MARTIN Ier

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LE XII NOVEMBRE. SAINT MARTIN Ier, PAPE ET MARTYR.

 

Pendant que l'affluence des peuples au tombeau de l'évêque de Tours amenait son troisième successeur, Perpétuus, a élever sur ses restes précieux la basilique où devaient s'accomplir tant de prodiges durant le moyen âge entier, Rome elle-même dédiait à Martin une de ses plus nobles églises, en l'associant, comme titulaire du glorieux édifice, à son illustre Pontife et Confesseur Silvestre. Dans l'éclat de sa double auréole, Saint-Martin-aux-Monts consacrait dignement pour la Ville éternelle le culte des Confesseurs à côté de celui des Martyrs. Mais une autre gloire attendait l'auguste sanctuaire.

Au thaumaturge apôtre, au pontife de la paix, tous deux vainqueurs de l'idolâtrie et n'ayant dû d'échapper au glaive qu'à la conversion des bourreaux, le dernier Pape Martyr, s'honorant lui aussi du nom de Martin, devait venir longtemps après la disparition des persécuteurs païens demander l'hospitalité de la tombe. « De tous ses prédécesseurs ayant suivi les temps de Constantin, dit Baronius, Martin Ior fut le plus heureux : jugé digne de souffrir plus qu'eux tous pour le nom de Jésus-Christ, il eut la bonne fortune de trouver Dèce et Dioclétien dans un prince baptisé (1). »

 

1.  Baron. Ad ann. 651.

 

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L'empereur ainsi flétri par le grand annaliste s'appelait Constant II. Petit-fils d'Héraclius, qui lui du moins valut au monde chrétien quelques années glorieuses, il n'hérita de son aïeul que la byzantine prétention d'imposer ses édits dogmatiques à l'Eglise. Comme l'Ecthèse d'Héraclius, le Type de Constant afficha l'intention d'imposer silence aux catholiques aux prises avec l'eutychianisme rajeuni sous le nom de monothélisme. Déjà saint Léon II nous a, le XXVIII juin, initiés à ces luttes concernant l'intégrité respective des natures humaine et divine en l'Homme Dieu. L'Eglise pouvait-elle, sans protestation, laisser dire de l'Epoux qu'il n'avait pris d'Adam qu'un semblant d'humanité, comme eût été cette nature tronquée, décapitée de la volonté, que rêvaient pour lui les sectaires nouveaux?

Martin Ier, mieux inspiré qu'Honorius, comprit le péril, et sut non moins réparer le passé qu'assurer l'avenir. A peine monté au Siège apostolique, il réunit en cette église du Sauveur dont nous célébrions la dédicace il y a peu de jours, une des plus belles assemblées conciliaires qui s'y tinrent jamais. « Sonnez de la trompette, criez sur la montagne ; soldats de Dieu, réveillez-vous (1) ! » Ainsi, dès le début, faisait justice d'un silence fatal ce concile de Latran de 649, qui vengea l'honneur de l'Eglise. A la lecture de ses splendides et larges définitions, présentant au monde dans son adorable intégrité le Fils de la Vierge Mère, on se rappelle, mais combien triomphante, la solennelle déclaration du prétoire au grand Vendredi : Voila  l'HOMME (2) ! oui certes, ô

 

1. Conclusion du discours d'ouverture, Mansi, X, 870.— 2. JOHAN. XIX, 5.

 

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notre Dieu Sauveur ; le plus achevé, le plus parfait, le plus beau de ses frères.

Et quel soulagement, pour l'âme, que le spectacle des impériales élucubrations retournées avec leurs qualifications de scélérates et d'impies au césar byzantin  (1), qui tenait à sa merci dans Rome encore dépendante le Pontife désarmé ! Martin Ier pouvait, comme Paul, prendre à témoin l'Eglise de Dieu (2) qu'il ne s'était point dérobé au devoir d'éclairer le troupeau (3); il pouvait rappeler aux pasteurs le prix dont le Christ avait acheté les brebis confiées à leur garde (4) : lui, comme Paul, était prêt (5). Son martyre allait assurer le triomphe final, dont le sixième concile général et saint Léon II étaient appelés à recueillir les fruits.

Les Grecs célèbrent au XIII avril la fête du glorieux Pontife, qu'ils appellent « un coryphée des dogmes divins, l'honneur du Siège de Pierre, celui qui sur la Pierre divine a maintenu l'Eglise inébranlée (6). »

 

1. Impiissimam ecthesim, sclerosum typum. Canon XVIII. Mansi, X, 1158 . 2. Epist. encyclica promulçationis concilii. Ibid. 1178. — 3. Act. XX, 26, 27.— 4. Ibid. 28. — 5. Ibid. 22-24. — 6. Mcnœa. XIII april.

 

Voici la brève notice que Rome lui consacre en sa Liturgie.

