DIEGO

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LE XIII NOVEMBRE. SAINT DIEGO, CONFESSEUR.

 

L’humble frère lai, Diego de Saint-Nicolas, rejoint au ciel, près de son père saint François, Bernardin de Sienne et Jean de Capistran qui le précédèrent de quelques années. Ceux-ci ont laissé l'Italie, l'Europe entière, vibrantes toujours des échos de leur voix qui pacifiait les villes au nom du Seigneur Jésus, et lançait des armées au-devant du Croissant vainqueur de Byzance. Le siècle qu'ils contribuèrent si puissamment à sauver des suites du grand schisme et à rendre à ses chrétiennes destinées, ne connut guère de Diego que son admirable charité lors de ce jubilé de 1420, aux résultats, il est vrai, si précieux : Rome, redevenue pratiquement non moins que théoriquement la ville sainte aux yeux des nations, vit les pires fléaux impuissants à retenir loin d'elle ses fils1 ; l'enfer, débordé par le courant inouï qui, des quatre coins du monde, amenait les foules aux sources du salut, en fut retardé de soixante-dix ans dans son œuvre de ruine.

Le bienheureux garde-malades de l’Ara Cœli qui se dépensait alors au service des pestiférés, n'eut sans doute à de tels résultats qu'une part bien minime aux yeux des hommes, surtout si on la rapproche de celle des grands apôtres franciscains ses frères. Or cependant voici que l'Eglise

 

1. Isaï. XLX, 8-22.

 

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delà terre, interprète fidèle de celle des cieux, honore aujourd'hui Diego des mêmes honneurs que nous l'avons vue rendre à Bernardin et à Jean. Qu'est-ce à dire sinon derechef que, devant Dieu, les hauts faits des vertus cachées au monde ne le cèdent point à ceux dont l'éclat ravit la terre, si procédant d'une même ardeur d'amour, ils produisent dans l'âme un même accroissement de la divine charité ?

Le pontificat de Nicolas V qui présida l'imposant rendez-vous des peuples aux tombeaux des Apôtres en 1450, fut aussi et demeure justement admiré pour l'essor nouveau qu'il donna sur les sept collines au culte des lettres et des arts ; car il appartient à l'Eglise de faire entrer dans sa couronne, à l'honneur de l'Epoux, tout ce que l'humanité estime à bon droit grand et beau. Présentement néanmoins, quel humaniste d'alors, ainsi qu'on appelait les lettrés de ce temps, ne préférerait la gloire du pauvre Frère mineur sans lettres à celle dont les éphémères rayons lui firent si vainement se promettre l'immortalité ! Au quinzième siècle, comme toujours, Dieu choisit le faible et l'insensé pour confondre les sages (1) ; l'Evangile a toujours raison.

 

1. I Cor. 1, 27.

 

Lisons la lumineuse vie de cet ignorant dans le livre de la sainte Eglise.

 

Diégo (1), Espagnol de nation, naquit au bourg de Saint-Nicolas du Port au diocèse de Séville. Dès son plus jeune âge, il s'exerça dans  une église solitaire, sous la conduite d'un bon prêtre, à mener une vie sainte. Plus tard, voulant s'attacher à Dieu par des liens plus forts, il fit profession de la règle de saint François comme frère lai, au couvent d'Arrizafa des frères Mineurs de l'Observance. Grande y fut son ardeur à porter le joug de l'humble obéissance et de l'observance régulière. La contemplation, qui faisait ses plus chères délices, le remplissait de la lumière de Dieu si abondamment que, bien qu'il fût sans lettres, il s'exprimait sur les choses du ciel d'une manière admirable et toute divine.

 

On l'envoya aux îles Canaries, où il gouverna les frères de son Ordre et eut beaucoup à souffrir, brûlant qu'il était de la soif du martyre, et travaillant à convertir, comme il fit par sa parole et son exemple, plusieurs infidèles à la foi de Jésus-Christ. Venu à Rome en l'année du jubilé, sous le pontificat de Nicolas V, on lui confia le soin des malades au couvent de  l’Ara Cœli. Tel fut en cet office le zèle de sa charité, que bien que la Ville souffrît de la disette, le manque du nécessaire ne se fit jamais sentir aux malades. On le voyait parfois nettoyer leurs ulcères de ses lèvres. Grande était en lui la foi, et la grâce des guérisons lui fut donnée : dans sa profonde dévotion pour la Mère de Dieu, il prenait de l'huile de la lampe qui brûlait devant son image, en oignait les malades, les marquant du signe de la croix, et un grand nombre furent ainsi guéris miraculeusement.

 

Enfin, étant à Alcala, il comprit qu'il allait mourir. Couvert pour vêtement d'une tunique déchirée et usée, il jeta les yeux sur la croix, et avec singulière dévotion prononça ces mots de l'hymne sacrée : Doux bois, doux sont tes clous, doux ton fardeau, toi qui fus digne de porter le Roi et Seigneur des cieux! Ce qu'achevant, il rendit à Dieu son âme, la veille des ides de novembre, l'an du Seigneur mil quatre cent soixante-trois. Son corps fut gardé non enseveli plusieurs mois, afin de satisfaire au pieux désir de ceux qui affluaient pour le voir; comme s'il eût revêtu déjà l'incorruptibilité, il exhalait une odeur très suave. Nombreux autant qu'éclatants furent ses miracles, et Sixte-Quint, Souverain Pontife, l'inscrivit au nombre des Saints.

 

1. Nom qui n'est autre que celui de Jacques, et rappelle le Patron des Espagnes.

 

Dieu tout-puissant et éternel qui, par une disposition admirable, faites choix de ce

 

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qui est faible en ce monde pour confondre ce qui est fort ; daignez accorder à notre humilité que par les pieuses prières du bienheureux Diego , votre Confesseur, nous méritions d'être élevés à la gloire éternelle des cieux (1). » C'est la demande que l'Eglise fait monter vers le Seigneur à toutes les heures liturgiques de cette fête qui est la vôtre, ô Diego. Appuyez ses supplications ; votre crédit est grand près de Celui que vous suivîtes avec tant d'amour dans la voie de l'humilité et de la pauvreté volontaire. Voie royale en toute vérité, puisque c'est elle qui vous amène aujourd'hui à ce trône dont l'éclat fait pâlir tous les trônes de la terre. Même ici-bas, combien à cette heure votre humaine renommée dépasse celle de tant de vos contemporains non moins oubliés qu'ils furent illustres un jour ! C'est la sainteté qui distribue les seules couronnes durables pour les siècles présents comme pour les éternels ; car c'est en Dieu qu'est le dernier mot comme la suprême raison de toute gloire, de même qu'en lui est le principe de la seule vraie félicité pour cette vie et pour l'autre. Puissions-nous tous, à votre exemple et par votre aide, ô Diego, en faire la bienheureuse expérience.

 

1. Collecte de la fête.

 

 

 

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