VI Oct. TOUSSAINT

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ANDRÉ

LE VI NOVEMBRE. SIXIÈME JOUR DANS L'OCTAVE DE LA TOUSSAINT.

 

Vous êtes mon héritage, Seigneur, alleluia, dans la terre des vivants, alleluia, alleluia. — Tirez de cette prison mon âme ; elle louera votre nom dans la terre

des vivants, alleluia, alleluia. — Gloire et honneur au Père, au Fils, au Saint-Esprit, dans les siècles des siècles, en la terre des vivants, alleluia, alleluia.

 

Ainsi débutent les chants pour les morts au Missel mozarabe (1). Les Grecs pareillement n'ont pas de mot qui revienne plus souvent que l'Alleluia dans l'Office des défunts (2). Or Grecs et Mozarabes ne font en cela qu'observer jusqu'à nos jours une coutume générale autrefois dans l'Eglise entière.

Saint Jérôme nous dit comment, à la mort de Fabiola, « tout le peuple romain rassemblé, les psaumes retentissaient éclatants, et le sublime Alléluia remplissant les temples  ébranlait leurs

 

1. In Missa defunctorum Officium (seu Introitus). Tu es portio mea, Domine, alleluia, in terra viventium, alleluia, alleluia.— V/. Educ de carcere animam meam ad comitendum nomini tuo : in terra viventium, alleluia, alleluia. — Gloria et honor Patri, et Filio, et Spiritui Sancto, in sa;cula saxulorum, amen : in terra viventium, alleluia, alleluia. — 2. Goar, Nota 6a ad Officium Exsequiarum in Euchologio.

 

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toits d'or (1). » Deux siècles plus tard, le récit des funérailles de sainte Radegonde par sa fille Baudonivie montre que, si des larmes soumises n'étaient pas interdites aux survivants et pouvaient parfois couler abondantes, l'usage des Gaules cependant ne différait pas en ce point de celui de Rome même (2). C'est ce qu'atteste encore, pour les temps qui suivirent, le manuscrit de Reims cité par Dom Hugues Ménard en ses notes sur le Sacramentaire grégorien (3), et où l'on prescrit comme prélude aux prières de la sépulture le chant de l’In exitu Israël de Aegypto avec Alleluia pour

Antienne.

Quand saint Antoine ensevelit au désert le corps de saint Paul ermite, le biographe de celui-ci nous raconte que, se conformant à la tradition chrétienne, Antoine chanta en la circonstance des hymnes aussi bien que des psaumes (4) . C'était bien la tradition chrétienne, en effet, universelle, identique sous tous les cieux.

Saint Jean Chrysostome constate lui aussi le fait, et il nous en donne l'explication : « Dis moi; ne sont-ce pas des vainqueurs que ces morts conduits par nous à la resplendissante lumière des flambeaux, au chant des hymnes? Oui; nous louons Dieu et lui rendons grâces : car, ce défunt, il le couronne; il a mis fin à son labeur ; il le garde près de lui délivré de toute crainte. Ne cherche pas d'autre explication à ces hymnes, à ces psaumes : ils expriment la joie (5). »

Saint Denys ne parle pas autrement en son livre de la Hiérarchie ecclésiastique. Après avoir

 

1. Hieron. ad Oceanum, de morte Fabiolae. — 2. Baudonivia, Vita Radegundis, 28. — 3. Nota 680. — 4. Hieron. Vita S. Pauli primi eremitae, 16. — 5. Chrys. In epist. ad Hebr. Homil. IV.

 

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dit la joie du chrétien mourant qui voit approcher la fin de la lutte et l'éternelle sécurité (1), il ajoute : « Les proches du défunt, ses proches en Dieu et dans la sainteté, le proclament bienheureux d'avoir vaincu enfin, et ils adressent des chants d'action de grâces au céleste auteur de la victoire C'est en demandant pour eux-mêmes un sort semblable, qu'ils le conduisent à l'hiérarque, distributeur des saintes couronnes, auquel appartient d'accomplir les rites augustes ordonnés à l'égard de ceux qui se sont endormis dans le Seigneur (2). »

Suprêmes honneurs, autant que derniers devoirs rendus par l'Eglise à ses fils, et dont nous rappellerons demain quelques traits.

 

1. Dionys. De eccles. hierarch. Cap. VII, I, § 1, 2.— 2. Ibid. § 3.— Voir pour le témoignage des monuments, spécialement en nos régions, Le Blant, Inscriptions chrétiennes de la Gaule, nos 44. 73, etc.

 

Nous emprunterons avec quelques Eglises les strophes suivantes au dixième Chant du Cathemerinon, qui déjà nous donnait hier l'Hymne mozarabe des morts.

 

HYMNE

 

Cessez, lamentations ; mères, arrêtez vos larmes; vous qui pleurez sur des enfants chéris, ne vous désolez pas : cette mort, c'est le renouvellement de la vie.

 

Que nous veulent dire ces marbres sculptés, ces splendides monuments, sinon que ce qu'ils gardent est, non pas mort, mais endormi?