 

Martin , né à Todi en Ombrie , chercha au commencement de son Pontificat, par lettres et légations , à ramener d'une hérésie impie à la vérité de la foi catholique Paul, patriarche de Constantinople. Mais fort de l'appui de l'empereur Constant, lui-même hérétique, Paul alla jusqu'à ce degré de folie que de reléguer les nonces du Siège apostolique en diverses îles. Le Pape, outré d'un pareil crime, rassemble à Rome un concile de cent cinq évêques et porte contre lui une sentence de condamnation.

L'empereur alors envoie en Italie l'exarque Olympius avec ordre de tuer le Pontife ou de le lui faire amener. Olympius, venant donc à Rome, commande à un licteur de frapper Martin, pendant que celui-ci célébrait solennellement la Messe dans la basilique de Sainte-Marie de la Crèche. Mais comme le licteur se disposait à obéir, il fut soudain frappé de cécité.

 

Constant se vit depuis lors en butte à mille calamités, sans pour cela devenir meilleur. Théodore Calliopas, chargé à son tour de la mission d'arrêter le Pontife, se saisit de lui par ruse. Conduit à Constantinople, Martin fut de là relégué dans la Chersonèse ; il y mourait la veille des ides de novembre, des misères qu'il avait endurées pour la foi. Dieu lui donna la gloire des miracles. Son corps fut plus tard rapporté à Rome, et déposé  dans l'église dédiée sous le nom des saints Silvestre et Martin. Il gouverna l'Eglise six ans, un mois et vingt-six jours. Il fit deux ordinations au mois de décembre, dans lesquelles il créa onze prêtres, cinq diacres, et trente-trois évêques pour divers lieux.

 

S'il est juste que l'humanité honore ses membres dans la mesure où eux-mêmes l'ont honorée, vous méritez, saint Pontife, qu'elle vous garde un glorieux souvenir. Car, non seulement vos admirables vertus furent de celles qui imposent le respect de la terre aux puissances des cieux ; mais l'homme vous doit d'avoir vu l'enfer contraint à s'humilier devant sa nature : divinisée sans nulle réserve en la personne du Fils de Dieu, c'est grâce à vous qu'elle fut pleinement reconnue telle, malgré les dénégations parties de l'abîme, malgré la conjuration des sages du monde unis aux puissants pour prêter main forte aux esprits de ténèbres, et faire la nuit sur cette noblesse incomparable des fils d'Adam. Quel est donc le mystère de cette complicité que l'ennemi de l'homme, Satan, est toujours assuré de trouver dans l'homme pour l'amoindrir et pour le perdre? Mais Lucifer ne fut-il pas à lui-même tout d'abord son unique ennemi? et sa folie s'explique-t-elle mieux que celle delà chétive créature qu'il égare à sa suite, jusqu'à l'absurde, dans les sentiers d'orgueil où lui-même s'est perdu

 

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le premier? Car c'est l'orgueil qui fit de lui le prince des insensés comme le père du mensonge. Son intelligence, la plus haute cependant qui fût aux cieux, ne résista pas au poison de la superbe qui la troubla en l'arrêtant à se complaire dans son néant de créature, en l'amenant à retenir captive la vérité qu'il connaissait de Dieu (1) pour suivre l'ombre de préférence à la lumière. Ainsi arrive-t-il qu'à l'exemple de Satan, les hommes, abaissant Dieu pour s'exalter eux-mêmes, s'évanouissent dans leurs pensées (2) jusqu'à ces déviations de l'esprit, aussi bien que du cœur et des sens, qui jettent dans la stupeur l'âme restée droite et simple en son humilité.

Gardez-nous donc, ô saint Pontife. Maintenez en nous l'intelligence du don de Dieu. Que le Psalmiste n'ait à redire d'aucun de nous : L'homme, élevé en honneur, n'a pas compris; il s'est ravalé de lui-même au niveau de la bête (3). Que l'éternelle Sagesse qui nous appelle à son alliance (4), n'ait point à gémir de nous voir lui préférer la mort (5).

Et en même temps, apprenez-nous que, pour l'honneur de Dieu non moins que pour celui de l'homme, un pareil don, l'intégrité de l'incarnation du Seigneur, est de ceux qui n'attendent pas le laissez-passer des politiques ou le visa des prétendus sages ; qu'il est celui-là même dont l'Apôtre a dit : Il faut le croire de cœur pour être

justifié,  LE CONFESSER DE BOUCHE POUR ÊTRE SAUVÉ (6).

Epargnez pour toujours à l'Eglise la douloureuse situation que put seul dénouer l'héroïsme de votre martyre.

 

1. Rom. I, 18. — 2. Ibid. 21. — 3. Psalm. XLVIII. 13, 21. — 4. Prov. VII, 4. — 5. Sap. 1, 16. — 6. Rom. X, 10.

 

 

 

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