raisonnables, mais
insistent d'une manière pressante pour rentrer en communion, et vous avez exprimé le
désir que je vous donne une règle en cette matière. Je crois vous avoir parlé assez
clairement à ce sujet dans ma dernière lettre : Ceux qui ont reçu un billet des
martyrs, et qui grâce à leur secours peuvent être aidés auprès de Dieu pour le pardon
de leurs fautes, viennent-ils à tomber malades, et à être en danger, qu'ils fassent la
confession de leurs fautes, qu'on leur impose les mains pour la pénitence et qu'on les
renvoie au Seigneur avec la paix que les martyrs leur ont promise. Quant à ceux qui, sans
avoir reçu aucun billet des martyrs, nous rendent odieux, comme ce n'est pas la cause de
quelques personnes, ou d'une Église unique ou d'une province, mais celle de toute la
terre, qu'ils attendent que la Miséricorde du Seigneur ait rendu la paix générale à
l'Église. Il convient, en effet, à la modestie et à la discipline, et à la vie même
que nous devons tous mener, que les chefs assemblés avec le clergé, en présence de ceux
du peuple qui ne sont point tombés, et que l'on doit honorer aussi pour leur foi et leur
crainte de Dieu, puissent régler toute chose, après l'examen scrupuleux d'une
délibération commune. D'autre part, combien n'est-il pas contraire à la religion et aux
intérêts mêmes de ceux qui se pressent ainsi, qu'alors que ceux qui ont été exilés,
jetés hors de leur pays, dépouillés de tous leurs biens, ne sont pas encore rentrés
dans l'Église, certains lapsi veuillent prévenir les confesseurs eux-mêmes et rentrer
avant eux. S'ils sont si pressés, ils sont les maîtres de ce qu'ils demandent et les
circonstances leur offrent plus qu'ils ne demandent : la lutte dure encore et le
combat se donne tous les jours. S'ils ont un vrai et ferme regret de leur faute, et que ce
soit chez eux l'ardeur de la foi qui prévale, eh bien, celui qui ne peut attendre le
pardon peut gagner la couronne. Je souhaite, frères très chers, que vous vous portiez
toujours bien, et que vous vous souveniez de nous. Saluez tous les frères de ma part, et
recommandez-moi à leur souvenir. Adieu.
LETTRE 20
CYPRIEN AUX PRETRES ET AUX DIACRES SES FRERES QUI SONT A ROME, SALUT.
Ayant appris, mes très chers frères, que l'on vous rapporte avec peu de droiture et
de fidélité ce qui s'est passé ici et ce qui s'y passe, j'ai cru nécessaire de vous
écrire cette lettre, pour vous rendre compte de notre conduite, de notre attachement à
la discipline, et de notre zèle. Dès le début de la persécution, la populace m'avait
plusieurs fois réclamé en poussant de violentes clameurs. Alors, selon les enseignements
du Sauveur, songeant d'ailleurs moins à ma sûreté qu'à la paix de toute la
communauté, je me suis retiré pour un temps, de peur d'exciter davantage, par une
présence indiscrète, les troubles commencés. Absent de corps, j'ai été présent
d'esprit; et, par mes actes, et mes conseils, je me suis efforcé dans la mesure de mes
faibles moyens, dans tous les cas où je pouvais le faire, de diriger nos frères
conformément aux commandements du Seigneur.
Ce que j'ai fait, les lettres vous le disent, que j'ai envoyées en diverses occasions
(elles sont au nombre de treize), et que je vous ai fait transmettre. Conseils au clergé
*, exhortations aux confesseurs *, représentations aux exilés *quand il le fallait,
appels à tous les frères *, pour leur persuader d'implorer la divine Miséricorde, rien
n'a manqué de ce que mon humble personne a pu tenter selon les règles de la foi et de la
crainte de Dieu, et sous l'inspiration du Seigneur. Puis, quand vinrent les supplices,
pour encourager et soutenir nos frères déjà livrés à la torture, ou incarcérés en
attendant d'être torturés à leur tour, nos paroles ont franchi les murs de la prison.
De même ayant appris que ceux qui ont sali leurs mains et leurs lèvres par un contact
sacrilège, ou qui n'ont pas moins souillé leur conscience par l'usage de certificats
abominables, s'en allaient çà et là faisant le siège des martyrs, corrompant les
confesseurs à force d'importunités, ou de cajoleries, de sorte que contre la règle de
l'évangile des milliers de billets étaient donnés tous les jours au hasard et sans
examen, j'ai écrit,des lettres pour rappeler autant que je le pouvais les martyrs et les
confesseurs au respect des préceptes du Seigneur. De même, à l'égard des prêtres et
des diacres, notre vigueur épiscopale n'a pas fait défaut, et c'est ainsi que
quelques-uns, qui ne se souvenaient pas assez de la discipline ecclésiastique et se
laissaient emporter à un empressement indiscret, ont été arrêtés à la suite de notre
intervention. Il n'y a pas jusqu'au peuple que nous n'ayons instruit autant que nous
l'avons pu, et disposé à observer la discipline ecclésiastique.
Plus tard, comme certains lapsl soit de leur propre mouvement, soit sous l'influence d'une
excitation étrangère, s'emportaient à des exigences audacieuses, et s'efforçaient
d'arracher violemment la paix que les martyrs et les confesseurs leur avaient promise,
j'ai écrit deux fois ****** au clergé à ce sujet, en l'invitant à leur lire mes
lettres. Je réglais, pour adoucir leur violence de quelque manière, que si quelqu'un,
après avoir reçu un billet des martyrs, venait à être sur le point de quitter ce
monde, après avoir entendu sa confession, on lui imposerait les mains pour la pénitence,
et on le renverrait au Seigneur, avec la paix promise par les martyrs. En quoi je n'ai
point porté de loi, ni pris d'initiative téméraire. Mais j'ai pensé qu'il y avait lieu
tout à la fois de rendre honneur aux martyrs et d'arrêter ceux qui voulaient mettre le
désordre partout. J'avais d'ailleurs là la lettre * que vous aviez envoyée, il n'y
avait pas longtemps, à notre clergé par le sous-diacre Crementius, où vous demandiez
qu'on eût compassion de ceux qui étaient tombés malades depuis leur apostasie, et qui,
s'en repentant, désiraient rentrer en communion. J'ai cru, en conséquence, qu'il fallait
s'en tenir à votre avis, de peur que notre conduite, qui doit être une et s'accorder en
tout, ne différât en quelque chose. Quant aux autres, malgré le billet reçu des
martyrs, j'ai dit de remettre leur affaire à plus tard et de la réserver pour le moment
où nous serons présent, afin que, quand le Seigneur nous aura rendu la paix, nous
puissions nous réunir à plusieurs évêques et, non sans nous mettre d'accord avec vous,
régler ou réformer toutes choses. Je souhaite, frères très chers, que vous vous
portiez toujours bien.
lettres 15 et 16
** lettres 5,7,12 et 14
*** lettre 6
**** lettre 13
***** lettre 11
****** lettre 10
******* lettres 18 et 19
******** lettre 8
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