CATHERINE d'ALEXANDRIE

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LE XXV  NOVEMBRE. SAINTE CATHERINE, VIERGE ET MARTYRE.

 

Gertrude la Grande avait eu dès l'enfance un attrait spécial pour la glorieuse vierge Catherine ; un jour qu'elle désirait connaître ses mérites, le Seigneur la lui montra sur un trône si haut et si magnifique, que, n'y eût-il pas eu de plus grande reine dans le ciel, la gloire de celle-ci aurait semblé suffire à le remplir; de sa couronne rejaillissait sur ceux qui l'honoraient une merveilleuse splendeur (1). On sait comment la Pucelle d'Orléans, placée par Michel Archange sous la conduite des saintes Catherine et Marguerite, reçut d'elles conseil et assistance durant sept années ; comment Sainte-Catherine-de-Fierbois fournit l'épée de la libératrice de la France

Les croisés d'Occident avaient, dans les XII° et  XIII° siècles, éprouvé l'aide puissante de la Martyre d'Alexandrie; ils rapportèrent d'Orient son culte en nos contrées, où lui fut vite acquise une popularité sans pareille. Un Ordre de chevalerie était fondé pour protéger les pèlerins qui allaient vénérer son saint corps au Mont Sinaï. Sa fête, élevée à la dignité de la première classe, comportait l'abstention des œuvres serviles en beaucoup

 

1. Legatus divinae pietatis, IV, LVII.

 

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d'églises. Les philosophes chrétiens, les écoliers, les orateurs et procureurs l'honoraient comme patronne ; le doyen des avocats fut appelé bâtonnier en raison du privilège qui lui appartenait de porter sa bannière ; tandis que les jeunes filles, organisées en confréries de Sainte-Catherine, estimaient à grand honneur le soin d'orner l'image de leur Sainte vénérée. Comptée parmi les Saints auxiliateurs à titre de sage conseillère, elle voyait beaucoup d'autres corporations se réclamer d'elle, sans autre motif plausible que l'expérience faite par tous de son crédit universel auprès du Seigneur. Ses fiançailles avec le divin Enfant, d'autres traits de sa Légende, fournirent à l'art chrétien d'admirables inspirations.

Cependant le sage et pieux Baronius regrettait déjà de son temps que, sur quelques points, les Actes de la grande Martyre d'Orient donnassent prise aux doutes dont devait s'emparer la critique outrée des siècles suivants pour amoindrir la con fiance des peuples (1). Au grand honneur de la virginité chrétienne,il n'en reste pas moins qu'acclamée par élèves et maîtres en la personne de Catherine, elle présida dans la vénération et l'amour au développement de l'esprit humain et de la pensée, durant ces siècles où resplendirent comme des soleils les Albert le Grand, les Thomas d'Aquin, les Bonaventure. Heureux les purs de cœur ! car ils verront Dieu (2). « Il faut, disait Méthodius, l'évêque martyr du in" siècle, en son Banquet des vierges, il faut que la vierge aime d'amour les saines doctrines, et qu'elle tienne une place honorable parmi ceux que distingue leur sagesse 3. »

 

1. Baron. Annal, ad ann. 307.    2. MATTH. V, 8. — 3. Method. Conviv. Oratio I, 1.

 

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Lisons la Légende abrégée de Catherine dans le livre de la sainte Eglise.

 

Catherine, noble vierge d'Alexandrie, unit des le premier âge l'étude des arts libéraux et l'ardeur de la foi. Telle fut bientôt la perfection de sa science comme de sa sainteté, qu'à dix-huit ans elle l'emportait sur les plus instruits. Or, en ce temps, beaucoup de chrétiens étaient par ordre de Maximin soumis pour leur religion à divers tourments et conduits à la mort ; ce que voyant, la vierge alla trouver sans hésiter Maximin lui-même, lui reprocha ses cruautés impies, et démontra par de très sages raisons que la foi dans le Christ était nécessaire au salut.

 

Maximin , admirant sa prudence, la fit retenir ; et mandant de tous côtés les plus savants personnages, il promit de grandes récompenses à quiconque par raisonnement détournerait Catherine de la foi au Christ et l'amènerait au culte des idoles. Mais ce fut le contraire qui arriva. Car beaucoup de 'philosophes , qui s'étaient rassemblés dans le but de la convaincre , furent parla force et l'habileté de son argumentation embrasés  d'un  si  grand amour de Jésus-Christ, qu'ils n'hésitèrent pas à mourir pour lui. Maximin donc, ayant essayé des flatteries et des promesses près de Catherine , et comprenant qu'il perdait sa peine, la fit battre et meurtrir avec des fouets garnis de plomb, puis enfermer onze jours en prison sans nourriture ni rien pour apaiser sa soif.

 

La femme de Maximin et Porphyre, chef de la milice, étant alors venus voir la vierge en sa prison, furent convertis par ses paroles à Jésus-Christ, et ensuite couronnés du martyre.  Cependant Catherine est tirée du cachot : on produit une roue garnie de glaives nombreux et acérés  qui doit mettre en pièces  cruellement  le corps de la vierge ;  mais bientôt, Catherine priant, la roue se brise, et  le prodige amène à la foi beaucoup de monde. Pour Maximin, plus obstiné toujours dans l'impiété et dans la cruauté, il commande  de frapper Catherine de la hache. Ce fut le sept des calendes de décembre que la  Sainte, présentant courageusement la tête au  bourreau, s'envola pour recevoir la double récompense de la virginité et du martyre. Les  Anges transportèrent miraculeusement son corps en Arabie et le déposèrent au Mont Sinaï.

 

Nombreuses furent les compositions liturgiques inspirées à l'Occident par la fête de ce jour. Nous nous bornons à emprunter celle-ci au Graduel de Saint-Victor, en la faisant suivre d'un beau et touchant Répons conservé par les Frères Prêcheurs (1).