 

Ce corps que nous voyons gisant inanimé, encore un peu de temps, et il redeviendra le compagnon du principe spirituel qui est monté aux cieux.

 

Bientôt doit sonner l'heure où la vie, réchauffant ces ossements délaissés, les animant d'un sang fécond, y reprendra son premier séjour.

 

Inertes cadavres couchés dans la pourriture des tombeaux, voici qu'alertes comme l'oiseau ils s'élèveront dans les airs, associés aux mêmes âmes que jadis.

 

Ainsi reverdit la semence desséchée, morte elle aussi, ensevelie de même : elle sort de la glèbe où on l'avait enfouie, rappelant les épis d'autrefois.

 

Reçois maintenant, ô terre, ce dépôt à ta garde laissé ; que ton sein lui soit doux : nous confions à  tes profondeurs ces membres humains, noble dépouille, trésor sans prix.

 

Cette chair fut la demeure d'une âme créée par le souffle du Tout-Puissant ; le Christ fut son roi ; la Sagesse habita ces membres et leur communiqua sa divine chaleur.

 

Recouvre donc ce corps à toi confié : il ne l'oubliera pas, Celui qui en fut l'auteur; il te le redemandera, ce trésor, avec les traits qu'il y grava de sa propre image.

 

Qu'ils viennent bientôt les temps promis où Dieu comblera toutes nos espérances ! Alors que s'ouvriront les tombes, il faudra que tu me rendes ce visage aimé qu'aujourd'hui je te livre.

 Amen.

 

Ce Répons est le dernier du troisième Nocturne à l'Office abrégé des morts, au cours de l'année. Nous le faisons suivre d'une antique Oraison, qui se retrouve dans le rit ambrosien plus spécialement appropriée aux bienfaiteurs et parents défunts (1).

1. Oratio super sindonem, in Missa quotidiana pro defunctis Fratribus, Sororibus, Propinquis et Benefactoribus.

 

RÉPONS.

 

R/. Délivrez-moi , Seigneur, des sentiers  infernaux, vous qui, brisant les portes d'airain, avez visite les demeures souterraines et éclairé leurs habitants, pour qu'ils vous vissent, * Eux qui souffraient dans les ténèbres.

 

V/. Ils criaient et disaient : Vous êtes enfin venu, ô notre Rédempteur ! * Eux qui

souffraient.

V/. Donnez-leur, Seigneur, le repos  éternel ; que luise pour eux la  lumière sans

fin. * Eux qui souffraient.

 

ORAISON.

 

O Dieu, vie des vivants, espérance des mourants, salut de tous ceux qui espèrent en vous, soyez-nous propice , exaucez-nous : que les âmes de vos serviteurs et de vos servantes, dégagées des ténèbres de notre mortalité, se réjouissent en la compagnie de vos saints dans l'éternelle lumière. Par Jésus Christ.

 

 

Souvent assignée à d'autres fêtes, la Prose suivante, œuvre d'Adam de Saint-Victor, fut cependant elle aussi chantée en plusieurs lieux pour célébrer tous les Saints.

 

SÉQUENCE.

 

Que l'Eglise d'ici-bas célèbre les joies de sa mère, l'Eglise des cieux ; que le retour des fêtes annuelles la porte à désirer les éternelles.

 

Que la mère prête secours à la fille en cette vallée de misère ; que les armées d'en haut nous aident à mener la bataille.

 

Le monde, la chair et les démons multiplient contre nous les combats ; quel assaut de spectres hideux! la quiétude du cœur en est troublée.

 

Toute cette engeance a les jours de fête en horreur ; elle s'évertue d'un commun accord à faire disparaître la paix de la terre.

 

Ici tout est mélange confus d'espoir, de crainte, de tristesse et de joie : au ciel, à peine se fit, dit l'Apocalypse, une demi-heure de silence (1).

 

Que fortunée est cette cité où nulle fête ne prend fin ! combien heureuse l'assemblée où tout souci est inconnu !

 

Là point de maladie, point de vieillesse ni de déclin ; point de tromperie, ni de crainte d'ennemis : mais concert unanime d'allégresse, unanime amour dans les cœurs.

 

Là sous leur triple hiérarchie, les Anges, habitants du ciel, se prosternent joyeux devant la trine et simple Unité qui gouverne le monde.

 

Ils admirent, sans se lasser , Dieu qu'ils contemplent ; ils jouissent de lui, ne s'en rassasient pas, affamés qu'ils sont d'en jouir plus toujours.

 

Là sont nos pères, rangés dans l'ordre du mérite; pour eux enfin toute ombre est tombée : dans la lumière ils voient la lumière (2).

 

Ces saints dont la solennité se célèbre aujourd'hui, face à face maintenant, ils voient le Roi dans sa gloire.

 

Là resplendit la Reine des vierges, plus haut que tous les sommets : qu'elle daigne, auprès du Seigneur, excuser nos coupables chutes.

 

Par les suffrages des saints, que la grâce de Jésus-Christ nous conduise de la misère présente à leur état glorieux.

Amen.

 

1. Apoc. VIII, 1.

2. Psalm. XXXV, 10.

 

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