GRÉGOIRE Thaumaturge

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LE  XVII NOVEMBRE. SAINT GRÉGOIRE THAUMATURGE, ÉVÊQUE ET CONFESSEUR.

 

Moïse, instruit dans la sagesse des Egyptiens, puissant en œuvres et en paroles (1) se retire au désert; Grégoire, prévenu des meilleurs dons de naissance et de nature, rhéteur brillant, riche de toute science, dérobe aux hommes sa florissante jeunesse et court offrir à Dieu dans la solitude l'holocauste qui plaît au Seigneur. Tous deux, espoir de leur peuple, se détournent de lui pour se perdre en la contemplation des mystères du ciel. Et cependant le joug du Pharaon s'appesantit sur Jacob ; et cependant des âmes périssent, qu'une parole ardente arracherait à l'empire des faux dieux : pareille fuite n'est-elle pas désertion ?

Est-ce donc à l'homme de se proclamer sauveur, quand Jésus ne s'est pas attribué de lui-même un tel nom (2) ? et quand le mal grandissait partout, l'ouvrier de Nazareth eut il tort de s'attarder dans l'ombre des trente années qui précédèrent son ministère si court ? Docteurs de nos temps enfiévrés, qui rêvez d'une hiérarchie nouvelle entre les vertus et comprenez la divine charité autrement que nos pères, ceux-là ne sont pas de la race des sauveurs d'Israël (3) qui pensent sur le salut

 

1. Act. VII, 22. — 2. MATTH. I, 21 ;  Heb. V, 5.    3. I Mach. V, 62.

 

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social d'autre  manière  que  le Sauveur du monde.

Grégoire fut comme Moïse de cette race bénie. Amis et ennemis s'accordaient à dire qu'il rappelait le législateur des Hébreux pour l'excellence de la vertu et l'éclat des prodiges opérés à son commandement (1). Même zèle de part et d'autre à connaître Dieu, pour le manifester aux hommes qu'ils devaient lui conduire ; la plénitude de la doctrine est le premier don des guides des peuples, leur pénurie en ce point la pire des insuffisances (2). Je suis Celui qui suis, déclare Dieu sur sa demande à Moïse ; du milieu du buisson ardent, la sublime formule à lui confiée authentique la mission qui l'appelle à sortir du désert (3). Quand l'heure sonne pour Grégoire d'aller lui-même au monde de par Dieu, la Vierge bénie, dont le buisson d'Horeb fut la figure (4), apparaît à ses yeux éblouis dans la nuit profonde où il implorait la lumière, et Jean qui suit la Mère de Dieu laisse tomber de ses lèvres d'évangéliste cette autre formule; complétant la première à l'usage des disciples de la loi d'amour :

« Un seul Dieu, Père du Verbe vivant, de la Sagesse subsistante et puissante qui est l'expression éternelle de lui-même, principe parfait du Fils unique et parfait qu'il engendre. Un seul Seigneur, unique engendré de l'unique, Dieu de Dieu, Verbe efficace, Sagesse embrassant et contenant l'univers, puissance créatrice de toute créature, vrai Fils d'un vrai Père. Et un seul Saint-Esprit tenant de Dieu l'être divin, révélé aux hommes par le Fils dont il est le parfait semblable,

 

1. Basil. de Spir. S. XXIX. — 2. MATTH. XV, 14. — 3. Exod. III. — 4. Ant.  Rubum quem viderat  Moyses.

 

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vie causant la vie, sainteté donnant d'être saint. Trinité parfaite, immuable, inséparable en gloire, éternité, domination (1). »

C'est le message que notre Saint doit communiquer à son pays, le symbole qui portera son nom dans l'Eglise de Dieu. Dans sa foi au premier des mystères il soulèvera les montagnes et refoulera les flots, dépossédera l'enfer et chassera du Pont l'infidélité. Lorsque vers l'an 240, Grégoire évêque prend la route de Néocésarée, il ne voit partout que temples d'idoles et s'arrête pour la nuit dans un sanctuaire fameux. Au matin, les dieux sont en fuite et refusent de revenir ; mais le Saint remet à leur adresse au prêtre de l'oracle un ordre ainsi libellé : Grégoire à Satan : rentre (2). Une défaite plus cuisante attendait, en effet, l'infernale cohorte ; contrainte d'arrêter sa retraite précipitée, elle doit assister à la ruine de son empire dans les âmes qu'elle abusa. Leur prêtre, le premier, se donne à l'évêque, et il devient son diacre ; bientôt sur les décombres des temples , en tous lieux abattus, se dresse l'Eglise du Christ seul Dieu.

Heureuse Eglise, si fortement fondée que l'hérésie fut impuissante contre elle au siècle suivant, sous la tempête arienne où fléchirent tant d'autres ! Au témoignage de saint Basile , les successeurs de Grégoire, éminents eux-mêmes, formaient à Néocésarée comme une parure de pierres précieuses (3), une couronne de brillantes étoiles  (4). Or, dit Basile, tous ces illustres prélats mettaient leur honneur à maintenir le souvenir du grand devancier, ne  souffrant pas qu'un acte

 

1. Greg. Nyss. Vita Greg. Thaumaturg. — 2. Ibid. — 3. Basil. Ep. XXVIII, al. LXII. —  4. Ep. CCIV, al. LXXV.

 

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quelconque, un mot, une manière même de faire autre que la sienne dans les rites sacrés, prévalussent sur les traditions qu'il avait laissées (1).