 

1. Troisième Répons du II° Nocturne de la fête.

 

SEQUENCE.

 

Que notre chœur harmonieusement chante le Créateur, par qui toutes choses sont disposées : par lui combat celui qui ignorait la guerre, par lui sur l'homme à des jeunes filles la victoire est donnée.

 

Par lui les habitants d'Alexandrie sont stupéfaits de voir en une femme des qualités qui semblaient n'être pas de la femme, lorsque Catherine la bienheureuse triomphe des docteurs par sa science, du fer par son courage à souffrir.

 

A la gloire de sa race sa vertu sans pareille ajoute un éclat nouveau ; illustre par ceux qui la mirent au monde, illustre elle est plus encore par les mœurs saintes dont fa grâce l'a favorisée.

 

Tendre est la fleur de sa beauté; point cependant elle ne lui épargne étude et labeur : de toutes  sciences, qu'elles aient le monde ou Dieu pour objet, sa jeunesse s'est rendue maîtresse.

 

Vase de choix, vase des vertus, les biens qui passent ne sont pour elle que de la boue ; elle méprise la fortune de son père et les grands patrimoines que lui vaut sa naissance.

 

Vierge prudente et sage, elle se fait sa réserve d'huile pour aller au-devant de l'Epoux : elle veut, toute prête à l'heure qu'il arrivera, entrer sans retard au festin.

 

Pour le Christ elle désire mourir ; devant l'empereur à qui elle est présentée, l'éloquence de la vierge réduit cinquante philosophes au silence.

 

L'horreur de la prison où on l'enferme, et l'épreuve des roues menaçantes, la faim, les privations, tout ce qu'elle doit subir, elle le supporte pour l'amour de Dieu, toujours la même en toute rencontre.

 

Torturée, elle triomphe du bourreau ; la constance d'une femme a triomphé d'un empereur : c'est lui qui est dans les tourments, parce que le bourreau s'avoue vaincu avec ses supplices impuissants.

 

Elle est enfin décapitée ; la mort pour elle au trépas a pris fin ; elle fait joyeuse son entrée dans la vie : ce pendant que les Anges prennent soin d'ensevelir son corps en une terre lointaine.

 

Une huile en découle qui, par une grâce évidente, guérit beaucoup de malades; bonne pour nous sera l'essence, si son intervention guérit nos vices.

 

Présente à nous, qu'elle se réjouisse en voyant les joies qu'elle nous cause ; que nous donnant les présentes joies, elle nous procure aussi les futures ; qu'elle se réjouisse avec nous ici-bas, et nous avec elle dans la gloire.

Amen.

 

REPONS.

 

La vierge est flagellée , chargée de liens elle est soumise au tourment de la faim, elle demeure emprisonnée, une lumière céleste emplit la prison de splendeur : * Un doux parfum se fait sentir, on entend les cantiques des phalanges des cieux.

V/. L'Epoux aime l'Epouse, elle reçoit la visite du Sauveur.

* Un doux parfum.

Gloire au Père, et au Fils,   et au Saint-Esprit. * Un doux parfum.

 

Bienheureuse Catherine, recevez-nous à votre école. Par vous la philosophie, justifiant son beau nom, conduit à la Sagesse éternelle, le vrai au bien, toute science au Christ, qui est la voie, la vérité, la vie (1) « Curieux qui vous repaissez d'une spéculation stérile et oisive, s'écrie le plus éloquent de vos panégyristes, sachez que cette vive lumière qui vous charme dans la science, ne lui est pas donnée seulement pour réjouir votre vue, mais pour conduire vos pas et régler vos volontés. Esprits vains, qui faites trophée de votre doctrine avec tant de pompe, pour attirer des louanges, sachez que ce talent glorieux ne vous a pas été confié pour vous faire valoir vous-mêmes, mais pour faire triompher la vérité. Ames lâches et intéressées, qui n'employez la science que pour gagner les biens de la terre, méditez sérieusement qu'un trésor si divin n'est pas fait pour cet indigne trafic; et que s'il entre dans le commerce, c'est d'une manière plus haute, et pour une fin plus sublime, c'est-à-dire, pour négocier le salut des âmes (2). »

Ainsi, ô Catherine, n'employez-vous votre science que pour la vérité. Vous faites « paraître Jésus-Christ avec tant d'éclat que les erreurs que soutenait la philosophie sont dissipées par sa présence ; et les vérités qu'elle avait enlevées viennent se rendre à lui comme à leur maître, ou plutôt se réunir en lui comme en leur centre. Apprenons d'un si saint  exemple à rendre témoignage

 

1. JOHAN. XIV, 6. — 2. Bossuet, Panégyrique de sainte Catherine.

 

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à la vérité, à la faire triompher du monde, à faire servir toutes nos lumières à un si juste devoir, qu'elle nous impose. O sainte vérité ! je vous dois le témoignage de ma parole ; je vous dois le témoignage de ma vie; je vous dois le témoignage de mon sang : car la vérité, c'est Dieu même (1). »

L'Eglise, ô vierge magnanime, n'a pas d'autre pensée quand aujourd'hui elle formule ainsi pour nous sa prière : « O Dieu qui donnâtes la loi à Moïse sur le sommet du Mont Sinaï, et au même lieu par les saints Anges avez miraculeusement placé le corps de votre bienheureuse Vierge et Martyre Catherine ; exaucez nos supplications : faites que par ses mérites et son intercession nous parvenions à la montagne qui est le Christ, vivant et régnant avec vous dans les siècles des siècles (2). »

 

1. Bossuet, Panégyrique de sainte Catherine. — 2. Collecte du jour.

 

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