Lorsque Clément XII établit dans l'Eglise entière, comme nous l'avons vu, la fête de sainte Gertrude la Grande, il décréta d'abord qu'elle serait fixée au présent jour, où continue de la célébrer l'Ordre de saint Benoît. Mais, dit Benoît XIV, le XVII Novembre étant attribué depuis de longs siècles à la mémoire de Grégoire le Thaumaturge, il parut mieux convenir que celui qui changeait de place les montagnes ne fût pas lui-même changé de son lieu par la vierge ; et c'est ainsi que dès l'année 1739, qui suivit l'institution de la fête nouvelle, celle-ci fut fixée pour l'avenir au XV dudit mois (2).

 

1. De Spir. S. XXIX. — 2. Benedict. XIV, De canonizat. SS. Lib. I, cap. XLI, 40, 41.

 

Lisons le bref résumé consacré dans la sainte Liturgie au grand Thaumaturge.

 

Grégoire, évêque de Néocésarée dans le Pont, illustre par sa doctrine et sa sainteté, le fut plus encore par le nombre et l'éclat des miracles extraordinaires qui le firent appeler Thaumaturge et le rendirent, au témoignage de saint Basile, comparable à Moïse, aux Prophètes et aux Apôtres. Par sa prière il changea de place une montagne qui le gênait pour bâtir une église Il mit de même à sec un étang qui était pour des frères une  cause de discorde. Il arrêta les débordements du Lycus qui dévastait les campagnes, en enfonçant sur la rive son bâton qui prit racine aussitôt et devint un grand arbre, formant une limite que le fleuve ne dépassa plus.

 

Souventes fois il chassa les démons des idoles et des corps, et accomplit nombre d'autres prodiges par lesquels des multitudes d'hommes furent amenées à la foi de Jésus-Christ ; il possédait aussi l'esprit des prophètes et annonçait l'avenir. Sur le point de quitter la vie, comme il s'informait du nombre d'infidèles qui restaient dans Néo-césarée, on lui répondit qu'il n'était que de dix-sept, et rendant grâces à Dieu, il dit: C'est le même nombre que celui des fidèles au début de mon épiscopat. Il écrivit plusieurs ouvrages qui, comme ses miracles, ont illustré l'Eglise de Dieu.

 

Saint Pontife, votre foi, soulevant les montagnes et domptant les flots, justifia la promesse du Seigneur (1). Apprenez-nous à faire honneur nous-mêmes à l'Evangile, en ne doutant jamais de la divine parole et du secours qu'elle nous promet contre Satan , en qui l'Eglise nous montre aujourd'hui  l'orgueilleuse  montagne à jeter à la

 

1. Marc, XI, 22-24.

 

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mer (1), contre le débordement des passions et l'entraînement d'un monde dont vos écrits nous disent avec le Sage la vanité (2). Enseignez nous non moins à ne pas oublier le bienfait du secours du ciel après la victoire ; préservez-nous de l'ingratitude qui vous fut si odieuse.

Nous possédons toujours l'éloge touchant que vous dicta votre reconnaissance pour l'illustre maître aux enseignements duquel vous dûtes , après Dieu, cette fermeté et splendeur de foi qui fut votre gloire (3). Leçon précieuse et pratique pour tous :  célébrant la divine Providence dans l'homme qui fut pour vous son instrument prédestiné, vous n'avez garde d'oublier l'hommage à l'Ange de Dieu qui écarta vos pas des abîmes dans la nuit de l'infidélité où s'écoulèrent vos premiers ans; céleste  gardien qui toujours en éveil dans son dévouement actif,  éclairé, persévérant, supplée  à nos  insuffisances, nourrit, instruit chacun de nous, le conduit par la main, ménageant  aux  âmes à travers  l'espace et  les temps ces inestimables rencontres qui transforment la vie et assurent l'éternité (4).

Mais comment remercier dignement, créatures pécheresses, l'auteur premier de tous biens, l'Etre infini qui donne à l'homme et ses anges et les intermédiaires visibles ici-bas de la divine grâce? Confiance pourtant ; car nous avons pour chef son premier-né, son Verbe qui sauva nos âmes et gouverne l'univers. Lui seul, mais lui peut sans peine rendre au Père d'assidues, d'éternelles actions de grâces pour lui-même comme pour tous et chacun, sans risque d'ignorance ou

 

1. Homil. ad Matut. ex Beda in Marc. — 2. Greg. Thaumat. Metaphrasis in Ecclesiasten Salomonis. — 3. In Origenem oratio panegyrica. — 4. Ibid, IV.

 

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d'oubli dans le thème de sa louange, sans nul péril d'imperfection dans le mode ou l'ampleur de ses chants. A lui donc, au Dieu Verbe, ô Grégoire, nous renvoyons comme vous le légitime souci de parfaire les accents de notre gratitude, en considération des ineffables prévenances du Père qui est aux cieux ; car le Verbe est pour nous, comme il le fut pour vous, l'unique voie de la piété, delà reconnaissance et de l'amour (1). Puisse-t-il susciter en nos temps des pasteurs qui rappellent vos oeuvres ; puisse-t-il réveiller les antiques Eglises de cet Orient dont vous fûtes la lumière!

 

1. In Origenem oratio panegyrica., IV.

 

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